La préparation aux Yamim Noraïm ou à la guerre sont comparables. Paracha Chofétim. Réouven Carceles
Préparation aux Yamim Noraïm
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Paracha Chofétim – Préparation aux Yamim Noraïm ?
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Dans la Paracha de la semaine (Chofétim) la torah nous dit : Quand tu sortiras en guerre sur tes ennemis, que tu verras un cheval et char, un peuple plus nombreux que toi, tu ne craindras rien d’eux… ce sera, quand vous approcherez, de la guerre, que s’avancera le Cohen, il parlera au peuple, il leur dira : « Chéma Israël » (Ecoute Israël) ! Vous vous approcherez de la guerre sur vos ennemis, que ne mollisse pas votre cœur, ne craignez pas… ne vous brisez pas devant eux ! (Dévarim chapitre 20, 1,2,3).
Que signifie avoir le cœur mou ?
Rachi sur place à propos de l’expression « Chéma Israël » rapporte l’enseignement de nos sages dans la Guémara (Sota 42a), que même si vous n’avez pas d’autre mérite que celui du Chéma Israël, vous êtes dignes qu’Hachem vous porte secours. Puis la torah, plus loin nous dit (verset 8) : « Continueront les officiers à parler au peuple, ils diront : qui est l’homme qui est craintif et au « Cœur mou » ? Qu’il aille et qu’il retourne à sa maison etc… Rachi, au même endroit, réagit à propos de l’expression « Qui est craintif au Cœur mou » (Sota 44a) : Rabbi Yossi Haguelili a enseigné : c’est celui qui a peur de mourir en guerre à cause de ses Avérot (fautes) qu’il a entre ses mains. C’est pourquoi la Torah lui propose la possibilité de retourner à sa maison, afin de dissimuler les motifs de son retour.
Il apparaît ici une contradiction dans les propos de Rachi où d’une part Nos sages enseignent que le mérite du Chéma Israël peut suffire pour nous faire gagner la guerre (verset 3) et d’autre part ils nous disent que les officiers prévenaient les futurs militaires que celui qui a une faute dans sa main doit rentrer et ne pas combattre de peur qu’il ne meure à cause de celle-ci (verset 8). Il y a lieu de comprendre, pourquoi le mérite du Chéma ne le sauverait-il pas comme cela avait été énoncé juste avant par le Cohen. (Rachi, verset 2) ?
Il est possible de répondre d’après l’enseignement de la Guémara (Kiddouchine) qui explique, que celui qui dit à une Femme « Haré ate mékoudechéte li…je t’épouse à condition que je sois un Tsadik Gamour » (un juste parfait), même s’il est un Racha (un impie) on craindra que les kiddouchine aient fonctionnés (que le mariage soit valable). Pourquoi ? Parce que peut-être il a eu à ce moment-là une pensée de Téchouva. Nous voyons donc ici comment un homme rempli de fautes et reconnu par son entourage comme un Racha, peut, par une simple pensée ôter de lui ce statut et prendre le statut de Tsadik ! Certes, il ne s’agit là que du début de sa Téchouva mais cette pensée entraîne un changement total.
Comment est-ce possible ?
La réponse est : grâce à la force de la volonté. Nous voyons à quel point la pensée est effective et agit, les gens pensent par erreur que les actions matérielles de l’homme sont beaucoup plus productives que ses pensées mais la torah nous dit le contraire. Tout ce qu’Hachem a créé, il l’a fait par Sa pensée et par sa parole et ce pouvoir il l’a fait hériter à l’homme qui est créé à Son image et qui peut produire beaucoup d’effets. L’homme peut influer sur son avenir par sa volonté, comme il est écrit : « dans le chemin dans lequel un homme veut aller, on le conduit ». C’est dans ce sens que le Pelé Yoetz nous dit qu’une bonne pensée, tout le service d’Hachem en dépend, et le Zohar de rajouter que l’homme attire à lui tout ce qu’il pense, c’est-à-dire que s’il a des pensées Saintes, il s’attire la sainteté, s’il a de mauvaises pensées, il s’attire l’impureté et souille son âme. A tel point qu’il est écrit dans le Nefech Hah’ayim (de Rabbi Haïm de Volojine), qu’un homme agit aussi dans les cieux par ses pensées. Si elles sont bonnes, il construit les mondes d’en haut, si elles sont mauvaises il fait l’inverse.
