La lecture de la Méguila d’Esther Chapitres 4 et 5 Commentaires et éclairages. Michel Baruch
Méguila d’Esther commentaires éclairages
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Pour accéder aux commentaires sur les chapitres de la Méguilat Ester :
- Introduction et chapitre 1
- Chapitres 2 et 3
- Chapitres 4 et 5
- Chapitres 6 et 7
- Chapitre 8
- Chapitres 9 et 10
בינו עמי עשו
La lecture de la Méguila d’Esther Commentaires et éclairages.
De Michel Baruch
Cette étude est dédiée à l’élévation de la Néchama de
Rohama Daisy Colette bat Ninette ז »ל
La lecture de la Méguila d’Esther Commentaires et éclairages Chapitre IV
*
Le jour même Mordé’hai est informé et se rend chez la reine :
וּמָרְדֳּכַי יָדַע אֶת כָּל אֲשֶׁר נַעֲשָׂה וַיִּקְרַע מָרְדֳּכַי אֶת בְּגָדָיו וַיִּלְבַּשׁ שַׂק וָאֵפֶר וַיֵּצֵא בְּתוֹךְ הָעִיר וַיִּזְעַק זְעָקָה גְדוֹלָה וּמָרָה :
Or, Mordé’hai, ayant eu connaissance de tout ce qui s’était passé, déchira ses vêtements, se couvrit d’un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers :
Le prophète Elihaou se dévoile à Mordé’hai et l’informe de ce qui se trame. Mordé’hai déchire ses vêtements et se revêt du cilice, cette déchirure ne ressemble pas à celle que pratique les endeuillés qui elle traduit le désespoir là où il n’y a plus rien à faire, c’est l’acceptation de la sentence divine. Celle que fait Mordé’hai traduit l’empressement, il enlève ses vêtements pour s’habiller du cilice, il met de la cendre sur sa tête pour s’investir totalement dans l’action du repentir. Au sujet de Yaakov il est dit: il déchira ses vêtements et mit le cilice, c’est-à-dire qu’il garda ses vêtements déchirés et rajouta au-dessus le cilice. Alors qu’ici il est dit il se vêtit du cilice, c’est à dire qu’il enleva les vêtements qu’il venait de déchirer et les remplaça par le cilice. A l’opposé de Yaakov qui n’espère plus rien de la Miséricorde divine, l’action de Mordé’hai est pleine d’espoir. Il sait que par un retour sincère vers Ha-Chem et une repentance parfaite tous les mauvais décrets seront annulés.
Les cris que pousse Mordé’hai sont d’une telle puissance qu’ils annulent les cris que poussa Essav en apprenant que Yaakov lui avait pris sa bénédiction , ces cris d’Essav firent un effet certain dans les cieux et donnèrent une force évidente aux ennemis d’Israël au cours des générations . N’oublions pas qu’Amalek est un de ses descendants !
Le cri de Mordé’hai est qualifié de véhément, puissant à cause de l’ampleur de la sentence et il est amer car il sait à présent qu’il en est la cause. Le cri que pousse Mordé’hai est bien plus fort que toutes les prières, il parvient au plus haut des cieux et réveille la Miséricorde absolue, celle de la conduite qui est en sommeil. Ce cri correspond au son du Choffar qui parvient à la cime des mondes, il arrive aux oreilles de la Mère Suprême, La Matrice de toute vie, afin qu’elle enveloppe de ses bontés ses enfants et les préserve de tous les maux.
וַיָבוֹא עַד לִפְנֵי שַׁעַר הַמֶּלֶךְ כִּי אֵין לָבוא אֶל שַׁעַר הַמֶּלֶךְ בִּלְבוּשׁ שָׂק :
Il arriva jusqu’aux abords de la porte du roi; car il ne pouvait s’approcher de la porte du roi revêtu d’un cilice :
Mordé’hai adopte l’attitude des pères de la nation, comme Yaakov il commence par la prière et le repentir avant d’envisager toute action.
וּבְכָל מְדִינָה וּמְדִינָה מְקוֹם אֲשֶׁר דְּבַר הַמֶּלֶךְ וְדָתוֹ מַגִּיעַ אֵבֶל גָּדוֹל לַיְּהוּדִי וְצוֹם וּבְכִי וּמִסְפֵּד שַׂק וָאֵפֶר יֻצַּע לָרַבִּים :
Et dans chacune des provinces, partout où parvinrent l’ordre du roi et son édit, ce fut un grand deuil pour les juifs, accompagné de jeûnes, de pleurs et de lamentations; la plupart s’étendirent sur un cilice et sur des cendres :
Là où les seigneurs des provinces dévoilèrent à leurs amis juifs la teneur du décret et sa gravité ce fut un deuil car les juifs se voyaient déjà perdus et sans espoir aucun. Le deuil est qualifié de grand car en général la douleur des endeuillés va en diminuant, le souvenir du défunt s’estompe et la peine s’amenuise. Ici la douleur et le deuil augmente plus les jours passent et le tourment devient de plus en plus pesant.
Cinq choses sont ici mentionnées, les jeunes sur l’ensemble de la population comme les pleurs et les lamentations mais le cilice et la cendre sur les grands de la communauté uniquement. Voir Taanit 15a.
וַתָּבוֹאנָה נַעֲרוֹת אֶסְתֵּר וְסָרִיסֶיהָ וַיַּגִּידוּ לָהּ וַתִּתְחַלְחַל הַמַּלְכָּה מְאֹד וַתִּשְׁלַח בְּגָדִים לְהַלְבִּישׁ אֶת מָרְדֳּכַי וּלְהָסִיר שַׂקּוֹ מֵעָלָיו וְלֹא קִבֵּל :
Les suivantes d’Esther et ses eunuques vinrent lui raconter la chose, et la reine en fut toute bouleversée. Elle envoya des vêtements pour les mettre à Mordé’hai, en enlevant son cilice; mais il ne les accepta point.
Esther comprend parfaitement l’intention de Mordé’hai, pourquoi il se présente devant la porte du roi comme il le fait. Elle sait aussi qu’il n’acceptera pas d’enlever son cilice pour enfiler les vêtements qu’elle lui envoie.
