Divré Torah sur Paracha Pin’has – Rav David A. PITOUN
Divré Torah Paracha Pin’has
בס »ד
3 Divré Torah sur Paracha Pin’has
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Résumé de la Paracha Pin’has
Après avoir échoué dans ses tentatives pour maudire Israël sur la demande de Balak, roi de Moav, Bil’am conseille à Balak d’inciter Israël à la débauche, dans le but d’attirer sur eux la colère Divine, et de s’en débarrasser. Balak suit le conseil de Bil’am et envoie des femmes de Moav et de Midian près du campement d’Israël. Ces femmes incitent Israël à la débauche et au culte de l’idole BAAL PE’OR. La colère d’Hashem s’abat sur eux et 24 000 personnes meurent.
Même un prince de tribu, ZIMRI BEN SALOU, prince de la tribu de Shim’on, se laisse séduire par une fille de Midian, Kozbi Bat Tsour, qui n’est autre que la fille du roi Balak. Zimri emmène cette fille devant Moshé Rabbenou ainsi que devant toute l’assemblée, et commet l’acte de débauche en public. Jusqu’à ce que Piné’has fils d’El’azar, fils de Aharon Ha-Cohen, se lève et saisie une lance. Il les transperce tous les deux, Zimri, ainsi que la fille avec laquelle il était en train de commettre la pire des transgressions. A ce moment précis, l’épidémie de mort s’arrête, et la colère d’Hashem s’apaise.
Hashem récompense Piné’has en lui donnant, à lui, ainsi qu’à toute sa descendance, la Kéhouna (la prêtrise).
1) Toute forme de Shalom est-elle bénéfique ?
« Piné’has fils d’El’azar, fils d’Aharon Ha-Cohen, a détourné ma colère envers les Béné Israël, en jalousant ma cause au milieu d’eux, de sorte que je n’ai pas anéanti les Béné Israël, dans mon indignation. » (Bamidbar 25-11 extrait de notre Parasha)
RASHI au nom de la Guémara Sanhedrin :
Parce que les Shévatim (les tribus d’Israël) l’humiliaient en disant : « Avez-vous vu ce petit fils de Pouti (Itro) ?! Son grand père maternel a engraissé des veaux en l’honneur des idoles, et celui-là assassine un prince d’Israël ?!! »
C’est pour cette raison que le texte rattache Piné’has à Aharon qui est son grand père paternel.
Question
Les Shévatim savent parfaitement que Piné’has est le petit fils d’Aharon, ce qui ne les empêche pas de l’humilier en insistant sur le fait que, du côté de sa mère, il est le petit fils d’un « engraisseur » de veaux en l’honneur des idoles.
Quelle est donc l’utilité pour laquelle le texte le rattache à Aharon ? Piné’has cesse t-il pour autant d’être le petit fils de Pouti, le père de sa mère ?
La Torah veut nous délivrer ici un message.
En tuant Zimri, Piné’has n’a agit que par pure et sainte motivation. A l’instar de son grand père paternel qui était Aharon Ha-Cohen, un très grand Tsadik (un très grand juste), et non pas par instinct de violence et de meurtre qui caractérisent plutôt les idolâtres.
Or, la Mishna dans Avot, nous apprend au sujet de Aharon :
« Soit un disciple de Aharon, qui aimait le Shalom (la paix), et poursuivait le Shalom. Il aimait les gens et les rapprochait à la Torah » (Avot chap.1)
Nous sommes donc en droit de nous interroger à nouveau sur l’attitude de Piné’has :
Si le texte rattache volontairement Piné’has à Aharon, son grand père paternel, dans le but de démontrer que son acte provient de la même nature que Aharon, quelle symbolique de Shalom peut-il y avoir dans le fait de se lever, de se saisir d’une lance et de mettre à mort deux personnes ?
Dans son commentaire sur la Mishna de Avot que nous avons rapporté, l’auteur du Kétav Sofer (Rabbi Avraham Shémouel Binyamin SOFER, fils du ‘Hatam Sofer Allemagne 19ème siècle) fait la distinction entre les 2 expressions « Il aimait le Shalom » et « Il poursuivait le Shalom ».
