Bérakha sur la matsa après Pessa’h – Rav Yoel Hattab
Matsa après Pessa’h
M.D : bonjour Rav, quelle est la différence entre les Sefaradim et les Achkenazim en ce qui concerne la Berakha de la Matsa après Pessah ?
Réponse : Il est rapporté dans le traité Berakhot (42a) qu’une préparation à base d’une pâte Kissnine, on dira dessus la bénédiction de Boré Miné Mezonot, et la bénédiction finale Al Hamé’hia. De cette manière tranche le Choulhan Aroukh (Siman 168 Halakha 6).
Mais de quoi s’agit-il ?
Le choulhan Aroukh rapporte plusieurs avis :
- une pâte fourrée au miel ou au sucre avec des noix ou des amandes et d’autres épices.
- une pâte pétrie avec du miel ou du sucre ou bien de l’huile ou d’autres épices, uniquement si le goût sucré est ressenti.
- une pâte dure et sèche, qu’elle soit pétrie ou non avec des aliments sucrés, et qu’elle soit croquante. Le Choulhan Aroukh tranche la Halakha comme tous les avis.
Cependant, si la personne y fixe son repas (en mangeant 216g de cette préparation), elle fera la bénédiction de Hamotsi et la bénédiction finale Birkat Hamazon. Le dernier avis (une pâte dure, sèche et croquante) c’est l’avis de Rabbénou Nathane auteur du Aroukh au nom de Rabbénou Haye Gaon. Le verset précise (Yehochoua 9, 5) : « … ils n’emportèrent comme provision que du pain dur et tout moisie », et Yehonathane ben Ouziel traduit le mot « sec » « Kissnine » Le Choulhan Aroukh se positionne aussi sur cet avis. Ainsi, en ce qui concerne la Matsa, étant donné qu’il s’agit d’une pâte dure et croquante, on fera dessus la bénédiction de Boré Miné Mezonoth et comme bénédiction finale Al Hamé’hia.
Il existe un Knesset Haguedola qui pense que la Matsa après Pessah garde son statut de pain, car elle n’est pas totalement dure. Mais le fait est, qu’aujourd’hui la Matsa est réellement dure. Mis à part cela, le responsa Beth David (Siman 70 Siman 83) pense qu’une pâte dure de manière générale sort du four et ensuite remis au four, afin qu’elle devienne encore plus dure. C’est différent les Matsot, car la pâte devient dure uniquement par sa finesse. Elle prendra donc, le statut de pain toute l’année. Mais le Hida contredit son avis et pense que l’on doit faire la bénédiction de Mezonoth. Mais il rajoute, qu’il est bien que chacun mange la Matsa durant un repas à base de pain. Le livre ‘Houkat HaPessah tranche aussi de faire dessus la bénédiction de Hamotsi pour une autre raison : étant donné que ces Matsot ont été fabriquées pour Pessah, leur statut reste le même qu’à Pessah. Rabbénou Zalman aussi pense que l’on doit faire la bénédiction de Hamotsi.
Mais la plupart des Poskim pensent, que l’on doit faire la bénédiction de Mezonot : le responsa Cheveth Halévi, le Guinath Vradim, le Gaon Mahari Sassone, le Gaon Harav Messas dans son responsa Chéméch Oumaguén (Vol.1 Siman 34), le responsa Vayomér Meir (Vol.2 Siman 69), le livre Pékoudat Eliezer et d’autres encore.
L’habitude des Achkénazim est de faire la bénédiction de Hamotsi même toute l’année.
Article mis en ligne le 13 Avril 2018 – Mis à jour le 28 avril 2019