Son idée est de lui transmettre un message, de quelle manière vaincre les dangers et les menaces d’Amalek. Quelle est la meilleure stratégie à adopter. Il y a deux manières de vaincre le mal, la méchanceté de Essav, le cochon montre ses sabots fendus mais cache ses entrailles, il ne laisse pas apparaitre le fait qu’il ne rumine pas. Doit-on emprunter la manière de Yossef qui ne dévoile pas son mérite aux yeux de ceux qui l’entourent, qui cache ses forces spirituelles de sorte d’abattre les puissances de Essav qui sont elles aussi cachées. Ou bien agir comme Yéhouda qui laisse jaillir la lumiére éblouissante de ses mérites qui chassent tous ceux qui osent s’approcher dans l’intention de nuire, ils sont aveuglés par l’intensité de cette lumiére qui les chasse.
Mordé’hai a choisi la manière de Yéhouda alors qu’Esther lui propose celle de Yossef. En effet nos maitres disent que Yéhouda à sanctifié le Nom de D…en public de sorte que les quatre lettres du Nom de D…font partie de son nom. Yossef a lui sanctifié le Nom de D …dans la discrétion de sorte que uniquement le «Hé» du Nom lui a été rajouté: יהוסף.
וַיַּגֶּד לוֹ מָרְדֳּכַי אֵת כָּל אֲשֶׁר קָרָהוּ וְאֵת פָּרָשַׁת הַכֶּסֶף אֲשֶׁר אָמַר הָמָן לִשְׁקוֹל עַל גִּנְזֵי הַמֶּלֶךְ בַּיְּהוּדִים לְאַבְּדָם וְאֶת פַּתְשֶׁגֶן כְּתָב הַדָּת אֲשֶׁר נִתַּן בְּשׁוּשָׁן לְהַשְׁמִידָם נָתַן לוֹ לְהַרְאוֹת אֶת אֶסְתֵּר וּלְהַגִּיד לָהּ וּלְצַוּוֹת עָלֶיהָ לָבוֹא אֶל הַמֶּלֶךְ לְהִתְחַנֶּן לוֹ וּלְבַקֵּשׁ מִלְּפָנָיו עַלעַמָּהּ :
Mordé’hai lui fit part de tout ce qui lui était arrivé, de la somme d’argent que Hamann avait promis de verser aux trésors royaux, en échange du droit d’exterminer les Juifs. Il lui donna également une copie de la loi qui avait été promulguée à Suze appelant à leur extermination, afin de la montrer à Esther et de lui dire ce qu’il en était, de lui ordonner qu’elle se rende auprès du roi et qu’elle le supplie, qu’elle intercède devant lui en faveur de son peuple.
La demande que fait Mordé’hai à Esther soulève un problème, jusqu’à présent elle subissait malgré elle les relations avec le roi, mais si elle se présente à lui de sa propre initiative c’est elle qui suscite alors la relation. Mordé’hai est dans l’obligation d’insister lourdement pour qu’Esther se rende chez le roi. En effet elle lui fait dire que lui-même a enseigné que toute fille d’Israël qui aurait des relations volontaires avec un non juif, serait-ce pour sauver sa vie n’aurait plus d’attache dans les tribus d’Israël. Il lui ordonne d’y aller afin que cela lui soit compté comme l’accomplissement d’un ordre venant d’un maitre d’Israël. מצוה דרבנן בהוראת שעה .
La question qui reste à résoudre, comment Mordé’hai peut-il prendre une telle décision et obliger Esther à l’accomplir? Cette démarche est-elle vraiment indispensable? Ne peut-on pas nous contenter de prier, jeuner se lamenter, faut-il absolument en passer par là?
וַתֹּאמֶר אֶסְתֵּר לַהֲתָךְ וַתְּצַוֵּהוּ אֶל מָרְדֳּכָי כָּל עַבְדֵי הַמֶּלֶךְ וְעַם מְדִינוֹת הַמֶּלֶךְ יֹדְעִים אֲשֶׁר כָּל אִישׁ וְאִשָּׁה אֲשֶׁר יָבוֹא אֶל הַמֶּלֶךְ אֶל הֶחָצֵר הַפְּנִימִית אֲשֶׁר לֹא יִקָּרֵא אַחַת דָּתוֹ לְהָמִית לְבַד מֵאֲשֶׁר יוֹשִׁיט לוֹ הַמֶּלֶךְ אֶת שַׁרְבִיט הַזָּהָב וְחָיָה וַאֲנִי לֹא נִקְרֵאתִי לָבוֹא אֶל הַמֶּלֶךְ זֶה, שְׁלוֹשִׁים יוֹם :
Esther demanda à Hata’h de transmettre ceci à Mordé’hai : « Tous les serviteurs du roi et le peuple des provinces du roi savent que tout homme ou toute femme qui se rend auprès du roi et pénètre dans la cour intérieur sans avoir été convoqué, ne peut recevoir qu’un seul verdict, l’exécution. Seule la personne à laquelle le roi tend son sceptre d’or vivra. Or, cela fait maintenant trente jours que je n’ai pas été appelée chez le roi. »
Esther est bien évidement prête à se sacrifier pour sauver son peuple, elle ne cherche pas à justifier sa «lâcheté» par des raisons fallacieuses hvc.
Peut-on dire à l’un de commettre une faute pour que l’autre soit innocenté?
Esther expose ses arguments à Mordé’hai, d’une part le risque encouru par celui qui se présenterait dans la cour du roi sans y avoir été invité est la peine capitale.
D’autre part même si le roi lui tend le sceptre pour lui montrer combien il tient à elle le risque demeure. En effet tous les serviteurs du roi et le peuple des provinces savent que la peine encourue est la mort. L’exemption que ferait le roi pour Esther pourrait soulever des contestations, certains pourraient exiger un procès comme cela est déjà arriver à la reine Vachty.
D’autre part Esther explique que cela fait 30 jours qu’elle n’a pas été convoquée auprès du roi, cet éloignement dû à la période d’indisposition ne saurait durer, elle est certaine d’être très prochainement invitée à rejoindre le roi. Alors pourquoi prendre des risques inutiles?