Selon lui, le sens de « poursuivre le Shalom » n’est pas de poursuivre la paix afin de l’obtenir, mais plutôt de poursuivre une forme de paix afin de la détruire et de la pulvériser.
En effet, une Mishna de Sanhedrin dit :
« La dispersion des Tsadikim est mauvaise pour eux comme pour le monde.
La réunion des Resha’im (les impies) est mauvaise pour eux comme pour le monde. »
Devant la « dispersion » de Tsadikim, de personnes dignes et respectables qui malheureusement ne sont pas en bon termes, Aharon faisait preuve d’amour du Shalom en oeuvrant afin de les réunir, puisque la réunion de telles personnes ne peut être que bénéfique pour eux comme pour le monde. Mais lorsqu’il constatait la « réunion » et la paix qui régnait parmi des Réshaim, des gens mécréants et ignobles, dont le but, l’objectif, et la principale activité de leur existence n’est que de créer et de propager le mal autour d’eux, devant une telle réunion, Aharon investissait toutes ses forces à « poursuivre » un tel Shalom, et à le briser. Et tout ceci pourquoi ? Parce qu’ « il aimait les gens et les rapprochait de la Torah ». Son amour du prochain, ainsi que sa forte volonté de le rapprocher de la Torah, poussait parfois Aharon à renoncer à son amour du Shalom, afin de nuire à l’union des Résha’im, dans le but de permettre aux gens de vivre une véritable vie de Torah.
Il en est de même pour Piné’has, devant la nécessité de « poursuivre » un Shalom entre deux personnes, qui pourrait nuire à l’ensemble du peuple, il agi dans le même état d’esprit que Aharon, son grand père paternel, qui faisait preuve aussi bien d’amour du Shalom, que de « poursuite » d’une forme nuisible de Shalom, dans le but de l’anéantir.
2) Le CV d’un vrai dirigeant spirituel
« … afin que l’assemblée d’Hashem ne reste pas comme un troupeau qui n’ont pas un berger à eux » (Bamidbar 27-17)
(Moshé Rabbenou prie Hashem afin qu’il nomme quelqu’un qui lui succèdera après sa mort.)
Question
Pourquoi Moshé emploie t-il une phrase aussi longue ? Il pouvait très bien dire « comme un troupeau sans berger » ? Pourquoi ajouter les termes « qui n’ont pas un berger à eux » ?
Il existe 2 sortes de bergers :
Le berger qui s’occupe uniquement de son propre troupeau, et le berger qui accepte gracieusement de s’occuper du troupeau des autres.
Le berger qui s’occupe uniquement de son propre troupeau, même s’il veille toujours à ce que ses bêtes aient de quoi manger, de quoi boire et de l’air frais, toutes ces attentions ne sont pas dirigées au profit des bêtes, mais vers son propre profit, puisque son troupeau représente pour lui une source de commerce, de laquelle il vit.
Ce qui n’est pas le cas du berger qui s’occupe gracieusement du troupeau des autres, et qui veille au bien être des bêtes, toutes ses attentions ne serviront que leur profit, et non le sien.
Moshé Rabbenou savait parfaitement que le peuple d’Israël ne resterai pas sans dirigent, et que seront nombreux ceux qui se précipiteront pour vaquer à un tel poste. Mais ce qui est malheureux c’est que généralement de tels postulants n’aspirent qu’à leur propre profit, se trouver une source non négligeable de subsistance, la recherche des honneurs, l’ambition personnelle etc …
C’est pour cela que Moshé Rabbenou prie Hashem non seulement pour qu’Il nomme un successeur, mais aussi pour que ce successeur soit un berger « à eux », un berger entièrement et exclusivement dévoué à leur cause et à tout ce qui les touche. Ceci afin que « l’assemblée d’Hashem ne reste pas comme un troupeau qui n’ont pas un berger à eux », c’est-à-dire, un berger de ce type qui ne se souci que de lui-même, n’est pas un berger à eux, mais ce sont plutôt eux qui sont à lui.
