Paracha Vayétsé 6 Divré Torah par Jardindelatorah
Paracha Vayétsé
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Ces divré Torah sur Paracha Vayétsé sont dédiés Léilouy Nichmat Hanna bat Rivka
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Nous vous proposons cette semaine 6 Divré Torah sur la Paracha Vayétsé:
– Shiouré Harashal – Marane Rav Ovadia Yossef Zatsal
– Shiouré Harashal – Marane Rav Ovadia Yossef Zatsal
Premier Dévar Torah (5774) Shiouré Harashal Tome 2 (pages 146) Paracha Vayétsé
Pour l’élévation de l’âme de MARANE Rabbénou Haggadol, Harav Ovadia Yossef Ben Gourgié Zekher Tsadiq Véqaddosh Livrakha.
Yaâkov notre patriarche s’enfuit du fait de Essav, ce mécréant qui était « pointilleux dans les Mitsvoth » [en apparence] allant jusqu’à prélever les dîmes sur le sel (il n’y a obligation de prélever les dîmes que pour les végétaux), mais il a poursuivi Yaâkov son frère pour le tuer ; Yaâkov a accompli la volonté de son père et est parti chez Laban afin d’y prendre épouse. Sur son chemin il fut poursuivi par Elifaz qui voulait le tuer suivant l’ordre de son père Essav.
La loi est que si un père ordonne à son fils de transgresser un commandement de la Torah, ou même un commandement d’ordre rabbinique, le fils ne doit pas écouter le père et dans ce cas le commandement d’honorer son père et sa mère ne s’applique pas comme il est écrit (Lévitique Ch. 18 v3) :
אִישׁ אִמּוֹ וְאָבִיו תִּירָאוּ, וְאֶת-שַׁבְּתֹתַי תִּשְׁמֹרוּ: אֲנִי, ה״ אֱלֹקיכֶם
Révérez, chacun, votre mère et votre père, et observez mes sabbats: je suis l’Éternel votre Dieu.
C’est à dire que tous sont tenus de M’honorer, que ce soit le père, la mère ou le fils (qui ne peut donc transgresser un commandement par égard pour son père ou sa mère). Et donc il ne faut pas écouter son père dans un tel cas, mais Yaâkov s’est aperçu que Elifaz ne connaissait pas cette loi, car c’était un non-juif, en conséquence Yaâkov lui a donné tous ses biens, et lui a dit que tout était à lui, et qu’un pauvre est comme un mort, comme s‘il l’avait tué !
Yts’haq était très riche, les gens disaient que l’engrais (les excréments) des mules de Yts’haq avait plus de valeur que tout l’argent et l’or de Avimelekh !! Yts’haq a donné à Yaâkov une grosse somme, cependant tout a été pris par Elifaz. Yaâkov a prié Hashem pour qu’Il l’aide et Hashem lui a envoyé un cavalier, celui-ci est allé se baigner dans la mer et s’est noyé et a laissé ses vêtements. Yaâkov, à qui Elifaz avait pris tous ses vêtements, put alors se revêtir des vêtements du cavalier et s’en aller chez Laban.
Lorsqu’il arriva et vit Ra’hel, il lui demanda si elle était prête à l’épouser, elle fut d’accord pour l’épouser. La Guémara nous enseigne que Yaâkov avait une beauté qui s’apparentait à celle d’Adam Harishone !!
Elle lui dit qu’elle était d’accord pour l’épouser mais que son père Laban était un escroc, et qu’il était évident qu’il allait lui donner Léa pour épouse ; Yaâkov lui répondit que lui aussi saurait le tromper et qu’il était permis de tromper un escroc. Il dit que si Laban se comportait avec droiture lui aussi se comporterait avec droiture par contre s’il mentait alors Yaâkov et Ra’hel devraient également prendre les voies du mensonge.
Elle partit, dans sa candeur, tout raconter à son père et elle raconta également les projets de Yaâkov de se comporter avec Laban avec tromperie (si besoin) …La mère de Ra’hel n’était plus vivante et donc elle se confiait à son père Laban. Celui-ci pensait que Yaâkov était venu avec une grande richesse, puisque leur serviteur (Eliezer) était venu avec dix chameaux il était évident que Yaâkov était venu avec plus ….
Cependant il vint et s’aperçut que Yaâkov n’avait rien sur lui ! Il l’étreint pour vérifier s’il avait des perles sur lui, il l’embrassa pour vérifier s’il avait quelque diamant caché dans sa bouche, et Yaâkov lui raconta tout ce qui lui était advenu.
Le verset dit à ce propos (Béréshith Ch. 29 v. 14) (Paracha Vayétsé)
וַיְסַפֵּר לְלָבָן, אֵת כָּל-הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה.
Jacob raconta à Laban tous ces événements.
Les lettres des mots soulignés forment les premières lettres des mots de l’expression suivante :
א »ל ת »תמה, כ »י ל »א הבאת »י ד »בר, ב »רכוש ר »ב י »צאתי מ »שם, ה »לך א »ליפז ל »קח ה »כל
Que nous traduirons par « Ne t’étonne pas, du fait que je suis venu sans rien, avec une grande richesse je suis sorti de là-bas, Elifaz est venu et il a tout pris ».
Yaâkov est resté avec Laban et après quelques jours celui-ci lui demanda quel serait son salaire (pour le labeur). Pour quelle raison Laban voulut il être droit, et lui donner son salaire ? Laban s’est basé sur ce que sa fille lui avait dit, il lui demanda « est-ce que tu vas vraiment travailler gratuitement ? » C’est sûr que tu veux me rouler, c’est pour cela que je te demande de me dire explicitement quel salaire tu veux [dis-moi tes projets].
Lors de son chemin vers les terres de Laban, Yaâkov fit un rêve comme le raconte la Torah (Genèse Ch. 28 v12):
וַיַּחֲלֹם, וְהִנֵּה סֻלָּם מֻצָּב אַרְצָה, וְרֹאשׁוֹ, מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה; וְהִנֵּה מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ.
Il eut un songe que voici: Une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel et des messagers divins [des Anges] montaient et descendaient le long de cette échelle.
Qu’avaient donc les anges à monter et descendre ? De plus il aurait dû être écrit que les anges « descendaient [du ciel] et montaient » !! [puisque le lieu de « résidence » des anges est en « haut »].
En fait ces anges avaient été créés par les Mitsvoth qu’avaient faites Yaâkov Avinou, ils montaient de là vers les hauteurs à leur place et redescendaient.
Les commentateurs disent en suivant le Midrash qu’une figure avec les traits de Yaâkov Avinou est gravée sur le trône divin (le Kissé Hakkavodh) comme on le voit dans le prophète Yé’hezkiel (Ezéchiel) qui a vu sur le « char Divin » (Mérkava) la forme d’un lion, d’un aigle, d’un homme et d’un taureau. Le Taureau a été transformé en Chérubin ayant la forme d’un nourrisson, afin qu’il n’y ait pas sur le « Char Divin » la forme d’un taureau qui rappellerait la faute de veau d’or (et qui serait donc un accusateur permanent).
