Parashat Balak
Rav Moshé Shapira
Elèves de Billam Haracha. Traduit et adapté par Rav Michaël Smadja
Il est enseigné dans le traité des pères que celui qui a ces trois qualités que sont le bon œil, la satisfaction de ce que l’on a et l’humilité, fait partie des élèves de Avraham avinou et celui qui a ces trois « qualités » que sont le mauvaise œil, l’insatiabilité et l’orgueil fait partie des élèves de Bilaam Haracha, le mécréant.
Que représentent ces qualités?
Le mauvaise œil se matérialise par la jalousie, le l’orgueil se matérialise par la recherche des honneurs et l’insatiabilité se matérialise par le désir.
C’est ce qu’enseignent nos sages: « la jalousie l’envie et l’honneur sortent l’homme du monde« . C’est le sens le plus simple de ces trois mauvaises qualités.
De plus il est écrit dans la suite de la Michna: « quelle est la différence entre les élèves de Avraham avinou et les élèves de Bilham le mécréant? Les élèves de Avraham avinou profitent de ce monde et héritent du monde futur alors que les élèves de Bilham le mécréant héritent le purgatoire et descendent dans les abîmes de la terre. »
La question de la Michna n’est pas compréhensible, car la différence est claire: l’un est le bien parfait et l’autre est le mal parfait. Comment peut-on se demander s’il y a une différence et laquelle ? De plus, ces défauts tels que la jalousie la cupidité et l’orgueil sont ancrés en l’homme depuis sa plus tendre enfance, il n’y a pas besoin d’aller dans une école pour les acquérir !
Si la Michna écrit ici les élèves de Avraham Avinou et les élèves de Bilaam le mécréant, cela sous-entend qu’il y a derrière cela deux écoles de pensée qui développent deux courants de sagesse. Il y a une sagesse qui amène aux trois bonnes qualités que sont le bon œil, la satisfaction de ce que l’on a et l’humilité et une autre sagesse qui amène obligatoirement aux trois mauvaises qualités citées précédemment.
Et même celui qui a en lui naturellement de bonnes qualités, en entrant dans cette école de Bilaam le mécréant, peut acquérir et développer ces mauvaises qualités. Cette sagesse amène à ces qualités et cette autre sagesse amène à ces autres qualités contraires.
La sagesse qui est enseignée par Avraham Avinou amène automatiquement à ces merveilleuses qualités citées plus haut. Et la sagesse enseignée par Bilaam le mécréant amène automatiquement au dévoilement de ces mauvaises qualités.
Une sagesse étant une manière de percevoir la réalité des choses. Une perception de la création. La perception de la réalité par Avraham Avinou amène à ces trois bonnes qualités et la perception de la réalité par Bilaam le mécréant amène à ces trois mauvaises qualités.
Nous allons essayer de comprendre sur quelle ligne, nous pouvons mettre ces deux points extrêmes que sont Avraham Avinou et Bilam le mécréant? Il est certain que cet axe n’est pas basé sur la notion de juste et de mécréant car Avraham n’est pas le seul juste et Bilaam le seul mécréant. Ici l’intention est beaucoup plus profonde. Sur un point spécial se tiennent Avraham et Bilaam et uniquement ces deux hommes s’y sont tenus.
Au sujet de Avraham Avinou, il est dit: « et il sera la bénédiction« . « Et seront bénies par toi toutes les familles de la terre« . Et nos sages expliquent « et elles seront bénies par toi » et elles seront bénies par ton énergie. Tu leur transmettras ton énergie. C’est Avraham Avinou qui a eu le mérite d’être la source de la bénédiction dans le monde. C’est lui le « transpondeur » de l’énergie spirituelle dans la matière.
Si Avraham est « et il sera la bénédiction » alors Bilham le mécréant est pour ainsi dire « et il sera la malédiction« .