וַיֹּאמֶר מָרְדֳּכַי לְהָשִׁיב אֶל אֶסְתֵּר אַל תְּדַמִּי בְנַפְשֵׁךְ לְהִמָּלֵט בֵּית הַמֶּלֶךְ מִכָּל הַיְּהוּדִים כִּי אִם הַחֲרֵשׁ תַּחֲרִישִׁי בָּעֵת הַזֹּאת רֶוַח וְהַצָּלָה יַעֲמוֹד לַיְּהוּדִים מִמָּקוֹם אַחֵר וְאַתְּ וּבֵית אָבִיךְ תֹּאבֵדוּ וּמִי יוֹדֵעַ אִם לְעֵת כָּזֹאת הִגַּעַתְּ לַמַּלְכוּת :
Et, Mordé’hai demanda de communiquer ceci à Esther : « Ne pense pas que tu échapperas au sort de tous les Juifs en te trouvant dans le palais royal. Car, si tu restes silencieuse à ce moment, le soulagement et le salut parviendront aux Juifs d’une autre source. Toi et la maison de ton père, vous serez perdus. Et, qui sait si à cet instant tu es parvenue à la royauté ? »
Il ne faut surtout pas comprendre ces paroles de Mordé’hai comme s’il soupçonnait Esther de ne pas vouloir agir et se sacrifier pour le salut du peuple hvc. Il répond en 1er à la question soulevée plus haut, peut-on dire à l’un de fauter pour qu’un autre soit sauvé ?
וכי אומרים לו לאדם חטאו בשביל שיזכה חבריך ? שבת ד. :
Il lui dit tu ne commets pas une faute pour sauver quelqu’un d’autre mais tu le fais pour toi-même. Car ne penses pas être à l’abri dans le palais du roi.
D’autre part il encourage Esther à agir de suite, c’est à l’instant où les choses se dévoilent qu’il est donné aux hommes de changer les décrets. Lui-même a déjà commencé à affaiblir les forces néfastes des ennemis d’Israël en élevant son cri amer. Il est évident pour Mordé’hai qu’on lui a dévoilé les choses parce que justement il est possible de les changer.
La question est par quel conduit va se produire le salut du peuple? Quel est celui qui sera investi de cette mission? Qui a été choisi par la Providence pour écrire Sa Volonté?
Il y a de nombreux moyens devant la Providence pour réaliser Sa Volonté, Mordé’hai le dit à Esther si tu refuses d’agir le salut proviendra d’ailleurs. C’est-à-dire qu’il y a une autre solution au problème, il y a une autre personne qui peut faire changer les choses, d’une toute autre manière. Comment les évènements se seraient-ils déroulés si Esther avait refusée d’accomplir les ordres de Mordé’hai? Quelle garantie a-t-elle que la Volonté de la Providence lui est dictée par Mordé’hai?
Il ne fait aucun doute que les évènements qui ont précédés ne sont pas fortuits, le choix de la nouvelle reine qui s’est porté sur une fille d’Israël de la qualité d’Esther est bien sur une preuve que la Providence gère l’histoire. Elle qui s’est cachée quatre ans durant pour échapper aux griffes de la «Toum’a» afin de préserver sa pureté et sa sainteté. Elle est prise malgré elle, contre sa volonté, elle a tout fait pour que le choix du roi et de ses fonctionnaires se porte sur une autre qu’elle. Bien évidement elle évite de susciter l’intérêt du roi pour ne pas être la cause d’une relation qu’elle subit comme une torture spirituelle.
Cependant il est dit qu’Esther trouvait grâce aux yeux de tous ceux qui l’approchaient, cette expression est dite à la forme passive, elle-même ne faisait rien pour cela au contraire, c’est le regard que les autres lui portaient qui voyaient en elle la grâce même. Ce don que la Providence lui octroie n’est pas vain, la place qui lui est accordée n’est pas gratuite, elle sait qu’elle a un rôle à jouer et une mission à remplir.
Le temps d’agir est arrivé, Mordé’hai lui dit que tout ce qu’elle a subit toutes ces années n’a de sens que si elle passe à l’action maintenant, sans tarder. Et qui sait si tu n’ait parvenue à la royauté que pour cet instant !
Toi et la maison de ton père, vous serez perdus. Et, qui sait si à cet instant tu es parvenue à la royauté ? »
Esther est la descendante du roi Chaoul qui laissa en vie le roi d’Amalek Hagag, il est la cause de la présence d’Hamann. C’est à Esther que revient le rôle de «réparer» l’erreur de son ancêtre. Les enfants sont la continuité de leurs pères, ברא קרעי דאבוה ils se doivent de redresser les torts et les conséquences néfastes dues aux erreurs des anciens. Mordé’hai lui dit si tu ne le fais pas tu causes un véritable dommage à la maison de ton père, Chaoul, saches que tu te dois d’atteindre la royauté et y faire les réparations nécessaires. Il s’agit bien sûr de la royauté de Chaoul, c’est uniquement en la réparant que toi Esther tu atteindras la royauté.
En effet jusqu’à présent le texte n’a pas encore qualifiée Esther de reine, la 1ere fois ou cette expression apparaitra est au chapitre 5 quand elle se présente dans la cour du roi et lors du banquet de vin, il est dit: Quand le roi vit Esther la reine debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux. ……Le roi lui dit: «Que t’arrives-t-il, Esther la reine?
וַתֹּאמֶר אֶסְתֵּר לְהָשִׁיב אֶל מָרְדֳּכָי : לֵךְ כְּנוֹס אֶת כָּל הַיְּהוּדִים הַנִּמְצְאִים בְּשׁוּשָׁן וְצוּמוּ עָלַי וְאַל תֹּאכְלוּ וְאַל תִּשְׁתּוּ שְׁלֹשֶׁת יָמִים לַיְלָה וָיוֹם גַּם אֲנִי וְנַעֲרֹתַי אָצוּם כֵּן:
Esther demanda de transmettre à Mordé’hai : « Va, rassemble les Juifs qui se trouvent à Suze et jeûnez pour mon salut. Ne mangez pas et ne buvez pas pendant trois journées, jour et nuit. Mes servantes et moi-même, nous jeûnerons également, de la même façon.
Esther accepte les directives de Mordé’hai, mais elle lui demande que le peuple(les juifs) de Suze se rassemble et fasse un jeune de 3 jours, 72 heures, jours et nuits. Elle aussi fera ce jeune avec ses suivantes et participera à ce repentir.
Cette demande d’Esther concerne la réparation de la faute commise par les juifs de Suze qui participèrent au fameux festin d’Ahach-Véroch qui ayant calculé les 70 ans de l’exil arrive à la conclusion que sa royauté sera éternelle, Ha-Chem n’a pas sauvé Israël la royauté perdue ne sera pas retrouvée. Les juifs en participant à ce festin confèrent à Ahach-Véroch le pouvoir sur leur propre destinée.
