L’amour inconditionnel – Rav Yoshiahou Yossef Pinto
L’amour inconditionnel
*
ברכה והצלחה
A notre maître Rav Boubli
Pour son précieux soutien, ses conseils et son dévouement inestimables à notre intention,
Que le mérite de nos maîtres se tienne à sa droite dans toutes ses œuvres, qu’il ne connaisse que la joie et la satisfaction de tous ses descendants, qu’Hachem lui donne une guérison totale et rapide afin qu’il puisse toujours nous guider
Amen.
Michaël et Jérémie.
Ce cours est en fait le premier chapitre du livre « Hazon Yoshiahou – Le code de la vie – Une lumière de Torah » (Tome 2) de Rav Yoshiahou Pinto Shalita
Nous vous suggérons d’étudier d’autres articles issus du livre sus-mentionné (du tome 1):
- Chapitre 1 : L’amour inconditionnel
- Chapitre 22 : Les jours entre les oppressions : s’éloigner de la colère
- Chapitre 23 : Les jours entre les oppressions : avec lui je suis en détresse
Nous vous suggérons d’étudier d’autres articles issus du livre sus-mentionné (du tome 2):
- Chapitre 1 : Chacun est dans l’obligation d’influencer et de rapprocher les cœurs
- Chapitre 2 : Efforcez-vous de tous vos moyens, de sorte que Hachem vous soutienne
- Chapitre 3 : Appréciation – où allez vous ?
- Chapitre 4 : Appréciation – une pensée juste avant le passage à l’acte
- Chapitre 5 : Grâce à l’appréciation, la mitsva est réalisée dans la perfection
- Chapitre 22 : Tu aimeras ton prochain comme toi même
- Chapitre 54 : Le mois d’av – le mois où l’on amoindrit la joie
- Chapitre 55 : Destruction. Des pleurs pour des générations
- Chapitre 56 : Souvenir de la destruction du Beth Hamikdach
- Chapitre 76 : Tou Béav la force de la joie
- Chapitre 117 : Juger favorablement – rendre méritant de l’intérieur et faire des remontrances de l’extérieur.
- Chapitre 121 : Le Saint Rabbi Its’hak Louria – Le Ari Hakadoch
« אהבה אמיתית היא ללא תנאים »
« Le véritable amour est celui qui ne dépend d’aucune condition » (L’amour inconditionnel)
Lorsque nous réfléchissons sur le comportement de Mordékhai Hayéoudi à travers l’histoire de Pourim, nous pouvons remarquer un point fort étonnant : en effet, nous voyons que Mordékhai fit pression sur Esther pour qu’elle parte rapidement chez le Roi Assuérus (sans y être conviée, mettant ainsi sa vie en péril) implorer sa miséricorde et la délivrance du peuple d’Israël du décret funeste d’Haman.
Or, une question se pose : voilà que le temps imparti jusqu’à la réalisation de ce décret est encore bien long. Pourquoi donc, Mordéhai eut il besoin de faire rentrer précipitamment la reine Esther dans une situation périlleuse pour que cette dernière intercède en faveur de son peuple ?
Nos sages répondent à cette interrogation à travers la parabole suivante : On raconte l’histoire d’un vieux père sage et expérimenté, ayant un fils qui tirait de l’orgueil de sa très belle réussite professionnelle et sociale. Ce jeune homme se vantait également d’avoir de très nombreux amis.
Un jour, son père lui déclara : “ Ne te vante pas si vite d’avoir comme tu le prétends beaucoup d’amis. Sache que me concernant, durant toute mon existence, je n’ai eu qu’un “demi-ami” (cette expression sera comprise dans notre exposé). Je suis persuadé que tu ne possèdes aucun ami !”. Néanmoins, le fils prétendait le contraire, se targuant d’avoir comme il le pensait de nombreux fidèles camarades, qui seraient d’ailleurs prêts à lui porter assistance et secours, au cas où il serait en proie à n’importe quel problème ou souffrance.
