Paracha Vayéra – 6 Divré Torah par Le jardin de la Torah
Paracha Vayéra
Nous vous proposons cette semaine 6 Divré Torah sur la Paracha Vayéra :
– Shiouré Harashal – Marane Rav Ovadia Yossef Zatsal
– Yaghel Yaakov (du Kaf Ha’haym)
Premier Dévar Torah Paracha Vayéra Shiouré Harashal Tome 1 (page 156-157)
Pour l’élévation de l’âme de MARANE Rabbénou Haggadol, Harav Ovadia Yossef Ben Gorgié Zekher Tsadiq Véqaddosh Livrakha.
Notre Paracha débute par (Genèse Ch. 18 v. 1):
וַיֵּרָא אֵלָיו ה״, בְּאֵלֹנֵי מַמְרֵא; וְהוּא יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל, כְּחֹם הַיּוֹם.
L’Éternel se révéla à lui dans les plaines de Mamré, tandis qu’il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour.
Nos Maîtres de mémoire bénie, enseignent dans le Talmoud (Bava Métsia 86b) : Rabbi Hama Bar Hanina disait qu’il s’agissait du troisième jour après sa circoncision et le Saint béni soit-Il est venu pour s’enquérir de sa santé.
Avraham, l’homme de la bonté, dont toute l’aspiration de son âme était le bienfait, en conséquence il était assis à la porte de la tente afin d’y faire entrer des invités. Alors, le Saint béni soit-il a fait sortir le soleil de son étui (a fait briller le soleil au plus fort) afin de lui faciliter la vie (les voyageurs se protégeant du soleil et ne voyageant donc pas). Mais, lorsqu’Il vit qu’Avraham souffrait de ne pas avoir d’invités, il lui envoya les anges du service, Michael, Gabriel et Réfael. Lorsqu’ils le virent dans sa souffrance [de la circoncision] ils voulurent se détourner du chemin et c’est ce qui est dit au verset 3 « אַל-נָא תַעֲבֹר, מֵעַל עַבְדֶּך » « ne passe pas ainsi devant ton serviteur! ».
Avraham dit au plus grand d’entre eux de ne pas se séparer de lui ; le plus important d’entre eux était Michael. Avraham savait qu’il s’agissait du plus important car il était au milieu, à sa droite il y avait Gabriel et à gauche Rafael, car tel est l’usage qui veut que le plus important soit au milieu et que les autres soient de chaque côté.
Hachem s’est révélé à Avraham dans les plaines de Mamré, et pour quelle raison s’est-il révélé uniquement dans les propriétés de Mamré ? Car celui-ci lui a conseillé de faire la circoncision.
Il nous faut comprendre pourquoi Avraham a eu besoin de prendre conseil auprès de Mamré alors que le Saint béni soit-Il lui avait ordonné de la faire ?
Après qu’Avraham ait reçu l’ordre du Saint béni soit-Il de se circoncire, il est allé voir ses trois amis ענר Aner אשכול Eshkol et ממרא Mamré et a pris conseil auprès d’eux. Aner lui dit qu’il était souhaitable de repousser la circoncision car elle lui occasionnerait des souffrances.
Eshkol lui répondit de ne pas oublier que venait de se produire la guerre contre les quatre rois qu’il avait remportée et les membres de leurs familles allait évidemment vouloir se venger et s’ils apprenaient qu’il s’était circoncis et qu’il était faible de ce fait ils viendraient lui faire la guerre et le tuer, et rien ne résiste au danger de mort.
Cependant Mamré lui dit de ne pas avoir peur et de ne rien craindre, Hachem t’a demandé de te circoncire et donc il te protégera.
Les réponses qui lui ont été faites sont données en allusion dans leurs noms respectifs, chacun des noms pouvant se retrouver en acrostiche dans une expression caractéristique :
- ענר = ע’ינוי נ’פש ר’ע, Aner donne en acrostiche « La mortification n’est pas bonne »
- אשכל = א’חי ש’ונאים כ’בירים ל’ך, Eshkol donne en acrostiche « Tes ennemis ont des frères puissants»
- ממרא = מ’ול מ’הר ר’ופאך א’ל, Mamré donne en acrostiche « Circoncis toi vite, Hashem te guérira ».
La Paracha poursuit aux versets 3 et 4
וַיֹּאמַר: אֲדֹנָי, אִם-נָא מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֶיךָ–אַל-נָא תַעֲבֹר, מֵעַל עַבְדֶּךָ.
Et il dit: « Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas ainsi devant ton serviteur!
יֻקַּח-נָא מְעַט-מַיִם, וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם; וְהִשָּׁעֲנוּ, תַּחַת הָעֵץ.
Qu’on aille quérir un peu d’eau; lavez vos pieds et reposez-vous sous cet arbre.
Les Tsadiqim (les justes) parlent peu et agissent énormément ; nous apprenons d’Avraham nombre de lois concernant le repas et qui sont données en allusion dans ce passage
ואקחה = ו’התר א’זורך ק’ודם ח’תיכת ה’מוציא
Détache ta ceinture avant de consommer le morceau du Motsi (le pain sur lequel nous faisons la bénédiction avant le repas).
Et cette loi est donnée car sinon il y a des problèmes intestinaux
פת לחם = פ’ן ת’בא ל’ידי ח’ולי מ’עיים : une tranche de pain donne en acrostiche « de peur que tu n’en arrive à avoir des maux intestinaux ».
Lorsque le Saint béni soit-Il est venu visiter Avraham, celui-ci était assis et il voulut se lever eut égard à l’honneur dû à la Shékhina (la présence Divine). Le Saint béni soit-il lui a alors dit « reste assis et Moi je serai debout ». Cela sera un signe pour des descendants, dans le futur je me tiendrai dans l’assemblée des juges qui seront assis comme il est écrit (Psaume 82 v1):
מִזְמוֹר, לְאָסָף: אֱלֹהִים, נִצָּב בַּעֲדַת-אֵל; בְּקֶרֶב אֱלֹהִים יִשְׁפֹּט.
Psaume d’Assaph. Dieu se tient dans l’assemblée divine; au milieu des juges, il juge.