Avraham était le plus grand de ces « bénisseurs », la source même de la bénédiction dans ce monde. Il est aussi celui qui a fait que le monde bénisse D-ieu comme ce que nos sages expliquent sur le verset: « et il a planté une tente à Béer Shéva » tout le but de cette tente était pour inciter tous les passants de ce monde à bénir D-ieu.
L’élève reçoit de son maître par le biais de la Hokhma, »sagesse », la Bina, »discernement » est une réflexion intellectuelle personnelle. La sagesse est une transmission de maître à élève. Il y a une transmission de la hokhma par le conduit de Avraham et une transmission de la Hokhma par le conduit de Bilaam. Cette Hokma amène aux bonnes qualités et à la bénédiction et cette même hokhma amène aux mauvaises qualités et à la malédiction.
Tout d’abord nous allons essayer d’appréhender la notion de Hokhma.
Dans le langage saint, le mot « MA » « quoi » a deux connotations:
1/ c’est un adverbe qui est utilisé pour générer une réponse « et il questionna l’homme en lui disant « que (MA) demandes-tu ?«
L’homme demande et aspire à une réponse, à une perception intellectuelle.
2/ mais lorsque l’homme s’extasie en disant: « que (MA) sont grandes tes œuvres D-ieu« , l’intention est de l’ordre de l’au-delà de la perception, de l’ordre de l’indéfinissable. Ce n’est pas une question mais le désir d’appréhender quelque chose qui est au-delà de ma perception. Je ne peux définir complètement l’essence (MAHOUT) même de la chose.
Nos sages ont créé de toute pièce ce mot « MAHOUT » » « essence-nature ». Il n’existe pas dans le vocabulaire biblique. Le Rav Saadia Gaone explique ce mot ainsi: « c’est le mot qui est utilisé pour exprimer ce que je cherche lorsque je m’interroge « MA? » « Qu’est-ce que c’est ? ». Je recherche la MAHOUT d’une chose, la possibilité d’appréhender la chose intellectuellement. Et donc lorsque je dis ce mot « MA », j’exprime l’idée que l’essence de la chose ne m’est pas accessible. « ils diront à D-ieu: que (MA) sont redoutables tes œuvres« .
Le Zohar explique que le mot « hokhma » est le mot générique pour englober la sagesse et est composé de deux mots « koah’–ma« , la puissance de pouvoir accéder au « quoi », à ce qu’il y a derrière cette incapacité d’appréhender la chose. La hokhma n’est pas la capacité à emmagasiner des connaissances, une sorte d’encyclopédie. Le sage est celui qui sait faire ressortir ce qui est caché de ses connaissances qu’il a acquises. La hokhma est à celui qui a la faculté d’appréhendera ce qui n’est pas accessible. Le sage, hakham, est celui qui a la possibilité de répondre à la question « MA ? », à accéder à l’au-delà de la simple définition d’un mot, à accéder à l’irrationnel de la chose, à ce qui est au-delà de la perception rationnelle. La hokhma est une source intarissable et bien que l’on ait accès à cette sagesse, croire qu’en répondant à une question on en a trouvé les limites, est complètement absurde et n’a aucun sens car cette source est inépuisable. Et au contraire, vouloir croire que la réponse que l’on a trouvée est la seule bonne réponse est une hérésie car en fait la réponse au « MA » n’est que l’ouverture à la perception de l’infini qui comme sa définition l’exprime, ne peut être définie d’une définition limitée.
Le verset dit: « la sagesse d’où vient-elle ?« Nos sages l’explique ainsi: « la sagesse, tu la trouveras à un niveau de perception extrême qui s’appelle « EÏN » le non-défini, le néant, l’illimitée le EÏN SOF.
