Dossier « lois de Pessa’h ».
4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées
Cinquième partie (Kitniot – Les légumineuses )
Hazon Ovadia et Yalkout Yossef – Yéhouda Berros
Kitniot – Les légumineuses
- 1. L’interdit du Hamets
- 2. La Mitsva de détruire le ‘hamets et l’interdiction d’en posséder (première partie)
- 2. La Mitsva de détruire le ‘hamets et l’interdiction d’en posséder (seconde partie)
- 3. Comment accomplir la Mitsva de détruire le ‘Hamets ?
- 4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (première partie – Hamets Gamour)
- 4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (seconde partie – Hamets Noukshé)
- 4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (troisième partie – Hamets Pagoum)
- 4. Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (quatrième partie – Ta’arovète Hamets)
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4) Les différentes catégories de ‘Hamets et les interdictions liées (Cinquième partie)
5) Les Kitniot – les légumineuses
Dans l’introduction du chapitre, nous avions expliqué qu’il y a des aliments, bien qu’étant non ‘Hamets, sont tout de même interdits durant Pessa’h : on parle ici des kitniot, des graines ou légumineuses.
En effet, dans la communauté Ashkénaze et certaines communautés Séfarades, il a été instaurée la coutume de ne pas en manger ; une coutume qui date depuis plus de dix siècles.
Il est à noter que, parmi les communautés séfarades, il y a souvent que certaines graines interdites et parfois on ne se prive que de riz uniquement.
Il est important de signaler qu’il n’y a uniquement que les 5 céréales (blé, orge, seigle, épeautre, avoine) qui ont la capacité de fermenter au contact de l’eau et devenir ‘Hamets, selon les critères de la Torah.
Cette coutume, devenue une Halakha est rapportée par Rabbi Moshé Isserlés (le Rama) dans le Choul’hane Aroukh (chap. 453 et 464).
a) Origine de la coutume ashkénaze
À l’époque des Richonim (il y a environ sept cents ans), on a commencé, dans les pays de l’Est, à s’abstenir de consommer des légumineuses (kitniot). Ce n’étaient d’abord qu’une minorité de communautés qui avaient l’usage de se l’interdire ; puis, en quelques générations, la coutume se répandit dans toutes les communautés ashkénazes.
Voici les raisons qui expliquent cette coutume :
- assez souvent, des graines faisant partie des 5 céréales se trouvent mélangées aux autres graines et il est très difficile de s’en apercevoir.
Bien entendu, en les cuisant ou en les mettant en contact avec de l’eau, on obtiendra du ‘Hamets sans le savoir.
Les surfaces agricoles où l’on cultive ces différentes graines ne sont pas obligatoirement éloignées les unes des autres. L’exploitation des champs s’effectue généralement avec les mêmes engins agricoles. Dans bien des cas, la commercialisation et la distribution des récoltes s’effectuent avec les mêmes locaux et avec les mêmes accessoires.
Tous ces facteurs favorisent le mélange des graines, et c’est pour éviter de tels risques que nos Maîtres sont intervenus pour nous éloigner de toute transgression.
- Il est habituel de produire des farines à base de certaines graines. Certaines personnes pourraient confondre les farines n’entraînant pas un processus de ‘Hamets avec celles provenant des 5 céréales. La fécule de pomme de terre n’est pas touchée par cette interdiction étant donné qu’elle n’est pas issue de graines.
- Dans le même ordre d’idée, certains de nos Maîtres font remarquer que les 5 céréales sont utilisées pour la fabrication de pains ou de plats cuisinés, au même titre que certaines graines permises.
- certaines graines n’entraînant pas un processus de ‘Hamets ont une grande ressemblance avec certaines graines faisant partie des 5 céréales. Ceci est valable notamment pour certains types de riz.
- Dans certains cas, la production des 5 céréales n’offre pas des graines charnues et celles-ci prennent l’apparence de graines permises.
- Certains décisionnaires incluent dans l’interdiction des kitniot, toutes les graines dont le stockage en tas est réalisé d’une façon plus ou moins identique à celui des 5 céréales.
- Certains décisionnaires incluent les graines de moutarde du fait qu’elles poussent sur des épis, ce qui rappelle fortement les 5 céréales.
b) Coutume séfarade à l’égard des Kitniot
- À l’époque des Richonim, toutes les communautés séfarades avaient coutume de consommer des légumineuses et du riz à Pessa’h. On veillait simplement à bien les trier, afin qu’il ne s’y mêlât point de céréales. C’est ainsi que Rabbi Yossef Caro écrit, dans le Beit Yossef (chap. 453), que personne n’a de telles craintes, hormis les Ashkénazes. Et telle est la coutume de la majorité des communautés séfarades.