Comme nous l’avons déjà dit le concept même de l’exil est la dispersion, la notion de nation est perdue, les juifs ne sont plus que des individus qui n’ont plus d’autre souci que celui de leur subsistance. Le souci du bien-être général et de l’intérêt de la nation est mis en sommeil. C’est le sens du rassemblement qu’Esther demande, il s’inscrit dans la réparation, l’unité et la solidarité, l’harmonie du peuple, le souci de la nation! Le jeune de 3 jours agit de sorte que plus rien de ce que l’on a consommé reste dans le corps tout est alors éliminé. Voir Michna Ohalot 11,7.
Ce jeune de trois jours se fera jours et nuits, cette précision semble superflue pourquoi une telle répétition? Les 72 heures de jeune font allusion à la composition du Nom de valeur numérique 72 et à celui des 72 lettres qui traduisent la Bonté absolue, le motחסד a pour valeur 72. Le jour est une allusion certaine à la Torah écrite, la nuit fait référence à la Torah orale, c’est l’union des deux qui symbolise le rétablissement de la royauté.
Quand elle dit: «Jeunez pour moi»צומו עלי cette formule fait penser à celle employée par Ha-Chem au sujet de la réparation de la «faute», אמר הקב »ה הביאו כפרה עלי שמיעטתי את הירח (Houlin 60b) celle de la diminution de la lune. Pour consoler la lune d’avoir subi un décret arbitraire celui de sa réduction, elle est qualifiée de petit luminaire, Ha-Chem demande aux enfants d’Israël d’offrir un bouc expiatoire les jours de Roch Hodéch (le Korban Moussaf) comme il est dit: Et un bouc pour expiatoire, pour l’Éternel, à offrir indépendamment de l’holocauste perpétuel et de sa libation. Nombres 28,15.
וּשְׂעִיר עִזִּים אֶחָד לְחַטָּאת לַָה’ עַל עֹלַת הַתָּמִיד יֵעָשֶׂה וְנִסְכּוֹ:
וּבְכֵן אָבוֹא אֶל הַמֶּלֶךְ אֲשֶׁר לֹא כַדָּת וְכַאֲשֶׁר אָבַדְתִּי אָבָדְתִּי : וַיַּעֲבֹר, מָרְדֳּכָי וַיַּעַשׂ כְּכֹל אֲשֶׁר צִוְּתָה עָלָיו אֶסְתֵּר :
Puis, je me rendrai près du roi, en contrevenant à la loi et ce que je dois perdre, je le perdrai. » . Mordé’hai passa outre et il fit tout ce que Esther lui avait demandé :
Esther sait à présent qu’en se présentant devant le roi de sa propre initiative elle se rend inapte à cohabiter avec Mordé’hai, cette relation désormais caduque. Le mot « Et puis » ובכן fait une double allusion, la 1ere fait référence au Nom de valeur 72 בכן la Bonté absolue et totale, la seconde au Mazal Elion en effet le mot מזלא a pour valeur 78 il s’agit pour Esther de relier la destinée d’Israël qui se joue là à sa source la plus haute le lieu « du Vieux des jours » עתיק יומין.
Mordé’hai décréta les jours de jeunes comme l’a demandé Esther, ce qui les empêcha d’accomplir la fête de Péssah. Au sujet des trois jours de jeunes voir Rabbi Chlomo El-Kabets Ha-Lévy dans son livre sur la Méguila qui traite du problème à savoir si les trois jours étaient le 13,14,15 ou le 14,15,16. Manot Ha-Lévy.
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FIN de Méguila d’Esther commentaires et éclairages sur le chapitre IV
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La lecture de la Méguila d’Esther Commentaires et éclairages Chapitre V
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וַיְהִי בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי וַתִּלְבַּשׁ אֶסְתֵּר מַלְכוּת וַתַּעֲמֹד בַּחֲצַר בֵּית הַמֶּלֶךְ הַפְּנִימִית נֹכַח בֵּית הַמֶּלֶךְ וְהַמֶּלֶךְ יוֹשֵׁב עַל כִּסֵּא מַלְכוּתוֹ בְּבֵית הַמַּלְכוּת נֹכַח פֶּתַח הַבָּיִת :
Au troisième jour, Esther se revêtit de majesté et se tint dans le parvis intérieur du palais, face à la Salle du Trône. Le roi siégeait sur son trône royal, dans le palais, face à l’entrée.
Il n’est pas dit qu’elle revêtit les parures royales, de là nos maitres apprennent qu’il s’agit de l’esprit prophétique qui l’enveloppa. Le Zohar dit que la Majesté ceint les justes quand leur corps est totalement affaibli, c’est le souffle qui les maintient en vie. Et de suite il est dit qu’elle se tint dans le parvis devant le trône royal, il aurait dû dire qu’elle sortit de ses appartements et se rendit chez le roi.
Il est ici fait référence à la prière qu’elle éleva au Roi du monde, cette prière qui se compose de 4 parties qui permet l’ascension et la progression jusqu’à atteindre les cimes les plus hauts. Se parant de Majesté, la prière, elle se plaça debout dans la cour intérieur , il s’agit de la «Amida» que l’on adresse au Seigneur Tout Puissant en se tenant devant Lui au plus proche de Son Trône.
וַיְהִי כִרְאוֹת הַמֶּלֶךְ אֶת אֶסְתֵּר הַמַּלְכָּה עֹמֶדֶת בֶּחָצֵר נָשְׂאָה חֵן בְּעֵינָיו וַיּוֹשֶׁט הַמֶּלֶךְ לְאֶסְתֵּר אֶת שַׁרְבִיט הַזָּהָב אֲשֶׁר בְּיָדוֹ וַתִּקְרַב אֶסְתֵּר וַתִּגַּע בְּרֹאשׁ הַשַּׁרְבִיט :
Quand le roi vit la reine Esther debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux. Le roi tendit à Esther le sceptre d’or qu’il avait à la main. Esther s’en approcha et elle toucha l’extrémité du sceptre.