C’est alors que le père dit à son fils : “Vas vérifier, et tu constateras de toi même que tu ne possèdes aucun véritable ami.” Le fils rétorqua alors : “Comment dois-je procéder pour me convaincre de tes dires, père ?”
Son père lui répondit alors : “Fais l’acquisition d’un mouton, égorge-le, prends de son sang, et salit tes vêtements avec lui. Tu placeras alors ce mouton dans un sac, et tu partiras cette nuit chez tes amis, en leur faisant croire à travers tes habits tachés de sang, et du lourd sac que tu transportes, que tu as tué un homme, et que tu crains, par conséquent, d’être condamné à mort par les autorités du pays. Tu les imploreras alors de t’aider à sortir de cette fâcheuse affaire et de la mauvaise posture dans laquelle tu te trouves.
Ainsi, le fils agit, forcé de constater que tous ses amis, la peur au ventre, refusèrent catégoriquement de l’aider, et exigèrent même expressément de lui, de quitter au plus vite leur maison, ayant crainte qu’on ne les accuse de complicité au crime de leur camarade.
Sur ce fait, le fils déçu de ses connaissances, repartit chez son père et lui déclara tristement : “Père, je réalise maintenant la véracité de tes propos. En effet, aucun de mes amis n’a été prêts à m’aider, lorsque je leur présentai la situation fâcheuse dans laquelle je me trouvai.”
Son père lui dit alors : “A partir de maintenant, tu iras avec ton sac et tes vêtements souillés de sang chez mon “demi-ami” en lui demandant de t’accorder son aide. Après avoir obéi à son père, le fils constata en effet que non seulement le “demi-ami” de son père fit tout son possible pour faire disparaître les taches de sang de son vêtement, mais qu’il lui proposa également son aide pour le sauver de la “mauvaise passe” dans laquelle il se trouvait.
Une fois reparti chez son père et avoir vanté la gentillesse de son “demi-ami”, le fils fut tout de même troublé sur un point qu’il exprima en ces termes : “ papa, pour quelle raison appelles-tu cet ami qui m’est venu en aide ton “demi-ami”, et non un parfait ami ? N’a-t-il pas fait preuve d’un grand dévouement à mon égard, ne s’est-il pas sacrifié pour moi ?”
Et son père de lui répondre : “j’aimerais te raconter l’histoire de deux bons amis s’aimant très fort ; or jamais de leur vie, ils ne se rencontrèrent. En effet, leurs liens et amour réciproques ne découlaient que des lettres qu’ils s’envoyèrent régulièrement.
Or, voici qu’un jour, l’un des deux amis décida de voyager afin de rencontrer pour la première fois son cher compagnon. Ce dernier en fut très heureux et prépara à son égard tout le nécessaire pour le recevoir dignement.
Or, voici qu’après plusieurs jours où ils vécurent paisiblement ensemble, son hôte tomba très gravement malade au point d’être au seuil de la mort. Son camarade fit venir urgemment chez lui de nombreux médecins qui examinèrent le malade, mais aucun d’entre eux ne trouva de remède. C’est alors qu’un docteur avisé déclara : “ Cet homme est tombé malade à cause d’un puissant désir qu’il n’a pu assouvir !”. Le maitre de maison resta alors dans la chambre où reposait son ami et lui demanda : “Tu sais combien l’amour que j’ai pour toi est grand. Dis-moi, je t’en prie quel est ton désir que tu voudrais voir se réaliser, car je sais que de cela dépend ta guérison. Je ferai tout mon possible pour que tu sois rétabli”.
Et son ami alité de lui rétorquer : “ Dès mon entrée chez toi, j’ai vu ta belle fiancée, et mon désir fut de la prendre pour épouse. Voilà la raison pour laquelle je suis tombé malade, souffrant d’un amour impossible à assouvir, cette femme t’étant déjà réservée”. C’est alors que son camarade lui dit : “ ma fiancée est une orpheline que j’ai faite grandir sous mon toit, et que je me suis destiné à prendre comme épouse, cependant, l’amour sans borne que je te porte, m’invite à te dire de la prendre pour toi comme femme”. Lorsque le malade entendit cette merveilleuse nouvelle, il se leva brutalement de son lit et fut complètement guéri.