Prions Hashem pour que la Téfila de Moshé Rabbenou se réalise de nouveau, pour que « l’assemblée d’Hashem ne reste pas comme un troupeau qui n’ont pas un berger à eux » !!
3) La prise de conscience et les sacrifices – Paracha Pin’has
« Ordonne ceci aux Béné Israël et dis-leur: Mes offrandes seront constituées de ce pain qui se consume pour moi en délectable odeur, vous aurez soin de me les présenter en leur temps. Dis-leur encore: Ceci est le sacrifice que vous aurez à offrir à Hashem: des agneaux âgés d’un an, sans défaut, deux par jour, en sacrifice perpétuel. Un de ces agneaux, tu l’offriras le matin; le second, tu l’offriras vers le soir. » (Bamidbar 20-2,3,4)
Explication :
Il y a une ordonnance positive de la Torah d’offrir au Temple chaque jour de l’année un sacrifice appelé « Korban Tamid » (Sacrifice perpétuel ») 2 fois par jour.
Le Tsaddik Rabbi Israël de ROZZIN z.ts.l avait coutume de dire que même de notre époque où nous n’avons malheureusement plus le Temple, nous avons encore la possibilité d’accomplir cette ordonnance d’offrir 2 autres choses sur lesquelles la Torah exprime aussi une notion de « perpétuité ».
En effet, il existe un verset dans les Téhilim qui dit :
« Je me représente Hashem devant moi de façon perpétuelle. » (« Shiviti Hashem Lenegdi Tamid »)(Tehilim 16-8)
Il y a aussi un autre verset dans les Téhilim qui dit:
« Je suis conscient de mes péchés, et ma faute reste face à moi de façon perpétuelle » (« Ve’hatati Negdi Tamid »)(Tehilim 51-5)
Le fait de prendre conscience en permanence des ces 2 valeurs fondamentales de la Torah, qui sont la présence constante d’Hashem et la Téshouva, peuvent – d’une certaine manière – prendre la place du Korban Tamid !!
Histoire
Le Gaon Rabbi Ya’akov de LISSA z.ts.l – célèbre auteur du fameux Nétivot Ha-Mishpat – fut un jour de passage dans la ville de Brisk. Il fut accueilli par le Rav de la ville, le célèbre Gaon Rabbi Arieh KATSNELBOÏGUEN z.st.l réputé pour son assiduité phénoménale dans l’étude de la Torah au point où il n’avait même pas de moments fixes pour se nourrir ou pour dormir.
Lorsqu’arriva le moment du départ du Gaon de LISSA, celui-ci serra chaleureusement la main de son hôte le Gaon Rabbi Arieh KATSNELBOÏGUEN et lui dit :
« Je te souhaite que s’accomplisse sur toi le verset écrit dans la Parasha de Pin’has : deux par jour, en sacrifice perpétuel »
Le Gaon Rabbi Arieh KATSNELBOÏGUEN fut très surpris par les propos de son invité et lui demanda de s’expliquer.
Le Gaon de LISSA mit ses mains sur les épaules de son hôte et le rassura en souriant :
« Tu n’es pas sans savoir que le premier paragraphe du Shoul’han ‘Arou’h cite les propos du verset des Tehilim « Je me représente Hashem devant moi de façon perpétuelle. » (« Shiviti Hashem Lenegdi Tamid »). Tu sais aussi que le dernier paragraphe du Shoul’han ‘Arou’h cite les propos du verset de Mishlé : « …celui qui a le coeur content est perpétuellement en fête. » Je te souhaite donc que ces 2 activités perpétuelles ne se confondent pas en toi. Lorsqu’arrive le moment d’étudier, étudie, et lorsqu’ arrive le moment de te nourrir, nourris-toi ! »
Shabbat Shalom
Rédigé et adapté par Rav David A. PITOUN France 5774 [email protected]
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Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/
Initialement publié le 9 Juillet 2014. Mis à jour le 6 juillet 2020