Pirké Avot Chapitre 1 Rav David Pitoun (Michnayot choisies et commentées)
Pirké Avot chapitre 1
Puisque nous sommes dans la période du ‘Omer, pendant laquelle nous avons l’usage de lire les Pirké Avot (chaque Shabbat) en public, nous allons donc à partir de cette semaine – B’’H – développer quelques notions mentionnées dans les Pirké Avot, comme tel est l’usage de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal.
Introduction
Explication sur le nom du traité
Le traité Avot fait partie intégrante des traités du Talmud.
Il se nomme « Avot » (« les pères ») parce qu’il contient des enseignements de moral e et de comportement pour l’individu, comme les enseignements et la moral qu’un père prodigue à son fils afin de le guider dans le droit chemin, comme le Roi Salomon l’écrit : « Mon fils ! Ecoute et prends mes paroles, et les années de ta vie se multiplieront. » (Mishlé 1-8).
Pourquoi lire les Pirké Avot entre Péssa’h et Shavou’ot ?
Cette période marque l’arrivée du printemps, durant lequel l’homme sort en promenade à la campagne et se réjouit avec ses amis.
Nous sommes donc exposés durant cette période au danger de se laisser entraîner par les plaisirs de ce monde, et de ce fait, négliger le service d’Hashem, comme le dit le plus Sage de tous les hommes (le Roi Salomon) : « Réjouis-toi, jeune homme, dans ton jeune âge ; que ton cœur soit en fête au temps de ton adolescence. Suis librement les tendances de ton esprit et ce qui charme tes yeux … » (Kohelet 11-9)
Dans la Guémara Shabbat (63b), nos maitres commentent ce verset en disant que la première partie de ce verset est exprimée par le Yétser Ha-Ra’ (le mauvais penchant).
Mais c’est le Yétser Ha-Tov (le bon penchant) qui conclut ce verset en disant :
« … sache seulement que D. t’appellera en jugement pour tout cela. »
C’est pourquoi nous avons l’usage de lire le traité Avot durant cette période, puisqu’il contient des enseignements de moral, de comportement et de bonnes qualités humaines, afin de nous motiver à abandonner notre mauvaise voie, et nous attacher à celle de nos pères, qui est celle de la droiture.
Le livre Midrash Shémouel (dans son introduction) ajoute d’autres raisons à cet usage :
1) La fête de Shavou’ot marque l’anniversaire du Don de la Torah, et il est dit : « La sagesse débute par la crainte d’Hashem… ».
Nous lisons le traité Avot, afin de savoir rechercher toutes les bonnes qualités humaines, pour préparer nos cœurs à recevoir la Torah de façon sincère, et pour se comporter humainement de façon conforme à la volonté d’Hashem et dans l’esprit de Sa Torah.
2) Cet usage est observé durant la période du compte des 7 semaines du ‘Omer, comparable au compte des 7 jours de Netteté (Shiv’a Nékiim) comptés par la femme Nidda, et qui aboutit à sa purification par son immersion dans le Mikvé. Or, nos maitres enseignent dans la Guémara Shabbat (146a) que les Béné Israël furent purifiés de toute forme d’impureté lors du Don de la Torah sur le Mont Sinaï.
Après avoir achevé le compte des 7 semaines du ‘Omer, nous sommes donc disposés pour recevoir la Torah dans la pureté, comme l’enseigne le Zohar Ha-Kaddosh (Emor page 97b) : « Tout homme qui ne compte pas ces 7 semaines pleines, afin de mériter cette purification, n’est pas qualifiable de pur, et il ne mérite pas de part dans la Torah. »
3) Cette période est marquée par la rigueur divine puisque c’est durant ces jours que périrent les 24 000 élèves de Rabbi ‘Akiva, et une telle tragédie indique une tension particulière du Jugement Divin durant cette période.
Toute personne qui craint Hashem, se soumet durant ces jours où l’on observe certains usages de deuil comme ne pas se couper les cheveux ou ne pas célébrer de mariages. Nous avons le cœur disposé à accepter les propos de réprimande exprimée à travers ce traité.
Pirké Avot Chapitre 1 Michna 1 – L’humilité pour recevoir la Torah
Moshé reçut la Torah du Mont Sinaï. Il la transmit à Yéhoshoua’ …
On peut s’interroger :
Pourquoi rattacher la réception de la Torah par Moshé Rabbenou au Mont Sinaï ?