Lorsque les enfants d’Israël prient (la Amida) et font la Quéddousha (la sanctification au début de la Amida), le Saint béni soit-Il embrasse la forme de Yaâkov (qui est celle de l’homme gravé sur le Char Divin) et Il dit « Heureux sont-ils, qui ont le mérite de se comporter ainsi » (de Me sanctifier), tout ceci est lorsqu’ils disent la Quéddousha avec concentration/intention, comme il est écrit « Ils sanctifieront le D.ieu de Yaâkov ».
C’est pour cela que les Anges sont descendus pour voir son visage et sont remontés pour voir s’il ressemblait à la forme de l’homme du Char Divin puis redescendaient pour le revoir (vérifier) et l’ont alors jalousé et ont voulu le frapper.
La Torah poursuit par (verset 13) : וְהִנֵּה ה״ נִצָּב עָלָיו « Puis, l’Éternel apparaissait au sommet », Il apparaissait pour le protéger et c’est pour cela que lorsque Yaâkov s’est levé il a dit (verset 16) :
וַיִּיקַץ יַעֲקֹב, מִשְּׁנָתוֹ, וַיֹּאמֶר, אָכֵן יֵשׁ ה״ בַּמָּקוֹם הַזֶּה; וְאָנֹכִי, לֹא יָדָעְתִּי.
Jacob, s’étant réveillé, s’écria: « Assurément, l’Éternel est présent en ce lieu et moi je l’ignorais. »
Yaâkov, dans son humilité a pensé (un des mots du dernier verset) que le mot אָכֵן constitue les premières lettres des mots א »ריה כ »רוב נ »שר, Lion, Chérubin, Aigle (les figures gravées sur le Char D.ivin, sans mentionner l’homme). Il ne savait pas que lui aussi se trouvait dans la Merkava (son visage) et ensuite un des mots suivants est וְאָנֹכִי (et moi) et ce mot אָנֹכִי constitue les premières lettres des mots א »ריה נ »שר כ »רוב י »עקב, Lion, Aigle, Chérubin, Yaâkov. « Je ne savais pas » du verset signifie alors « je ne savais pas que moi aussi, Yaâkov, je me trouve dans la Merkava, le Char D.ivin ».
Le verset 11 qui est plus haut dans le texte nous dit à sa fin « וַיִּשְׁכַּב, בַּמָּקוֹם הַהוּא » « et il passa la nuit dans ce lieu », mais lorsqu’il était dans la maison de Shem et Ever et y a étudié la Torah il ne s’est pas allongé pour dormir, seulement il somnolait (et reprenait son étude).
Après l’exil d’Espagne il y eu un géant en Torah qui s’appeler Rabbi Yossef Taystseq. Il y avait à cette époque trois grands en Torah dont le prénom était Yossef :
- Moharibal : Rabbi Yossef Ben Lev
- Rabbi Yossef Taystseq
- Rabbi Yossef Caro (l’auteur du Shoul’han Aroukh)
Rabbi Yossef Taystseq était le Rav de l’auteur du livre bien connu « Réshit Hokhma ». L’auteur du « Réshit Hokhma » apprit par la femme de Rabbi Yossef Taystseq que son Rav n’avait pas dormi pendant 40 ans, mais seulement il mettait ses pieds dans une bassine d’eau froide et ainsi il ne dormait pas. Il était assidu dans son étude et s’adonnait à son étude et au service D.ivin. C’était un très grand Tsaddiq (juste). En conséquence le Maharshdam, Rabbi Shémouel Di Modina (qui a écrit des Responsa très profondes et était un élève de Rabbi Yossef Taystseq) disait que la pensée de Rabbi Yossef Taystseq équivalait à celle de la majorité des décisionnaires ; Rabbi Yossef Taystseq était également apte à écrire le Beth Yossef (ouvrage de base de Halakha écrit par Marane Rabbi Yossef Caro) et le Shoul’han Aroukh. Seulement dans les cieux il fut décidé que ce soit Rabbi Yossef Caro qui écrive ses ouvrages car il était d’une très grande humilité. Il écrivit son livre « Beth Yossef » pendant près de 20 ans, puis ensuite il écrivit le Shoul’han Aroukh qui découle du Beth Yossef. Et la Halakha est comme lui car nous avons pris sur nous ses enseignements [nous les Séfaradim] que ce soit un enseignement plus souple (par rapport à d’autres) ou un enseignement plus strict (par rapport à d’autres).
S’il en est ainsi de ce que nous connaissons de nos Rabbanim qui vivaient il y a 400 ans, que pourrions-nous dire de Yaâkov Avinou (à plus forte raison) dont la face était gravée sur le Trône D.ivin ?
Il a vu par esprit saint que de lui sortiraient les douze tribus de Léa, Ra’hel, Bilha et Zilpa. Au moment de sa mort Yaâkov a appelé ses enfants et a voulu leur faire connaître la fin des temps, quand viendrait Mashia’h (le Messie) et que se termineraient les souffrances du peuple d’Israël, et soudainement il oublia le moment de la fin (« des temps »), et la Shékhina s’est retirée de lui.
Yaâkov a craint à ce moment-là qu’un de ses enfants n’était pas convenable. Ils ont alors dit ensemble « Shéma Ysraël Hashem Eloquénou Hashem Ehad » c’est à dire « Ecoute Ysraël (notre père) Hashem est notre D.ieu, Hashem est UN » et alors Yaâkov a répondu « Baroukh Shem Kévod Malkhouto Léôlam Vaêdh » « Béni soit le nom de son règne glorieux à jamais ».
Yaâkov était un Tsaddiq (un juste) et ses enfants étaient des Tsaddiqim (justes), allons dans son chemin saint, la voie de la Torah, et que nous ayons le mérite que la fin arrive et que le Saint béni Soit-Il nous envoie le Mashia’h rapidement et de nos jours AMEN.
Second Dévar Torah (5773) Livre Ôd Yossef ‘Hay – du Ben Ish Hay זצוקל page 68
Dans notre Parasha, Yaâkov Avinou s’arrête en chemin. Il fait un rêve dans lequel il voit des anges monter et descendre une échelle. Le verset est (Genèse Ch. 28 v12):
וַיַּחֲלֹם, וְהִנֵּה סֻלָּם מֻצָּב אַרְצָה, וְרֹאשׁוֹ, מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה; וְהִנֵּה מַלְאֲכֵי אֱלֹקים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ.
Il eut un songe que voici: Une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel et des messagers divins [des Anges] montaient et descendaient le long de cette échelle.
