Parachat Noa’h – Jardindelatorah Ben Ich Hay et Rachi Explicité
Parachat Noa’h
Nous vous proposons deux divré Torah
- Ben Ich Hay Dérouchim
- Les merveilles de Rachi
Premier Dévar Torah Parachat Noa’h
Livre Ben Ish ‘Hay Déroushim de Rabbi Yossef Haym de Baghdad Zatsal pages 3b-4a
Au début de notre Paracha (Genèse Ch. 6 V. 9) :
אֵלֶּה, תּוֹלְדֹת נֹחַ–נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו: אֶת- הָאֱלֹקִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ.
Ceci est l’histoire de Noé. Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains; il se conduisit selon Dieu.
Il me semble pouvoir commenter « un homme juste, irréprochable entre ses contemporains » [ou plus précisément « dans ses générations »] en se basant sur les propos des Sages de mémoire bénie : « celui qui a de l’orgueil est quelqu’un qui a un défaut [baâl moum qui généralement désigne un animal ou une personne qui a un défaut physique], car il n’y a pas de plus grand défaut chez l’homme que l’orgueil ».
Cependant, il est vrai qu’un homme qui se considère comme empli de Torah, de Mitsvoth et de bonnes actions, comment est-il possible qu’il ne s’enorgueillisse pas ? Le conseil qu’on peut donner dans un tel cas est que chacun considère qu’il est déjà venu en ce monde une première fois ou bien deux ou trois fois et qu’à chaque passage en ce monde il a beaucoup fauté et il s’avère donc qu’il est fortement coupable et que maintenant, il est revenu sur terre pour réparer. Donc ainsi, même s’il est empli de Torah et de Mitsvoth, qui sait s’il a compensé ne serait-ce que le tiers de son dû des passages précédents sur cette terre ?
Prenons l’exemple de Job qui était un Juste Parfait [Tsaddiq Gamour] et qui a été frappé d’épreuves dures et amères et cela dû au fait que dans une vie antérieure il était Téra’h [le père d’Avraham] qui servait les idoles et a commis de nombreuses fautes.
Lorsque l’homme se considère ainsi, il ne peut pas être entrainé par le mauvais penchant [le Yétser Hara] pour s’enorgueillir du fait qu’il se voit empli de Torah et de Mitsvoth.
C’est ce que dit notre verset « un homme juste, irréprochable entre ses contemporains » : si un homme veut être un « juste irréprochable du défaut de l’orgueil » il doit toujours se considérer comme étant déjà venu « dans ses générations » c’est à dire dans des vies antérieures [des guilgoulim antérieurs], et sa venue en ce monde maintenant n’est pas sa première venue et qui sait combien il était coupable pendant ses premières venues en ce monde et il doit donc être un juste irréprochable et ne pas trébucher [pour rattraper]. Comment ne pas trébucher ? C’est en ne portant pas ses yeux sur ce qui ne lui appartient pas !! C’est un grand principe pour garder sa Tsidkout, c’est à dire pour rester un Juste, de ne rien enlever à qui que ce soit. C’est ce que nous enseignent nos Sages de mémoire bénie, de là nous apprend Ben Azay (Cf. Talmoud Yoma 38a) :
- Ben Azay disait : de ce qui t’appartient on [le Ciel] te donnera, par ton nom on t’appellera, à ta place on te fera résider [on te ramènera], et il n’y a pas d’oubli devant l’Eternel, et personne ne touche à ce qui est prêt pour son prochain.
Ramenons une histoire connue à propos d’un homme craignant le Ciel qui avait l’habitude d’aller chaque nuit à la Yéshiva pour étudier après minuit avec le Rosh Yéshiva et ses amis. Il était le premier à la Yéshiva et le dernier à la quitter. Une fois il quitta sa maison pour aller à la Yéshiva comme il en avait l’habitude. Sur le chemin il trouva une porte donnant sur une cour qui était restée ouverte par mégarde. Il s’y trouvait une riche veuve qui n’avait pas d’homme avec elle, mais seulement une servante ; elles dormaient ensemble dans une pièce dans laquelle se trouvait toute la fortune de cette veuve, cette fortune était entreposée dans une armoire et était constituée de sacs emplis de dinars d’or. Elles ne se réveillèrent pas lorsqu’il pénétra dans la pièce.