Il n’était pas nécessaire de dire qu’Esther se tenait debout dans la cour, nous savons déjà que la cour était face au trône, il suffisait de dire: Quand le roi vit Esther la reine, elle trouva grâce à ses yeux. De plus il aurait dû dire qu’elle trouva grâce devant lui comme il est dit plus haut: elle gagna les bonnes grâces et la bienveillance devant lui: חֵן וָחֶסֶד לְפָנָיו וַתִּשָּׂא: Pourquoi préciser qu’il tendit le sceptre qu’il tenait dans sa main, il suffisait de dire il lui tendit le sceptre.
Le verset tient à nous souligner que la prière d’Esther a bien été reçue par le Tout Puissant et de suite elle se réalise. Mais qu’avait demandé Esther dans sa prière? Elle implore le Seigneur de trouver grâce aux yeux du roi afin qu’il lui tende le sceptre et qu’elle reste en vie. Mais elle demande aussi que cela ne soit pas une grâce qui suscite le désir et de plus qu’elle réussisse dans sa mission et que le roi accède à sa requête. Elle trouva grâce à ses yeux quand elle se tenait au loin dans la cour, mais quand elle s’approcha le roi ne la trouvait plus si gracieuse que cela, il lui dit: que t’arrives-t-il reine Esther? Comme s’il s’inquiétait de sa santé, son visage trahissait la fatigue et la lassitude.
Le sceptre est la marque du pouvoir absolu, le roi l’utilise pour donner ses ordres, il ne le garde pas continuellement entre ses mains. Ici il est précisé que le sceptre était déjà dans sa main quand Esther se présenta et de suite il le lui tendit. Comme pour nous dire que cela est vraiment inhabituel et c’est d’ailleurs pour cela que la sentence encourue était la mort sauf cas exceptionnel si le roi tend le sceptre.
וַיֹּאמֶר לָהּ הַמֶּלֶךְ מַה לָּךְ אֶסְתֵּר הַמַּלְכָּה וּמַה בַּקָּשָׁתֵךְ עַד חֲצִי הַמַּלְכוּת וְיִנָּתֵן לָךְ : וַתֹּאמֶר אֶסְתֵּר אִם עַל הַמֶּלֶךְ טוֹב יָבוֹא הַמֶּלֶךְ וְהָמָן הַיּוֹם אֶל הַמִּשְׁתֶּה אֲשֶׁר עָשִׂיתִי לוֹ :
Le roi lui dit : « Que t’arrives-t-il, reine Esther ? Quelle est ta requête ? Même s’il s’agit de la moitié du royaume, elle t’est accordée ! ». Esther dit : « Si cela satisfait le roi, que le roi et Hamann viennent, aujourd’hui, au banquet que j’ai préparé pour lui. »
En voyant la reine de prêt, le roi s’aperçoit que la reine n’est pas bien, il s’inquiète de sa santé, il semble que quelque chose de très grave la tourmente. Il est pleinement conscient qu’elle a pris de très grands risques pour venir jusqu’à lui. Il lui demande alors qu’elle est ta requête? Tout ce que tu demanderas te sera accordé jusqu’à la moitié de l’empire.
Quand le roi dit qu’il lui accordera jusqu’à la moitié de l’empire, cette expression est une marque d’amour et de très grande considération. En effet l’obligation d’aimer son prochain est délimitée par la fin du verset comme soi-même, c’est-à-dire jusqu’à la moitié de soi. C’est le sens même du mot «Amour» אהבה qui signifie donner pour faire un avec l’être aimé. Il ne peut y avoir un amour de l’autre qui dépasserait son propre être. Comme dit le verset: Quand un homme donnerait toute la fortune de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que du dédain: Cantique 8,7. בּוֹז יָבוּזוּ לו בָּאַהֲבָה הוֹן בֵּיתו כָּל יִתֵּן אִישׁ אֶת אִם
Le seul cas ou l’amitié dépassait l’amour de soi est celle entre David et Yéhonathan le fils de Chaoul qui est qualifié d’exceptionnel, il émane de l’amour des matriarches Ra’hel et Léa qui étaient prêtes à se sacrifiées pour l’autre. Ra’hel s’est totalement effacée pour sa sœur et Léa à tout fait pour que Ra’hel ait au moins deux garçons. En effet Yéhonathan était prêt à céder à David l’ensemble du royaume, qu’il règne et lui sera son serviteur. Comme il est dit: נִפְלְאַתָה אַהֲבָתְךָ לִי, מֵאַהֲבַת נָשִׁים. Samuel II 1, 26.
Cependant tout homme se doit d’honorer son épouse plus que son propre corps.
Esther invite le roi à un banquet de vin et y convie aussi Hamann. Elle ne s’empresse pas de formuler sa requête, elle prend son temps. Quel est le sens de cette invitation? Pourquoi ne pas exposer le problème dans une réunion «de travail» dans un bureau ou dans un salon à tête reposée?
Le roi sait bien qu’elle a une requête à lui demander, comme nous l’avons dit plus haut, cependant , Esther présente les choses de sorte que sa requête prend la forme d’une invitation à une réception organisée en son honneur. Tout est déjà bien préparé pour honorer le roi et si c’est ainsi il ordonne qu’immédiatement on aille chercher Hamann afin de donner satisfaction à la reine.
Le verset dit: que le roi et Hamann viennent, aujourd’hui, au banquet que j’ai préparé pour lui. Aujourd’hui, c’est le 15 Nissan le 1er jour de Péssah, c’est en ce jour que s’est dévoilé au monde la conduite miraculeuse du Nom de quatre lettres. Le Rav Ha-Ari zl enseigne que dans ce verset apparait ce Nom dans les 1eres lettres des mots suivants: יָבוֹא הַמֶּלֶךְ וְהָמָן הַיּוֹם :
La reine a déjà obtenue une faveur énorme du roi quand il lui tend le sceptre, il ne convient pas de formuler une nouvelle demande immédiatement. Elle utilise alors le stratagème du banquet pour contourner cette difficulté.
Toutefois l’idée profonde qui est enfouie dans cette invitation est d’une part la réparation du festin d’Ahach-Véroch et d’autre part soumettre la puissance du roi à la Kédoucha. En effet quand les juifs participent au festin ils se soumettent et confèrent la force au roi de les dominer. Quand Ahach-Véroch s’invite à la table d’Esther il lui rend ce pouvoir et se laisse dominer.