Mon père, de mémoire bénie [le père du Ben Ish Hay] a expliqué dans son livre, Midrash Eliahou, que le mot סֻלָּם « échelle » a la même valeur numérique que le mot ממון « argent », et cet argent est מֻצָּב אַרְצָה « dressé sur la terre ». Car un homme voit qu’en s’adonnant au commerce qu’il fait en ce monde, il fait des bénéfices et accumule de l’argent. Cependant, en vérité, , רֹאשׁוֹ, מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה « sa tête atteint le ciel » car tout dépend de la surveillance exercée par le Créateur, qu’Il soit béni, et de Sa volonté.
Si le Saint, béni soit-Il, veut que cette personne ait de l’argent alors celle-ci fera des bénéfices et si Il ne veut pas, celle-ci perdra et deviendra débiteur envers les autres. En conséquence, Il a mis des « messagers divins [des Anges] », ce sont les préposés à la Parnassa, la subsistance, de l’homme qui « montent et descendent le long de cette échelle », c’est à dire qu’il y a des personnes qui vont monter, s’enrichir, dans les transactions commerciales et d’autres qui vont descendre, s’appauvrir et perdre leur capital et être débiteur envers les autres. Telle est la quintessence de ses propos.
Moi, son serviteur, j’ai trouvé une bonne explication en poursuivant dans la voie qu’il a tracée, en prenant en allusion dans le mot סֻלָּם « échelle » l’argent ממון, en en tirant une morale.
Pour quelle raison n’a-t-il pas pris en allusion avec le mot סֻלָּם « échelle » un autre mot que ממון qui a la même valeur numérique ?
En fait, je vais donner une explication en prenant les voies du Moussar, de l’éthique. Prenons un Mashal, une parabole qui est donnée aux enfants.
Il y avait une échelle constituée de dix (10) échelons. L’échelle était posée contre le mur de la maison et bien que tous les échelons soient égaux, de la même largeur et faits du même bois, malgré tout, l’échelon supérieur, celui du haut, s’enorgueillissait vis-à-vis des échelons qui étaient en dessous et à plus forte raison vis-à-vis de l’échelon le plus bas, celui qui était le plus proche du sol. L’échelon du haut parlait avec orgueil et disait à ses confrères « ce richard [le propriétaire de la maison] m’a placé au-dessus de vous tous, et sans aucun doute il a trouvé en moi des qualités, et pour cela il m’a donné la grandeur !! ».
Un homme passait sur le chemin et entendit les propos de l’échelon d’en haut, il attrapa l’échelle rapidement et la retourna. Ainsi, maintenant, l’échelon qui était en haut fut en bas, le plus bas de tous, et celui du bas fut en haut, le plus haut de tous.
Alors, celui qui s’enorgueillissait au départ, fut vexée par ce qui lui arrivait, et immédiatement se mit à regretter ses paroles orgueilleuses et l’échelon qui précédemment était en bas et qui était monté en un instant, ne s’enorgueillit pas comme le fit son confrère, car il eut peur que vienne un autre quidam et renverse l’échelle, car alors il lui arriverait la même mésaventure que l’autre échelon.
La comparaison est que vous, hommes importants ne vous enorgueillissez pas de votre richesse, car la richesse est comme la « hauteur » de cette échelle et la roue peut tourner !!
Ainsi nous comprenons bien l’allusion qu’a donnée mon père, mon maître, de mémoire bénie, c’est à dire que l’échelle rappelle l’argent. Cette analogie nécessitait explication, mais par cette explication nous comprenons bien que l’argent est contenu en allusion dans les lettre du mot סֻלָּם (échelle et argent ayant la même valeur numérique en hébreu) pour donner à l’homme une leçon c’est à dire de ne pas tirer orgueil de l’argent qu’il possède mais qu’il pense et considère, systématiquement, que l’argent est comme cette échelle faite de nombreux échelons et qu’aujourd’hui il se trouve tout en haut de l’échelle mais, qu’en un seul instant, quelqu’un peut venir prendre l’échelle et l’amener d’un endroit à un autre et que lui se retrouvera en bas de l’échelle alors que celui qui était en bas se retrouvera tout en haut et tel est la relation entre l’homme et l’argent [la roue peut tourner en un instant] …
Troisième Dévar Torah (5773) Mayana Shel Torah au nom du Beth Halévy.
Le premier verset de notre Parasha est (Genèse Ch. 28 v. 10)
וַיֵּצֵא יַעֲקֹב, מִבְּאֵר שָׁבַע; וַיֵּלֶךְ, חָרָנָה
Jacob sortit de Béer Shéva et se dirigea vers Haran.
[En introduction aux deux enseignements sur ce premier verset de notre Parasha qui constituent ce premier Dévar Torah, donnons un des commentaires de Rashi sur lequel se basent ces deux enseignements :
- Il alla Il aurait suffi d’écrire simplement : « il alla à ‘Haran ». Pourquoi mentionner son départ de Béer Shéva’ ? C’est pour nous apprendre que le départ d’un juste fait impression dans l’endroit qu’il quitte. Aussi longtemps que le juste se trouve dans une ville, c’est lui qui en est la beauté, c’est lui qui en est l’éclat, c’est lui qui en est la majesté. Lorsqu’il la quitte, finie sa beauté, fini son éclat, finie sa majesté, comme dans : « elle sortit de l’endroit » (Ruth 1, 7) à propos de Naomi et Ruth (Béréshith Rabba 68, 6).
]
Rashi demande (reformulé): « en vue de quoi la Torah nous dit-elle que Yaâkov sortit de Béer Shéva », y-a-t-il une conséquence de savoir d’où il est sorti ?
En fait, lorsqu’un homme part d’un endroit pour aller vers un autre endroit, des fois l’essentiel de sa volonté est de quitter le premier endroit et des fois l’essentiel de sa volonté est d’aller au second endroit.
Ici, en ce qui concerne Yaâkov, les deux raisons sont valables simultanément. Sa mère Rivqa lui a ordonné de fuir à ‘Haran, car Essav soulait le tuer, et sa volonté [à Rivqa] était que Yaâkov quitte Béer Shéva.
D’un autre côté, Yts’haq a envoyé Yaâkov à Haran afin qu’il y prenne femme parmi les filles de Laban et non parmi les filles de Canaan, son intention était qu’il aille à Haran.
En conséquence, lorsque Yaâkov a voulu accomplir la Mitsva de respecter son père et sa mère, il avait simultanément deux motivations, à la fois quitter Béer Shéva et aller à Haran. C’est pourquoi le verset nous indique les deux, à la fois quitter Béer Shéva et également aller à Haran.
Continuons dans le livre Mayana Shel Torah, cette fois ci au nom du « Quéddoushath Lévy ».