Son mauvais penchant lui poussa à voler les pièces d’or. Il éteignit donc la bougie et força la porte de l’armoire. Avec le bruit les deux femmes se réveillèrent mais eurent peur de faire le moindre son, pensant qu’il s’agissait de brigands armés susceptibles de les tuer. Notre homme, après avoir forcé la porte et volé l’or, lui vint alors à l’esprit les paroles de Ben Azay (rapportées plus haut) à savoir qu’un homme ne doit pas toucher à ce qui est réservé à son prochain, paroles que le Rosh Yéshiva avait expliqué longuement à la Yéshiva. Il se dit que si ces Dinars étaient prêts pour lui (lui étaient réservés/prédestinés) pourquoi les prendraient ils d’une manière interdite ? Et si ces Dinars ne lui étaient pas prédestinés, ce vol ne lui serait pas profitable. Il remit donc les pièces à leur place et reprit son chemin !
A l’aube, la veuve vit que rien n’avait été volé et se dit qu’il s’agissait d’un miracle, et que toute heure n’étant pas propice au miracle il lui serait profitable de se marier avec quelqu’un qui protègerait ses biens. Elle partit donc voir le Rosh Yéshiva ; après que tous les élèves eurent quitté la Yéshiva, elle lui raconta les évènements et lui demanda qu’il lui propose un homme, craignant D. ieu avec lequel elle pourrait se marier. Notre homme était assis dans un coin et entendit toute la conversation. Le Rosh Yéshiva lui suggéra de prendre notre homme pour époux car il était libre et que c’était un homme craignant le Ciel. Ainsi firent-ils ! Ils se marièrent de ce pas ! Notre homme se dit alors qu’il avait bien pensé ce soir-là, si les Dinar lui étaient prédestinés il devrait les prendre par un moyen permis, et c’est ce qui s’était produit. Nous voici, ainsi, à la fin de cette histoire.
En vérité, il s’agit d’un grand principe dans le service divin, l’homme doit avoir foi en cela et ne pas désirer ce qui appartient à autrui ; c’est là une qualité des justes complets. En fait, si à partir du mot אלקים (D.ieu) nous prenons les lettres qui suivent (après le א il y a ב, après ל il y a מ ….) nous trouvons le mot במוכן « ce qui est prêt » (qui est un des mots de la maxime énoncée par Ben Azay). C’est ce que dit notre verset אֶת- הָאֱלֹקִים , c’est à dire avec les lettres du mot אלקים, c’est-à-dire celles qui suivent, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ, Noa’h se comporta, qui désigne le Tsaddiq, le juste, qui porte le nom « générique » de Noa’h.
On peut expliquer également, אֶת- הָאֱלֹקִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ ; si un homme se considère comme un juste parfait, il ne faut pas qu’il se considère comme ayant atteint la perfection du service D.ivin, mais il doit considérer qu’il n’est qu’à mi-chemin dans ce chemin et qu’il a devant lui encore du chemin à parcourir et qu’il n’a pas encore atteint son but. J’ai expliqué, dans le même ordre d’idée, avec l’aide du Ciel le verset suivant (Psaumes Ch. 119 v. 1) :
אַשְׁרֵי תְמִימֵי-דָרֶךְ– הַהֹלְכִים, בְּתוֹרַת ה ״
Heureux ceux dont la voie est intègre, qui marchent selon la Loi de l’Eternel!
C’est à dire qu’il faut toujours se considérer comme étant sur le chemin et non avoir atteint le but (dans le service Divin). C’est ce que dit notre verset (de la Paracha de Noa’h) אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ, c’est à dire que dans tout ce qui est spirituel qui est « אֶת-הָאֱלֹהִים » « avec D.ieu », il ne faut pas considérer avoir atteint la perfection mais se considérer comme étant en chemin (au milieu du gué) et avoir encore un long chemin à parcourir.
Second Dévar Torah : Rachi sur Parachat Noa’h
Nous poursuivons cette rubrique inaugurée l’an dernier dans laquelle nous allons décortiquer le commentaire de Rashi sur quelques versets de la Paracha. Les explications sont tirées du livre « Rashi Hamméforash ». Le texte de Rashi en Français est tiré principalement du site « sefarim.fr » et est en fait celui du « Houmach avec Rachi » des éditions Gallia. J’y ai apporté de très légères modifications.
Le texte en gras et en bleu est celui de la Torah ; le texte normal est celui de « Rashi Hamméforash » qui explicite le commentaire de Rashi et le texte en gras est la traduction de Rashi proprement dite.
Les merveilles de Rashi !!
