81.Hilkhoth Shabbath – Cours N81
Maké Bépatich – Frapper avec un marteau – Troisième cours
30 Avril 2017 – Rav Mordekhay Saksik
Cours enregistré pour le site Jardindelatorah. Maké Bépatich (3)
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et cinq minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.
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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Haya Tsipora Lévana Bat Myriam
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MELAKHA de Maké Bépatich
TRADUCTION : Frapper avec un marteau
DEFINITION : Terminer totalement une œuvre, un travail.
Lors du cours précédent nous avons vu plusieurs exemples pour comprendre cette Mélakha :
- J’ai fabriqué un verre (en fer) mais on voit qu’il est encore un peu tordu : on prend un marteau et on frappe un petit coup pour le redresser. J’ai fait le dernier acte qui termine l’œuvre c’est cela Maké Bépatich. Si je n’ai pas fini la fabrication il n’y a pas Maké Bépatich; si j’arrange quelque chose d’extérieur à l’objet il n’y a pas non plus Maké Bétatich. Pour que ce soit Maké Bépatich, il faut que l’objet soit terminé, utilisable mais il manque un dernier acte pour fianliser complètement.
- J’ai un fil qui me dérange dans la poche d’un costume tout neuf. Le vêtement est déjà fabriqué seulement ce n’est pas encore tout à fait terminé parce que ce fil m’empêche de mettre la main dans la poche de la veste. En l’enlevant je donne la touche finale et c’est cela la Mélakha de Maké Bépatich.
- Un couteau dont la lame est sale et que je nettoie, ce n’est pas Maké Bépatich car la saleté est sur la surface de la lame, je ne la modifie pas. Par contre si j’aiguise la lame de mon couteau je l’améliore, je ne modifie pas la lame elle-même. Mon couteau était déjà tout à fait bien fabriqué mais j’en ai amélioré la lame en l’aiguisant : c’est cela Maké Bépatich.
- Deux feuilles collées dans un livre : si elles sont collées avec de la colle (de la reliure du livre) j’ai le droit de séparer ces deux pages collées parce que le livre était déjà tout à fait bien fabriqué et je ne fais que séparer les pages collées, la colle est ici extérieure au livre, je n’améliore donc pas pas le livre. Mais si les deux feuilles sont reliées sans colle, que la machine ne les a pas séparées par exemple lors de la fabrication du livre et que je déchire ces pages alors dans ce cas là c’est la Mélakha de Maké Bépatich parce que ce livre n’a jamais été fini et ce faisant je le termine.
Donc a vu que la melakha de Maké be-patich c’est quand mon objet est terminé mais pas tout à fait et que je le finalise en intervenant dans le corps de l’objet lui-même.
Ensuite nous avons vu la Tolda (travail dérivé) de Maké Bépatich : le cas d’un ustensile abîmé que je vais réparer. On a vu que toute réparation c’est Maké Bépatich.
Par exemple : une fourchette ou mes lunettes qui sont tordues et que je les redresse. Et bien cela est interdit par la Torah car c’est réparer (Tolda/dérivé de Maké Bépatich): ce n’est pas que je fabrique mes lunettes ou ma fourchette mais je modifie dans son corps qui s’est abîmé et je l’arrange. (Pour ce qui est de la fourchette c’est un interdit des Hakhamim parce que je pouvais quand même l’utiliser même tordue). Si je ne peux pas l’utiliser et que je répare c’est interdit de la Torah. Si je peux l’utiliser et que je répare c’est interdit par ordre Rabbinique.
Ce principe en hébreu s’appelle Metaken mana. « Mana » en araméen signifie « ustensile » donc Metaken mana qui veut dire arranger un ustensile est un dérivé de Maké Bépatich.
On a parlé d’une montre à remontoir qui s’arrête, peut-on la remonter ? Et bien non car lorsqu’elle s’est arrêtée elle ne fonctionne plus et en la remontant elle refonctionne ce qui est assour (interdit). Alors que si c’est un jouet avec un mécanisme qu’on remonte on peut la remonter, parce que si on ne le remonte pas on peut quand même jouer avec le jouet. La montre elle, dés lors qu’elle s’est arrêtée elle ne marche plus.
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Et enfin en dernier point nous avons vu : Assiyat nekev (faire un trou).
- J’ai un poulailler et je vais faire un trou dedans qui a deux fonctions : faire entrer la lumière et faire sortir les mauvaises odeurs, cela est la melakha de Maké Bépatich. Car celui qui fait un trou pendant chabbat et à condition que ce trou soit fait pour faire entrer et sortir (qu’il ait ces 2 fonctions) alors c’est un interdit de la Torah de Maké Bépatich.
