De Eloul à Yom Kippour la révélation de notre véritable identité. Réouven Carceles
Yom Kippour notre véritable identité
*
De Eloul à Yom Kippour la révélation de notre véritable identité
*
La crainte du jugement se perd
Le mois d’Eloul a commencé ainsi que les Séli’hot mais pour la plupart d’entre nous, nous n’avons pas encore vraiment fait Téchouva, peut-être parce que nous ne réalisons pas encore, que nous allons passer véritablement en jugement. Nous devons multiplier les bonnes actions. Mais nous devons aussi développer ce sentiment de crainte, associée aux jours de jugement. Le Rabbi Sim’ha Zissel raconte que celui qui n’a pas vu rabbi Israël Salanter pendant Eloul ne peut pas se représenter ce qu’est la crainte du jugement, de contempler la crainte et la peur qui étreignaient les grands maîtres de la génération passé à cette époque de l’année. En effet, le jour de Roch Hachana, le maître du monde nous juge en détail pour tous nos faits et gestes, et d’après cela notre avenir sera fixé ainsi que celui des membres de notre famille. Simplement, nous savons que même si nous percevions nos fautes et les accusations qui seront prononcées contre nous, en aucun cas nous pourrions percevoir l’ampleur et la profondeur de la rigueur divine. De ce fait, plus un homme est grand en Torah, plus il devrait être rassuré ce jour-là ! Et plus un homme faute, plus il devrait avoir peur. Pourtant c’est le contraire ! Nous qui sommes loin, nous n’avons pas vraiment l’impression que nous approchons d’un jugement vital et capital, alors pourquoi n’avons-nous pas peur pendant ce mois d’Eloul ?
Des actions hypocrites ?
D’un autre côté, une autre question se pose, à savoir que le Choul’han Aroukh nous recommande, pendant les dix jours de pénitence, d’adopter les règles les plus rigoureuses applicables aux Mitsvot et d’être vigilent et chaque jour, nous devons travailler sur un trait de caractère. Mais nous qui sommes des gens vrais, comment pouvons-nous changer ou adopter de nouvelles pratiques seulement en vue du jugement de Roch Hachana ? très souvent, nous savons qu’après les fêtes, nous finirons par retomber à notre niveau naturel, Comment est-ce possible ?
La force de la Téchouva
Il est possible de répondre d’après l’explication de Rabbénou Yona dans Chaaré Téchouva, qui explique à quel point cette Mitsva (la Téchouva) est extraordinaire, puisqu’Hachem nous trace, par elle, un chemin pour réparer nos fautes. Mais il y a tout de même un conseil pour que cette Téchouva puisse fonctionner, il faut se dépêcher de la mettre en place et ne pas attendre la dernière minute. C’est un principe fondamental, les livres saints rapportent que souvent l’homme connaît un éveil de sainteté et d’élévation et aspire à accomplir une certaine Mitsva ou un acte constructif. Mais entre l’instant où il ressent cette proximité, cette volonté de réaliser une bonne action et celui où il passe à l’acte, le mauvais penchant refroidit son enthousiasme et tente de l’en détourner. Il faut donc s’efforcer d’accomplir toute Mitsva avec grand empressement et sans délai. Il explique ensuite, que pour celui qui réitéré sa faute, la Téchouva sera beaucoup plus dure car la faute lui apparaît à présent comme une permission, elle devient plus lourde en terme de gravité même s’il n’en est pas conscient. La Guémara dans Yoma (86b) nous dit qu’un juif qui n’a fauté qu’une fois, ses mauvais projets ne sont pas comptés comme des fautes si finalement il n’a pas pu les accomplir malgré lui, à la différence d’un non juif qui lorsqu’il prévoit de faire une faute, même si, indépendamment de sa volonté, il ne l’a pas commise, Hachem lui compte comme s’il l’avait faite. Cependant, dès qu’un juif faute deux fois ou plus et que l’interdit est ancré davantage en lui, s’il projette de faire cette même faute mais qu’un cas de force majeure l’en empêche, Hachem lui comptera comme s’il l’avait commise. C’est-à-dire que sa pensée sera comme un acte, et que ces fautes, sont devenues comme des permissions, même si elles sont graves : jurer pour rien, maudire son prochain, dire le nom d’Hachem en vain, le Lachone ara, la haine gratuite, l’orgueil, Bitoul torah (ne pas étudier la Torah lorsqu’on en a la possibilité), tous ces traits de caractères que nous devons corriger, comme le précise la halakha, pendant ces jours redoutables, et surtout entre les jours qui séparent Roch Hachana de Yom kippour, où Hachem est dans les champs et accorde le pardon.