C’est à dire que le Saint béni soit-Il se trouve dans chaque tribunal Rabbinique et donne l’idée aux juges de trancher une loi de vérité, dans le chemin réel de la Torah.
Il est écrit (Deutéronome Ch. 32 v. 30) :
כִּי לֹא כְצוּרֵנוּ, צוּרָם; {ר} וְאֹיְבֵינוּ, פְּלִילִים. {ס{
Car leur protecteur ne ressemble point au nôtre, et nos ennemis sont une race à part.
Les Sages d’Israël jugent d’après les lois de la Torah et tous ceux qui vont dans les tribunaux (dont les jugements ne sont pas basés sur les lois de la Torah) lèvent la main sur la Torah de Moshé Rabbénou. Les décisionnaires ont écrit que si quelqu’un poursuit son prochain dans ces tribunaux, si c’est un officiant dans une synagogue, on lui enlève sa responsabilité, si c’est un sacrificateur rituel (un Sho’het) on lui retire sa responsabilité, car pour nous seule la Sainte Torah nous donne des lois qui nous obligent et non les lois des nations. Celui qui poursuit dans un tribunal (qui ne juge pas selon les lois de la Torah), préfère les lois des nations et dénigre, à D.ieu ne plaise, la Torah de D.ieu.
Les sages ont expliqué également « recevoir des invités est supérieur à recevoir la face de la Shékhina (de la présence divine) », car Avraham Avinou était assis et parlait avec le Saint béni soit-Il et lorsqu’il a vu des hommes, il a demandé à Hashem l’autorisation d’aller les accueillir.
D’où nos maîtres ont-ils appris cet enseignement ? Il est connu que le Cohen Gadol (le Grand prêtre) lorsqu’il sortait du sanctuaire, il avait la face tournée vers le Saint des Saint et le dos tourné vers le sanctuaire (le Hékhal) et il marchait à reculons. De même, un élève qui quitte de son maître, ne lui donne pas le dos mais marche à reculons jusqu’à ce qu’il se sépare de celui-ci. De même lorsque quelqu’un s’éloigne du tabernacle (« armoire » de la synagogue dans laquelle se trouvent les Sifré Torah), il ne doit pas tourner le dos au tabernacle mais être face au tabernacle et descendre.
Dans le Talmoud, dans le traité Yoma, nous voyons que Rabba, lorsqu’il quittait son Rav, il le quittait en marchant à reculons, et ses jambes se cognaient l’une contre l’autre jusqu’à ce qu’il soit blessé et que le sang coule de ses jambes. Et tout ça pour quelle raison ? Parce qu’il est enseigné dans les Pirké Avoth, les maximes de nos pères, que la crainte de notre maître doit être aussi importante que la crainte du ciel et donc il a respecté son maître et a démontré de la crainte devant lui. Son Rav l’a béni en demandant qu’il soit Rav de tout Israël et il en fut ainsi.
Et donc, s’il en est ainsi, Avraham qui a couru pour accueillir des invités, il est évident qu’il a tourné le dos à la Shékhina et donc de là nos sages ont appris qu’accueillir des invités est plus important que recevoir la face de la Shékhina, c’est à dire que d’être face à la Shékhina.
Second Dévar Torah Paracha Vayéra
Tiré du site http://bnei-zion.com
[les traductions sont le plus littérales possibles tout en essayant de rester dans un français correct, inspirées dans ce Dévar Torah par « Houmach avec Rachi » aux éditions Gallia]
Dans notre Paracha, Genèse Ch. 21 v3 nous apprenons que Avraham a nommé son fils Yts’haq (Isaac) :
וַיִּקְרָא אַבְרָהָם אֶת-שֶׁם-בְּנוֹ הַנּוֹלַד-לוֹ, אֲשֶׁר-יָלְדָה-לּוֹ שָׂרָה–יִצְחָק.
Abraham appela le nom de son fils qui venait de lui naître, que Sara lui avait enfanté, Yts’haq/Isaac.
Juste après, au verset 6, nous avons la « raison » pour laquelle ce nom de Yts’haq/Isaac a été donné :
וַתֹּאמֶר שָׂרָה–צְחֹק, עָשָׂה לִי אֱלֹהִים: כָּל-הַשֹּׁמֵעַ, יִצְחַק-לִי.
Sara dit: « D.ieu m’a fait un rire et quiconque l’entendra me rira. »
Cependant, le Midrash (Béréshith Rabba, 53, 7) nous apprend que le nom de יִצְחָק « Isaac » nous donne en allusion, les premières lettres des mots suivants :
- י [lettre Yod, de valeur numérique 10] : correspond aux dix paroles (aux « dix commandements ») ;
- צ [lettre Tsadé, de valeur numérique 90] : correspond à l’âge auquel Sarah a enfanté Yts’haq (90 ans) ;
- ח [lettre ‘Het, de valeur numérique 8] : correspond à l’âge auquel Yts’haq a été circoncis (huit jours) ;
- ק [lettre ‘Qof, de valeur numérique 100] : correspond à l’âge auquel Avraham a eu Yts’haq (100 ans) ;
Dans le livre « Déroush Shémouel », l’auteur nous explique que ce Midrash nous est donné en allusion dans le second verset que nous avons rapporté :
וַתֹּאמֶר שָׂרָה–צְחֹק, עָשָׂה לִי אֱלֹהִים: כָּל-הַשֹּׁמֵעַ, יִצְחַק-לִי.
Sara dit: « D.ieu m’a fait un rire et quiconque l’entendra me rira. »
C’est à dire que le mot צְחֹק (un rire), nous donne en allusion trois des éléments que nous avons rapporté plus haut dans les premières lettres du nom יִצְחָק « Isaac », à savoir, les 90 ans (צ) qu’avait Sarah au moment de la naissance d’Isaac, le 8ème jour qui est celui de la circoncision d’Isaac (ח) et les 100 ans qu’avait Avraham lors de la naissance d’Isaac (ק) et à ce propos le verset nous dit עָשָׂה לִי אֱלֹהִים « D.ieu m’a fait » (c’est à dire que je l’ai déjà eu, D.ieu m’a déjà fait ce צְחֹק). Par contre la lettre י [10] qui fait allusion aux 10 paroles [aux dix commandements], Hashem ne l’a pas encore réalisé, puisque les « 10 commandements » n’ont pas encore été donnés.