De ce principe on a vu deux cas dont le problème est un peu différent pour chacun mais qui sont Moutar/Permis d’après la Halakha stricto sensu: [13 minutes]
- Ouvrir les bouteilles : le problème est ici le bouchon (avec une bague que je dévisse, pas les bouchons de bière ou de vin pour lesquels il n’y a pas de problème), lorsque la bouteille est fermée je ne peux pas l’utiliser mais en l’ouvrant je peux utiliser ce bouchon donc j’ai fabriqué un kéli. Il n’y a pas le problème ici de créer une ouverture mais de fabriquer un bouchon (car j’ai deux objets distincts, alors que dans la boite de conserve je crée un trou/une ouverture). Ce qui rentre dans le sujet de Metaken mana.
Explication : d’après la guémara si quelque chose a été mis avec l’intention de l’enlever (un couvercle) ça ne s’appelle pas fabriquer un kéli. Parce que le bouchon a toujours été séparé de la bouteille, il est différent donc je n’ai rien fabriqué en les séparant. Deuxièmement il n’y a pas l’intention de fabriquer un bouchon en ouvrant la bouteille (comme pour pouvoir l’utiliser avec d’autres bouteilles par exemple) [et donc on a un cas de Passik Reshe]. Et troisièmement il n’y a pas d’amélioration du bouchon puisque le fait qu’il soit bloqué, vissé, posé sur la bouteille ça ne s’appelle pas que je le répare [Passik Reshe dela ni’ha leh bidvar dérabbanane]. - Ouvrir les boîtes de conserves : ici tout est fermé donc je crée une ouverture. J’ai un seul corps et je crée un trou. Ce qui rentre dans le troisième sujet qui est de faire un trou.
Explication : d’une part je ne remplis pas les deux conditions de faire un trou pour faire « entrer et sortir ». Et même si le jus peut sortir je ne vais pas utiliser ma boîte après pour mettre des choses dedans, elle est jetée après avoir été vidée ce qui lui fait perdre tout sens de fabrication de kéli.
En conclusion même s’il y a des discussions et que certains Rabbanims sont Ma’hmir (plus stricts) là dessus, tout cela est permis Chabbat par la plupart des Poskims. Le mieux reste encore de l’éviter et de les ouvrir avant Shabbath. Et si l’intention par contre est de garder les bouchons par exemple alors là c’est Assour (interdit). On peut fermer la même bouteille une fois que le bouchon a été ouvert (mais pas une autre bouteille).
*[25] revoir bouteille et conserves
Nous avons vu jusqu’à présent trois cas de Maké Bépatich:
- Terminer une oeuvre, un ustensile
- Arranger/réparer quelque chose qui s’est détérioré
- Faire une ouverture
Dans ce cours nous découvrons maintenant le quatrième point.
Associer deux éléments c’est la Mélakha de Boné. Deux cas: sur le sol et dans le ustensiles. Pour les ustensiles il faut, pour transgresser la Mélakha de Boné, utiliser la force (associer deux éléments avec une vis ou avec de la colle. Dans certains cas, avec un acte très simple je vais « fabriquer » et transgresser la Mélakha de Maké Bépatich.
Exemple donné dans la Guémara (Talmoud): si je rentre des plumes dans un tissu, je fabrique un coussin. Ce n’est pas boné parce que je n’utilise pas la « force » (vis, colle, etc.) mais c’est Maké Bépatich (cest métaken Mana). Si pendant Chabbat je remets les plumes tombées de mon coussin est-ce que c’est permis ? Oui, parce qu’il était déjà utilisable avant Chabbat et que je ne fais que remettre les plumes dedans. Mais alors quelle est à la différence avec la fourchette tordue que je redresse ? Dans la fourchette je redresse son gouf (son corps), je modifie son corps et c’est comme reconstruire la fourchette. Tandis-que pour le coussin c’est simplement ré-assembler des éléments qui étaient déjà assemblés ensemble une première fois auparavant, je fais un acte banal. Autrement dit, les plumes et le tissu ayant déjà été associées au moins une fois ensemble il n’y a pas de problème à les remettre ensemble.
Gonfler un ballon gonflable Chabbat c’est interdit de le gonfler (par la Torah, comme fabriquer un coussin) du fait de Maké Bépatich. Mais s’il a déjà été gonflé au moins une fois avant Chabbat et même si je ne le regonfle pas avec le même air c’est Moutar (permis) parce que ce qu’on prend en compte c’est la première fois du support, donc ici du ballon (qui a déjà été gonflé une fois auparavant) qui a déjà eu un nom de « ballon gonflé ».