Il aurait été plus précis de dire : « Moshé reçut la Torah d’Hashem sur le Mont Sinaï ! »
Mais on peut répondre par l’enseignement de nos maitres (voir Béreshit Rabba Parasha 99 chap.1 et Guémara Méguila 29.):
Lorsqu’Hashem désira donner la Torah sur le Mont Sinaï, toutes les montagnes se disputèrent car chacune voulait être choisie pour être la montagne sur laquelle Hashem allait donner la Torah… Hashem leur dit : « Pourquoi cherchez-vous querelle au mont Sinaï ?! Vous êtes toutes défaillantes vis-à-vis du Sinaï ! » …
Rav Ashé enseigne : Nous apprenons d’ici que toute personne qui fait preuve d’orgueil, est défaillante.
Il est également enseigné dans la Guémara Sota (5a) :
L’homme doit toujours s’inspirer des agissements de son créateur, car Hashem a délaissé toutes les montagnes, et a fait résider sa Présence Divine seulement sur le Mont Sinaï (qui était la plus petite montagne).
Voilà donc le véritable sens de notre Mishna en nous indiquant que « Moshé reçut la Torah du Mont Sinaï » :
Si l’on viendrait à demander : De quoi dépend le choix de la personne de Moshé Rabbenou – lui plus que toute autre personne – pour recevoir la Torah d’Hashem ?
A cela nous répondons : « du Mont Sinaï ».
A l’instar du Mont Sinaï qui fut choisi par Hashem pour donner la Torah, grâce à son humilité et sa modestie, Moshé Rabbenou fut lui aussi choisi par Hashem pour recevoir la Torah, parce qu’il était très humble, comme la Torah en atteste elle-même : « L’homme Moshé était très humble, parmi tous les hommes qui étaient sur terre. » (Bamidbar 12-3).
Dans le Midrash, nos maitres commentent ce verset ainsi :
Que veut dire le texte en disant « parmi tous les hommes » ?
En réalité, Moshé était humble parce qu’il n’exprima pas la moindre forme d’orgueil, même dans des qualités pour lesquelles les gens montrent habituellement de l’orgueil, comme la royauté, la prophétie ou la sagesse, même s’il les possédait toutes !
Nous en déduisons que la véritable modestie est celle que l’on exprime vis-à-vis d’une qualité que l’on possède, et que l’on mène malgré tout un véritable combat pour ne pas la manifester.
Non pas comme certains pour qui il est aisé de faire preuve « d’humilité » pour des qualités qui sont très éloignées d’eux !!!!
C’est également ce message que l’on retrouve lorsqu’Hashem demande à Moshé d’aller en Egypte pour délivrer les Béné Israël, lorsque Moshé Rabbenou répond à Hashem : « Qui suis-je pour me rendre chez Pharaon ?! » Hashem lui dit : « Ceci est pour toi un signe qui prouve que c’est moi qui t’envois … » C’est justement ceci qui prouve que je t’ai choisi ! Puisque tu te diminue à tes yeux, c’est justement toi que j’envois et personne d’autre !!
Pirké Avot Chapitre 1 Mishna 6 – l’indulgence
Yehoshoua’ ben Pera’hya dit : « Choisis toi un maître ; acquiert toi un compagnon d’étude ; et juges tout individu avec indulgence. »
Rabbenou Ovadia Mi Bartenoura explique :
Il s’agit ici d’une situation où les choses sont équilibrées, qu’il est possible de juger la personne aussi bien de façon positive que de façon négative, et que cette personne n’a pas de réputation particulière, ni dans un sens, ni dans un autre. Dans ces conditions, il faut juger la personne avec indulgence, et ne pas soupçonner gratuitement que cette personne agit de façon incorrecte, puisque c’est ainsi que nos maitres – dans la Guémara Shévou’ot (30a) – commentent le verset « Tu jugeras ton prochain avec droiture », juges ton prochain avec indulgence.
Nos maitres enseignent aussi dans la Guémara Shabbat (97a) :
Celui qui soupçonne des gens respectables, sera frappé dans son corps, car lorsque Moshé Rabbenou a dit à Hashem : « Ils (les Bné Israël) ne me croiront pas… », Hashem lui dit : « Place ta main dans ta poitrine. Il la plaça dans sa poitrine, puis il la ressortie, et elle était aussi blanche (par la lèpre) que la neige. » Et ce n’est qu’ensuite que sa main redevint normale. Ceci était une punition pour avoir soupçonné des gens respectables, car en définitif, il est dit : « Le peuple crut… ». Hashem aussi lui dit par la suite que les Béné Israël sont des croyants fils de croyants.
Il est donc explicite à travers les propos de Rabbenou Ovadia Mi Bartenoura, que lorsque la personne est réputée comme étant Yéré Shamaïm (craignant Hashem) de façon notoire, il faut juger les actes de cette personne avec indulgence, même lorsque cela semble invraisemblable.