Celui qui a la faculté d’observer, sait que de la situation de « non-compréhension » à la situation de « compréhension » il faut passer par un point de dévoilement qui n’est pas lié au raisonnement. A un moment donné, il y a un dévoilement qui se fait de lui-même, sans que je contrôle la pensée qui me vient c’est le point de traverse qui unit le limité à l’illimité. Cette pensée venant du « EÏN » de cette dimension qui s’appelle « MA ». La compréhension elle-même, la première perception vient toujours du « EÏN ». A notre époque cela s’appelle « la connaissance intuitive et abstraite » » la méta-connaissance » venant du »supra-mental ». De ce niveau de dévoilement, la connaissance se génère.
De même, du mot « Timatsé » »tu la trouveras » dans le verset « hokhma méeïn timatsé », »la sagesse d’où la trouveras tu? », « trouver » signifie qu’il n’y a pas de conduit logique pour y arriver. C’est une « une trouvaille ». Le premier dévoilement de notre perception est toujours une trouvaille, une idée qui vient à nous et non que l’on recherche. Pour cela, la hokhma, du « EÏN » tu la trouveras. Cela est clair et certain et tout celui qui veut bien faire une introspection profonde, comprendra cette vérité.
Et donc toute connaissance qui vient du EÏN, de la supra-conscience et qui ne peut être appréhendée, sur cela, la seule expression qui peut s’appliquer à elle, est « MA« . Ce « MA » essaie de définir quelque chose qui n’est pas limité. Une chose dont son essence, sa MAHOUT, ne peut être saisie. La Hokhma est cette faculté d’appréhender un tant soit peu l’essence de ce qui se trouve de l’autre côté de la connaissance intellectuelle, cette essence qui ne se trouve qu’en se connectant avec la supra-conscience, avec le supra-mental.
Ce qui fait qu’une personne est sage, n’est pas l’accumulation des connaissances mais la manière comment sortir de la potentialité à l’action c’est-à-dire appréhender l’essence de cette connaissance.
La Hokhma est cette faculté à tirer l’essence vraie de la connaissance, du « EÏN », de la supra-conscience. Tirer la connaissance d’une chose qui tire sa source de l’infini. Et en elle-même se tient l’infini.
« Que (MA) tes œuvres sont grandes, avec sagesse (hokhma), tu les as créées«
Explication du verset: chaque création a en elle la hokhma. C’est-à-dire qu’il y a dans chaque création la possibilité d’atteindre ce »pont de traverse » qui permet d’atteindre l’indicible et de comprendre encore et encore plus le « MA », qu’il y a dans la chose, « tout tu as créé avec sagesse, (hokhma)« .
Il est évident que nous parlons de la sagesse divine qui n’a pas de limite: « il n’y a pas de limite à sa compréhension‘‘ il y a toujours quelque chose qui est « MA » dans son essence qui est en constant dévoilement sans limite, source de sagesse inépuisable. « tout, Tu as créé avec sagesse« . Dans chaque création il y a l’éternité divine enfouie. Cette éternité que l’on peut atteindre par le moyen de la sagesse.
Sur le verset: »au commencement D-ieu créa les cieux et la terre » le Targoum yérouchalaïm traduit « au commencement » par « par la sagesse« . La sagesse est appelée « prémices » « commencement » comme dans « les prémices de de sagesse » car elle est le commencement de la connaissance et de l’appréhension des choses. Le commencement du dévoilement, l’énergie pour continuer à chercher et à trouver. Cette puissance de continuer est le point de commencement de toutes les conduites de la perception de la matière.
Qu’est-ce que la bénédiction? Le Néfech Hah’aïm au nom du Rashbah rapporte que cela sous-entend la notion de « multiplication » »profusion » encore et encore…
Pour cela il est enseigné dans le Talmud: »la bénédiction ne se trouve pas dans un compte, dans une mesure ou dans une pesée‘‘.