Toujours à propos de ce premier verset de notre Parasha, Rashi nous enseigne :
- [Pourquoi mentionner son départ de Béer Shéva’ ? ] C’est pour nous apprendre que le départ d’un juste fait impression dans l’endroit qu’il quitte. Aussi longtemps que le juste se trouve dans une ville, c’est lui qui en est la beauté, c’est lui qui en est l’éclat, c’est lui qui en est la majesté. Lorsqu’il la quitte, finie sa beauté, fini son éclat, finie sa majesté.
Dans le fond, la Torah aurait dû dire « Yaâkov est descendu de Béer Shéva » car, à chaque fois qu’il est question de sortir d’Erets Ysraël (la terre d’Israël) pour aller en dehors d’Israël, il est utilisé un terme de « descendre ». Ceci est dû au fait que la terre d’Israël est plus haute que toutes les autres terres (spirituellement s’entend). Pour quelle raison la Torah utilise-t-elle ici le verbe sortir ?
Rashi répond à cette question par ses propos : « Lorsqu’il la quitte, finie sa beauté, fini son éclat, finie sa majesté. ». Car la sainteté de la terre d’Israël est partie avec Yaâkov comme le rapporte Rashi plus loin (verset 17) que le mont Moriah a été déraciné pour aller à Haran et donc ce n’était pas une « descente » pour Yaâkov puisque la hauteur de la terre d’Israël, qui n’est que spirituelle du fait de sa sainteté, a accompagné Yaâkov en dehors d’Israël et à tout endroit où il se trouvait, il y avait Erets Ysraël, la Terre d’Israël, et donc il était possible de dire « Yaâkov sortit ».
Quatrième Dévar Torah (5773) Tiré du site http://bnei-zion.com
Notre Parasha nous raconte le rêve de Yaâkov avec des anges qui montent et qui descendent d’une échelle. A propos du réveil la Torah dit (Genèse Ch. 28 v. 12)
וַיִּיקַץ יַעֲקֹב, מִשְּׁנָתוֹ, וַיֹּאמֶר, אָכֵן יֵשׁ ה׳ בַּמָּקוֹם הַזֶּה; וְאָנֹכִי, לֹא יָדָעְתִּי.
Jacob, s’étant réveillé, s’écria: « Assurément, l’Éternel est présent en ce lieu et moi je l’ignorais. »
Le Midrash Rabba (69a) nous enseigne à propos de ce verset : Rabbi Yo’hanan dit « ne lit pas (dans le verset) מִשְּׁנָתוֹ « de son sommeil » mais lis « ממשנתו » « de son étude [de la Mishna]» ! ».
En vérité, il nous faut comprendre cet enseignement de Rabbi Yo’hanan, qu’est ce qui lui permet de commenter « ne lit pas (dans le verset) מִשְּׁנָתוֹ « de son sommeil » mais lis « ממשנתו » « de son étude [de la Mishna] » ! » ?
Le « Atéreth Yéshouâh » (du Rav רבי יהושע מדזיקוב) nous donne une explication agréable.
En fait, explique-t-il, il est connu que le Satan / le penchant au mal [Yétser Hara’], qui s’appelle [ne pas prononcer] סמא »ל, s’évertue de toutes ses forces à nous empêcher de terminer l’étude d’un traité [d’un traité talmudique par exemple]. Ceci est sous-entendu dans son nom סמא »ל, qui constitue les premières lettres de l’expression « סיום מסכת אין לעשות » « la finalisation de l’étude d’un traité, il ne faut pas faire » [je m’y oppose moi le Satan / le Yétser Hara’].
Par contre, Yaâkov Avinou a pris le dessus sur le Yétser Hara’ et a étudié, en finalisant l’étude de nombreux traités. C’est ce que dit le premier verset de notre Parasha, וְהִנֵּה סֻלָּם « il y avait une échelle », le mot סֻלָּם est constitué des premières lettres de l’expression « סיום מסכת לעשות » « la finalisation de l’étude d’un traité, il faut le faire » [je m’évertue à le faire]. C’est pourquoi Rabbi Yo’hanan a commenté « ne lit pas (dans le verset) מִשְּׁנָתוֹ « de son sommeil » mais lis « ממשנתו » « de son étude » ! », c’est à dire que Yaâkov avait terminé l’étude de traités [de Mishna].
C’est d’ailleurs ce que nous dit Yaâkov אָכֵן יֵשׁ ה׳ בַּמָּקוֹם הַזֶּה « Assurément, l’Éternel est présent en ce lieu », Yaâkov utilise précisément le mot יֵשׁ (il y a), car lorsqu’on termine l’étude d’un traité, la dernière partie du texte que nous lisons est :
אמר רבי יהושע בן לוי: עתיד הקדוש ברוך הוא להנחיל לכל וצדיק וצדיק שלש מאות ועשרה (י »ש) עולמות, שנאמר (משלי ח כא): להנחיל אוהבי – י »ש, ואוצרותיהם אמלא ».
Rabbi Yéhoshoua ben Lévy disait, dans le futur le saint béni soit-Il fera hériter chaque Tsaddiq (juste) de 310 mondes [310 = י »ש] comme il est écrit (Proverbes Ch. 8 v. 21) : « en faisant hériter à ceux qui m’aiment י »ש et en remplissant leurs trésors [et י »ש est interprété comme sa valeur numérique soit 310].
On peut d’ailleurs remarquer que les dernières lettres de אָכֵן יֵשׁ ה׳ בַּמָּקוֹם הַזֶּה « l’Éternel est présent en ce lieu » constituent le mot משנה Mishna.
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Cinquième Dévar Torah (5772) Shiouré Harashal Tome 4 (page 141) Paracha Vayétsé
Par MARANE Rabbénou Haggadol, Harav Ovadia Yossef Ben Gourgié זצוקל.
A propos de notre ancêtre Yaâkov, Jacob, il est dit dans notre Parasha (section Sabbatique) : וַיָּלֶן שָׁם,, y passa la nuit, ensuite il eut son fameux rêve et au réveil il est dit
וַיִּיקַץ יַעֲקֹב, מִשְּׁנָתוֹ, וַיֹּאמֶר, אָכֵן יֵשׁ ה׳ בַּמָּקוֹם הַזֶּה; וְאָנֹכִי, לֹא יָדָעְתִּי.
Jacob, s’étant réveillé, s’écria: « Assurément, l’Éternel est présent en ce lieu et moi je l’ignorais. »
Pour décrire le rêve il est écrit :
וְהִנֵּה מַלְאֲכֵי אֱלקים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ
et des messagers [des anges] divins montaient et descendaient le long de cette échelle.
Le Midrash nous enseigne que l’image de Jacob est sculptée sur le trône D.ivin, et de même pour l’image d’Abraham et d’Isaac et celle du roi David. Les anges descendaient pour le voir et se souvenaient qu’il s’agissait de l’image qu’ils avaient vue gravée sur le trône D.ivin. En conséquence ils remontaient pour vérifier s’il s’agissait de la même image sur le trône D.ivin.