Une chaussure toute neuve qui n’a pas de lacets, je ne peux pas y mettre un lacet si c’est la première fois. J’ai amélioré la chaussure; j’ai accompli une action très simple. Ca revient à assembler deux choses, j’améliore, je fabrique une chose et cela est Maké Bépatcih. Maintenant si sur ma chaussure il y avait déjà eu des lacets (au moins une fois) et que je veux changer de lacets comme sur une ancienne chaussure (déjà utilisée) mettre un nouveau lacet par exemple, alors cela est permis (ce n’est pas évident et il y a une Mahloket là-dessus mais Rav Moshé Levy et Rav Ovadia Yossef le permettent tandis que Rav Bentsion Abba Shaoul et le Mishna Béroura interdisent). La Ma’hloket vient de la manière de voir les choses : est ce que je regarde la chaussure (déjà utilisée) ou le lacet (neuf); nous garderons l’avis de ceux qui permettent. Là on parle d’un nouveau lacet sur une ancienne chaussure et l’essentiel ici c’est la chaussure parce qu’une chaussure à laquelle je n’ai jamais mis de lacets n’est pas arrivée encore à son utilisation de chaussure pour ainsi dire. Tandis qu’une fois qu’elle a déjà eu des lacets et quels que soient ceux par lesquels je les remplace c’est pareil, ma chaussure avait déjà été aboutie, utilisable avant, c’est pour cela que c’est moutar (permis).
Nous avons donc vu dans ce quatrième point le fait de procéder à une fabrication légère/simple, assembler deux choses et créer quelque chose. Donc ce n’est pas la mélékhet boné car il n’y a pas d’utilisation de force mais Maké Bépatcih. Si c’est la première fois que j’assemble et que ça devient une nouvelle fonction et que j’ai amélioré ça rentre dans Maké Bepatcih. Mais le ‘Hidoush (la nouveauté/particularité) est, que puisque c’est très simple, que ce n’est pas vraiment une réelle amélioration dans le gouf (le corps) de la chose elle-même et que j’ai déjà donné une fois le titre (un ballon gonflé ou des chaussures ayant déjà eu des lacets), que ça s’est séparé et que je ne fais que remettre ensemble alors il n’y a pas de problème.
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Ensuite nous voyons dans ce cours les interdits des hakhamims (Guézéra « de peur que … ») qui tournent autour de la Mélakha de Maké Bépatcih. On en a déjà vu deux qui sont au sujet de : la musique et nager.
- Pour ce qui est de jouer de la musique par exemple, l’idée est que si j’ai un problème en jouant de mon instrument je vais être amené à le réparer. Et comme on a dit quelque chose qui est détérioré si je le répare c’est Maké Bépatcih, c’est pourquoi les Hakhamim l’ont interdit. Même battre un rythme (pour les sefaradim) c’est assour selon le Shoulhan Aroukh (les ashkénazim sont plus souple sur ce point). De même pour danser; c’est seulement à Sim’hat Torah qu’on peut danser pendant Shabbat.On peut faire un rythme avec un Shinouï (manière différente de faire).
- Faire du vélo est interdit au cas où la chaîne du vélo sauterait par exemple, le fait de la remettre en place rentrerait dans la mélakha de Make Bépatich.
- Nager aussi, en ayant les deux pieds décollés du sol, les Hakhamim l’ont interdit de peur que j’en vienne à fabriquer tout ustensile me permettant de nager, de flotter (planche, radeau etc.) mais uniquement dans la mer (dans un étang ou dans un lac…). Car s’il s’agit d’une piscine qui a des bords et que les remous de l’eau s’en vont et reviennent (ce qui n’est pas le cas dans la mer) alors là ce n’est pas interdit. (Bien que dans le cas de la piscine il faille tout de même faire attention à d’autres melakhot comme de ne pas essorer, ne pas faire tomber de l’eau sur la terre ce qui reviendrait à arroser etc)
Nous voyons ensuite d’autres interdits des Hakhamims, liés à Maké Bépatich, concernant cette fois les aliments.
Il nous reste deux questions à aborder.
- Y a-t-il Maké Bépatich dans des aliments ?
- A-t-on le droit de plier un vêtement Shabbat?
Les aliments :
- Quand je bois un verre de sirop (grenadine etc.) lorsque j’ajoute de l’eau dans le sirop c’est un peu comme si je l’arrangeais (le sirop est buvable). Pourtant dans la halakha il y a une règle qui dit qu’il n’y a pas Maké Bépatcih dans les aliments parce que c’est très loin de cette Mélakha, ça s’appelle manger (ou boire). Ca ne ressemble pas parce que quand on se sert un verre de sirop on est très loin de penser qu’on arrange le sirop.
