Le don de soi et Pessa’h Chéni (le second Pessa’h) – Rav Yoshiahou Pinto
La fête de Pessa’h / Pessa’h Chéni (Le second Pessah)
Le quatorze du mois de yar, occupe une place plus importante que les autres jours.
A l’époque du Beth Hamikdach, on avait la coutume de faire le second sacrifice de Pessah (Pessa’h Chéni). Celui qui avait été empêché et n’avait pas pu participer au premier, se rattrapait alors.
De même, les habitants de Tibériade sanctifièrent ce jour pour célébrer la mémoire de Rabbi Meir Ba’al Hannes.
Ce n’est pas pour rien que ces deux événements se retrouvent à la même date.
On sait que la deuxième possibilité de faire Pessah (Pessa’h Chéni) a été instituée pour ces hommes justes qui avaient pris en charge le cercueil de Yossef, qui étaient en tout état de cause, en raison de leur état d’impureté, dispensés du sacrifice de Pessah.
Ils ont agi avec abnégation afin de pouvoir réaliser la mitsva. C’est ainsi qu’a été instituée cette nouveauté du second Pessah (Pessa’h Chéni).
Pareillement, Rabbi Meir Ba’al Hannes, a mis sa vie en danger, afin de sauver de la prison et du déshonneur, la sœur de son épouse.
Et c’est à la suite de cette action que nous connaissons tous le secret de la courte prière de «Dieu de Meir, répondsmoi!». Elle renferme la puissance et la capacité de sauver en situation de danger.
Et pour quelle raison? Parce que Rabbi Meir a fait preuve d’abnégation pour sauver une fille d’Israël (Voir Avoda Zara 18a).
La Guemara rapporte (Meïla 17a) : que Rabbi Matiya fils de Harach a posé la question suivante à Rabbi Chimon fils de Yohaï dans la ville de Romi. «D’où apprenons nous que le sang des rampants est impur?»
Il lui répondit : «C’est d’après le verset (Vaykra 11, 29) : « C’est pour vous l’impur ».
Les élèves de Rabbi Matiya fils de Harach le questionnèrent : «Bar Yohaï est devenu sage». C’est qu’ils l’apprécièrent pour la réponse qu’il avait donnée.
Il leur répondit : «C’est un enseignement qui est établi dans la bouche de Rabbi Elazar fils de Rabbi Yossé, et c’est de lui que Rabbi Chimon Bar Yohaï l’a appris. Il ne l’a pas dit de sa propre opinion. Et Rachbi a appris cette règle en se rendant à Romi pour faire annuler le décret des Romains contre les habitants de la terre d’Israël».
Il faut comprendre pourquoi Rabbi Matiya a dit que cette halakha énoncée par Rachbi n’était pas de lui. A première vue, il s’agit ici d’un mépris pour lui.
Rabbi Matiya fils de Harach aurait dû se préserver de diminuer sa valeur devant ses élèves.
En réalité, Rabbi Matiya voulait faire comprendre à ses élèves qu’il existe deux méthodes pour obtenir des résultats sur les chemins d’Hachem.
Il y a la voie normale, celle où l’homme fait des efforts et parvient par ses efforts à des résultats, mais il y a aussi l’autre méthode, celle où on met sa vie en jeu, lorsqu’un homme se sacrifie pour la communauté. Il parvient alors à de grands résultats, et, par le mérite de son abnégation, il acquiert un haut niveau d’âme et obtient de nombreux résultats.
C’est l’allusion que Rabbi Matiya a donnée à ses élèves.
Rachbi est parvenu a obtenir son niveau et a affermi sa sagesse par l’étude, parce qu’il avait fait don de sa vie pour sauver la communauté d’Israël. Et bien que le décret fût terrible, il brava le danger consistant à aller à l’encontre du pouvoir. Il fit don de sa vie pour aller sauver le peuple d’Israël et faire annuler le décret funeste qui planait audessus de leur tête.
Et c’est par son abnégation qu’ll obtint de grands résultats.
C’est ainsi également que nous avons fait ce constat à propos du prophète Ovadia, qui était un converti en provenance d’Edom. Il a malgré tout atteint la prophétie, bien que la Présence Divine repose sur les personnes affiliées au peuple d’Israël.