Les anges l’ont fortement jalousé et auraient pu lui faire du mal. En conséquence il est écrit : וְהִנֵּה ה׳ נִצָּב עָלָיו Puis, l’Éternel apparaissait au sommet, pourquoi ? Pour le protéger et le sauver des anges.
A propos du prophète Ezéchiel il est écrit (Ezéchiel Ch. 1 v10)
וּדְמוּת פְּנֵיהֶם, פְּנֵי אָדָם, וּפְנֵי אַרְיֵה אֶל-הַיָּמִין לְאַרְבַּעְתָּם, וּפְנֵי-שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאול לְאַרְבַּעְתָּן; וּפְנֵי-נֶשֶׁר, לְאַרְבַּעְתָּן.
Quant à la forme de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d’homme et à droite une face de lion, toutes quatre une face de taureau à gauche et toutes quatre une face d’aigle.
Jacob, comme on l’a vu, avait dit אָכֵן יֵשׁ ה׳ בַּמָּקוֹם הַזֶּה, le mot אָכֵן forme les premières lettres des mots אריה Lion, כרוב Chérubin, נשר Aigle. אנכי forme les premières lettres de אריה Lion, נשר Aigle, כרוב Chérubin, יעקב Jacob, לֹא יָדָעְתִּי je l’ignorais.
Dans le Talmoud (Shabbath 30 a) il est dit : Rabbi Yanaï clamait : Malheur à celui qui n’a pas de maison et lui fait des portes ;
C’est à dire que la maison c’est la Mitsva de craindre l’Eternel, car Hashem n’a rien d’autre dans son monde que le trésor de la crainte D.ivine. Cependant il y a une obligation d’étudier la Torah et comment une personne serait elle « craignant D.ieu » si elle ne connaît pas la Torah ? Puisqu’elle ne sait pas comment se comporter, que faire ! (comme on a enseigne dans les Pirqé Avoth) : le sot ne craint pas la faute, l’ignorant ne peut être pieux !
La Torah est la porte de la maison et la maison est la crainte du ciel ; si quelqu’un possède la Torah mais pas la crainte du ciel, à quoi lui sert donc la Torah ? (ce qui explique bien la parole de Ribbi Yanaï : malheur à celui qui possède la Torah [la connaissance] mais n’a pas la crainte divine).
En conséquence on doit, en premier, avoir la crainte du ciel, puis ensuite la Torah, c’est ce que dit Jacob
וַיִּירָא, וַיֹּאמַר, מַה-נּוֹרָא, הַמָּקוֹם הַזֶּה: אֵין זֶה, כִּי אִם-בֵּית אֱלֹהִים, וְזֶה, שַׁעַר הַשָּׁמָיִם.
Et, saisi de crainte, il ajouta: « Que ce lieu est redoutable! ceci n’est autre que la maison du Seigneur et c’est ici la porte du ciel. »
« ceci n’est autre que la maison du Seigneur » c’est la maison c’est à dire la crainte du ciel, et lorsque j’étais dans la maison (d’études) de Shem et Ever (où Jacob a étudié 14 ans) c’est la porte du ciel, c’est à dire [la porte signifie] la crainte du ciel.
Nos sages nous enseignent à propos de « וַיִּשְׁכַּב, בַּמָּקוֹם הַהוּא. » « et il passa la nuit dans ce lieu », que lorsque Yaâkov a passé 14 ans dans la maison d’études de Shem et Ever il n’y a pas dormi mais a passé tout son temps à étudier.
Pendant ces 14 années il ne s’est pas allongé sur un lit mais, comme nous savons qu’il est impossible de tenir trois jours sans dormir, cela signifie en fait qu’il n’a pas dormi pendant ces 14 ans dans un lit mais qu’il s’est assoupi à la table à laquelle il étudiait.
Il est raconté dans le livre Reshith Hokhma, à propos du Rav de l’auteur de ce livre le Rav Yossef Taytseq qui était un des compagnons de Maran, l’auteur du Shoul’han Âroukh, qu’il étudiait la nuit et mettait sous la table deux bassines d’eau. Il mettait ses pieds dans l’eau froide afin de ne pas somnoler. Il a procédé ainsi pendant quarante ans et s’adonnait à l’étude de la Torah avec assiduité, la nuit était éclairée comme le jour !
Si nous voyons cela dans les dernières générations (dans les années 1550) à plus forte raison pour Yaâkov notre patriarche (l’assiduité et la vigueur dans l’étude de la Torah sans dormir).
De là nous comprenons combien il est interdit de parler [dire du mal] contre nos patriarches. Certains « idiots » se permettent d’ouvrir la bouche et de parler sur notre patriarche Yaâkov : a-t-il bien agi ou mal agi ? A leur propos il est écrit (Chronique Ch. 1 v 22) אַל-תִּגְּעוּ, בִּמְשִׁיחָי « Ne touchez pas à mes oints ». Comment est-il possible de parler sur nos patriarches ? Alors que l’Eternel a gravé leur image sur le trône D.ivin « וּמַדּוּעַ לֹא יְרֵאתֶם, לְדַבֵּר בְּעַבְדִּי » « Pourquoi donc n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur ? ».
Sixième Dévar Torah (5773/74) Rashi Paracha Vayétsé
Nous allons décortiquer le commentaire de Rashi sur quelques versets de la Parasha. Les explications sont tirées du livre « Rashi Hamméforash ». Le texte de Rashi en Français est tiré principalement du site « sefarim.fr » et est en fait celui du « Houmach avec Rachi » des éditions Gallia. J’y ai apporté de très légères modifications.
Le texte en gras, rouge et souligné est celui de la Torah ; le texte normal est celui de « Rashi Hamméforash » et le texte en gras est la traduction de Rashi proprement dite.
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Les merveilles de Rashi !! Sur Paracha Vayétsé
Genèse Ch. 28 v. 10 :
וַיֵּצֵא יַעֲקֹב, מִבְּאֵר שָׁבַע; וַיֵּלֶךְ, חָרָנָה
Jacob sortit de Béer Shéva et se dirigea vers Haran.