- Toutefois, parmi les A’haronim, certains des grands décisionnaires séfarades écrivent que de nombreuses personnes, accomplies dans leurs actions et craignant Dieu, ont pris l’usage de s’abstenir de riz à Pessa’h, ce en raison d’un incident qui eut lieu : il arriva qu’après avoir trié du riz plusieurs fois, on trouva encore du blé dans le plat de riz qui fut cuisiné (Peri ‘Hadach, ‘Hida). C’est ainsi que l’on adopta, à Smyrne, l’usage de s’abstenir de riz (Lev ‘Haïm 2, 94).
Au Maroc également, nombreux sont ceux qui ont coutume de ne pas manger de riz pendant Pessa’h, ni de certaines autres légumineuses sèches.
De nombreuses familles, à Bagdad, s’abstenaient de riz à Pessa’h ; et à ceux qui en mangeaient, on prescrivait de le vérifier deux ou trois fois (Ben Ich ‘Haï, première année, 96, 41). Il est juste que chacun poursuive la tradition de ses pères ; mais en cas de doute, ou de difficulté à maintenir ladite tradition, il convient de poser une question à une autorité rabbinique.
- Il y a certaines épices, telles que le cumin, le curcuma et le fenugrec, auxquelles des céréales sont souvent mêlées ; sans inspection minutieuse, il est interdit de les consommer.
- De nos jours, où le riz est stocké dans des postes d’emballage de farines et de semoule, ceux qui ont coutume de manger du riz à Pessa’h doivent acheter des sacs de riz portant un certificat de cacheroute spécifique à Pessa’h, puis bien trier le riz trois fois (‘Ama Davar 1, 61).
c) Espèces incluses dans l’interdit des kitniot
Les aliments connus pour être interdits au titre des légumineuses sont les suivants :
- riz
- luzerne
- pois
- millet
- sorgho
- pois chiche
- fenugrec (‘hilba)
- graines de tournesol
- moutarde
- sarrasin (koussémet, à ne pas confondre avec l’épeautre, kousmin, qui est une céréale interdite à Pessa’h)
- cumin
- vesce
- haricot sec
- louf
- soja
- sapir
- lentille
- fève
- lupin (tramousse)
- pavot
- lin
- carvi (kerouya)
- chanvre
- haricot
- sésame
- graines de lupin
- maïs
- graines de trèfle
- tamarin (datte indienne)
- Les produits fabriqués à partir de ces kitniot sont, eux aussi, inclus dans l’interdit coutumier, tels que les cornflakes (pétales de maïs), la farine de maïs, ou les galettes de riz.
- Le safran (que l’on appelait autrefois karkom) est permis, de même que le curcuma (kourkoum). Mais quand il est à craindre que de la farine soit mêlée au safran, celui-ci est interdit.
- La moutarde et le lin ne sont pas des légumineuses, mais on a pris l’usage de les interdire parce qu’ils croissent sous forme de cosses, comme les légumineuses.
- L’aneth et les graines de coriandre ne sont pas des légumineuses, mais il faut bien les trier, car des grains de blé y sont fréquemment mêlés.
- Concernant les cacahuètes, les usages divergent.
À Jérusalem et dans de nombreux endroits, on s’abstient d’en manger (Miqraé Qodech 2, 60).
En Lituanie, on avait l’usage d’en manger. Dans le cas où l’on ne saurait pas quel était l’usage de sa famille à cet égard, on pourra en manger (Igrot Moché, Ora’h ‘Haïm III 63).
- La fécule de pomme de terre est autorisée à Pessa’h. Il n’y a pas lieu de dire que, au titre de la coutume interdisant les légumineuses, il faudrait interdire toute chose dont on fait de la farine ; en effet, seuls les produits que les grands Richonim ashkénazes avaient coutume d’interdire sont inclus dans la défense traditionnelle ; or il n’y avait pas alors de pommes de terre en Europe, si bien qu’elles échappent à l’interdit (Igrot Moché, Ora’h ‘HaïmIII 63).
- Concernant le quinoa, certains auteurs sont rigoureux, car il ressemble à une légumineuse ; d’autres sont indulgents, et estiment que l’interdit coutumier ne s’y applique pas, puisque ce n’est que dans la dernière génération que l’on a commencé à le consommer. De plus, ses graines sont beaucoup plus petites que celles des céréales, de sorte qu’on peut les en distinguer facilement. En pratique, l’opinion indulgente est principale, à condition de bien trier les graines ; ceux qui s’en tiennent à la position rigoureuse seront bénis pour cela.
d) Consommer et posséder des Kitniot
L’interdiction concernant les kitniot s’applique uniquement à la consommation.
Cette interdiction débute, d’après la plupart des décisionnaires, la veille de Pessa’h, au même moment où il est interdit de consommer du ‘hamets.
Il est donc permis d’en posséder ; il ne sera pas obligatoire de les détruire la veille de Pessa’h.
En cas de doute si tel ou tel produit fait partie des kitniot, il est conseillé de l’inclure dans le contrat de vente.