La force destructrice de la mauvaise parole Paracha Metsora – Réouven Carceles
Mauvaise parole Paracha Metsora
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Leilouy nichmat zari bat shoulika et ruth bat sarah myriam bat saada
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Dans la Paracha de la semaine (Parachat Metsora) la Torah nous dit : « Celle-ci sera la loi de celui atteint de tsara’ath au jour de sa purification, il sera amené au Cohen » (Lévitique chap. 14, 2).
Le Da’ath Zeqénim rapporte au nom des Sages (Arakhin 15b) en allusion sur le verset : « celle-ci sera la loi du lépreux » (zote torah hametsora), que les affections viennent à cause de la médisance, car le mot « metsora » (celui atteint de tsara’ath, la lèpre) peut se lire comme une forme contractée de « motsi chém ra », c’est-à-dire le calomniateur. Nous avions rapporté la semaine dernière le Kli Yakar, pour expliquer la gravité de cette faute au point que la personne qui dit du lachone ara contre son prochain, devra laisser pousser les cheveux de sa tête, ses vêtements seront déchirés, elle se couvrira le dessus de la lèvre pour expier le péché commis par la langue. La Guemara (Pessahim 67a), nous dit clairement qu’il devra être séparé hors des trois camps et personne ne pourra s’approcher de lui.
J’aimerais rajouter le midrach (vayikra Raba) qui remarque, qu’il est écrit cinq fois Vézote (celle-ci) dans la paracha, pour t’expliquer que c’est comme si la personne transgressait les cinq livres de la Torah. Comment est-ce possible ? A ce titre, le Rav Arntroi rapporte dans son livre Komets Hamin’ha, que tous les midrachim et livres de moussar nous expliquent que non seulement la médisance revêt la même gravité que les trois fautes les plus sérieuses (l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre) mais que le médisant rend sa bouche impure, au point que même les paroles de Torah et la prière qui émanent de sa bouche deviennent impures et tombent dans les mains des forces de l’impureté. Il y a lieu de se demander pour quelles raisons la Torah est si sévère par rapport à cette faute qui est pourtant une faute que l’on peut commettre facilement, sans même réfléchir ? Un homme dit du lachone ara parce qu’il n’estime pas la force de la parole à sa juste valeur ? Nous voyons qu’une telle sévérité ne se trouve pas à propos d’autres fautes, la Torah affirme même que médire son prochain revient à nier D, et donc sa Torah. Mais pourtant, nous voyons, certes, un grand nombre de gens critiquer autrui et rester en bonne santé sans nulle marque sur la peau ! Pourquoi ? Justement à ce propos la réponse de nos Sages est que la tsara’at mentionnée dans la Torah peut atteindre soit le corps soit l’âme, et que la tsara’at spirituelle dépasse en gravité la tsara’at physique. Comment comprendre cette notion ?
Nous avions rapporté dans la Paracha de la semaine dernière (tazria) le midrach Raba, qui dit : « il y a un homme qui faute sur terre et qui ne faute pas dans le ciel, il y a un homme qui faute dans le ciel et qui ne faute pas sur terre, et il y a le lachone ara qui fait fauter sur terre et dans le ciel », c’est-à-dire que le lachone ara a également la particularité d’être non seulement une faute terrestre et sociale, comme nous l’avons expliqué, mais aussi une faute céleste dont les implications montent très haut. La Guemara (Haguiga 4) nous dit sur le verset : « Car voici Il forme les montagnes et crée le vent, et dit à l’homme quelle est sa conversation ». Nos sages commentent : « Même une conversation légère entre un homme et son épouse, on la rapportera à l’homme au moment du jugement ». Quel est le rapport entre le début et la fin de ce verset ?
L’homme pourrait penser : quelle valeur peut donc avoir un mot, cette chose intangible et invisible ? Mais le prophète l’avertit : « regarde ! Voici il forme les montagnes » c’est-à-dire que D. a créé les hautes montagnes qui sont l’élément physique le plus élevé du monde, « et il crée le vent » dépourvu de consistance. Pourtant, ce vent impalpable et invisible peut déraciner des montagnes gigantesques. Le verset continue « et dit à l’homme quelle est sa conversation », c’est-à-dire la nature de la parole, bien qu’on ne la voit pas et qu’elle est immatérielle, elle est capable de détruire des mondes. En effet, nous voyons ici que, l’outil de la faute du lachone ara n’est donc pas le corps et les pulsions (l’élément physique le plus élevé de l’homme) mais l’esprit et la parole.