La bénédiction ne se trouve que dans une chose dont son essence n’est pas encore définie et limitée, dans quelque chose qui n’est pas encore terminé. Une chose ouverte est apte à recevoir un surplus, à se multiplier. La bénédiction ne se trouve que dans une chose cachée de l’œil car lorsque l’œil perçoit la chose, alors ce même œil va la définir et par cela, va lui donner ses limites, la délimiter. Nos définitions sont nos limites. Chaque chose qui entre dans le champ de perception de mon esprit va être appréhendée automatiquement par mon âme animale dominée par la matérialité du corps et par cela, l’esprit va se les approprier en créant un ego à chaque perception en leur donnant des définitions, des limites. Et cela va nous couper de la source divine qui est illimitée. Ces mêmes limites se matérialisant par un ego illusoire.
Tout ce qui est compté, mesuré, et pesé est le contraire de la bénédiction comme ce qu’enseignent nos sages à propos de ce qu’a dit Lavan à Yaacov au sujet de son salaire : « fixe moi (nikva) ton salaire et je te le donnerai« . Le mot employé « nikva » fait référence à une notion de malédiction. C’est-à-dire fixer un prix en transformant ce salaire en quelque chose de limitée. L’ego étant la limite de toute chose et donc étant la malédiction.
« Celui qui maudira le nom de D-ieu, mourra« . C’est-à-dire celui qui essayera de limiter, de définir le nom divin, en matérialisant un ego au moment de son service, c’est cela « maudire » D-ieu.
Les univers ont été créés par des paroles qui sont une association de mots qui eux-mêmes sont une association de lettres. Le créateur a commencé sa création par la lettre « ב » »beth », lettre correspondant à la bérakha [bénédiction] car c’est le commencement de la multiplicité, sortant de la restriction totale, énergie qui s’étend et se diffuse. Énergie potentielle qui est enfouie dans chaque chose créée.
Le Maharal de Prague dévoile que le mot « Baroukh » est construit avec les deuxième lettres des unités des dizaines et des centaines « ב » »beth » la 2ème lettre (2) des unités « ך » »caf » La 2ème lettre des dizaines (20) et « ר » »rech » la 2ème lettre des centaines (200). Si nous découpons le mot « Béréchit », il est composé de deux mots « ב » »beth » et « réchit » c’est-à-dire le « ב » »beth » représentant la Bérakha, de bénédiction et « réchit » représentant la « sagesse ». C’est cela le commencement de la création, cette énergie en potentielle (hokhma) qui se propage et qui se multiplie (Bérakha).
Nous apprenons donc que la véritable sagesse est sans fin. Elle nous sert à arriver au point de traverse qui s’appelle « MA » ce point de non-préhension qui fait que nous sommes en perpétuelle démarche spirituelle. Mais si après avoir compris, je considère la chose comme définie et claire, alors la hokhma s’en va car l’essence de la chose a été limitée et définie. La matière par l’intermédiaire des pulsions va créer un ego qui va s’emparer de la sagesse. Mais cela n’est qu’illusion car « tout par de sagesse tu as créé« . La Hokhma est sans fin et la bérakha qui est cette énergie génératrice, donne un élan à cette Hokhma qui permet de rentrer de plus en plus dans l’infini de la création. Lorsque la sagesse est en activité, elle comprend et est en perpétuel état de compréhension et même après avoir saisi un enseignement, le « MA » est toujours présent qui a besoin d’être élucidé. La sagesse étant la bénédiction elle-même. Exemple: le mot « Kissé », » chaise » défini un objet qui sert à s’asseoir. Ceci est sa définition limitée qui va empêcher la sagesse de se propager dans ce mot. Mais si nous allons au-delà de sa définition, si nous faisons abstraction de son message limité, si nous ne regardons que les lettres qui forment le mot »Kissé » peut-être rentrerions nous dans cette sagesse sans fin qui est insufflée dans chaque lettre de la Torah.