וַיֹּאמֶר הַמֶּלֶךְ מַהֲרוּ אֶת הָמָן לַעֲשׂוֹת אֶת דְּבַר אֶסְתֵּר וַיָּבֹא הַמֶּלֶךְ וְהָמָן אֶל הַמִּשְׁתֶּה אֲשֶׁר עָשְׂתָה אֶסְתֵּר :
Le roi déclara : « Dites à Hamann qu’il se dépêche d’accéder à la demande d’Esther ! »
Il ne dit pas dépêchez Hamann qu’il vienne au banquet d’Esther, mais qu’il fasse la volonté d’Esther. Le roi comprend que puisque le banquet est déjà prêt, Esther s’est empressée de tout préparer, il convient donc de lui donner satisfaction le plus vite possible. C’est Ahach-Véroch qui est à présent pressé de faire plaisir à Esther, de sorte qu’il presse à son tour Hamann. Ils se présentent tous deux à ce festin afin d’entendre enfin la requête de la reine.
וַיֹּאמֶר הַמֶּלֶךְ לְאֶסְתֵּר בְּמִשְׁתֵּה הַיַּיִן מַה שְּׁאֵלָתֵךְ וְיִנָּתֵן לָךְ וּמַה בַּקָּשָׁתֵךְ עַד חֲצִי הַמַּלְכוּת וְתֵעָשׂ : וַתַּעַן אֶסְתֵּר וַתֹּאמַר שְׁאֵלָתִי וּבַקָּשָׁתִי אִם מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֵי הַמֶּלֶךְ וְאִם עַל הַמֶּלֶךְ טוֹב לָתֵת אֶת שְׁאֵלָתִי וְלַעֲשׂוֹת אֶתַּקָּשָׁתִי יָבוֹא הַמֶּלֶךְ וְהָמָן אֶל הַמִּשְׁתֶּה אֲשֶׁר אֶעֱשֶׂה לָהֶם וּמָחָר אֶעֱשֶׂה כִּדְבַר הַמֶּלֶךְ :
Pendant ce festin de vin, le roi dit à Esther : « Quelle est ta demande ? Elle te sera accordée. Quelle est ta requête ? Même s’il s’agit de la moitié du royaume, ce sera fait. » Esther répondit et déclara : « Voici ma demande et ma requête. Si j’ai trouvé grâce aux yeux du roi, s’il est agréable au roi de satisfaire ma demande et d’accéder à ma requête, que le roi et Hamann viennent au festin que je préparerai pour eux. Et, demain, j’accomplirai la demande du roi. »
Bien installé au banquet de vin le roi réitère sa question à Esther, quelle est ta demande, elle te sera immédiatement accordée, quelle est ta requête jusqu’à la moitié de l’empire elle sera satisfaite. Le roi fait honneur à la table qu’Esther lui a préparée, il veut lui montrer qu’elle est chère à ses yeux, il la sert afin qu’elle boive avec lui ce qui traduit l’attachement et l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. C’est de ce partage que le roi questionne la reine afin qu’elle sache que quelle que soit sa demande cela lui sera octroyé. Esther lui répond que la demande et la requête sont totalement liées, le roi doit accéder aux deux, elles sont indissociables.
Elle lui dit deux choses, si j’ai trouvé grâce aux yeux du roi, il s’agit de la demande qui concerne Esther elle-même, afin qu’elle ait la vie sauve. Et s’il est agréable au roi de satisfaire ma demande et d’accéder à ma requête, il s’agit d’annuler le décret sur Israël.
Le concept de « demain » :
Elle invite le roi et Hamann à un nouveau banquet : « que je préparerai pour eux et demain je j’accomplirai la demande du roi », cette demande du roi est de lui dévoiler le problème qui tourmente Esther.
Pourquoi repousser cela à demain ce que l’on peut accomplir le jour même ? La stratégie qu’Esther applique est étonnante, le roi est de bonne humeur, il est impatient de satisfaire la reine, le moment est propice pourquoi ne pas l’exploiter ?
Nous retrouvons ce concept du « Lendemain » dans la guerre contre Amalek, Moché dit à Yéhochou’a : Choisis des hommes et sors combattre Amalek, demain je me tiendrai au sommet de cette colline, le bâton de D…à la main. » Yéhochou’a exécuta ce que lui avait dit Moïse, il livra bataille à Amalek, tandis que Moïse, Aaron et Hour montèrent au haut de la colline. Cet ordre de Moché est étonnant, il lui ordonne de suite de rassembler les hommes capables de combattre et d’aller à la bataille, puis il ajoute demain je serai au sommet de la colline …. Cela signifie que la bataille doit se dérouler demain, mais au verset précèdent il est dit que Amalek a déjà commencer la guerre. Nos maitres soulignent que ce verset « demain » supporte deux lectures ; il peut se rattacher à ce qui précède comme à ce qui suit.
וַיָּבֹא עֲמָלֵק וַיִּלָּחֶם עִם יִשְׂרָאֵל בִּרְפִידִם : וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה אֶל יְהוֹשֻׁעַ בְּחַר לָנוּ אֲנָשִׁים וְצֵא הִלָּחֵם בַּעֲמָלֵק מָחָר אָנֹכִי נִצָּב עַל רֹאשׁ הַגִּבְעָה וּמַטֵּה הָאֱלֹהִים, בְּיָדִי : וַיַּעַשׂ יְהוֹשֻׁעַ כַּאֲשֶׁר אָמַר לוֹ מֹשֶׁה לְהִלָּחֵם, בַּעֲמָלֵק וּמֹשֶׁה אַהֲרֹן וְחוּר עָלוּ רֹאשׁ הַגִּבְעָה :
En effet le concept même de la guerre qu’Israël doit livrer contre Amalek s’inscrit dans cette notion de « Demain » qui est la projection dans un temps différent du temps présent. Le temps présent est celui des 6 mille ans, des six jours de l’action, les six jours de la semaine ou se mêlent le saint et le profane, parfois l’un prend le dessus et entraine l’autre dans la faute et les dérives, c’est la Touma ’a qui règne alors. Le concept du « demain » est celui ou la sainteté est maitresse, elle règne en ce monde sans partage, là, Amalek n’a plus aucune place.
La guerre contre Amalek se livre sur deux niveaux , celui de Yéhochou’a d’une part, le combat physique et celui de Moché au sommet de la colline le bâton de D en main les bras levés au ciel, la victoire sur le champs de bataille n’est que la conséquence de la victoire de l’autre bataille que livre Moché dans les cieux.