L’amour inconditionnel
Après plusieurs années, l’ami qui « donna » sa fiancée a son cher camarade, fit faillite et tomba dans une extrême pauvreté. Il se dit alors qu’il pourrait peut-être partir, chez son compagnon marié pour lui demander son aide. Cependant lorsqu’il arriva dans la ville où résidait son ami et sa femme, il fut pris de tristesse, de désespoir, et de honte, et se dit : “comment puis-je me présenter devant mon ami et son épouse pour leur demander leur aide matérielle, j’ai trop honte de tendre la main”.
Tout en songeant à cela, il vit soudain un individu malveillant tuant sur le coup son prochain et prendre aussitôt la fuite. La police arriva alors sur les lieux, alertée par les coups de feu entendus, et s’exclama : “ Tout porte à croire que vous êtes l’auteur de ce crime, n’est-ce pas !”
“Oui!”, répondit froidement l’homme qui se trouvait face au corps sans vie. Il préférait en effet être condamné à mort plutôt que de continuer à vivre très pauvrement et de demander la charité.
Après que les juges l’eurent condamné, il fut mené sur la place publique de la ville pour y être pendu. C’est alors que son cher et fidèle ami le vit, et décida sur le champ de léguer à travers un contrat qu’il signa sur place, tous ses biens à son camarade qu’on s’apprêtait à exécuter.
Il courut vers le bourreau et déclara haut et fort aux autorités présentes : “Ne le tuez pas ! Cet homme est étranger à notre ville, il n’a rien à voir dans ce crime !”
“En effet, c’est moi l’auteur du meurtre, je mérite donc la mort !”.
Lorsque son camarade prétendu coupable entendit cela, il répliqua : “c’est faux ! c’est bien moi le tueur !”. Tant et si bien que chacun voulant sauver son ami argumenta vigoureusement qu’il était bel et bien le meurtrier.
C’est alors que le véritable tueur sortant soudainement de la foule, avoua finalement sa culpabilité dans cette affaire. Il annonça en effet qu’il avait tué son créancier qui exigeait de lui de payer sa lourde dette. On pendit alors ce dernier et les deux amis furent aussitôt blanchis.
A travers cet évènement le père affirma alors à son fils : “un véritable ami est celui qui est prêt à donner sa vie pour son prochain, et ce, sans aucune condition (L’ amour inconditionnel), ni logique. Cependant, lorsqu’un homme aime son prochain par intérêt, sous certaines conditions et non de manière absolue (par exemple, jusqu’à être prêt à mourir pour lui), cet individu ne pourra être appelé que “demi-ami”, voire “quart d’ami”.
A travers ce principe, on peut saisir la raison pour laquelle Mordékhai exigea d’Esther de manière précipitée et sans aucune logique, un sacrifice total de sa personne. Ce don de soi ne dépendant d’aucune condition préalable, visait à sauver le peuple d’Israël.
En effet, certains commentateurs expliquent que ce sacrifice inconditionnel de la reine Esther, réveilla dans les mondes supérieurs ce qu’on appelle le רצון עליון (volonté supérieure : c’est à dire l’amour inconditionnel qu’Hachem porte à son peuple, quel que soit son comportement dans la Torah et les Mitsvot). Esther permit ainsi l’annulation du décret d’Haman, et le sauvetage d’Israël.
Que soit considéré comme sacrifice, tout effort inconditionnel déployé pour le retour du peuple d’Israël à la pratique des mitzvot, et que du ciel, Hachem nous octroie Sa bénédiction, afin d’entendre très prochainement d’excellentes nouvelles.
Amen
Cet article « L’amour inconditionnel » est particulièrement dédié à la Réfoua Chéléma de Rav Yoshiahou Pinto Ben Zharie
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