Il est écrit au sujet de ‘Hanna (la mère du prophète Shémouel)
(Livre de Shémouel I 1-13) :
« ‘Hanna parlait sur son cœur… »
Nos ‘Ha’hamim expliquent : sur les préoccupations de son cœur. (Guémara Béra’hot 31b)
En effet, elle priait en bougeant les mains, ce qui semblait étrange aux yeux de ‘Eli Ha-Cohen. C’est pourquoi, il la soupçonna d’être ivre de vin, et il lui dit :
« Jusqu’à quand vas-tu t’enivrer ! Vas cuver ton vin ! »
‘Hanna lui répondit :
« Non mon seigneur ! Je ne suis qu’une femme dans la détresse, et je n’ai bu aucun vin ni alcool ! »
En réalité, elle voulu lui dire par ces propos :
« Tu n’es pas un seigneur et l’esprit prophétique (Roua’h Hakodesh) ne réside pas sur toi, car tu m’as jugé de façon négative, et non avec indulgence. »
Le Gaon Rabbi Eliyahou de VILNA explique que ‘Eli Ha-Cohen consulta les Ourim et Toumim (les 12 pierres précieuses du Pectoral que le Cohen Gadol porte sur sa poitrine) au sujet de cette femme qui se tenait à ses côtés, et la réponse qui sortit des Ourim et Toumim était composée des lettres lumineuses suivantes : « ה, כ, ש, ר » (« Hé, Kaf, Shin, Resh »).
Or, ‘Eli Ha-Cohen pensa qu’il fallait comprendre la réponse dans le sens « שכרה » (« Shikora ») qui signifie « celle qui est ivre ». Ce fut une erreur de sa part car il fallait assembler les lettres de la réponse de telle sorte que l’on puisse lire « כשרה » (« Késhéra ») qui signifie « celle qui est respectable », car elle était une femme respectable. Ou bien aussi «כשרה » (« Ké-Sarah »), dans le sens « comme Sarah notre matriarche » qui était stérile et qui pria pour avoir un fils.
Mais ‘Eli Ha-Cohen interpréta les lettres de la réponse de façon incorrecte, et compris « שכרה » (« Shikora »). C’est donc pour cela que ‘Hanna lui répondit : « Tu n’es pas un seigneur et l’esprit prophétique (Roua’h Hakodesh) ne réside pas sur toi… » car pour savoir assembler les lettres de la réponse de façon correcte, celui qui consulte les Ourim et Toumim doit posséder le Roua’h Ha-Kodesh (l’esprit prophétique), comme nos ‘Ha’hamim nous l’enseignent dans la Guémara Yoma 73b.
Lorsqu’ Eli HaCohen compris son erreur, il demanda à ‘Hanna de lui pardonner, comme nous l’apprenons d’ici, dans la Guémara Bera’hot (31a) :
Celui qui soupçonne son prochain, doit non seulement lui demander pardon, mais il doit aussi le bénir, comme il est dit : ‘Eli répondit et dit : « Va en paix, et le D. d’Israël exaucera le souhait que tu lui as adressé. »
Ceci correspond exactement à l’enseignement des Pirké Avot (chap.1 Mishna 6) :
Yehoshoua’ ben Pera’hya dit : « Choisis toi un maître ; acquiert toi un compagnon d’étude ; et juges tout individu avec indulgence. »
Rabbenou Ovadia Mi-Bartenoura explique :
Il s’agit ici d’une situation où les choses sont équilibrées, qu’il est possible de juger la personne aussi bien de façon positive que de façon négative, et que cette personne n’a pas de réputation particulière, ni dans un sens, ni dans un autre. Dans ces condition, il faut juger la personne avec indulgence, et ne pas soupçonner gratuitement que cette personne agit de façon incorrecte, puisque c’est ainsi que nos ‘Ha’hamim – dans la Guémara Shevou’ot (30a) – commentent le verset « Tu jugeras ton prochain avec droiture », juges ton prochain avec indulgence.
Nos ‘Ha’hamim enseignent aussi dans la Guémara Shabbat (97a) :
Celui qui soupçonne des gens respectables, sera frappé dans son corps, car lorsque Moshé Rabbenou a dit à Hashem : « Ils (les Bné Israël) ne me croiront pas… », Hashem lui dit : « Place ta main dans ta poitrine. Il la plaça dans sa poitrine, puis il la ressortie, et elle était aussi blanche (par la lèpre) que la neige. » Et ce n’est qu’ensuite que sa main redevint normale. Ceci était une punition pour avoir soupçonné des gens respectables, car en définitif, il est dit : « Le peuple crut… ». Hashem aussi lui dit par la suite que les Béné Israël sont des croyants fils de croyants.