Mais tout cela dépend du travail effectué « aujourd’hui » comme l’ordonne Moché : Choisis pour nous des hommes et sors livrer bataille », de suite sors combattre, c’est-à-dire que la guerre commence de suite. C’est l’ordre que donne Mordé’hai à Esther d’agir immédiatement. Et demain tu livreras bataille.
Cette Paracha est une référence claire à l’histoire de Pourim, Amalek livre déjà bataille, c’est Hamann qui obtient d’Ahach-Véroch le droit d’exterminer Israël. Le mot « Birfidim » בִּרְפִידִם a la même valeur numérique que פורים 336 qui est la même que : המן עמלק. Si ce mot prend un « Yod » supplémentaire il a pour valeur 346 = שמו =רצון=משה +1 de sorte que Amalek vient combattre le Nom, La Volonté, le conduit par lequel se déversent les flux de sainteté, c’est Moché.
Moché ordonne à Yéhochou’a «choisis des hommes», Mordé’hai ordonne à Esther d’agir et c’est le lendemain qu’il sera au sommet de la colline avec le bâton de D , la force de la Torah en main, les bras levés au ciel, la prière le jeune et le repentir qui feront basculer le sort.
Pour vaincre aujourd’hui Amalek il est nécessaire que le concept de « demain » soit associé à cette bataille.
וַיֵּצֵא הָמָן בַּיּוֹם הַהוּא שָׂמֵחַ וְטוֹב לֵב וְכִרְאוֹת הָמָן אֶת מָרְדֳּכַי בְּשַׁעַר הַמֶּלֶךְ וְלֹא קָם וְלֹא זָע מִמֶּנּוּ וַיִּמָּלֵא הָמָן עַל מָרְדֳּכַי חֵמָה :
Ce jour-là, Hamann s’en alla content et heureux. Puis, quand Hamann vit Mordé’hai à la porte du roi, que celui-ci ne se dressa pas, ne bougea pas devant lui, Hamann s’emplit de colère contre Mordé’hai.
Il semble qu’Hamann est en ce jour au plus haut, il est à l’apogée de son pouvoir et de sa réussite. A la seule vue de Mordé’hai tout son plaisir est gâché. Son orgueil en prend un coup. L’attitude d’Hamann est enfantine, l’effet que lui fait Mordé’hai est dérisoire, pourquoi en souffre-t-il autant ? En effet un homme qui est à la plus haute des fonctions qui évolue dans les sphères du pouvoir, qui se considère lui-même comme un « être d’exception », celui-là même est touché au plus profond de son être par l’attitude d’un simple homme, d’un « moins que rien » ? Cela est vraiment étonnant.
La vérité est qu’Hamann est un tout petit homme, il se comporte comme un enfant et c’est lui-même qui confère à Mordé’hai une importance que lui-même ne recherche pas. Cette attitude est qualifié par nos maitres de : flux enfantins, מוחין דקטנות c’est-à-dire que parfois un homme accède aux plus hautes fonctions, on lui accorde des flux et des énergies, des forces pour qu’il puisse remplir son rôle pour le bien de tous et lui qu’en fait-il? Il les réduit à sa petite personne, la fonction est un vêtement qui est bien grand, la destinée de nombreuses personnes en dépend, prendre fonction signifie se grandir à la mesure du vêtement de cette fonction. Hamann lui, a réduit le vêtement à sa petite dimension, il ne voit le monde qu’à travers lui-même, comme un enfant qui pense que tous sont à son service. C’est la raison pour laquelle il est tellement sensible à l’attitude de Mordé’hai et c’est cela même qui va le mener à sa perte. Mordé’hai lui, ne voit même pas Hamann, la dimension de Mordé’hai est telle qu’il ne se préoccupe pas de la petitesse des gens, il se trouve dans le concept de l’intérêt général, il est au service de D …et du peuple d’Israël, c’est un grand homme !
וַיִּתְאַפַּק הָמָן וַיָּבוֹא אֶל בֵּיתוֹ וַיִּשְׁלַח וַיָּבֵא אֶת אֹהֲבָיו וְאֶת זֶרֶשׁ אִשְׁתּוֹ. וַיְסַפֵּר לָהֶם הָמָן אֶת כְּבוֹד עָשְׁרוֹ וְרֹב בָּנָיו וְאֵת כָּל אֲשֶׁר גִּדְּלוֹ הַמֶּלֶךְ וְאֵת אֲשֶׁר נִשְּׂאוֹ עַל הַשָּׂרִים וְעַבְדֵי הַמֶּלֶךְ. וַיֹּאמֶר הָמָן אַף לֹא הֵבִיאָה אֶסְתֵּר הַמַּלְכָּה עִם הַמֶּלֶךְ אֶל הַמִּשְׁתֶּה אֲשֶׁר עָשָׂתָה כִּי אִם אוֹתִי וְגַם לְמָחָר אֲנִי קָרוּא לָהּ עִם הַמֶּלֶךְ. וְכָל זֶה אֵינֶנּוּ שֹׁוֶה לִי בְּכָל עֵת אֲשֶׁר אֲנִי רֹאֶה אֶת מָרְדֳּכַי הַיְּהוּדִי יוֹשֵׁב בְּשַׁעַר הַמֶּלֶךְ :
Hamann parvint à se contenir, rentra chez lui, fit appeler ses amis et son épouse Zeréch. Hamann leur fit part de sa glorieuse puissance et de ses nombreux fils, de tout ce que le roi avait fait pour l’élever et le placer au-dessus des ministres et des serviteurs du roi. Puis, Hamann dit : « En outre, avec le roi, la reine Esther n’a invité que moi à la fête qu’elle a préparée. Demain également, je suis convié à son festin, avec le roi. Mais, tout cela est sans valeur pour moi tant que je vois Mordé’hai le Juif siégeant à la porte du roi ! »
Ce discours qu’Hamann tient devant ses proches exprime clairement la petitesse de sa personne! Il ne parle que de lui ! Il ne voit que lui-même! De sorte qu’il réduise l’influence de D …à son unique personne, pour son unique intérêt, il ne prend aucune hauteur, il est loin de comprendre le rôle d’un homme d’état qui ne doit chercher que l’intérêt et le bien-être de l’ensemble de son peuple. Comme nous l’avons dit il réduit les influences, il suscite la rigueur qui va s’abattre sur lui. Nos maitres dans le Zohar comparent les hommes qui le jour de Roch Ha-Chana et de Kippour ne prient que pour eux-mêmes, ils demandent à D…donne nous la santé! Donne-nous la vie! Donne-nous la subsistance! Ils aboient comme des chiens ils disent « Hav ». En effet le mot donne se dit en araméen « Hav », le chien est le symbole d’Amalek qui aboie pour qu’on s’occupe de lui. A la sortie d’Egypte le verset dit que les chiens se sont abstenus d’aboyer, c’est-à-dire que les puissances de l’égoïsme ont été réduites et muselées, quand le « Projet divin » s’exprime dans toute sa puissance il n’y a plus de place pour l’aboiement des chiens et de l’individualité. Le Rav Ha-Ari zl révèle que de ce dernier verset apparait une combinaison du Nom de quatre lettres qui traduit justement la rigueur et le jugement, la réduction des flux qui entrainera la perte immédiate d’Hamann.