וַיֵּצֶא יַעֲקֹב. עַל יְדֵי שֶׁבִּשְׁבִיל שֶׁרָעוֹת בְּנוֹת כְּנַעַן בְּעֵינֵי יִצְחָק אָבִיו הָלַךְ עֵשָׂו אֶל יִשְׁמָעֵאל הִפְסִיק הָעִנְיָן בְּפָרָשָׁתוֹ שֶׁל יַעֲקֹב וּכְתִיב וַיַּרְא עֵשָׂו כִּי בֵרַךְ וְגוֹ’ וּמִשֶּׁגָּמַר חָזַר לְעִנְיָן הָרִאשׁוֹן:
Yaâkov sortit le verset est la suite de ce qui a été raconté à la fin de la Parasha précédente (Supra v. 5) « Isaac envoya ainsi Jacob au territoire d’Aram, chez Laban, fils de Béthouel, l’Araméen, frère de Rébecca, mère de Jacob et d’Ésaü », et la Torah s’est interrompue entre ces deux versets avec le récit de Essav qui est parti chez les enfants de Yshmael, car c’est Yts’haq qui a entraîné que Essav aille chez Yshmael, et c’est du fait que les filles de Kena‘an étaient mauvaises aux yeux de Yits‘haq, son père que ‘Essav est allé chez Yichma‘el, le texte s’est arrêté de parler de Yaâkov, et il est écrit : « ‘Essav vit que Yits‘haq avait béni Yaâkov… » (verset 6), tout ceci est un propos isolé. Cette incidente terminée, le récit revient à son sujet premier le départ de Yaâkov.
וַיֵּצֶא. לֹא הָיָה צָרִיךְ לִכְתּוֹב אֶלָּא וַיֵּלֶךְ יַעֲקֹב חָרָנָה וְלָמָּה הִזְכִּיר יְצִיאָתוֹ אֶלָּא מַגִּיד שֶׁיְּצִיאַת צַדִּיק מִן הַמָּקוֹם עוֹשֶׂה רוֹשֶׁם שֶׁבִּזְמָן שֶׁהַצַּדִּיק בָּעִיר הוּא הוֹדָה הוּא זִוָּהּ הוּא הֲדָרָה יָצָא מִשָּׁם פָּנָה הוֹדָהּ פָּנָה זִוָּהּ פָּנָה הַדָּרָהּ. וְכֵן וַתֵּצֶא מִן הַמָּקוֹם הָאָמוּר בְּנָעָמִי וְרוּת:
Il alla Il aurait suffi d’écrire simplement : « il alla à ‘Haran ». Pourquoi mentionner son départ de Beér Chèva’ ? puisque lorsque nous disons que quelqu’un est arrivé dans une autre ville nous comprenons qu’il a quitté sa ville c’est pour nous apprendre que le départ d’un juste fait impression dans l’endroit qu’il quitte. Aussi longtemps que le juste se trouve dans une ville, c’est lui qui en est la beauté, sa louange, c’est lui qui en est l’éclat, sa lumière, c’est lui qui en est la majesté, sa beauté. Lorsqu’il la quitte, finie sa beauté, fini son éclat, finie sa majesté, comme l’ont commenté les sages dans : « elle sortit de l’endroit » (Routh 1, 7) à propos de Naomi et Routh (Béréshith Rabba 68, 6).
וַיֵּלֶךְ חָרָנָה. יָצָא לָלֶכֶת לְחָרָן:
Il alla à ‘Haran (‘harana) Il sortit pour aller à ‘Haran, mais il n’y était pas encore arrivé, car les versets suivants racontent ce qui lui est arrivé en chemin [vers Haran].
Genèse Ch. 28 v. 11 :
וַיִּפְגַּע בַּמָּקוֹם וַיָּלֶן שָׁם, כִּי-בָא הַשֶּׁמֶשׁ, וַיִּקַּח מֵאַבְנֵי הַמָּקוֹם, וַיָּשֶׂם מְרַאֲשֹׁתָיו; וַיִּשְׁכַּב, בַּמָּקוֹם הַהוּא.
Il atteignit l’endroit, y passa la nuit car le soleil se couchait, il prit des pierres de l’endroit, les mit sous sa tête, il se coucha en cet endroit-là.
וַיִּפְגַּע בַּמָּקוֹם. לֹא הִזְכִּיר הַכָּתוּב בְּאֵיזֶה מָקוֹם אֶלָּא בַּמָּקוֹם הַנִּזְכָּר בְּמָקוֹם אַחֵר הוּא הַר הַמּוֹרִיָּה שֶׁנֶּאֱמַר בּוֹ וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם מֵרָחוֹק:
Il atteignit l’endroit lorsque le texte utilise la voyelle Pata’h sous le Beth ב de בַּמָּקוֹם cela vint remplacer le « Hé Hayédiâh », c’est à dire l’article défini, comme s’il était écrit בהמקום (c’est à dire « à l’endroit connu ») En conséquence le texte ne spécifie pas le nom de l’endroit qu’il atteignit. Il s’agit d’un « endroit » mentionné ailleurs, à savoir le Mont Moria (‘Houlin 91b), ainsi qu’il est écrit : « il vit “l’endroit” de loin » (supra 22, 4).
וַיִּפְגַּע. כְּמוֹ וּפָגַע בִּירִיחוֹ וּפָגַע בַּדַּבֶּשֶׁת וְרַבּוֹתֵנוּ פֵּרְשׁוּ לָשׁוֹן תְּפִלָּה כְּמוֹ וְאַל תִּפְגַּע בִּי וְלָמַדְנוּ שֶׁתִּקֵּן תְּפִלַּת עַרְבִית וְשִׁנָּה הַכָּתוּב וְלֹא כָּתַב וַיִּתְפַּלֵּל לְלַמֶּדְךָ שֶׁקָּפְצָה לוֹ הָאָרֶץ כְּמוֹ שֶׁמְּפוֹרָשׁ בְּפֶרֶק גִּיד הַנָּשֶׁה:
Il atteignit (wayifga’) d’après le sens premier l’explication est une rencontre, un rendez-vous. Cependant cela est étonnant car le mot « פגע » se comprend comme deux choses qui se rencontrent, l’un allant vers l’autre. Il y a un qui atteint et l’autre qui est atteint ; ce terme ne concerne pas le cas où la personne atteinte est immobile, au repos. Cependant nous trouvons que ce terme « פגע » s’applique également à quelque chose d’inerte comme dans : « il atteignit (oufaga’) Jéricho » (Yehochou‘a 16, 7), « il atteignit (oufaga’) Dabècheth » (Yehochou‘a 19, 11). Nos rabbins ont expliqué ce mot « פגע » utilisé ici comme impliquant l’idée de prière (Berakhoth 26b, Beréchith Rabba 68, 9), et le mot בַּמָּקוֹם (endroit/lieu) s’adresse au saint béni soit-Il qui est l’endroit du monde et le monde n’est pas son endroit, comme dans : « Ne cherche pas à me fléchir (al tifga’ bi) car je ne t’écouterai pas » (Yirmeya 7, 16) où il s’agit d’un langage de prière. Cela nous enseigne que Ya‘aqov a institué la prière du soir (‘arvith), sinon que viendrait nous apprendre le texte en disant que Yaâkov priait [c’eut été normal], car jusqu’à présent n’a-t-il pas prié ?. Le texte a cependant modifié le vocabulaire et n’a pas écrit « il pria », mais וַיִּפְגַּע « il atteignit », car ce mot exprime à la fois la notion de prière et qu’il atteignit un endroit sans en avoir l’intention préalablement afin de t’apprendre que les distances ont été « supprimées » pour lui, que la terre a été rétrécie et réduite pour lui comme expliqué dans la Guémara (‘Houlin 91a).