[l’auteur poursuit la décomposition du verset] Cependant, כָּל-הַשֹּׁמֵעַ, יִצְחַק-לִי toute personne qui entendra les 10 « commandements », יִצְחַק-לִי, comprendra pourquoi mon fils a été appelé יִצְחַק Isaac.
Troisième Dévar Torah (5773)
Tiré du site http://bnei-zion.com
Lors de l’annonce, faite par les anges, de la futur naissance d’un fils chez Avraham et Sarah, la Torah nous dit (Genèse, Ch. 18, v. 10) :
וַיֹּאמֶר, שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה, וְהִנֵּה-בֵן, לְשָׂרָה אִשְׁתֶּךָ; וְשָׂרָה שֹׁמַעַת פֶּתַח הָאֹהֶל, וְהוּא אַחֲרָיו.
L’un d’eux dit: « Revenir, je reviendrai vers toi à pareille époque et voici, un fils sera né à Sara, ton épouse. » Et Sara écoutait à l’entrée de la tente qui se trouvait derrière lui.
Puis au verset 18 :
הֲיִפָּלֵא מֵה״, דָּבָר; לַמּוֹעֵד אָשׁוּב אֵלֶיךָ, כָּעֵת חַיָּה–וּלְשָׂרָה בֵן.
Est-il rien d’impossible au Seigneur? Au temps fixé, à pareille époque, je te visiterai et Sara sera mère ».
En réalité nous avons là une redondance dans les termes employés « שׁוֹב אָשׁוּב » « Revenir, je reviendrai » c’est à dire que à la fois je vais « revenir » et « je reviendrai » ; et pour quelle raison a-t-on cette redondance ?
Dans le livre « Ahavath Ysrael » [d’un des Rebbe de Vishnitz], ce sujet est expliqué selon le mode allusif (Remez). Voici son explication : à propos de la délivrance future (la finale) le prophète (Isaïe Ch. 60 v. 22) s’exprime ainsi :
אֲנִי ה״, בְּעִתָּהּ אֲחִישֶׁנָּה.
Moi l’Eternel, l’heure venue, j’aurai rapidement accompli ces promesses.
[le mot בְּעִתָּהּ signifie « en son temps », et le mot אֲחִישֶׁנָּה exprime une précipitation, ce qui est contradictoire car si la délivrance est « en son temps » il n’y a pas besoin de la précipiter].
Nous avons là deux notions contradictoires, poursuit le « Ahavath Ysrael », comme s’interrogent les Sages, à propos de ce verset, dans le Talmoud (Sanhédrine 98a) [en pointant sur cette contradiction apparente]. Les Sages du Talmoud disent :
- Il est écrit בְּעִתָּהּ « en son temps » [ce qui signifie que la Guéoula / Délivrance se fera à un moment prévu initialement par le Créateur, qu’il soit béni] et il est également écrit אֲחִישֶׁנָּה qui est un langage de précipitation ; de là nous apprenons que la Guéoula / délivrance sera antérieurement à son temps fixé initialement [contradiction !!]
- Les Sages du Talmoud répondent : il y a deux moments, deux manières, possibles pour la délivrance du peuple d’Israël. Si les juifs sont méritants alors il sortiront précipitamment [c’est à dire que si les Juifs sont méritants et font Téshouva/repentance, alors Hashem précipite notre délivrance] ; par contre s’ils ne sont pas méritants, alors la délivrance se fera בְּעִתָּהּ « en son temps » [c’est à dire que si les Juifs ne sont pas méritants et ne font pas Téshouva/repentance, alors Hashem nous délivrera au moment fixé initialement].
C’est l’allusion que nous donne Hashem dans nos versets, שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה :
- שׁוֹב, si les juifs reviennent et font Téshouva, alors אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה alors « Je vous ferai sortir immédiatement » ;
- Par contre si אָשׁוּב c’est à dire si Je suis obligé de revenir vers vous, sans que vous ayez fait Téshouva préalablement, alors לַמּוֹעֵד אָשׁוּב אֵלֶיךָ, c’est à dire que j’amènerai la délivrance qu’au moment [מּוֹעֵד= temps fixé] qui a été fixé initialement.
Quatrième Dévar Torah
Livre Ôd Yossef ‘Hay de Maran Habben Ish ‘Hay (page 47)
Avraham est visité par les trois Anges, il les accueille. La Torah dit : יֻקַּח-נָא מְעַט-מַיִם Qu’on aille quérir un peu d’eau [passif]. Les sages nous enseignent que cette phrase implique que ce n’est pas Avraham qui est allé chercher l’eau mais qu’il a utilisé un « émissaire » (un tiers), en conséquence Hashem lui a « remboursé » en faisant en sorte que l’eau arrive aux enfants d’Israël, dans le désert à la sortie d’Egypte, par un intermédiaire, Moshé Rabbénou, et non directement.
Par contre, en ce qui concerne le pain, Avraham s’exprime différemment et dit וְאֶקְחָה פַת-לֶחֶם Je vais apporter du pain [actif] et c’est pour cela que le Saint, Béni soit-Il, a donné la manne dans le désert directement, sans intermédiaire, comme il est écrit
וַיֹּאמֶר ה׳ אֶל-מֹשֶׁה, הִנְנִי מַמְטִיר לָכֶם לֶחֶם מִן-הַשָּׁמָיִם
L’Éternel dit à Moïse: « Je vais faire pleuvoir pour vous une nourriture céleste
Il me semble, dit le Ben Ish ‘Hay, que lorsque Avraham Avinou a dit pour l’eau « qu’on aille quérir» et n’a pas dit qu’il allait l’apporter lui-même comme il l’a fait pour le pain, ce n’était pas en fonction de lui-même mais il l’a fait intentionnellement pour le bien des enfants d’Israël.
En fait, il a su par « esprit saint » רוח הקודש, que les enfants d’Israël allaient être assoiffés à la sortie d’Egypte et qu’il faudra leur donner cette eau de façon miraculeuse ; il avait vu également par « esprit saint » que les enfants d’Israël devront subir un décret et rester dans ce désert (pendant 40 ans) pour y disparaître (la génération du désert) et qu’il n’y aura pas de libération leur permettant d’échapper à ce décret si ce n’est que Moshé Rabbénou reste dans le désert et les amène lui-même en Terre d’Israël.