- Faire le maasser sur les fruits : (préléver les dîmes ce qui ne se fait qu’en Eretz Israël : tout fruit et légume qui poussent on n’a pas le droit de les manger sans en avoir prélevé un dixième) si je ne prélève pas le maasser je ne peux pas les manger : cela s’appelle tevel. En houtz laahetz par contre on ne prélève pas le maassser).
Donc en Eretz Israël il faut avoir prélevé le fruit ou le légume avant chabbat pour pouvoir en manger chabbat, sinon c’est assour (interdit à la consommation). Quand je prélève le maaser c’est pour la mitsva (j’enlève l’interdit) et non pour en manger c’est pourquoi ici la règle « il n’y a pas Maké Bépatcih dans les aliments » ne s’applique pas et c’est interdit de prélever les dîmes pendant Shabbath. - La ‘Halla : si une mère de famille a oublié de prélever la ‘halla avant chabbat (mitsva qu’on accompli également en dehors d’Erets Israël; en Erets Israël c’est une Mitsva de la Torah tandis qu’en dehors c’est une Mitsva Dérabbanane). Peut on prélever la Halla ? C’est assour (interdit) de prélever de la ‘halla en Erets Israël parce que le prélèvement de la ‘halla est une mitsva de la Torah car c’est comme le Maasser (encore une fois la règle ci-dessus « il n’y a pas Maké Bépatich … » ici ne s’applique donc pas). Mais par contre c’est moutar en ‘houts laaretz si :on mange la ‘halla avec l’intention d’en garder un bout à la fin, de ne pas tout finir afin de faire un prélèvement rétroactif à motsé chabbat. Mais ça ne marche donc qu’en dehors d’Israël parce que le prélèvement est Dérabbanane alors qu’en Israël c’est de la Torah. [58:40]
Un autre sujet la Tévila des Kélim
- Un ustensile qui n’a pas été trempé au mikvé et que je veux tremper Yom Tov au Mikvé,est-ce possible ou non ?
Le cas semble ressembler au cas du Maasser vu plus haut. Cependant il y a une grande mahloket dans les Rishonim : certains permettent et d’autres interdisent. La halakha d’après les séfaradim le permet. Mais quelle différence alors entre cela et le maasser (vu précédemment) ? Pour répondre à cela nous voyons le cas suivant :
Quelqu’un qui a une marmite en fer, achetée d’un goy (qu’il faut donc tremper au mikvé) mais qui ne l’a pas trempée et qu’il a fait cuire un aliment dans cette marmite et la transvase ensuite dans une assiette (qui elle a été trempée). Est-ce permis de consommer cet aliment ou non ? Est-ce que l’aliment est devenu interdit ?
La halakha est que ça n’interdit pas l’aliment car il n’y a pas de problème de cahcerout ici. Ce n’est donc pas comme le Maasser, en trampant je n’enlève pas un Issour (interdit). Il y a juste une halakha qui dit que je n’ai pas le droit d’utiliser un ustensile qui n’a pas été trempé mais si je l’ai utilisé cela ne rend pas pour autant l’aliment interdit. Et c’est donc pourquoi ce n’est pas comme le maasser car le fait de tremper ce n’est pas que j’enlève un issour, j’améliore un peu certes mais ce n’est pas au point d’enlever un issour et en cela ce n’est donc pas le même cas que celui du maasser. Le Choulhan Aroukh est possek (tranche) qu’on peut tremper une vaisselle pendant chabbat.
Il existe des moyens pour éviter la mahloket : Ai-je le droit de boire un café dans la tasse d’un goy [non-juif] (qui n’a pas été trempée) ? La Halakha est que j’ai le droit parce que j’emprunte d’un goy, je n’achète pas. Il y a donc différence entre emprunter et acheter : quand on achète on passe du domaine du goy au domaine du juif alors que prêter ça reste dans le domaine du goy. Donc puisque c’est dans son domaine je n’ai pas besoin de tremper jet je peux boire puisque j’emprunte. Donc pour éviter la mahloket qu’est-ce que je fais ? Je vais chez mon voisin goy et je lui donne ma vaisselle en cadeau et après je lui demande de me prêter la vaisselle. Car comme en lui donnant c’est à lui on peut par la suite la lui emprunter et ça devient l’emprunt fait à un goy donc on peut l’utiliser sans passer par le mikvé.
Durée du cours : 65 minutes environ
Pour télécharger le cours : Télécharger “Hilkhot Shabbath - Maké Bépatich (3) - 30 avril 2017 - Rav M. Saksik” 81.HilkhothShabbath-CoursN81-MakeBepatich-3-30avril2017-RavMordekhaySaksik.mp3 – Téléchargé 177 fois – 59,91 Mo
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