Ayin Itshak – La bénédiction des arbres
Cours du Grand Rabbin D’Israël Rabbénou Itshak Yossef Chlita
La Bénédiction des arbres
Cours du Vendredi après-midi du Gaon Hagadol le Grand Rabbin D’Israel Rabbénou Itshak Yossef Chlita
Parachat Vayakhél-Pékoudé – Transcrit par Rav Yoel Hattab
La Bénédiction des arbres
Comme nous le savons, lorsqu’arrive le mois de Nissan, on fera la bénédiction des arbres. Doit-ont être strict est faire cette bénédiction le jour de Roch Hodech ? Que dira-t-on cette année que Roch Hodech tombe le jour de Chabbat ? doit-on être strict de faire cette bénédiction uniquement sur les arbres à l’extérieur de la ville ? Qu’en est-il des femmes ? voici les réponses à toutes ces questions
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Il est rapporté dans le traité bérakhot (43b) Celui qui sort au mois de Nissan et voit la floraison des arbres devra dire la bénédiction suivante :
ברוך אתה ה’, אלהינו מלך העולם, שלא חסר בעולמו כלום, וברא בו בריות טובות ואילנות טובות, ליהנות בהם בני אדם.
Tel est l’avis du Rambam (Chap 10 lois des Berakhot Halakha 13), du Tour et du Choulhan Aroukh (Siman 226). Nos sages ont institué cette bénédiction puisqu’il s’agit de quelque chose qui se renouvelle à chaque fois : un homme voit des arbres secs, et Hachem les fleurit à nouveau. Ce sont des fruits qui ne sont pas essentiels à la survie de l’homme, de même que le monde lui-même n’a pas besoin de ces fruits pour exister : ils sont présents pour que l’homme puisse en profiter. C’est pour cela d’ailleurs que cette bénédiction ne sera pas faite sur les légumes : ils ont un intérêt essentiel dans la vie d’un l’homme.
Le Raavia rajoute, que cette bénédiction pourra être dite plusieurs fois par an. D’autres pensent uniquement une fois dans l’année. L’avis du Raavia peut être expliqué que cette bénédiction pourra être dite une fois tous les 30 jours, dans le cas où la personne voit des arbres qui bourgeonnent. Mais la Halakha est tranchée qu’uniquement une fois par an cette bénédiction pourra être dite. Tel est l’avis du Mordekhai, du Hagaot Maïmone, du Sefer Haparnass. Le laps de temps pendant lequel on peut dire cette bénédiction se situe entre la fin du mois d’Adar et début du mois de Iyar.
S’empresser aux Mitsvot
Il est rapporté dans le Zohar (Parachat Balak p.196b) : lorsqu’une personne fait la bénédiction des arbres, il procure une très grande bonté aux âmes se trouvant à l’intérieur des arbres. Le Zohar développe l’importance des bénédictions, pour les âmes n’ayant pas eu le mérite de rentrer au Olam Haba. Ainsi, il conseille à ce que chacun fasse cette bénédiction le plus rapidement possible. Comme toute les bénédictions qu’une personne fait sur un fruit ou un aliment, que ce soit « Haetz » ou bien « adama », l’âme se détache des barrières qui l’empêchent de monter. Et grâce à cela, elles rentrent lavées et réparées, au Olam Haba. Ainsi on pensera à cette Mitsva et s’empressera de faire cette Berakha à Roch Hodech ou bien le lendemain.
Bérov Am Adrat Melekh
Il est bien que cette bénédiction soit dite en présence de dix personnes puisqu’il est écrit (Mishlé 14, 28) : Bérov ‘Am Hadrath Mélékh. Cependant, s’il n’y a pas de possibilité de faire la bénédiction avec dix personnes, il faudra s’efforcer de la dire, au mieux avec trois personnes, mais pas seul. Il est bien qu’un homme parmi l’assemblée dise la bénédiction à voix haute et le reste à voix basse. En effet, il est rapporté dans la Guemara Berakhot (53a), de cette manière une personne peut rendre quitte les autres, et c’est de cette façon qu’on accomplit Bérov Am adrat Melekh. Tel est l’avis du Choulhan Aroukh (Siman 298 Halakha 14), en ce qui concerne la bénédiction de Boré Méoré Haéch lors de la Havdala : un seul fait la bénédiction et rend quitte tout le monde. Tel est l’avis du Gaon miVilna en ce qui concerne la bénédiction des arbres. Par contre dans le cas où tout le monde ne sait pas penser à se rendre quitte, l’officiant dira la bénédiction à voix haute et les fidèles suivront à voix basse. Nous avons l’habitude de nous comporter de la sorte durant le jour de Kippour que l’officiant dise la bénédiction de « Chéhé’hiyanou » et les fidèles suivent à voix basse. Tel est l’avis du Magen Avraham (Siman 619 alinéa 3) et du Gaon Rabbénou Zalman. Le Hida lui-même dans les lois de la Havdala, tranche que toute personne souhaitant faire la bénédiction lui-même sur la Havdala, ce ne sera pas considéré comme une Berakha vaine. On ne pourra pas l’obliger à se rendre quitte de la Havdala par l’officiant. Tel est l’avis du Chalmé Tsibour et du Petah Hadévir ainsi que d’autres Aharonims. Cependant, si les fidèles savent se rendre quitte et l’officiant sait penser à rendre quitte, l’officiant lui-même fera la bénédiction et les fidèles seront quitte.
