Méditation sur le pouvoir des Sélihot – Rav Michael Smadja
Pouvoir des Sélihot
»Nous avons fauté, notre façonneur (yotsérénou), pardonnes nous notre créateur (borénou) »
C’est une prière que nous exprimons dans les Sélihot tout le mois de Eloul jusqu’à Yom Kippour.
Nous remarquons une gradation dans ce verset. Tout d’abord, nous fautons puis nous demandons pardon. Sur la notion de faute, il est associé le qualificatif, pour parler de D-ieu, de façonneur (yotser) et sur la notion de pardon, il est associé le qualificatif de créateur (boré).
Nous avouons nos fautes puis nous demandons le pardon. Il est remarqué que le verset s’exprime d’une façon anonyme. De quelles fautes parle-t-on ? Et comment se passe le pardon?
En analysant les qualificatifs divins qui sont exprimés dans ce verset, nous pouvons constater une différence de niveau. »Yétsira » est une formation à partir de quelque chose déjà créée. Comme un sculpteur qui crée à partir d’un morceau de bois. C’est cela la véritable faute. Penser que D-ieu n’est qu’un sculpteur, un façonneur à partir d’une matière déjà existante. Cette matière existante étant notre ego qui se crée de lui-même, se générant de lui-même. Impulsion organique née d’une perte de conscience de notre nature, croyant que D-ieu n’est que le moyen d’assouvir nos désirs et de combler nos manques. Notre ego étant lui, éternel et au-dessus du créateur car étant à l’origine de cette impulsion. Ceci est la véritable faute. ‘‘Nous avons fauté car nous avons cru que D-ieu n’est qu’un sculpteur (yotser) ». Nous avons vécu comme des êtres séparés de D-ieu, idolâtrant l’ego, matérialisation des pulsions issues de cette matière déconnectée de la source divine.
Mais nous voulons revenir à l’unité divine où D-ieu est le créateur à partir du néant. Créateur de la matière elle-même donc de toute pulsion organique, où l’ego n’a plus de place. »pardonnne nous notre créateur (boré) ». Nous ne sommes qu’une création sans aucune réalité intrinsèque si ce n’est la réalité d’une volonté divine et unique qui nous crée à chaque instant. Vie et mort de chaque moment. Une vie intense d’un moment où l’éternité ne se révèle que par l’impermanence du moment présent. C’est cela le véritable retour à D-ieu, ressentir notre impermanence.
Pour cela, nous nous réveillons très tôt le matin pour les Sélihot, pour éveiller en nous une conscience de cette impermanence de notre réalité illusoire.
De suite après avoir pris conscience de notre réalité impermanente, nous exprimons l’unité divine par le Shéma Israël alors nous pouvons témoigner que Hachem est notre D-ieu.
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