Parashat Kédochim 5777 – Réouven Carceles
Tu aimeras ton prochain comme toi même, je suis D ( Lévitique chap19/18)
Selon Rambam, les mots « comme toi même » ne peuvent être pris au pied de la lettre. De façon naturelle, l’homme s’aime davantage qu’il aime qui que ce soit d’autre. La règle établit d’ailleurs qu’une personne doit se soucier de sa propre vie avant de se soucier de celle des autres (baba metsia 62a) .Rambam explique donc que la mitsva, c’est de faire disparaître toute jalousie du cœur, et de souhaiter pour son prochain toutes les bonnes choses qu’on désire pour soi-même. Voici ce qu’il écrit :
- on aime parfois son prochain et on souhaite qu’il jouisse de certaines choses mais pas d’autre. Par exemple, on lui souhaite la richesse mais pas l’intelligence, et vice versa. Ou même, on lui souhaite toutes sortes de bonnes choses… des richesses, des biens, l’honneur, l’intelligence et la sagesse, mais pas autant qu’on en a soi-même, car on désire toujours plus que son prochain, la Mitsva de la torah est donc de faire disparaître de son cœur ce défaut de jalousie. On devrait etre aussi heureux lorsque le prochain bénéficie de certains avantages, que lorsqu’on en jouit soi-même.
Pour expliquer Rambam, Rav dessler, nous dit que, puisque l’homme, en général, désire toutes les bonnes choses pour lui et aucune pour son prochain, on pourrait croire que ce que nous demande la torah, c’est de vouloir toutes les bonnes choses pour les autres, sans rien désirer pour soi-même. Ce qui est impossible : ce serait trop demander a d’humbles mortels. Chacun de façon naturelle, se sent une certaine « spécificité » et recherche toujours quelque qualité, même insignifiante, lui prouvant qu’il a une supériorité sur les autres. Cette supériorité pour lui est d’une grande importance et luttera de toutes ses forces pour la faire valoir.
Ce que nous demande la torah, c’est d’Être prêt a renoncer a la supériorité qu’on s’imagine avoir sur son prochain.
Le Meam loez, (parachat kédochim) nous rajoute sur le verset : « tu aimera ton prochain comme toi-même. Je suis D », c’est a dire, tout ce que tu désires pour toi même, souhaite-le aux autres. Et toute chose désagréable, ne l’inflige pas a ton prochain. Ce verset résume la torah toute entière, observer ce commandement revient a observer toute la torah. rabbi Akiva nous décrit cette mitsva, comme étant un grand principe, Aussi, le talmud raconte l’histoire d’un non-juif qui désirait se convertir au judaisme. Il vint se présenter a chammai et lui dit : »je voudrais devenir prosélytes mais je veut que vous m’enseigniez toute la torah en un seul principe ». Chamai se mit en colère et le chassa. « comment peux-tu t’imaginer apprendre toute la torah en un seul principe? » lui dit il.
Ce non juif vint ensuite présenter a hillel la même requête. Hillel accepta et lui dit : » La torah entière est comprise dans le verset : ‘aime ton prochain comme toi même’. Ce qui t’est haïssable, ne le fait pas a ton prochain. si tu observe ce commandement, c’est comme si tu observait toute la torah. Le reste n’est que commentaire. » Le gentil s’engagea à cela et se convertit.
Le Ben Ich ‘Hai affirme que malgré la place prépondérante que cette mitsva occupe dans la torah, une grande partie de celle-ci est négligée par plusieurs personnes. selon lui, bien que beaucoup de gens aient conscience qu’elle exige une solitude vis à vis du bien être physique du prochain, ils réalisent moins l’obligation qu’elle impose sur le plan spirituelle. il ajoute que lorsqu’on aide son ami dans la spiritualité, on accomplit la mitsva de façon bien plus parfaite que quand on lui prodige un bienfait dans la matérialité. Il explique donc, que lorsqu’on aide son prochain physiquement, on exprime notre préoccupation pour son corps ! Mais l’essence de la personne provient du coté divin qui est en elle, de son âme, qui ne tire aucun profit de la matérialité. Par contre, si l’on réprimande son ami et qu’on l’empêche par la de transgresser les mitsvots d’hachem, on manifeste un souci pour son âme et on montre que notre amour pour son bien être spirituel est bien plus grand que celui porté sur son aise matérielle. Le ben ich hai nous enseigne donc, que pour accomplir au mieux la mitsva d’aimer son prochain, on ne peut pas limiter sa gentillesse a la matérialité, mais il faut s’efforcer de l’aider encore plus dans la spiritualité. , il évoque donc plusieurs façons d’aider les autres dans ce domaine. Il évoque la réprimande , mais dans la génération présente, il est très difficile de faire un reproche correctement, sans causer de tort.
On peut avec moins de risques, partager sa torah avec les autres, en donnant a l’autre, avec beaucoup d’amour, car dans cette condition c’est comme si on, donnait un peu de soi même, et on en vient a aimer le récipiendaire car on retrouve en lui cette partie de soi même, plus encore, nous enseigne rabi moché requenati, « car en fait, celui qui aime son prochain, qui est façonné a l’image de D., aime D. et l’honore ».
L’amour du prochain découle donc de l’attachement complet a D. Celui qui réalise a quel point il est insignifiant en face de D., parviendra a éprouver le même sentiment envers son prochain, fait a l’image de D.
Chabbat shalom
Reouven