Si Avraham avait apporté l’eau lui-même, alors Hashem aurait donné l’eau lui-même à nos ancêtres dans le désert, et non par l’intermédiaire de Moshé Rabbénou, et donc la raison pour laquelle Moshé est mort dans le désert et n’est pas entré en Israël aurait disparu [Moïse s’est « énervé » contre le rocher qui ne donnait pas d’eau et sa « punition » a été de ne pas entrer en Terre d’Israël], et Moïse aurait pu entrer en Israël seul, et qui aurait alors amené tout le peuple en Israël après les 40 ans passés dans le désert ?
En conséquence, Avraham Avinou a demandé à ce qu’on amène de l’eau afin que, pour la génération du désert, l’eau vienne par l’intermédiaire de Moïse qui ainsi frappera le rocher et se verra interdire d’entrer en Israël et de ce fait pourra conduire le peuple en Terre Sainte (et ne pas y entrer seul en « abandonnant » les autres).
Cinquième Dévar Torah Paracha Vayéra
Livre Yaguel Yaâkov du Rav Yaâqov Haym Sofer (l’auteur du Kaf Ha’haym).
Notre Paracha débute par (Genèse Ch. 18 v. 1):
וַיֵּרָא אֵלָיו ה״, בְּאֵלֹנֵי מַמְרֵא; וְהוּא יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל, כְּחֹם הַיּוֹם.
L’Éternel se révéla à lui dans les plaines de Mamré, tandis qu’il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour.
Le verset précédent nous dit (dans la Paracha de Lekh Lékha, Ch. 17 v. 27)
וְכָל-אַנְשֵׁי בֵיתוֹ יְלִיד בָּיִת, וּמִקְנַת-כֶּסֶף מֵאֵת בֶּן-נֵכָר–נִמֹּלוּ, אִתּוֹ.
Et tous les gens de sa maison, nés chez lui ou achetés à prix d’argent à l’étranger, furent circoncis en même temps.
Cette juxtaposition de ces deux versets, d’abord la circoncision puis la révélation, vient nous dire en allusion que toute personne qui donne du mérite au public, à un grand nombre, comme Avraham qui a fait la circoncision à de nombreuses personnes, a le mérite de voir la face de la Shékhina (la présence divine) car le mérite du grand nombre dépend de lui, comme nous l’enseignent nos sages.
C’est ce que disent nos versets, d’abord Avraham a fait la circoncision aux gens de sa maison et en conséquence l’Eternel se révèle à lui car le mérite d’un grand nombre dépend de lui Avraham.
Ainsi on peut expliquer les paroles du Midrash Rabba et de Rashi qui demandent « pourquoi D.ieu s’est-il révélé à Avraham dans les plaines de Mamré ? Car c’est Mamré qui a conseillé à Avraham d’accepter de faire la circoncision
Rashi : Dans les plaines de Mamré. C’est Mamré qui l’avait conseillé à propos de la circoncision. Aussi est-ce sur ses terres que D.ieu S’est révélé à Avraham (Beréchith Rabba 42, 8).
Quel intérêt de préciser que D.ieu s’est révélé à Avraham dans les plaines de Mamré ? D.ieu se révélait une fois ici, une fois ailleurs et cette fois-là dans les plaines de Mamré, sans plus de valeur qu’ailleurs ?!
Mais avec ce que nous avons vu plus haut, cela colle ! Car cette révélation à Avraham a été faite car il a donné du mérite à un grand nombre et c’est Mamré qui avait conseillé à Avraham de se circoncire, en conséquence D.ieu s’est révélé à Avraham dans les plaines de Mamré pour montrer que ce dernier a également du mérite puisque c’était lui qui avait conseillé Avraham.
Sixième Dévar Torah (5773-5774)
Nouvelle rubrique dans laquelle nous allons décortiquer le commentaire de Rashi sur quelques versets de la Paracha. Les explications sont tirées du livre « Rashi Hamméforash ». Le texte de Rashi en Français est tiré principalement du site « sefarim.fr » et est en fait celui du « Houmach avec Rachi » des éditions Gallia. J’y ai apporté de très légères modifications.
Le texte en gras et en rouge est celui de la Torah ; le texte normal est celui de « Rashi Hamméforash » et le texte en gras est la traduction de Rashi proprement dite.
Les merveilles de Rashi !! Paracha Vayéra
Genèse Ch. 18 v. 1 :
א וַיֵּרָא אֵלָיו ה״, בְּאֵלֹנֵי מַמְרֵא; וְהוּא יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל, כְּחֹם הַיּוֹם.
Hashem lui apparut dans les plaines de Mamré, et il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour.
וַיֵּרָא אֵלָיו. לְבַקֵּר אֶת הַחוֹלֶה אָמַר רַבִּי חָמָא בֶּן רַבִּי חֲנִינָא יוֹם שְׁלִישִׁי לְמִילָתוֹ הָיָה וּבָא הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא וְשָׁאַל בִּשְׁלוֹמוֹ:
Hachem lui apparut Le verset ne précise pas la raison pour laquelle Hashem lui est apparu ni ce qu’Il lui a dit ; en conséquence, les Sages ont commenté qu’il s’agit de la suite du verset précédent qui est à la fin de la précédente Paracha (de Lekh Lékha), c’est à dire qu’après qu’Avraham se soit circoncis, Hashem lui est apparu Pour rendre visite au malade (Sota 14a). Rabbi ‘Hama bar ‘Hanina a enseigné : On était au troisième jour après la circoncision, c’est à dire au moment où la douleur est la plus forte, et le Saint béni soit-Il est venu prendre de ses nouvelles (Baba Metsi‘a 86b).