C’est également le cas sur terre, comme le prouve l’histoire que la Guémara raconte sur la grandeur des actes de Rabbi ‘Hiya. Alors que son compagnon d’étude se vantait de pouvoir retrouver toute la Torah même si elle était oubliée, par sa seule force de raisonnement, Rabbi Hiya disait : moi je sais faire encore mieux, j’arrive à faire en sorte que la torah ne soit jamais oubliée. Comment ? j’achète des graines de lin que je plante, je fais pousser ce lin et je tisse avec des filets, j’attrape des cerfs avec ces filets. Je leur fais l’abattage rituel, je donne la viande à des orphelins et à des pauvres et avec la peau des cerfs je fabrique des parchemins. J’écris ensuite les cinq livres de la torah et les six parties de la Michna. Je vais ensuite dans une ville où il n’y a pas de talmud torah, j’enseigne à cinq enfants les cinq livres de la torah et a six autres enfants les livres de la Michna et je leur demande que chacun l’enseigne à l’autre ce qu’ils ont appris et la Torah ne sera jamais oubliée. La force ici de Rabbi Hiya est qu’il réalisait lui-même chaque étape pour arriver à l’enseignement de la torah. Chaque acte était réalisé avec la pensée la plus pure pour le nom d’Hachem. La Guémara rajoute ici : « Comme sont grands les actes de Rabbi Hiya ». En effet la grandeur d’une action, dépend directement de la pensée.
Préparation aux Yamim Noraïm ou à la guerre sont comparables
Lorsque les Béné Israël approchent de la Guerre, ils sont face à un travail qui ressemble beaucoup à celui que les juifs accomplissent à l’approche de Roch Hachana (Préparation aux Yamim Noraïm). En effet, l’ange accusateur accuse spécialement au moment du danger. C’est donc un grand point commun avec le jour du jugement ou cet ange là va présenter devant Hachem toutes ses accusations contre nous. Les Béné Israël, lorsqu’il se rendaient en guerre, devaient donc fournir le même travail qu’un juif qui approche des jours redoutables, c’est peut-être la raison pour laquelle la torah nous dit que le Cohen allait voir les Béné Israël en leur disant : « Chéma Israël… ». A ce titre, nous avions rapporté une contradiction dans les propos de Rachi, que d’un côté le Chéma peut nous sauver de tout et d’un autre côté la plus petite faute peut nous faire perdre la vie. La réponse est que le simple fait d’avoir pensé au Chéma Israël est un antidote contre toutes ces fautes qui nous accusent, et le seul mérite du Chéma peut les sauver, c’est un très bon moyen de faire Téchouva.
Mais comment est-ce possible ?
Parce que le Chéma, c’est recevoir sur soi le joug de la royauté d’Hachem, savoir qu’Il est le tout puissant et qu’Il est le seul à tout décider et à tout diriger et que nous sommes chargés d’accomplir Sa volonté par tous nos moyens. Lorsqu’un homme accepte de tout son Cœur que c’est Hachem qui dirige tout, alors il n’a plus rien à craindre pendant la guerre. Pourquoi ? Parce que la pensée, c’est la base de la Téchouva, comme nous l’avons expliqué : une seule pensée de Téchouva peut transformer une personne, et lui faire regretter ses actes, et les effacer, c’est-à-dire le faire passer du statut halakhique de Racha (impie) à celui de Tsadik (juste parfait) comme l’explique la Guémara (Kiddouchine) mentionnée plus haut. Ainsi, le Cohen disait aux Béné Israel : si seulement vous avez le mérite du Chéma qui est la base de la Téchouva et inclut une protection contre toutes accusations vous pouvez aller en guerre sans crainte. Mais par contre la torah précise que si quelqu’un a peur de ses fautes et qu’il rentre chez lui, c’est que forcément il ne s’est pas détaché de son passé et de ses erreurs. C’est pour cela que la torah nous enseigne ici une étape fondamentale de la Téchouva, lorsque nous faisons le Chéma et acceptons le joug divin, cela revient à accepter d’être un parfait serviteur d’Hachem et cela, par le simple fait de l’avoir pensé, on peut engager un processus de Téchouva. Cela suffit à Hachem. C’est un grand fondement, car nous savons que la Téchouva n’est pas un phénomène que l’on peut comprendre d’après la sagesse. Seule la bonté d’Hachem a pu inventer une telle Mitsva, comme le cite le Messilat Yécharim : il n’est pas normal qu’un regret déracine une action, comment est-ce possible ? C’est le Hessed d’Hachem, d’avoir donné une telle force a la pensée de l’homme, car étant faible, il peut grâce à cela se nettoyer et se remodeler.
Chabbat Chalom
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