Avraham Avinou observait la création à tel point que chaque chose de cette création lui criait le même message: « il est impossible que le château n’ait pas de propriétaire et de guide« . Dans chaque sujet de ce monde, il ne s’arrêtait pas à son enveloppe extérieure mais allait chercher le « MA » de chaque chose, la hokhMA qu’il y a dans la création. Où se trouve le guide, le gouverneur dans la création ? Il se trouve dans le « EÏN » au-delà de notre connaissance et il est impossible de croire que les choses puissent se limiter à ce que l’on perçoit d’elles. Il est impossible que le « château » ne tire pas sa vitalité du « EÏN » de quelque chose qui est en dehors de ma perception et que je ne peux appréhender.
Après qu’il ait pu saisir cette compréhension de la création, le propriétaire s’est dévoilé à lui et alors se sont ouverts les cieux pour lui et par ceci il s’est connecté au « EÏN SOF » à l’éternité de la création et ainsi la hokhma s’est diffusée en lui sans jamais s’arrêter, sans jamais atteindre ses limites qui en fait n’existent pas. « Voici les engendrements des cieux et de la terre lorsqu’ils ont été créés (Béhibaram)« . Nos sages expliquent « Béhibaram » par « BéAvraham » la création se perdure par Avraham avinou qui est la hokhma incarnée dans ce monde. C’est la maison d’étude de Avraham Avinou. Aucune création n’est déconnectée de sa source qui est le EÏN SOF, aucune création n’est réellement limitée.
Au moment où la chose est saisie avec ses limites, elle sort de ce qui est appelé hokhma comme si son énergie vitale s’est épuisée mais cela est impossible car « tout avec sagesse, tu as créé« . Un homme qui accède à la sagesse, s’élève à chaque moment jusqu’à atteindre la meta-conscience, le supra-mental, l’infini de la connaissance. C’est cela la maison d’étude de Avraham avinou.
Essayons de comprendre maintenant la maison d’étude de Bilham le mécréant. Le mot hokhma est un mot spécifique au langage saint. Association de la notion « MA » à ce qui est appelé hokhMA, cela n’est un concept que selon la Torah. Associer la sagesse à l’interrogation.
Lorsque Moshé et Aharon se sont exprimés en disant « anah’nou MA » »que sommes-nous ? » Cela veut dire: »nous sommes de l’au-delà de ce que nous croyons être ». L’homme « Adam » a la même valeur numérique 45 que « MA ». Le Midrash explique le verset: « et D-ieu a vu tout ce qu’il a fait et cela était très bien (tov méod)« , le mot « tov méod » étant traduit par « tov adam » l’homme dans son essence est « Méod » »très » »expansion » qui est la translation de ce qui est appelé « MA », énergie en perpétuelle expansion.
« Que (MA) sont grandes tes œuvres D-ieu, profondes sont tes pensées« .
« MA » est la nature de ce qui n’est pas clair et « méod » est aussi ce qui est au-delà de la perception. Lorsque je dis « tov » cela fait référence à un bien qui est percevable mais « tov méod » veut dire que je ne peux le cerner, au-delà de sa limite. L’homme « adam » est le « MA » et aussi le « méod ». Il traverse la limite. L’homme est relié dans son essence au EÏN SOF, pour cela, il a la possibilité de continuer à vivre sans limite et sans finalité éternellement et tout le temps il apprend et tout le temps il acquiert la hokhma et toujours il sera dans le « MA » qui le propulsera dans un autre « MA ».
L’homme qui a un tel regard sur la création, ses yeux se dessilleront. Ils ne percevront que le « MA » de chaque chose, l’énergie divine qu’il y a dans la création, c’est cela » le bon œil ». « Le bon œil sera béni » Il ne faut pas lire « il sera béni » mais « le bon œil bénira« . Le « bon oeil » est relié à la source de la bénédiction.