בְּאֵלוֹנֵי מַמְרֵא. הוּא שֶׁנָּתַן לוֹ עֵצָה עַל הַמִּילָה לְפִיכָךְ נִגְלָה אֵלָיו בְּחֶלְקוֹ:
Dans les plaines de Mamré Ici le texte précise le lieu où Hashem lui est apparu, contrairement aux cas précédents où il n’est pas mentionné le lieu où Hashem a parlé avec lui (Plus haut Ch. 12 v. 1 ; Ch. 13 v. 14 ; Ch. 15 v. 1) pour faire savoir et diffuser que c’est Mamré qui l’avait conseillé à propos de la circoncision. Aussi est-ce sur ses terres que D.ieu S’est révélé à Avraham (Beréchith Rabba 42, 8) dans les plaines de Mamré, dans la plaine qui appartenait à Mamré.
יֹשֵׁב. יָשַׁב כְּתִיב בִּקֵּשׁ לַעֲמוֹד אָמַר לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שֵׁב וַאֲנִי אֶעֱמוֹד וְאַתָּה סִימָן לְבָנֶיךָ שֶׁעָתִיד אֲנִי לְהִתְיַצֵּב בַּעֲדַת הַדַּיָּנִין וְהֵן יוֹשְׁבִין שֶׁנֶּאֱמַר אֱלֹהִים נִצָּב בַּעֲדַת אֵל:
Et il était assis Il est écrit יָשַׁב c’est à dire que le mot utilisé est yochév יֹשֵׁב , qui est écrit sans waw, et peut donc se lire yachav (« il s’est assis »), c’est à dire qu’il s’est assis maintenant mais n’était pas assis précédemment ; cela vient nous apprendre que lorsque Hashem s’est dévoilé à lui, Avraham a voulu se lever, mais le Saint béni soit-Il lui a dit : « Assieds-toi, et moi, je resterai debout. Et toi, tu es un signe pour tes enfants, c’est à dire que même eux agiront ainsi : Dans le futur, Je me tiendrai debout dans l’assemblée des juges, comme il est écrit “D.ieu se tient debout dans l’assemblée divine” (Tehilim 82, 1) et eux les juges resteront assis, et le Saint béni soit-Il se tiendra debout parmi eux. (Beréchith Rabba 48, 7, Chevou‘oth 30b).
פֶּתַח הָאֹהֶל. לִרְאוֹת אִם יֵשׁ עוֹבֵר וָשָׁב וְיַכְנִיסֵם בְּבֵיתוֹ:
A l’entrée de la tente Le verset indique qu’Avraham était assis à la porte de sa tente, pour nous apprendre qu’il était assis à cet endroit Pour voir s’il viendrait à passer des gens qu’il pourrait inviter à entrer chez lui, afin de les nourrir et de les abreuver.
כְּחֹם הַיּוֹם. הוֹצִיא הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא חַמָּה מִנַּרְתִּיקָהּ שֶׁלֹּא לְהַטְּרִיחוֹ בְּאוֹרְחִים וּלְפִי שֶׁרָאָהוּ מִצְטַעֵר שֶׁלֹּא הָיוּ אוֹרְחִים בָּאִים הֵבִיא הַמַּלְאָכִים עָלָיו בִּדְמוּת אֲנָשִׁים:
Pendant la chaleur du jour Le Saint béni soit-Il avait dégagé le soleil de son écrin, afin de lui épargner la fatigue causée par la présence d’invités. Mais quand Il a vu que leur absence lui causait de la peine, Il lui a envoyé des anges à forme humaine (Baba Metsi‘a 86b).
Genèse Ch. 18 v. 2 :
וַיִּשָּׂא עֵינָיו, וַיַּרְא, וְהִנֵּה שְׁלֹשָׁה אֲנָשִׁים, נִצָּבִים עָלָיו; וַיַּרְא, וַיָּרָץ לִקְרָאתָם מִפֶּתַח הָאֹהֶל, וַיִּשְׁתַּחוּ, אָרְצָה.
Il leva les yeux, il vit, et voici trois hommes debout près de lui. En les voyant, il courut à leur rencontre depuis le seuil de la tente, il se prosterna contre terre.
וְהִנֵּה שְׁלֹשָׁה אֲנָשִׁים. אֶחָד לְבַשֵּׂר אֶת שָׂרָה וְאֶחָד לַהֲפוֹךְ אֶת סְדוֹם וְאֶחָד לְרַפְּאוֹת אֶת אַבְרָהָם שֶׁאֵין מַלְאָךְ אֶחָד עוֹשֶׂה שְׁתֵּי שְׁלִיחוּת תֵּדַע לְךָ שֶׁכֵּן כָּל הַפָּרָשָׁה הוּא מַזְכִּירָן בְּלָשׁוֹן רַבִּים וַיֹּאכְלוּ וַיֹּאמְרוּ אֵלָיו. וּבַבְּשׂוֹרָה נֶאֱמַר וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ וּבַהֲפִיכַת סְדוֹם הוּא אוֹמֵר כִּי לֹא אוּכַל לַעֲשׂוֹת דָּבָר לְבִלְתִּי הָפְכִּי. וּרְפָאֵל שֶׁרִפֵּא אֶת אַבְרָהָם הָלַךְ מִשָּׁם לְהַצִּיל אֶת לוֹט הוּא שֶׁנֶּאֱמַר וַיְהִי כְהוֹצִיאָם אוֹתָם הַחוּצָה וַיֹּאמֶר הִמָּלֵט עַל נַפְשְׁךָ לָמַדְתָּ שֶׁהָאֶחָד הָיָה מַצִּיל:
Et voici trois hommes L’un pour annoncer la bonne nouvelle à Sara, qu’elle allait enfanter un garçon, un autre pour détruire Sedom, et un troisième pour guérir Avraham. Car un ange n’est jamais chargé de deux missions différentes (Beréchith Rabba 50, 2). Sache que [La preuve en est que], et Rashi apporte une preuve que chacun d’entre eux a été envoyé pour une seule mission dans tout le présent chapitre, on parle d’eux au pluriel : « “ils” mangèrent » (plus loin verset 8), « “ils” lui dirent » (plus loin verset 9).