וְכָל זֶ ה אֵינֶנּ וּ שֹׁוֶ ה לִ י בְּכָל עֵת אֲשֶׁר אֲנִי רֹאֶה אֶת מָרְדֳּכַי הַיְּהוּדִי יוֹשֵׁב בְּשַׁעַר הַמֶּלֶךְ :
Le Nom apparait des dernières lettres, cette composition souligne le jugement fort car les lettres féminines, en l’occurrence les deux « Hé » précèdent les lettres masculines « le Yod et le Vav »comme pour nous dire que le receveur se refuse et se referme sur lui-même il n’accepte pas les flux que lui envoie le donneur. C’est exactement l’attitude d’Hamann qui en réduisant son rôle à sa petite personne se refuse et se referme sur lui-même, il est déjà retranché de la source de vie. Cet évènement se produit de l’oublions pas le 1er jour de Péssah, le jour où les chien n’ont pas aboyés.
וַתֹּאמֶר לוֹ זֶרֶשׁ אִשְׁתּוֹ וְכָל אֹהֲבָיו יַעֲשׂוּ עֵץ גָּבֹהַּ חֲמִשִּׁים אַמָּה וּבַבֹּקֶר אֱמֹר לַמֶּלֶךְ וְיִתְלוּ אֶת מָרְדֳּכַי עָלָיו וּבֹא עִם הַמֶּלֶךְ אֶל הַמִּשְׁתֶּה שָׂמֵחַ וַיִּיטַב הַדָּבָר לִפְנֵי הָמָן וַיַּעַשׂ הָעֵץ :
Alors, Zeréch, son épouse et tous ses amis lui dirent : « Que l’on érige une potence de cinquante coudées de hauteur et, demain, tu diras au roi qu’il y fasse pendre Mordé’hai. Par la suite, tu pourras prendre part au festin, de bonne humeur, avec le roi. » Hamann fut satisfait de cette idée et il fit ériger cette potence.
On remarque à nouveau que les bons conseils prodigués par Zéréch la digne femme d’Hamann et par tous ces proches qui ne recherchent que son bien, vont justement le mener à sa perte. En effet un bon ami est celui qui va remettre les choses en ordre, il va aller jusqu’à reprocher à celui qu’il aime son attitude et ses comportements afin de lui prodiguer vraiment du bien. Dans le cas d’Hamann ses amis ne lui disent que ce qu’il veut entendre ils sont à son image, ils lui ressemblent traits pour traits. Ils ne peuvent lui faire du bien! Le mot potence est dit : עץ il fait référence au fameux « Arbre » celui de la faute originelle, là où il est fait allusion au nom de Hamann comme disent les maitres : où est-il écrit le nom de Hamann dans la Torah ? Là où Ha-Chem demande à Adam, aurais tu mangé de l’arbre ? העץ המן .
Hamann prépare pour Mordé’hai une potence, un arbre pour le pendre, mais Mordé’hai s’est déjà détaché de cette faute il a pris de la hauteur. La faute originelle qui a causé le mélange du bien et du mal, qui traduit cette notion de «petitesse» par le fait que l’homme se sent dans l’obligation de faire l’expérience du mal pour le cerner , il agit alors comme un enfant. Cette attitude est déjà réparée par le comportement de Mordé’hai comme nous l’avons déjà expliqué plus haut. C’est alors que cette potence sera destinée à ceux qui sont restés « petits ». En effet Adam en consommant du fruit interdit, agit comme l’enfant qui réduit tout à sa petite personne, il est comme ce « petit, Hamann » qui y sera pendu, lui et tous les siens.
Le renversement de situation :
Il est dit plus haut que le D d’Israël s’est endormi, c’est-à-dire que la conduite du monde se fait selon les règles naturelles עולם כמנהגו נוהג. . C’est cette direction qui agit pendant la période de l’exil. Pendant le sommeil les flux d’énergies spirituelles sont retirés de sorte que le corps puisse trouver le repos. Il ne reste dans le corps que le Néféch qui le maintien en vie, mais aucune activité intellectuelle n’est possible les énergies fortes étant retirées. Le réveil est le retour de ces énergies qui sont rendues avec plus de puissances, elles se sont renforcées pendant le sommeil en retournant à leurs sources. Le Roi du monde ne trouve pas le sommeil Il récupère les énergies puissantes pour à nouveau diriger le monde selon la conduite miraculeuse, celle qui apparait lors de la sortie d’Égypte. Ce « réveil » qui se produit dans les cieux est la conséquence du « réveil » qui se produit ici-bas. Pendant que les ennemis préparent la potence, les enfants d’Israël sont réunis dans les synagogues ils jeunent, prient, se repentent, ils étudient et se ressaisissent.
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FIN de Méguila d’Esther commentaires et éclairages sur le chapitre V
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Fasse le Seigneur tout puissant nous éclairer dans sa Torah, que nous disions des ‘Hidouchim innovés justes et conformes à Sa volonté, que dans Sa grande bienveillance Il nous évite les erreurs et nous préserve des inexactitudes. Que ces Divré torah soient agréables au plus grand nombre et que ceux qui les liront s’en délecteront.
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Fin de l’article « La lecture de la Méguila d’Esther Chapitres 4 et 5 Commentaires et éclairages. Michel Baruch« . Mis en ligne le 23 février 2018. Mis à jour le 1er mars 2020
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