D’un autre côté, l’homme n’a pas le droit de se tenir dans le champ de son ami lorsque ce champ est en plants à cause du mauvais œil. Un homme normal a en lui le mauvais œil qui n’amène pas la bénédiction. Sa perception de la réalité par l’intermédiaire de l’ego, ne peut saisir la bénédiction car elle est limitée et définie par l’ego lui-même. Cet œil (l’ego) ne peut percevoir la bénédiction. Il ne conçoit le monde que comme étant fini et limité. Par la Hokhma, l’homme peut saisir la réalité des choses et c’est cela qui s’appelle « le bon œil » dévoiler la bénédiction qui est enfouie dans chaque chose en éliminant l’ego dans toute perception, le « il est impossible que le monde va de l’avant sans un conducteur ». C’est le point de connexion entre ce monde et le EÏN SOF, au « non-limité ». Le point de passage entre ma connaissance qui compresse toute information (l’ego) et l’illimité (l’immersion avec l’unité divine) passe par l’élimination de l’ego. La hokhma dévoile la réalité qui est entièrement »Brakha ». La réalité qui a été créée par la lettre « Beth » de « Béréchit » »au commencement ». Le mot « réchit » étant le commencement de cette conduite qui ne se finit jamais. Une bénédiction qui amène une autre bénédiction et encore une autre bénédiction.
Le Talmud enseigne que les justes n’ont pas de repos ni dans ce monde ni dans le monde futur comme il est dit: « Ils iront de combat en combat« . C’est cela la bénédiction.
Les sagesses de ce monde n’amènent pas la bénédiction mais au contraire déconnectent le monde du EÏN SOF. Le monde matériel n’est fait que de certitudes avec leurs limites. Tout est dirigé par nos sens. Cette façon de percevoir la réalité est une vision qui empêche la bénédiction de se dévoiler et qui fige toute perception.
Ceci étant la suite de la Mishna: « quelle est la différence entre les élèves de Avraham avinou et les élèves de Bilaam le mécréant? Les élèves de Avraham mangent dans ce monde et hérite le monde futur« .
C’est cela la véritable bénédiction. De ce monde comme Avraham Avinou le percevait, nous pouvons arriver au monde futur qui est sans limites et sans but. Ce monde est un monde fini mais lorsque celui-ci est perçu avec la sagesse de Avraham Avinou, alors ce monde amène au monde futur comme il est dit: « pour faire hériter à mes aimés le »créé » »yèch » comme ce que nos sages enseignent: « le « Yèch » »créé » vient du « EÏN » du non-créé.
Mais les élèves de Bilaam héritent le purgatoire et descendent dans les profondeurs de l’abîme. Ils ne traverseront jamais de l’autre côté. Ce côté étant la face visible de la création, ils ne pourront jamais percevoir autre chose que cette réalité car ils n’ont pas la possibilité d’arriver de l’autre côté du miroir car il leur manque le « MA » pour y arriver. De ce monde qui est pour eux fixé, figé et limité, ils ne pourront jamais atteindre le monde futur qui est la source même de ce monde. L’école de Bilham enseigne à percevoir la création avec une perception limitée de la réalité, vision superficielle et primaire.
Dans le traité des pères, il est enseigné: « regarde trois choses et tu n’en viendras pas à fauter: regarde d’où tu viens « méEÏN bata » si tu sais que tu viens du EÏN SOF, alors tu sauras où tu iras et tu sauras aussi devant qui plus tard tu vas donner des comptes « . Lorsqu’un homme traverse ce monde avec cette perception « méEÏN bata », alors cette vision de la vie le sauve de la faute.
Toutes les bénédictions qu’a exprimées malgré lui Bilham se sont transformées en malédictions à cause de la faute des filles de Moav sauf deux bénédictions sur les lieux de culte et les maisons d’étude sur lesquels il est écrit: « que (MA) sont belles tes tentes Yaacov, tes résidences Israël » car dans ce « MA » se trouve la bénédiction. Les lieux de cultes et les maisons d’étude sont les endroits où l’on peut se relier au « MA » véritable.