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Le Chabbat Et yom Tov
Il sera permis de faire la bénédiction des arbres le Chabbat et Yom Tov, puisqu’il n’y aura pas de crainte de peur qu’il oublie et coupe les fleurs des arbres. En effet, nos Sages n’ont jamais spécifié qu’en faisant la Bénédiction des arbres on pourrait avoir une telle crainte Le Roch précise bien qu’on ne rajoute pas de Gzerot, qui n’ont pas été spécifiées par nos Sages. Lekhathila, il sera préférable de faire cette bénédiction en semaine. Mais dans le cas où cela pourrait empêcher une partie du public à ne pas participer à cette Bérakha, car ils sont présents uniquement le Chabbat, on fera le Chabbat. Les Kabbalistes pensent que cette Berakha ne pourra pas être dites le Chabbat, à cause de l’interdit de Borére, trier (l’enveloppe où se trouve l’âme se détache et l’âme peut retrouver le Olam Haba). Mais les décisionnaires contemporains ont bien précisé qu’on n’aura pas crainte de cela. Nous avons mis à part cela une grande généralité : lorsqu’il y a une discussion entre les Kabbalistes et les Pashtanim (suivant la Halakha), la Halakha est tranchée comme les Pashtanim. Tel est l’avis du Réém il y a de cela 540 ans, et le Radbaz (500 ans), car la Torah a été donnée à tout le peuple (qu’il soit faible ou fort). Il en sera de même pour les Kolleman et les élèves de Yeshiva. Tel est l’avis du Chalmei Tsibour, du Hatam Soffer.
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Les femmes
Les femmes également diront la bénédiction des arbres au mois de Nissan (elles devront faire attention d’être séparées des hommes). En effet, il ne s’agit pas d’une Mitsva qui dépend du temps, car nos Sages fixèrent un mois spécifique, selon la nature ; la floraison étant fixée à cette période de l’année. De cette manière explique le Touré Evéne.
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A l’extérieur de la ville
Il est bien de faire cette bénédiction sur des arbres plantés dans des jardins et des champs se trouvant à l’extérieur de la ville. Cependant, s’il est difficile de sortir de la ville, quelle que soit la raison, la personne pourra faire cette bénédiction sur des arbres se trouvant à l’intérieur de la ville. De plus, s’il voit dans le jardin de son ami des arbres qui bourgeonnent, il pourra faire la bénédiction sans entrer dans le jardin (tant qu’il voit bien les arbres). Si son voisin le laisse rentrer c’est préférable qu’il rentre afin qu’il fasse la Bérakha le plus proche des arbres.
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Des arbres non fruitiers
Cette bénédiction devra être faite sur des arbres fruitiers, et non pas sur des arbres sur lesquels poussent seulement des fleurs. Cependant, s’il a fait cette bénédiction sur de tels arbres, il sera quitte à postériori et ne recommencera pas la bénédiction. Certains arbres font pousser des fruits mangeables, comme des Glands, mais l’arbre dans sa majorité n’est pas fruitier. Certains pensent qu’on ne pourra pas faire de bénédiction dessus, car la bénédiction dit « léhénot bahém béné Adam, pour que l’homme en profite » alors que là, l’arbre dans sa majorité n’est pas mangeable. Certains au contraire pensent que l’on pourra faire la bénédiction dessus. A priori, on sera plus exigeant et on ne fera pas de bénédiction sur de tels arbres. Mais si par contre la personne craint de ne pas pouvoir faire par la suite la bénédiction, il pourra faire la bénédiction dessus. Cette même discussion existe en ce qui concerne des arbres avec des fleurs roses, lesquelles sont utilisé pour des besoins pharmaceutiques.
En ce qui concerne le citronnier, si on y voit des fleurs, on pourra faire la bénédiction dessus, même si le fruit lui-même n’est pas mangeable seul, mais avec du sucre.
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Nombre d’arbres
Il faudra, à priori, faire la bénédiction sur deux arbres. Selon le Din strict, il pourra la faire même sur deux arbres de la même sorte. Celui qui fait cette bénédiction sur plusieurs sortes d’arbres, sera loué. Cependant, s’il fait la bénédiction sur un seul arbre, il sera quitte.
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Un enfant qui deviendra Bar-Mitsva
S’il devient Bar-Mitsva durant le mois de Nissane, il attendra de faire la Bérakha quand il arrivera à ce jour, car avant cet âge-là, il ne prend pas le statut comme une personne qui est dans l’obligation de faire cette bénédiction, mais uniquement par éducation. Il en sera de même s’il devient Bar Mitsva au début du mois de Iyar, s’il est sûr de trouver des arbres qui bourgeonnent encore. Mais s’il ne sait pas s’il en trouvera, il fera la bénédiction avant sa Bar Mitsva.
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Bénédiction sur des arbres greffés
Certains disent qu’il sera interdit de faire la bénédiction sur des arbres greffés d’une sorte à une sorte différente, puisque leurs existences va à l’encontre de la volonté d’Hachem. D’autres disent par contre, qu’il sera permis de faire la bénédiction sur de tels arbres, puisque c’est une bénédiction généralisée sur toute la création (et donc pas spécialement sur ces arbre). Bien que celui qui veut se tenir selon le second avis, on ne l’en empêchera pas, s’il pose la question à l’un de nous, on lui dira de ne pas faire la bénédiction, vu que la généralité nous dit Safék Berakhot Léhakel, en cas de doute sur une bénédiction on sera plus négligent (on ne fera pas la bénédiction).