La faute une habitude ou une nature ?
Il ressort donc de ce Rabbénou Yona que la faute n’est pas ancrée en nous, à la base ou naturellement, elle n’est pas une seconde nature, comme les autres nations. C’est pourquoi lorsqu’un juif projette de fauter et est empêché par un cas de force majeure, Hachem ne lui compte pas comme s’il l’avait accomplie. Par contre, dès que nous commettons la faute plus d’une fois, elle devient progressivement une habitude puis avec le temps une nature et à la fin s’ancre dans notre Néchama, c’est peut-être dans ce sens que nous pouvons maintenant comprendre notre passivité et notre manque de conscience du jugement le jour de Roch Hachana car nous sommes habitués à notre mode de vie. Nous ne voyons donc même plus le problème ou l’accusation grave qu’il pourrait y avoir, d’où l’intérêt de faire Téchouva rapidement, mais d’un autre côté, il y a cette volonté de changer, et nous le voyons par exemple le jour de Yom Kippour. Le Maharal explique que la volonté profonde de chaque juif est de faire la volonté d’Hachem et d’appliquer la Torah de façon parfaite. Les Bné Israël, grâce à leur Néchama pure possèdent en eux cette volonté profonde d’être en parfaite adéquation avec ce que Dieu attend d’eux.
Yom Kippour la révélation de notre véritable identité
Le Ramban rapporte au nom du Midrach à propos de l’ange accusateur, que le jour de Kippour, en recevant le bouc, afin d’expier les fautes des bné Israël, il monte vers Hachem et lui déclare : « Maître du monde, il y a un peuple, en bas sur terre, ils sont comme des anges. De même que les anges sont pieds nus (le jour de kippour on ne met pas de chaussure en cuir), de même que les anges ne mangent pas et ne boivent pas, eux-mêmes ne mangent pas et ne boivent pas…de même que les anges te parlent directement, de même Israël parle aussi avec toi directement. De même que les anges sont propres de toute faute, de même Israël est propre de toute faute en ce jour de kippour. Le maître du monde entend alors ce témoignage de l’ange accusateur en notre faveur et envoie alors la Kappara sur tout le peuple d’Israël.
Le Midrach nous dit ici, que le jour de kippour nous révélons aux yeux du monde et même aux yeux de l’ange accusateur notre véritable intériorité, notre seule vocation est de nous rapprocher d’Hachem et d’accomplir Sa volonté. Nous savons que toutes nos erreurs sont liées à des facteurs extérieurs. C’est cela l’idée du bouc dont on dit qu’il porte toutes les fautes des Bné Israël et qui est envoyé à l’intention de l’ange du mal, il sert à montrer que toutes nos fautes sont dues à l’influence des autres nations (Essav). Ce jour de Kippour nous sommes donc différents, nous ressemblons à des anges, et c’est ce qui va nous aider en ce jour si saint à nous apporter l’expiation. Mais en réalité, nous pouvons étendre ce principe à tout le mois d’Eloul et aux dix jours de Téchouva. Nous devons nous renforcer spécialement pour montrer à Hachem quelle est notre véritable intériorité et que grâce à cela, il nous pardonnera même si pendant le reste de l’année nous n’arrivons pas à être au même niveau. Ainsi même si nous prenions sur nous des décisions que nous sommes sûrs d’arrêter ensuite, elles permettront de révéler réellement l’éclat véritable de notre Néchama, et tous ces efforts seront très appréciés par Hachem et même aux yeux des anges accusateurs.
Chabbat Chalom
Pour retrouver tous les cours de Réouven Carceles sur notre site
*
Cet article vous à plu ? Notre site vous apporte les connaissances qui vous sont utiles ? Peut être souhaiteriez vous contribuer un peu à la vie de notre site. Quelques euros pour le Jardin, en contribuant à notre cagnotte Paypal
Merci d’avance !!