L’intention est l’essentiel de l’homme – Paracha Mattot Réouven Carceles
L’intention est l’essentiel de l’homme
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Cette publication est Léilouy Nichmat / Lélévation de l’âme de Hanna Bat Rivka (Laure-Anna Teboul) et de Zahrie bat Zerda et Avraham (Chlouch)
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Dans la Paracha de la semaine, Mattot, la torah nous dit : « Et si son père l’a écartée le jour où il a entendu, ses vœux et ses défenses qu’elle a assujetties sur son âme ne tiendront pas, et Hachem lui pardonnera car son père l’a écartée. »
Dans ce verset, nous voyons que si une femme mariée fait un vœu, le père ou le mari peuvent annuler son vœu, sans même l’en informer d’ailleurs, et Hachem lui pardonnera. Mais qu’y a-t-il à pardonner ? Rachi ainsi que La guemara (nazir 23) expliquent qu’il est précisément question d’un vœu d’une femme que le père ou le mari a annulé à son insu. Cependant, elle, qui n’était pas au courant que son vœu avait été annulé, n’a pas résisté à cette interdit qu’elle s’était imposée et a donc transgressé sa promesse qu’elle croyait être encore valide. A ce sujet, la torah nous dit : « Hachem lui pardonnera. » ce qui nous enseigne qu’elle a besoin d’une expiation quand bien même elle n’a transgressé aucun vœu, puisqu’il avait été annulé. Comment est-ce possible ? Au point que La guemara (kidouchine 81b) atteste que rabbi Akiva pleurait quand il arrivait à ce verset, car il faisait le raisonnement suivant : Si une personne a voulu commettre un interdit comme par exemple manger non cachère, mais qui finalement a mangé cacher malgré lui, et n’a donc rien transgressé, il a quand même besoin qu’Hachem lui pardonne, à l’instar de cette femme-là qui n’a rien transgressé en pratique, puisque son vœu avait été annulé. Nous voyons donc ici, une notion intéressante : l’intention de fauter nécessite une expiation ce qui signifie qu’il peut y avoir la gravité d’une faute même lorsque la personne en question n’a rien transgressé, il est donc important de comprendre d’où provient cette notion de fauter dans l’intention sans aucun acte interdit et qui demande une expiation ? De plus, le Beer Hatorah demande pourquoi c’est seulement dans cette Paracha Matot qui concerne les vœux que nous est enseigné cette notion de faute par intention, on aurait pu aussi bien nous enseigner cette notion-là dans une autre Paracha ?
Les mauvaises pensées sont pires que les mauvaises actions
Il est possible de donner un élément de réponse, d’après ce que rapporte la guémara (Yoma 29a) qui écrit que les mauvaises pensées sont pires que les mauvaises actions. Le Rambam explique que l’homme est fait d’une Néchama (âme) et d’un corps, le corps matériel est bas et la Néchama qui est spirituelle est noble. Lorsque l’homme faute par son corps c’est seulement la partie basse qui se rebelle contre Hachem. Lorsque l’homme faute par sa pensée, c’est donc sa partie noble et élevée qui va à l’encontre de la volonté de D ce qui constitue une faute encore plus grande. C’est aussi dans ce sens que le Maharal explique que la pensée est totalement spirituelle et élevée à la différence de la parole qui n’est pas entièrement spirituelle et garde un côté matériel. Ainsi, celui qui parle beaucoup prive sa pensée et son intériorité d’une possibilité de se développer et restera quelqu’un de superficiel. C’est pour cela, qu’il en va de même pour celui qui exprime et fixe sa pensée par la parole, par un vœu et qui ensuite la profane, en transgressant ce vœu, il a profané sa pensée. Le Ramban (vayikra 2.2) explique ici, que par nos actions et même par nos paroles, nous pouvons donc profaner notre pensée, qui n’est rien d’autre en fait que l’expression de la Néchama. A ce titre, Nos sages (kiddouchine 71b) expliquent que si l’homme est rempli de pensée et de spiritualité, sa prise de parole sera limitée, inversement ceux qui sont vides intérieurement n’ont pas grand-chose à penser et donc parlent beaucoup. C’est en ce sens qu’il faut comprendre le Maharal. Nous voyons donc ici l’importance de la force de la parole, liée à la pensée, et limiter sa parole c’est donc investir dans la pensée, au point que Rachi explique, que si une personne dit : « je prends sur moi par interdiction de ne pas manger ou de ne pas faire telle chose, comme tout ce qui sortira de sa bouche il fera, il ne profanera pas sa parole », pour lui c’est devenu une obligation, une loi.