Genèse Ch. 6 v. 9 :
אֵלֶּה, תּוֹלְדֹת נֹחַ–נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו: אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ.
Ceci est l’histoire de Noé. Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains; il se conduisit selon Dieu.
אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ נֹחַ אִישׁ צַדִּיק. הוֹאִיל וְהִזְכִּירוֹ סִפֵּר בִּשְׁבָחוֹ שֶׁנֶּאֱמַר זֵכֶר צַדִּיק לִבְרָכָה. דָּבָר אַחֵר לְלַמֶּדְךָ שֶׁעִקָּר תּוֹלְדוֹתֵיהֶם שֶׁל צַדִּיקִים מַעֲשִׂים טוֹבִים :
Celles-ci sont les générations de Noa‘h. Noa‘h fut un homme juste Le mot Tolédoth utilisé désigne des engendrements/générations et donc le texte n’aurait-il pas dû dire « Shem, ‘Ham et Yaphet » immédiatement après avoir dit « celles-ci sont les générations » ? Mais puisqu’on le nomme, on fait son éloge, ainsi qu’il est écrit : « le souvenir du juste est une bénédiction » (Michlei 10, 7), et « Noa’h fut un homme juste » n’est qu’une parenthèse qui n’a pas de lien avec « engendrements ». Autre explication : C’est pour t’apprendre que les véritables « engendrements/générations » laissées par les justes sont constituées par leurs bonnes œuvres (Beréshith rabba 30, 6) ; et « un homme juste » fait partie des « engendrements /générations », en conséquence le texte a commencé par raconter ses bonnes actions avant de mentionner le nom de ses enfants car l’essentiel de ses engendrements sont ses bonnes actions.
בְּדוֹרוֹתָיו. יֵשׁ מֵרַבּוֹתֵינוּ דּוֹרְשִׁים אוֹתוֹ לִשְׁבָח כָּל שֶׁכֵּן שֶׁאִלּוּ הָיָה בְּדוֹר צַדִּיקִים הָיָה צַדִּיק יוֹתֵר. וְיֵשׁ שֶׁדּוֹרְשִׁים אוֹתוֹ לִגְנָאי לְפִי דּוֹרוֹ הָיָה צַדִּיק וְאִלּוּ הָיָה בְּדוֹרוֹ שֶׁל אַבְרָהָם לֹא הָיָה נֶחֱשָׁב לִכְלוּם:
Dans sa génération [plus précisément dans ses générations] Certains de nos maîtres y voient, dans l’expression « dans ses génération » un éloge : à plus forte raison, s’il avait appartenu à une génération de justes, aurait-il été encore plus juste. D’autres y voient un blâme : il était un juste dans sa propre génération, mais s’il avait appartenu à celle d’Avraham, il n’aurait compté pour rien (V. Sanhèdrin 108a, Beréshith rabba 30, 9), car dans la génération d’Avraham le nom du Saint béni soit-il s’est propagé grâce à Avraham.
אֶת הָאֱלֹהִים הִתְהַלֶּךְ נֹחַ. וּבְאַבְרָהָם הוּא אוֹמֵר אֲשֶׁר הִתְהַלַּכְתִּי לְפָנָיו. נֹחַ הָיָה צָרִיךְ סַעַד לְתוֹמְכוֹ אֲבָל אַבְרָהָם הָיָה מִתְחַזֵּק וּמְהַלֵּךְ בְּצִדְקוֹ מֵאֵלָיו:
Noa‘h marchait avec Eloqim Le mot « Eth » utilisé signifie « Avec » c’est à dire que Hashem marchait avec lui et l’aidait pour qu’il ne soit pas emporté par les actes des gens de sa génération tandis qu’il est écrit à propos d’Avraham « Hachem, devant qui j’ai marché » (infra 24, 40), qui signifie qu’il a marché de lui-même, car Noa‘h avait besoin d’un appui qui le soutînt, alors qu’Avraham se renforçait dans sa piété, de lui-même.