Il est écrit, en revanche, à propos de la bonne nouvelle : lorsqu’un va annoncer que Sara allait enfanter un garçon « “je” reviendrai vers toi » (verset 10, on a donc un changement du pluriel au singulier qui démontre ce que veut nous signifier Rashi), et de même au sujet de la destruction de Sedom (infra 19, 22) l’ange dit : « car “je” ne pourrai rien faire» ; et de même pour que je ne détruise pas la ville (infra 19, 21) ; et c’est ce qui est écrit (infra 19, 1) « Les deux anges arrivèrent à Sodome le soir », même si deux anges avaient déjà accompli leur mission, et seul le troisième ange avait besoin d’aller à Sodome [et pourquoi étaient ils donc deux et pas un seul ?], ils étaient malgré tout deux car l’ange Rafael qui a guéri Avraham, s’en est allé pour sauver Lot, ainsi qu’il est écrit (infra 19, 17) : « lorsqu’ils les eurent conduits dehors, il lui dit [au singulier]: sauve ta vie », bien qu’il soit écrit dans le verset précédent (infra 19, 16) « ils l’emmenèrent » « ils le laissèrent » et de même (infra 19, 17) « Lorsqu’ils les eurent conduits » (toutes ces expressions étant) au pluriel, c’est à dire que c’est uniquement dans cette action de les faire sortir de la ville que s’est associé ‘ange qui venait détruire la ville [il s’est associé à l’ange Rafael], parce qu’il ne pouvait pas détruire la ville tant que Lot n’en était pas sorti. Par contre lui dire [à Lot] de sauver sa vie et de s’éloigner de la ville, ce qui l’acte principal de le sauver, un seul l’ange l’a fait. Comme il est écrit (infra 19, 17) « Il lui dit : sauve ta vie …. De crainte de périr » [au singulier], d’où il résulte que c’est le même ange qui les a sauvés, et bien que l’ange Rafael ait déjà guéri Avraham [on pourrait croire qu’il a déjà accompli sa mission], malgré tout cela n’est considéré que comme une seule mission car « guérir » et « sauver » sont un même thème [ue même nature], et il s’agit d’une unique mission (Beréchith Rabba 50).
נִצָּבִים עָלָיו. לְפָנָיו (כְּמוֹ וְעָלָיו מַטֵּה מְנַשֶּׁה) אֲבָל לָשׁוֹן נְקִיָּה הוּא כְּלַפֵּי הַמַּלְאָכִים:
Debout sur lui Devant lui. Et Il n’est pas écrit « devant lui » car il est plus correct de s’exprimer ainsi, s’agissant d’anges, car c’est un déshonneur que de dire que des anges se tenaient debout devant lui comme une personne en face de son prochain, car ils sont d’une élévation et d’un niveau supérieur à celui de l’homme.
וַיַּרְא. מַהוּ וַיַּרְא וַיַּרְא שְׁנֵי פְּעָמִים הָרִאשׁוֹן כְּמַשְׁמָעוֹ וְהַשֵּׁנִי לָשׁוֹן הֲבָנָה נִסְתַּכֵּל שֶׁהָיוּ נִצָּבִים בְּמָקוֹם אֶחָד וְהֵבִין שֶׁלֹּא הָיוּ רוֹצִים לְהַטְּרִיחוֹ וְאַף עַל פִּי שֶׁיּוֹדְעִים הָיוּ שֶׁיֵּצֶא לִקְרָאתָם עָמְדוּ בִּמְקוֹמָם לִכְבוֹדוֹ לְהַרְאוֹתוֹ שֶׁלֹּא רָצוּ לְהַטְּרִיחוֹ וְקָדַם הוּא וְרָץ לִקְרָאתָם. (כָּךְ הַגִּרְסָא בְּרַשִׁ »י יָשָׁן) כְּתִיב נִצָּבִים עָלָיו וּכְתִיב וַיָּרָץ לִקְרָאתָם כַּד חָזְיוּהוּ דַּהֲוָה שָׁרִי וְאָסִיר פֵּרְשׁוּ הֵימֶנוּ מִיָּד וַיָּרָץ לִקְרָאתָם:
Il vit Pourquoi deux fois le mot Vayar (« il vit ») ? La première fois est à prendre au sens propre, c’est à dire qu’il les vit, la seconde dans le sens de « compréhension » (il comprit) c’est à dire Il a vu qu’ils restaient debout à la même place, et ils ne se sont plus approchés de lui, et il a compris qu’ils ne voulaient pas le fatiguer. Ils savaient, certes, qu’il allait venir à leur rencontre, mais ils sont restés à leur place en son honneur, pour lui montrer qu’ils ne voulaient pas le fatiguer. C’est alors qu’il a pris les devants et qu’il a couru à leur rencontre. Telle est l’explication dans La Guémara (Baba Metsi‘a 86b). De cela nous pouvons comprendre également pourquoi il est écrit au début « trois hommes debout sur lui », c’est à dire proches de lui, et ensuite : « il courut à leur rencontre » qui laisse entendre qu’ils étaient loin de lui, et qu’il était forcé de courir vers eux, mais lorsqu’ils l’ont vu en train de défaire et de refaire son pansement, ils se sont éloignés, c’est à dire que lorsqu’ils se sont approchés de lui, ils l’ont vu en train d’enlever son pansement dû à la circoncision et d’en remettre un autre, et lorsqu’Avraham a vu cela immédiatement il « a couru à leur rencontre ».
Genèse Ch. 18 v. 3 :
וַיֹּאמַר: אֲדֹנָי, אִם-נָא מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֶיךָ–אַל-נָא תַעֲבֹר, מֵעַל עַבְדֶּךָ.
Et il dit: « Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas ainsi devant ton serviteur!