כִּי בָא הַשֶּׁמֶשׁ. הָיָה לוֹ לִכְתּוֹב וַיָּבֹא הַשֶּׁמֶשׁ וַיָּלֶן שָׁם כִּי בָא הַשֶּׁמֶשׁ מַשְׁמָע שֶׁשָּׁקְעָה לוֹ חַמָּה פִּתְאוֹם שֶׁלֹּא בְּעוֹנָתָהּ כְּדֵי שֶׁיָּלִין שָׁם:
Car le soleil s’était couché il ne faut pas expliquer le texte comme nous donnant une raison pour laquelle « y passa la nuit », car ce n’est pas l’habitude de la Torah de donner une raison et une cause pour laquelle un homme passe la nuit en un certain lieu. Et si nous disons que le texte vient nous raconter l’enchainement des événement le texte aurait dû dire : « le soleil s’est couché et il y passa la nuit » selon l’ordre des évènements sans rajouter le mot « כי » « car » qui donne une raison à ce qui a été dit précédemment mais l’expression « car le soleil s’était couché » signifie que Yaâkov n’avait pas pensé a priori y passer la nuit, et le coucher du soleil qui est advenu subitement est la raison pour laquelle il y passa la nuit car le soleil s’est couché subitement, et non à son heure, afin qu’il soit obligé d’y passer la nuit (Beréchith Rabba 68, 10) et qu’Hashem puisse lui parler, en ce lieu saint, via le rêve nocturne.
וַיָּשֶׂם מְרַאֲשׁוֹתָיו. עֲשָׂאָן כְּמִין מַרְזֵב סָבִיב לְרֹאשׁוֹ שֶׁיָּרֵא מִפְּנֵי חַיּוֹת רָעוֹת הִתְחִילוּ מְרִיבוֹת זוֹ אֶת זוֹ זֹאת אוֹמֶרֶת עָלַי יַנִּיחַ צַדִּיק אֶת רֹאשׁוֹ וְזֹאת אוֹמֶרֶת עָלַי יַנִּיחַ מִיָּד עֲשָׂאָן הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא אֶבֶן אַחַת וְזֶהוּ שֶׁנֶּאֱמַר וַיִּקַח אֶת הָאֶבֶן אֲשֶׁר שָׂם מְרַאֲשֹׁתָיו:
Les mit sous sa tête il est écrit « des pierres de l’endroit » au pluriel car en plus de la pierre utilisée pour les besoins de poser sa tête (un « oreiller ») il a pris d’autres pierres et en a formé comme une murette de l’apparence d’une gouttière un tuyau ouvert permettant de vider l’eau du toit qui est entouré de trois par trois cloisons autour de sa tête, car il avait peur des bêtes féroces. Les pierres ont commencé de se disputer, l’une exigeant : « C’est sur moi que ce juste posera sa tête ! », et l’autre protestant : « Non ! c’est sur moi qu’il la posera ! » (Beréchith Rabba 68, 11). Aussitôt, le Saint béni soit-Il les a fondues en une seule pierre (‘Houlin 91b), c’est à dire que les pierres se sont rassemblées en une seule avec celle sur laquelle il avait posé sa tête et c’est ce qui est écrit : « il prit “la pierre” [au singulier] qu’il avait mise sous sa tête » (verset 18) et il n’est pas écrit « les pierres » car elles se sont transformées en une seule pierre.
וַיִּשְׁכַּב בַּמָּקוֹם הַהוּא. לָשׁוֹן מִעוּט בְּאוֹתוֹ מָקוֹם שָׁכַב אֲבָל י »ד שָׁנִים שֶׁשִּׁמֵּשׁ בְּבֵית עֵבֶר לֹא שָׁכַב בַּלַּיְלָה שֶׁהָיָה עוֹסֵק בַּתּוֹרָה:
Il se coucha en cet endroit-là Il faut comprendre pourquoi le texte revient nous répéter qu’il « se coucha en ce lieu » après nous avoir déjà dit « qu’il y passa la nuit » ? Mais l’accent qui est mis dans la seconde expression au sujet de « dormir » cette expression implique une restriction, cela vient restreindre et dire que c’est seulement en cet endroit-là qu’il s’est couché, mais durant les quatorze ans qu’il avait passés à étudier dans la maison de ‘Evèr, il ne s’était pas couché la nuit, en dormant dans un lit un sommeil « fixe » [habituel] mais qu’il y étudiait la Tora en somnolant un peu.
Genèse Ch. 28 v. 12 :
וַיַּחֲלֹם, וְהִנֵּה סֻלָּם מֻצָּב אַרְצָה, וְרֹאשׁוֹ, מַגִּיעַ הַשָּׁמָיְמָה; וְהִנֵּה מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים, עֹלִים וְיֹרְדִים בּוֹ.
Il eut un songe que voici: Une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle.
עֹלִים וְיֹרְדִים. עוֹלִים תְּחִלָּה וְאַחַר כָּךְ יוֹרְדִים. מַלְאָכִים שֶׁלִּוּוּהוּ בָּאָרֶץ אֵין יוֹצְאִים חוּצָה לָאָרֶץ וְעָלוּ לָרָקִיעַ וְיָרְדוּ מַלְאֲכֵי חוּצָה לָאָרֶץ לְלַוּוֹתוֹ
Y montaient et descendaient Ils montaient d’abord, puis ils descendaient (Beréchith Rabba 68, 12). Les anges qui l’avaient accompagné à l’intérieur d’Erets Israël ne devaient pas sortir du pays : ils sont donc remontés au ciel. Et ceux attachés aux autres pays sont descendus pour l’accompagner.
Genèse Ch. 28 v. 13 (5774):
וְהִנֵּה ה ‘ נִצָּב עָלָיו, וַיֹּאמַר, אֲנִי ה ‘אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אָבִיךָ, וֵאלֹהֵי יִצְחָק; הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אַתָּה שֹׁכֵב עָלֶיהָ–לְךָ אֶתְּנֶנָּה, וּלְזַרְעֶךָ.
Puis, l’Éternel apparaissait au sommet et disait: « Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham ton père et d’Isaac; cette terre sur laquelle tu reposes, je te la donne à toi et à ta postérité.