Nos Sages ont dit dans la Guemara (Sanhédrin 39b) : «Rabbi Its’hak disait : « Pour quelle raison Ovadia atil mérité d’être prophète? C ‘est parce qu’il avait caché cent prophètes dans une grotte. Comme il est écrit (I Rois 18, 4) : “Ce fut lorsque Izévelle exterminait les prophètes d’Hachem, qu’Ovadia prit cent prophètes et les cacha, cinquante par caverne.”
Essayons de nous représenter la tâche qu’Ovadia s’était engagé à assumer.
Il devait nourrir cent prophètes en subvenant à leurs besoins quotidiennement. Il devait bien évidemment travailler dur pour ce faire, et dépenser beaucoup d’argent. Mais la difficulté la plus grande consistait dans l’illégalité de son action contre Izévelle et la volonté royale, car il se mettait en danger et risquait d’être démasqué et condamné à mort. Pendant toute la période pendant laquelle il a protégé et nourri les prophètes, il a encouru un grand danger. Et comme Ovadia a fait don de sa vie pour sauver les prophètes, il a donc mérité lui aussi la prophétie. Car lorsqu’un homme fait don de sa personne, il parvient d’un seul coup à à des niveaux supérieurs et puissants, même s’ils ne sont pas à sa taille et même s’il n’a pas fait d’efforts pour les atteindre.
Faire don de sa vie est le principe sur lequel se fonde le peuple d’Israël. C’est à partir du don de soi qu’à pu croître le peuple juif.
C’est ce que nous voyons chez Avraham Avinou, Lorsque le roi Og de Bachan, alla à sa rencontre, en tant que rescapé de la guerre entre les rois, pour lui apprendre que Loth, le fils de son frère, était captif, Avraham Avinou n’hésita pas une seconde et se prépara à combattre.Il savait qu’il se mettrait en danger, car il devait se battre contre quatre rois pour sauver Loth. L’intention d’Og était de pousser Avraham à aller se battre et à mourir sur le champ de bataille, ce qui lui eût permis de prendre Sarah pour épouse. Les dangers guettaient donc Avraham de toute part, de l’intérieur, avec Og et de l’extérieur, en raison des rois qu’il lui fallait combattre.Il sortit quand même et se mit en danger pour repousser les rois et leurs armées. Nos Sages ont dit en effet : (Béréchit Raba 39, 6) «Hakadoch Baroukh Hou dit à Avraham : « Tu as aimé la justice et haï le mal » (Psaumes 45, 8).
« Tu as aimé rendre justice à mes créatures, et tu as haï le mal, tu as refusé de les accuser.
C’est pourquoi : « Elohim ton Dieu a versé sur toi l’huile d’onction dans la joie, et t’a préféré à tes prochains. » Qui sont tes prochains? De Noah jusqu’à toi, ce sont dix générations à qui je n’ai pas adressé la parole, mais à toi, je t’ai parlé.» Cela signifie qu’Avraham Avinou, parce qu’il avait fait don de sa personne afin de «faire justice» aux hommes et de les plaider pour eux, de sorte qu’ils ne soient pas perdus par leurs péchés, a obtenu l’huile d’onction et a été choisi avant ses proches, en méritant que la Présence Divine et Hakadoch Baroukh Hou s’adressent à lui, ce que n’avaient pas obtenu ses prédécesseurs.
La force du don de soi d’Avraham Avinou, a pris racine et a imprégné dans les âmes du peuple d’Israël la force du don de leur vie pour la sanctification du Nom d’Hachem, et de tout ce qui touche à la sainteté.
Chaque individu doit se renforcer et faire don de sa vie pour tout ce qui touche à la sainteté, car le don de soi est un héritage que nous avons reçu de nos pères, et la force de résister à toutes les difficultés et les situations, en faisant don de sa vie pour Hachem et sa Torah, est scellé et gravé en nos âmes.
Cependant, l’homme doit exprimer les forces qui sont enfouies en lui, et lorsqu’il s’y affairera de toutes ses forces, il sera surpris de découvrir la grandeur des capacités dont il dispose, et qu’il est en mesure de faire don de sa personne pour la réalisation de la Torah et des commandements,afin de les appliquer à la lettre, puis, une fois qu’il aura fait don de sa vie, il pourra parvenir à atteindre des résultats élevés dans l’étude de la Torah et les mitsvots.
Que nous méritons tous Réussite et bénédiction, et une grande délivrance
Fin du cours : Le don de soi et Pessa’h Chéni
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