וַיֹּאמַר אֲדֹנָי אִם נָא וְגוֹ‘. לַגָּדוֹל שֶׁבָּהֶם אָמַר וּקְרָאָם כֻּלָּם אֲדוֹנִים וְלַגָּדוֹל אָמַר אַל נָא תַעֲבוֹר וְכֵיוָן שֶׁלֹּא יַעֲבוֹר הוּא יַעֲמֹד חֲבֵרָיו עִמּוֹ וּבְלָשׁוֹן זֶה הוּא חוֹל. דָּ »א קֹדֶשׁ וְהָיָה אוֹמֵר לְהַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְהַמְתִּין לוֹ עַד שֶׁיָּרוּץ וְיַכְנִיס אֶת הָאוֹרְחִים וְאַף עַל פִּי שֶׁכָּתוּב אַחַר וַיָּרָץ לִקְרָאתָם הָאֲמִירָה קוֹדֶם לָכֵן הָיְתָה וְדֶרֶךְ הַמִּקְרָאוֹת לְדַבֵּר כֵּן כְּמוֹ שֶׁפֵּרַשְׁתִּי אֵצֶל לֹא יָדוּן רוּחִי בָּאָדָם שֶׁנִּכְתָּב אַחַר וַיּוֹלֶד נֹחַ וְאִי אֶפְשָׁר לוֹמָר כֵּן אֶלָּא הַגְּזֵרָה הָיָה מִקּוֹדֶם עוֹד עֶשְׂרִים שָׁנָה וּשְׁתֵּי הַלְּשׁוֹנוֹת בִּבְרֵאשִׁית רַבָּה:
Il dit : Seigneur (a-do-naï – littéralement : « mes seigneurs »), si j’ai trouvé grâce ; ce verset est étonnant car au début il utilise un terme au pluriel (אֲדֹנָי) qui est avec un Qamats (sous le noun) et non Adoni (mon maitre) qui est au singulier, et ensuite il passe au singulier ne passe pas ainsi devant, et dans la suite du texte (au verset 4) il reprend au pluriel lavez vos pieds et reposez-vous ? [pourquoi ces changements ?] mais, c’est au plus grand d’entre eux qu’il s’est adressé, au départ il les a appelés tous « seigneurs », et au plus grand d’entre eux il dit : « ne passe pas ainsi devant», car après qu’il les ait appelés tous « seigneurs » il s’est tourné vers le plus grand et lui a demandé de ne pas passer devant lui [sans s’arrêter] ; et comme celui-ci « ne passe pas », ses compagnons resteront avec lui. Par contre dans la suite des versets il s’adresse à tous. Dans ce contexte, d’après la première explication c’est à dire que le mot a-do-naï (« mes seigneurs ») a ici le sens profane de « messieurs » (Chevou‘oth 35b), ce mot a-do-naï n’a pas de sainteté et il est permis de l’effacer, parce qu’il ne fait pas référence au Saint béni soit-Il.
Autre explication : Le mot A-do-naï a un sens sacré, et il fait référence au Saint béni soit-Il, et ce nom est saint et il est interdit de l’effacer [et c’est à D.ieu que s’adresse Avraham]. Il demande au Saint béni soit-Il d’attendre qu’il ait fini de courir pour accueillir ces gens de passage, car la Mitsva d’accueillir des invités est plus importante que celle de recevoir la Shékhina [présence Divine]. Bien que cette demande figure après le « il courut à leur rencontre » du verset précédent, malgré tout elle a eu lieu avant, c’est à dire que précédemment Avraham a demandé à Hashem de l’attendre, et ensuite il a couru après les anges.
Le texte s’exprime souvent de cette manière, et la Torah ne tient pas absolument à conserver l’ordre chronologique entre les versets ainsi que je l’ai expliqué à propos de : « mon esprit ne plaidera plus éternellement pour l’homme » (supra 6, 3), parole rapportée après le récit que Noa‘h a enfanté Chem, ‘Ham et Yéfeth (supra 5, 32), bien que la parole « mon esprit ne plaidera plus éternellement pour l’homme » ait été dite 20 ans avant la naissance de son plus jeune fils Yéfeth, car il est impossible de penser autrement que de dire que le décret pris par D.ieu de détruire le monde a précédé de vingt ans la naissance de Yéfeth, car le décret « mon esprit ne plaidera plus éternellement pour l’homme », puisque lui n’est que chair. Ses jours seront de 120 ans », était 20 ans avant la naissance de Yéfeth, car Yéfeth qui était l’aîné avait 100 ans l’année du déluge [et donc les versets ne sont pas dans l’ordre chronologique]. Les deux explications du mot a-do-naï figurent dans Beréchith Rabba (Beréchith Rabba 48, 10).
Genèse Ch. 18 v. 4 (5774):
יֻקַּח-נָא מְעַט-מַיִם, וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם; וְהִשָּׁעֲנוּ, תַּחַת הָעֵץ.
Qu’on aille quérir un peu d’eau; lavez vos pieds et reposez-vous sous cet arbre.
יֻקַּח נָא. עַל יְדֵי שָׁלִיחַ וְהַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שִׁלֵּם לְבָנָיו עַל יְדֵי שָׁלִיחַ שֶׁנֶּאֱמַר וַיָּרֶם מֹשֶׁה אֶת יָדוֹ וַיַּךְ אֶת הַסָּלַע:
Qu’on aille prendre Tout ce qu’a fait Avraham en faveur des anges, le Saint béni soit-il le lui a « remboursé » par lui-même, et tout ce que Avraham a fait en faveur des anges en utilisant un messager, le Saint béni soit-il le lui a « remboursé » par un messager et donc ici il est écrit « יֻקַּח-נָא » « qu’on aille prendre », le verbe est employé ici au passif, l’action étant faite par un messager, et non comme c’est écrit au verset suivant « je vais apporter une tranche de pain », le Saint béni soit-Il a rendu par la suite à Ses enfants, mesure pour mesure, cette fourniture d’eau par un messager, ainsi qu’il est écrit : « Mochè leva la main, et il frappa le rocher de sa verge par deux fois. Il en sortit de l’eau en abondance » (Bamidbar 20, 11) [Mochè ayant alors procuré de l’eau à tout Israël], Moshé ayant eu besoin de frapper le rocher afin de faire sortir de l’eau et le Saint béni soit-Il n’a pas fait sortir de lui-même (sans intermédiaire) l’eau du rocher (Baba Metsi‘a 86b).
וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם. כַּסָּבוּר שֶׁהֵם עַרְבִיִּים שֶׁמִּשְׁתַּחֲוִים לַאֲבַק רַגְלֵיהֶם וְהִקְפִּיד שֶׁלֹּא לְהַכְנִיס עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים לְבֵיתוֹ אֲבָל לוֹט שֶׁלֹּא הִקְפִיד הִקְדִים לִינָה לִרְחִיצָה שֶׁנֶּאֱמַר וְלִינוּ וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם:
Lavez-vous les pieds L’usage courant est de faire d’abord rentrer les invités dans la maison et ensuite de leur donner de l’eau pour se laver les pieds, et pour quelle raison Avraham ne s’est-il pas comporté ainsi mais leur a dit « lavez vous les pieds » avant de leur demander de se reposer sous l’arbre ? Mais c’est dû au fait qu’il pensait avoir affaire à des Arabes, adorateurs de la poussière de leurs pieds (Beréchith raba 50, 4), et en font une idole, il a pris garde à ne pas introduire d’objet d’idolâtrie dans sa maison. Son neveu Lot, en revanche, qui n’était pas aussi attentif à introduire une idole chez lui en conséquence leur a parlé d’abord de passer la nuit, puis de se laver, ainsi qu’il est écrit : « passez-y la nuit, et lavez vos pieds » (infra 19, 2).
תַּחַת הָעֵץ. תַּחַת הָאִילָן :
Sous l’arbre Il ne faut pas comprendre qu’il s’agit d’un toit fait en bois mais le mot ‘ets est à traduire par « arbre », [et non par « bois »].
Genèse Ch. 18 v. 5 (5774):
וְאֶקְחָה פַת-לֶחֶם וְסַעֲדוּ לִבְּכֶם, אַחַר תַּעֲבֹרוּ–כִּי-עַל-כֵּן עֲבַרְתֶּם, עַל-עַבְדְּכֶם; וַיֹּאמְרוּ, כֵּן תַּעֲשֶׂה כַּאֲשֶׁר דִּבַּרְתָּ.
Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces, puis vous poursuivrez votre chemin, puisque aussi bien vous avez passé près de votre serviteur. » Ils répondirent: « Fais ainsi que tu as dit ».
וְסַעֲדוּ לִבְּכֶם. בְּתוֹרָה בִּנְבִיאִים וּבִכְתוּבִים מָצִינוּ דְּפִתָּא סַעֲדְתָּא דְּלִבָּא. בַּתּוֹרָה וְסַעֲדוּ לִבְּכֶם. בַּנְּבִיאִים סְעַד לִבְּךָ פַּת לֶחֶם. בַּכְּתוּבִים וְלֶחֶם לְבַב אֱנוֹשׁ יִסְעָד. אָמַר רַבִּי חָמָא לְבַבְכֶם אֵין כְּתִיב כָּאן אֶלָּא לִבְּכֶם. מַגִּיד שֶׁאֵין יֵצֶר הָרַע שׁוֹלֵט בַּמַּלְאָכִים:
Vous restaurerez votre cœur Nous voyons tant dans la Tora que dans les Neviim (« Prophètes ») et les Kethouvim (« Hagiographes ») que le pain restaure le cœur, car le pain est l’essentiel de l’alimentation et il restaure le cœur. Nous le voyons dans la Tora : « Je vais apporter une tranche de pain, vous restaurerez votre cœur ». Dans les Neviim : « restaure ton cœur d’un morceau de pain » (Choftim 19, 5). Et dans les Kethouvim : « le pain restaure le cœur de l’homme » (Tehilim 104, 15). Rabi ‘Hama a enseigné : Il n’est pas écrit levavkhem au pluriel, mais libekhem au singulier, c’est à dire le cœur unique qui est le vôtre, pour nous apprendre qu’ils n’avaient pas deux cœurs à savoir le mauvais penchant et le bon penchant mais un seul cœur pour accomplir la volonté de leur père qui est dans les « cieux », pour t’apprendre que les anges ne sont pas dominés par le penchant au mal, [le double beith de levavkhem symbolisant le double penchant, au bien comme au mal] (Beréchith raba 48, 11).
אַחַר תַּעֲבוֹרוּ. אַחַר כָּךְ תֵּלְכוּ:
Après quoi vous poursuivrez votre chemin Ensuite vous partirez.
כִּי עַל כֵּן עֲבַרְתֶּם. כִּי הַדָּבָר הַזֶּה אֲנִי מְבַקֵּשׁ מִכֶּם מֵאַחַר שֶׁעֲבַרְתֶּם עָלַי לִכְבוֹדִי: כִּי עַל כֵּן. כְּמוֹ עַל אֲשֶׁר וְכֵן כָּל כִּי עַל כֵּן שֶׁבַּמִּקְרָא. כִּי עַל כֵּן בָּאוּ בְּצֵל קוֹרָתִי. כִּי עַל כֵּן לֹא נְתַתִּיהָ. כִּי עַל כֵּן יָדַעְתָ חֲנוֹתֵנוּ
Puisqu’aussi bien Il est possible de comprendre l’expression עַל כֵּן « Al Ken » de deux manières « en vue de » ou bien « à cause de » et dans notre cas il s’agit de la seconde manière de comprendre cette expression puisqu’il leur a dit C’est ce que je vous demande, du moment que vous êtes passés chez moi pour m’honorer, car lorsque vous vouliez vous séparer de moi c’était parce que vous preniez garde à mon honneur mais il ne faut pas l’expliquer ici par « en vue de » car ce n’est pas bienséant de dire à quelqu’un « rentre chez moi et car c’est en vue de cela que tu es passé à côté de chez moi ». L’expression ki ‘al kén a la même signification que ‘al achèr (« à cause de »), comme chaque fois qu’elle est employée dans le texte sa signification est « à cause de » : « puisque aussi bien ils sont venus à l’ombre de mon toit » (infra 19, 8) , « car c’est pour cela que (ki ‘al kén) j’ai vu ta face comme on voit la face de Eloqim » (infra 33, 10) qui signifie « à cause de cela j’ai vu ta face » et de même, « puisque aussi bien (ki ‘al kén) je ne l’ai pas donnée à Chéla mon fils » (infra 38, 26), c’est à dire « tu as bien agi du fait que je ne l’ai pas donnée à Chéla », « puisqu’aussi bien (ki ‘al kén) Tu connais les lieux où nous campons » (Bamidbar 10, 31) « du fait que tu connais bien les lieux où nous campons ».
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Mis en ligne le 5 novembre 2014 Mis à Jour le 10 Novembre 2019 puis le 4 Novembre 2020