De l’obligation du jugement d’être un individu-assemblée.
Basé sur les enseignements de Rav Wolbe
Traduit et adapté par le Rav Michael Smadja
רב וולבא: מחיובי הדין להיות איש-ככל
Le premier fondement qu’un homme doit développer dans la construction de son être est de façonner sa propre « personnalité ». Développer ses propres capacités pour s’épanouir dans son monde.
Le deuxième fondement est d’intégrer cette personnalité, son identité dans la communauté.
Une assemblée n’est pas un assemblage de nombre d’individus mais l‘assemblée est une nouvelle réalité jusqu’à ce que ses lois diffèrent des lois des individus. De même à propos de la providence divine, elle est différemment gérée selon la communauté ou l’individu.
I
l y a une contradiction dans les versets. Il est écrit: » il se met en colère tous les jours » donc malgré sa colère, Israël existe toujours et un autre verset qui dit: » devant sa colère, qui peut se tenir? » Donc il est impossible d’exister devant sa colère!
La réponse est: » il est vrai qu’un individu ne peut se tenir devant la colère divine mais s’il n’annule pour devenir une partie de cette réalité qui s’appelle « ציבור » « communauté » alors la colère n’a pas d’emprise sur lui.
Quelle est le fondement de cette différence?
Nous allons un peu réfléchir. Un « arbre » est un « tout » qui est constitué de racines d’une écorce de branches de feuilles et de fruits. Ce sont des éléments individuels qui sont inclus dans cet assemblage qu’est un arbre. Chaque feuille puise sa vitalité de l’arbre lui-même et lorsqu’elle tombe de la branche, elle se fane.
Ainsi en est-il de la communauté d’Israël, elle est une sorte d’arbre et chaque individu qui la compose est considéré comme une feuille de l’arbre et tout le temps où l’individu est attaché, relié réuni à la communauté, il puise sa vitalité, son énergie spirituelle de la communauté d’Israël. Par contre s’il se désunie, se désolidarise de la communauté, alors il se fane et perd savitalité et son énergie spirituelle. C’est cette notion que nos sages ont résumée par ces paroles: » הפורש מן הציבור » « celui qui se sépare de la communauté ».
Voici que la feuille attachée à sa branche n’a aucune « intention » de se détacher de son endroit de vie mais l’homme peut avoir et a cette impression de pouvoir exister sans la communauté d’avoir cette sensation illusoire de pouvoir vivre une vie individuelle spirituelle et ne ressent pas ce lien « inéluctable » qui le lie à la communauté. Il ne ressent pas cette dimension de son être qui n’existe que par son rattachement à la communauté.
Et pourquoi?
L’homme possède une intelligence, un intellect et par cela, il a une perception très forte de lui-même qui lui fait ressentir qu’il a une vie indépendante, qu’il n’a pas besoin des autres, qu’il peut se suffire à lui-même et qu’il puise sa vitalité énergétique spirituelle de son intellect comme une sorte de centrale nucléaire qui transforme cette énergie venue du divin en pulsions vitales, sa propre sève qui se génère d’elle-même qui va elle-même provoquer en lui une impression illusoire d’indépendance jusqu’à en oublier d’où vient cette énergie spirituelle et nourricière.
Il faut à l’homme une intelligence supérieure (בינה יתרה) afin de percevoir comment ce monde se compose et fonctionne. Développer une lucidité supérieure issue de son intellect-séparé qui lui, reçoit cette énergie spirituelle qui la transmet à son intellect-intégré, à son corps et ainsi ressentir que cette énergie qu »il reçoit lui vient de cette intellect séparé qui lui est issu d’un intellect beaucoup plus grand qui s’appelle « כלל ישראל » « la communauté d’Israël ». Chaque individu tirant sa vitalité énergétique de cet intellect-agent appelé »כלל ישראל« .
L’homme a l’obligation d’élargir son esprit et de percevoir que la communauté est la source nourricière de chaque individu qui la compose.
« Tout jeûne public qui n’inclut pas des fauteurs d’Israël n’est pas considéré comme un jeûne car voici que la plante appelée ‘helbona qui dégage une mauvaise odeur est incluse dans les encenses qui étaient brûlées tous les jours au saint temple. De même les quatre espèces que l’on agite à la fête de Souccot, deux de ces espèces ont la possibilité de fructifier et deux sont stériles. Chacun dépendant des autres. Les quatre devant être obligatoirement réunies et faire un seul bouquet pour être quitte de la Mitsva. De même Israël ne peut être agréé uniquement que s’ils forment une assemblée unie« . Chacun étant le maillon manquant de cette chaîne et sans cette union des justes et des mécréants le jeûne ne peut s’élever jusqu’au ciel, les justes ressemblant aux arbres fruitiers et les mécréants aux arbres stériles.
Nous pouvons comprendre que le mécréant dépende et soit suspendu aux actions du juste mais que le juste dépende et soit suspendu aux actions du mécréant, comment cela peut il être appréhendé?
Le כלל ישראל est une réalité spécifique où toute individualité se fond en lui n’étant plus qu’une partie intégrée qui s’annule pour se transformer en une entité globale que l’on soit individuellement juste ou mécréant.
Nous pouvons expliquer cette notion de communauté d’une manière plus profonde.
כלל ישראל (l’assemblée d’Israël) dans son essence est collé, a conscience d’être uni à D-ieu car il est le peuple de D-ieu et donc ce qui est uni à D-ieu a en lui-même cette notion d’unité car l’unité ne peut supporter le multiple et donc le rejette comme cet arbre qui puise sa vitalité de ses racines. La racine du כלל ישראל étant l’unité d’avec D-ieu. Ce n’est qu’en s’unifiant au כלל ישראל que l’on pourra puiser cette énergie qui vient du divin. Sans cette annulation au כלל, il est impossible de se connecter, de se fondre et de s’unir de soi-même au divin. L’égoïsme et l’identité personnelle sont les plus horribles perceptions qui peuvent être perçues dans le כלל. C’est un domaine privé. Les nations du monde ne peuvent concevoir cette notion d’annulation au profit d’une assemblée. Ils ont une notion de pays mais cela est une association d’individus ayant un but commun, chacun ayant ses propres aspirations qu’il partage avec d’autres individualités. C’est un domaine public où tous vivent une vie de dualité, de dichotomie où chacun est différent, étranger. כלל ישראל a en lui cette essence divine qui est unité. La racine du peuple d’Israël étant cette faculté à changer de dimension, d’individu spécifique devenir une partie intégrante d’unכלל. Annulation de ses propres aspirations ne veut pas dire « ne plus exister » « ne plus être soi-même » mais plutôt rentrer dans une autre dimension de « soi », devenir un domaine privée, une autre perception de ma réalité qui est cette union d’avec le divin. Devenir « un » avec D-ieu qui est notre véritable réalité.