La Guemara (Sanhédrine 99b) nous dit que l’homme a été créé pour se fatiguer, les sages sur place nous précisent, la fatigue dans la parole de la Torah, c’est-à-dire que la qualité qui va l’élever en tant qu’homme au-dessus de tout, c’est le contrôle de la parole. C’est pour cela que si un homme va mal juger son prochain, lui garder rancune et utiliser sa force de parole qui est une force conséquente à sa néchama pour fauter, alors il va faire le contraire de ce pourquoi il a été créé. Et d’après notre développement, cela ressemble à un homme qui endommagerait son prochain non pas avec son poing, mais avec un livre de Torah (has véchalom), non seulement il a fait du mal à son prochain mais aussi dans le ciel, dans les endroits les plus honorables et les plus redoutables d’en haut !
A ce titre, le H’afets Haim dans son Chemirate Halachone parle des fautes dans la Torah qui ont une punition particulière ou une réparation spéciale dans le travail du beth hamikdache. Il explique qu’en fonction de la réparation d’une faute, on peut reconnaître la grandeur de la faute, sa nature et ses effets. En ce qui concerne le lépreux il est écrit que mis à part son isolement et son humiliation, le Cohen aspergera sur lui de l’huile, sept fois devant Hachem (chap. 14, 12). Le midrach, nous explique « devant Hachem », c’est-à-dire en face du kodesh hakodachim (saint des saints), ce qui nous montre que l’homme qui a dit du lachone ara a endommagé les sphères célestes jusqu’au kodesh hakodashim qui se trouve en haut, (comme nous le dit le Nefech Ha’haim que le beth hamikdash d’ici est le microcosme de celui du haut). Ainsi, puisque la racine de la parole est très élevée, lorsqu’on parle négativement et crée des disputes c’est au niveau du kissé hakavod et du kodesh hakodashim céleste que se situent les dommages (là où se trouve la racine de notre néchama).
Nous voyons donc que le lachone ara a une implication sur terre entre les hommes, puisqu’il vient empêcher l’harmonie et la paix dans nos rapports, mais aussi dans le ciel ; l’étincelle divine de parole qu’Hachem a donné à l’homme pour servir à l’étude de la torah, a servi pour être l’instrument du mal. Il a donc transgressé toute la Torah, et donc les cinq livres disent nos sages. Il est rapporté dans les livres saints, qu’aucune parole de l’homme ne se perd pas, elle plane dans l’air jusqu’à ce que les forces supérieures s’en emparent, les sages nous disent qu’un ange est debout près de toi pour écrire ce que tu dis. Si un homme ne se repent pas de son vivant, son âme ne sera pas autorisée à entrer dans le domaine des justes après sa mort. Tous le fuiront et se sépareront de lui, dans la quatrième salle céleste, appelée « sable mouvant » (Tehilim 40,3), il existe un endroit particulier appelé « néga tsara’at ». C’est là que sont gardées les âmes des médisants et elles y souffrent terriblement. Le Ora’h Lé’haim rapporte au nom des Sages que le seul remède à cela est l’étude de la Torah, et il guérira.
Le Hafets Haim nous dit qu’en gardant sa langue, on évite des milliers de fautes chaque année, et on y gagne des milliers de mérites. En effet si quelqu’un décide de surveiller son langage et s’abstient chaque jour de dire, par exemple, dix propos interdits, cela fera, annuellement, plus de trois milles paroles interdites qu’il aura réussi à ne pas exprimer. Le Gaon de Vilna (dans sa lettre) rapporte au nom du midrach, que le salaire qu’on reçoit pour s’être abstenu d’une seule parole interdite, mérite une lumière cachée qu’aucun ange ne peut se représenter et qui est au-dessus de leur compréhension, le midrach ne parle pas de se retenir pendant un mois, une semaine, ou une heure, mais pendant un instant seulement !
Shabbat shalom
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Fin de l’article « La force destructrice de la mauvaise parole Paracha Metsora – Réouven Carceles » mis en ligne 9 Avril 2020 et mis à jour le 21 Avril 2020.
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