L’intention est l’essentiel de l’homme
Dans le même ordre d’idée, Le Hovot Halevavot écrit que celui qui va dans la forêt et tue involontairement son ami doit seulement partir en exil dans les villes de refuge, celui qui va dans la forêt et en profite pour envoyer sa hache volontairement sur son ennemi est passible de mort. La différence de peine est immense alors que la distinction dans ces deux cas, était juste une intention différente dans la tête du tueur. Rabbenou Béh’ayé conclut, que ceci vient du fait que la pensée est l’essentiel de l’homme ainsi que de toutes les mitsvots et des fautes. Lorsqu’un homme tue involontairement, il n’a pas agréé l’acte que son corps a commis et n’est donc pas passible de mort. Mais lorsqu’il tue volontairement, son corps et son intention sont associés dans cet acte, et il en va de même pour les mitsvot, l’essentiel dépend du cœur et de l’intention, c’est un grand principe, d’ailleurs, c’est en ce sens que la Guemara (berakhot 13a) nous dit que pour les préceptes dépendant de l’action, il faut une intention adéquate, et dans la même veine, pour les préceptes dépendant de la parole, le pirke avot nous dit qu’une prière sans intention est comme un corps sans âme, le véritable mérite découle donc de la kavana de l’homme et c’est ce qui donne un sens à nos actes et à nos paroles.
C’est donc de cette notion-là dont parle notre Paracha à propos des vœux, dans la mesure où la torah nous révèle qu’il ne faut en aucun cas profaner notre pensée et notre intention une fois que nous l’avons exprimé verbalement, Pourquoi ? parce que, comme nous venons de le voir, les deux sont liées, et ici, la Paracha nous donne justement l’exemple de cette femme qui transgresse son vœu alors que celui-ci venait d’être annulé ce qui signifie qu’elle n’a commis aucun interdit. Mais, pourtant, dans la mesure où cette femme-là avait l’intention de fauter volontairement, la Torah nous enseigne qu’elle aura besoin d’une expiation, et c’est spécialement dans cette Paracha des vœux, qui présente la force de la parole, qui prend sa source dans la pensée, que la torah nous révèle également qu’une intention s’appelle aussi une faute.
De même que celui qui commet une avéra (faute) involontairement comme tuer est passible d’une punition (exil), de même celui qui ne fait aucune faute mais agit avec un cœur mal intentionné, a l’instar de cette femme, est quand même coupable d’une faute qui mérite punition. Il faut faire attention aux paroles inutiles et interdites que nous prononçons, et qui ont comme pour effet d’endommager notre Neshama, dans la mesure où la parole est liée à la pensée (Neshama), cette femme mérite donc une punition, bien qu’elle n’a pas fauté, puisque son vœu a été annulé, mais elle a profané sa pensée, dans la mesure où elle n’a pas tenu à sa parole, Rabbenou Béh’ayé, nous dit, que cette dernière faute d’intention est encore plus grave qu’une faute involontaire car l’intention est l’essentiel de l’homme alors que l’acte matériel (sans intention) n’est pas l’essentiel. Rav dessler nous dit que, ce qui forme l’essentiel de tout péché est dans le cœur. Pourtant, La guemara (kidouchin 40a) nous dit que D.ieu ne punit pas les mauvaises pensées, mais cela veut dire seulement qu’Il ne punit pas aussi sévèrement que les actes. Un péché commis en pensée n’en est pas moins un péché. Le Hafets haim explique qu’il n’est pas simple d’acquérir cette qualité qu’est le silence, cette force de la parole, là Hachem nous demande de ne pas la profaner, car elle contient une grande sainteté, qui provient de la Nechama et donc d’Hachem directement.
Chabbat shalom
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Fin de l’article « L’intention est l’essentiel de l’homme – Paracha Mattot Réouven Carceles » a été mis en ligne le 24 Juillet 2019 et mis à jour le 12 juillet 2020.
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L’image associée à cet article est issue du site Pixabay.com avec la mention « Libre pour usage commercial Pas d’attribution requise«
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