Divré Torah sur Tsav
Par le Rav David A. PITOUN
- La liberté de penser
Ordonne à Aharon et à ses fils ce qui suit : Ceci est la règle du sacrifice ‘Ola. C’est le sacrifice qui se consume sur le brasier de l’autel, toute la nuit jusqu’au matin; le feu de l’autel brûlera en lui. (Vaykra 6-2 début de notre Parasha)
La Torah nous parle ici des règles du sacrifice expiatoire que l’on appelle « ‘Ola », et qui était offert par toute personne ayant eut des mauvaises pensées.
Le sacrifice ‘Ola – par opposition à d’autres sacrifices – était totalement consumé sur l’autel.
Rashi : « Tsav » (Ordonne) est un terme qui inspire de l’empressement pour le présent ainsi que pour les générations à venir. Rabbi Shim’on dit : Le texte prône l’empressement particulièrement dans une situation qui entraîne un « manque à la poche » (une perte d’argent).
Explication : Le fait que la ‘Ola est totalement consumée entraîne une perte d’argent pour l’auteur du sacrifice, car il ne consomme aucune partie de la bête et n’en tire donc aucun profit.
Le Admour Rabbi Its’hak Meïr de GOUR (l’auteur du ‘Hidoushé Ha-Rim’) fait remarquer que tous les membres du corps humain possèdent une « poche » qui a pour vocation d’empêcher que ne se réalise ce que l’on ne veut pas. Par exemple la bouche dont les lèvres – lorsqu’elles se ferment – empêchent de prononcer des paroles interdites. Ou bien l’oreille qui possède le lobe qui – lorsqu’on le repli – empêche d’écouter des propos interdits. Il y a aussi l’œil qui possède la paupière pour empêcher la vision de choses interdites. De même pour tous les membres qui servent de sens à l’être humain. Par contre, la pensée ne possède aucune poche pour la recouvrir, car la pensée flotte en l’être humain à chaque instant.
Puisque la ‘Ola avait pour propriété d’expier la mauvaise pensée, le texte utilise donc un terme qui inspire l’empressement car il faut particulièrement s’empresser et faire preuve de vigilance dans une situation qui entraîne un « manque à la poche » c’est-à-dire lorsqu’il s’agit d’une chose comme la faculté de penser qui ne possède pas de poche !
- Matériel et spirituel
…le feu de l’autel brûlera en lui. (Vaykra 6-2 Début de notre Parasha)
Le Admour Rabbi Its’hak Meïr de GOUR commente encore ce verset.
Il fait remarquer qu’il n’était apparemment pas nécessaire d’ajouter les termes « en lui ». Il était suffisant de dire « le feu de l’autel brûlera »
Il explique qu’il s’agit ici du Cohen que la Torah enjoint d’accomplir son service divin avec engouement, de façon « enflammée ».
Similairement, nous avons apprit dans les Pirké Avot (chap.5 Mishna 5) :
10 miracles étaient accomplis au quotidien dans le Temple de Jérusalem. L’un d’eux : le feu permanent qui brûlait sous l’autel ne fut jamais éteint par les pluies.
Explication : Dans le Temple de Jérusalem, il y a un autel à l’intérieur et un autre dans la cour du Temple. C’est de celui-ci dont on parle.
La pluie se dit « Gueshem » qui vient de la racine Gashmiyout qui signifie « matérialité ». Là aussi, on vient mettre en garde le Cohen afin qu’il ne laisse pas son côté matérialiste venir éteindre la flamme qui brûle à l’intérieur de chaque Cohen pendant son service divin. Il est vrai que les Cohanim consommaient beaucoup de viandes qui provenaient des multiples sacrifices réalisés au quotidien. Or, le consommateur de viande à – par nature – une attirance vers les choses matérielles. Malgré tout, l’amour d’Hashem « brûlait » en permanence au fond de la personnalité de chaque Cohen.
Shabbat Shalom
Rédigé et adapté par Rav David A. PITOUN France 5774