הִתְהַלֶּךְ. לָשׁוֹן עָבַר. וְזֶהוּ שִׁמּוּשׁוֹ שֶׁל ל’ בְּלָשׁוֹן כָּבֵד מְשַׁמֶּשֶׁת לְהַבָּא וְלִשֶּׁעָבַר בְּלָשׁוֹן אֶחָד קוּם הִתְהַלֶּךְ לְהַבָּא. הִתְהַלֶּךְ נֹחַ לְשֶׁעָבַר. הִתְפַּלֵּל בְּעַד עֲבָדֶיךָ לְהַבָּא. וּבָא וְהִתְפַּלֵּל אֶל הַבַּיִת הַזֶּה לָשׁוֹן עָבַר אֶלָּא שֶׁהַוָּי »ו שֶׁבְּרֹאשׁוֹ הוֹפְכוֹ לְהַבָּא:
Noa‘h marchait (hithhallèkh) Le mot « Hithallekh » peut se comprendre de deux façons, soit au futur de l’impératif soit au passé ; et dans notre cas le verbe est au passé, Noa’h marchait, bien que la lettre Lamed ne soit pas voyellée avec un «Pata’h ». Car tel est l’objet du Lamed accentué (avec un Daghesh) c’est-à-dire que le Lamed [qui est la lettre du milieu des trois lettres formant la racine du verbe] est accentuée alors [=Au hithpa’él,] le passé et le futur utilisent la même forme, et dans chaque circonstance il faut interpréter en fonction du contexte, comme par exemple dans : « Lève-toi ! parcours (hithhalékh) » (infra 13, 17) est au futur, [l’impératif invitant à une action dans le futur]. « Hachem, devant qui j’ai marché (hithhalakhti) » (infra 24, 40) est au passé. « Noa‘h marchait (hithhalèkh) », qui est notre cas, est au passé. De même nous avons un exemple avec le verbe « prier » « Hitpallel » qui des fois est au passé et des fois au futur : « Prie (hithpallél) pour tes serviteurs » (I Chemouel 12, 19) est au futur. « Quand il viendra prier (wehithpallél) pour cette maison » est au passé, c’est à dire que fondamentalement sans le Waw du début du mot il s’agit d’un passé mais étant toutefois précisé, dans ce dernier cas, que l’emploi du waw conversif en fait un futur, selon la règle de grammaire qui indique qu’un Waw en début de mot inverse un passé en futur.
Genèse Ch. 6 v. 10 :
וַיּוֹלֶד נֹחַ, שְׁלֹשָׁה בָנִים–אֶת-שֵׁם, אֶת-חָם וְאֶת-יָפֶת.
Noé engendra trois fils: Sem, Cham et Japhet.
Genèse Ch. 6 v. 11 :
וַתִּשָּׁחֵת הָאָרֶץ, לִפְנֵי הָאֱלֹהִים; וַתִּמָּלֵא הָאָרֶץ, חָמָס.
Or, la terre s’était corrompue devant Dieu, et elle s’était remplie d’iniquité.
וַתִּשָּׁחֵת. לָשׁוֹן עֶרְוָה וַעֲבוֹדַת אֱלִילִים (ס »א עֶרְוָה כִּי הִשְׁחִית כָּל בָּשָׂר אֶת דַּרְכּוֹ וַעֲבוֹדַת אֱלִילִים) כְּמוֹ פֶּן תַּשְׁחִיתוּן:
S’était corrompue Chaque fois que cette expression est utilisée « Hash’hata » « la corruption » il ne s’agit que d’exprimer l’idée de dérèglement sexuel et d’idolâtrie (Sanhèdrin 57a), comme dans : « gardez-vous d’être corrompus (tach‘hithoun) » en vous fabriquant des idoles (Devarim 4, 16) et : « toute chair ayant corrompu » sa voie sur la terre (verset 12) avec des mœurs dissolues.
וַתִּמָּלֵא הָאָרֶץ חָמָס. גָּזֵל
La terre s’était remplie de violence C’est le vol avec violence.
Genèse Ch. 6 v. 12 :
וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת-הָאָרֶץ, וְהִנֵּה נִשְׁחָתָה: כִּי-הִשְׁחִית כָּל-בָּשָׂר אֶת-דַּרְכּוֹ, עַל-הָאָרֶץ
Dieu considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre.
כִּי הִשְׁחִית כָּל בָּשָׂר. אֲפִלּוּ בְּהֵמָה חַיָה וָעוֹף נִזְקָקִין לִשֶׁאֵינָן מִינָן :
Toute chair ayant corrompu Il n’est pas écrit « tout homme » mais « toute créature », de là nos sages ont appris que même les animaux domestiques, même les bêtes sauvages et les oiseaux s’accouplaient hors de leur propre espèce (Sanhèdrin 108a).
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Publié initialement le 21 Octobre 2014 et mis à jour le 27 octobre 2019