נִצָּב עָלָיו. לְשָׁמְרוֹ:
Se tenait sur lui Il ne s’agit pas de l’échelle (i.e. le « lui » ne se rapporte pas à l’échelle) mais à Yaâkov Pour le protéger (Beréchith raba 69, 3) parce que ce moment-là était avant que les anges d’en dehors de la terre d’Israël ne soient descendus. Et il est resté sans protection (comme plus haut).
וֵאלֹהֵי יִצְחָק. אַף עַל פִּי שֶׁלֹּא מָצִינוּ בַּמִּקְרָא שֶׁיִּחֵד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שְׁמוֹ עַל הַצַּדִּיקִים בְּחַיֵּיהֶם לִכְתּוֹב אֱלֹהֵי פְּלוֹנִי מִשּׁוּם שֶׁנֶּאֱמַר הֵן בִּקְדוֹשָׁיו לֹא יַאֲמִין כָּאן יִחֵד שְׁמוֹ עַל יִצְחָק לְפִי שֶׁכָּהוּ עֵינָיו וְכָלוּא בַּבַּיִת וַהֲרֵי הוּא כַּמֵּת וְיֵצֶר הָרַע פָּסַק מִמֶּנּוּ. (תַּנְחוּמָא(:
Et Eloqim de Yits‘haq Il est vrai que, nulle part dans le texte, le Saint béni soit-Il n’a associé de leur vivant Son nom à celui des justes, en écrivant « Eloqim d’un tel », car il est écrit : « même en Ses saints Il n’a pas confiance » (Iyov 15, 15), car le Saint béni soit-Il n’a pas confiance en eux que le mauvais penchant ne les trompe, tant qu’ils sont vivants. Malgré tout ici, cependant, Il a uni Son nom à celui de Yts‘haq, bien qu’il fut encore vivant, parce que sa vue s’était assombrie et qu’il était obligé de rester chez lui. Il était donc comme mort, et son penchant au mal l’avait quitté, [de sorte qu’il était devenu hors d’état de pécher] (Midrach tan‘houma guemara).
שֹׁכֵב עָלֶיהָ. קִפֵּל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא כָּל אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל תַּחְתָּיו רָמַז לוֹ שֶׁתְּהֵא נוֹחָה לִכָּבֵשׁ לְבָנָיו (כְּאַרְבַּע אַמּוֹת שֶׁזֶּה מְקוֹמוֹ שֶׁל אָדָם(:
Sur laquelle tu es couché Est-ce que le Saint béni soit il lui a promis de donner à ses enfants les quatre coudées sur lesquelles il était couché ? Mais il a vu dans une vision prophétique que le Saint béni soit-Il a rassemblé sous lui le sol de tout Erets Israël, lui suggérant ainsi que ses enfants le conquerraient avec autant de facilité qu’une parcelle de quatre coudées, dimension qui représente la place occupée par un homme couché (‘Houlin 91b et Rachi ibid.).
Genèse Ch. 28 v. 14 (5774):
וְהָיָה זַרְעֲךָ כַּעֲפַר הָאָרֶץ, וּפָרַצְתָּ יָמָּה וָקֵדְמָה וְצָפֹנָה וָנֶגְבָּה; וְנִבְרְכוּ בְךָ כָּל-מִשְׁפְּחֹת הָאֲדָמָה, וּבְזַרְעֶךָ.
Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité.
וּפָרַצְתָּ. וְחָזַקְתָּ כְּמוֹ וְכֵן יִפְרוֹץ:
Tu t’étendras Tu te fortifieras, comme dans : « elle s’étendait » (Shémoth 1, 12).
Genèse Ch. 28 v. 15 (5774):
וְהִנֵּה אָנֹכִי עִמָּךְ, וּשְׁמַרְתִּיךָ בְּכֹל אֲשֶׁר-תֵּלֵךְ, וַהֲשִׁבֹתִיךָ, אֶל-הָאֲדָמָה הַזֹּאת: כִּי, לֹא אֶעֱזָבְךָ, עַד אֲשֶׁר אִם-עָשִׂיתִי, אֵת אֲשֶׁר-דִּבַּרְתִּי לָךְ.
Oui, je suis avec toi; je veillerai sur chacun de tes pas et je te ramènerai dans cette contrée, car je ne veux point t’abandonner avant d’avoir accompli ce que je t’ai promis. »
אָנֹכִי עִמְּךָ. לְפִי שֶׁהָיָה יָרֵא מֵעֵשָׂו וּמִלָּבָן:
Je suis avec toi Car il avait peur de ‘Essav et de Lavan.
עַד אֲשֶׁר אִם עָשִׂיתִי. אִם מְשַׁמֵּשׁ בְּלָשׁוֹן כִּי:
Jusqu’à ce que (‘ad im) j’aie fait Le mot « Im » utilisé ici n’exprime pas un doute mais a le sens de « Ki » car le mot im est utilisé parfois dans le sens de ki (« que »).
דִּבַּרְתִּי לָךְ. לְצָרְכְךָ וְעָלֶיךָ מַה שֶּׁהִבְטַחְתִּי לְאַבְרָהָם עַל זַרְעוֹ לְךָ הִבְטַחְתִּיו וְלֹא לְעֵשָׂו שֶׁלֹּא אָמַרְתִּי לוֹ כִּי בְיִצְחָק יִקָּרֵא לְךָ זֶרַע אֶלָּא כִּי בְיִצְחָק וְלֹא כָּל יִצְחָק וְכֵן כָּל לִי וּלְךָ וְלוֹ וְלָהֶם הַסְּמוּכִים אֵצֶל דִּבּוּר מְשַׁמְּשִׁים לָשׁוֹן עַל וְזֶה יוֹכִיחַ שֶׁהֲרֵי עִם יַעֲקֹב לֹא דִּבֵּר קוֹדֶם לָכֵן:
Ce que ce que je t’ai dit Dans ton intérêt et à ton sujet. C’est à dire que ce que j’ai promis à Avraham pour sa descendance, je l’ai promis à ton sujet et non pas au sujet de ‘Essav ton frère, car je ne lui ai pas dit, à Avraham : « car c’est la descendance de Yts‘haq qui portera ton nom », mais : « c’est “dans” Yts‘haq que l’on appellera ta descendance » (supra 21, 12), et non pas la totalité de Yts‘haq (Nedarim 31a). D’une manière générale, tout li, lekha, lo, lahem complément du verbe dabèr signifie : « au sujet de » (voir Rachi sous supra 24, 7). Le présent verset en est la preuve, le mot « Lékha » utilisé ici, car il ne faut pas l’expliquer comme son sens littéral puisque D.ieu ne s’était jamais, jusqu’alors, adressé à Yaâkov.
Retrouvez le texte de la Paracha Vayétsé sur Sefarim.fr
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Cet article « Paracha Vayétsé 6 Divré Torah par Jardindelatorah » Publié le 26 novembre 2014 et mis à jour le 4 décembre 2019 puis le 26 novembre 2020