Il est donc explicite à travers les propos de Rabbenou Ovadia Mi Bartenoura, que lorsque la personne est réputée comme étant Yéré Shamaïm (craignant Hashem) de façon notoire, il faut juger les actes de cette personne avec indulgence, même lorsque cela semble invraisemblable.
A partir de là, chacun doit apprendre à s’habituer à cette bonne qualité, de juger – son prochain, comme les membres de son foyer – avec indulgence, et ne pas être constamment rigoureux et soupçonneux, mais au contraire, agréable avec les gens, en les jugeant avec indulgence, et en faisant preuve de compréhension envers ses proches et sa famille.
En agissant ainsi, on mérite que même le Ciel nous juge avec indulgence, comme nos ‘Ha’hamim l’enseigne dans la Guémara Shabbat (127b) :
Celui qui juge son prochain avec indulgence, sera lui aussi jugé par le Ciel avec indulgence.
On raconte que Rabbi ‘Akiva loua un jour ses services (en tant qu’ouvrier fixe) chez un homme particulièrement Yeré Shamaïm (qui craignait Hashem), pour une durée de 3 ans.
Cet homme était très riche.
Au bout de 3 années de travail, Rabbi ‘Akiva vint – la veille de la fête – réclamer son salaire.
Il dit à son patron :
« Donne-moi mon salaire afin que je puisse rentrer chez moi et nourrir ma femme et mes enfants ».
Le patron lui répondit :
« Je n’ai pas l’argent ».
Rabbi ‘Akiva lui dit :
« Alors donne-moi une bête ou des fruits ».
Le patron répondit :
« Je n’en ai pas ».
Rabbi ‘Akiva dit :
« Alors donne moi au moins des coussins ou des couvertures ».
Le patron lui répondit :
« Je n’en ai pas. »
Rabbi ‘Akiva plia ses affaires et rentra chez lui, déçu.
Après la fête, son patron vint lui rendre visite, accompagné de 6 ânes chargés de nourritures, de boissons, de friandises, ainsi que de l’argent correspondant au salaire de Rabbi ‘Akiva.
Après qu’ils aient mangés et bus, le patron demanda à Rabbi ‘Akiva :
« Lorsque je t’ai répondu « je n’en ai pas » sur tout ce que tu m’as réclamé, de quoi m’as-tu soupçonné ? »
Rabbi ‘Akiva lui répondit :
« Je ne t’ai pas soupçonné, mais je me suis dit que tu avais certainement dédié tous tes biens au Hekdesh (à Hashem), et que par conséquent, les biens dédiés au Hekdesh sont interdits au profit puisqu’ils ne t’appartiennent plus ».
Le patron jura en lui disant :
« Effectivement, c’est exactement ce qui c’est passé. J’ai dédié tous mes biens au Hekdesh (à Hashem), car mon fils Horkanoss n’a pas étudié la Torah, mais ensuite, j’ais été consulter mes amis qui m’ont délié de mon Neder (mon vœu). Maintenant, sache que de la même façon que tu m’as jugé avec indulgence, ainsi Hashem te jugera avec indulgence ».
Pirké Avot Chapitre 1 Mishna 12 – la recherche de la paix
Hillel dit : « Sois un disciple de Aharon, qui aime le Shalom (la paix) et recherche le Shalom, qui aime les gens et les rapproche de la Torah.»
Quelle était véritablement la qualité de Aharon, pour que nos maîtres s’expriment ainsi à son égard ?
Nos maîtres expliquent que lorsque deux individus se disputaient, Aharon allait trouver l’un des deux et lui disait :
« J’ai rencontré ton ami untel, il est dans un grand désarroi et pleure à chaudes larmes en disant : Malheur à moi qui a si mal parlé à mon ami ! Comment puis-je lever les yeux vers lui et le regarder ! J’ai honte car c’est moi qui ai fauté envers lui ! »
Et Aharon restai auprès de lui en lui parlant et en le raisonnant jusqu’à ce que la personne retire la colère et la haine de son cœur.
Ensuite, Aharon allait trouver le deuxième antagoniste, en agissant de la même façon qu’avec le premier, jusqu’à ce que la personne retire la colère et la haine de son cœur.
Lorsque les deux se rencontraient par la suite, ils s’embrassaient et faisaient le Shalom entre eux.
Aharon agissait de la même façon lorsqu’il y avait une querelle dans un couple.
C’est pour cela qu’il est écrit au sujet d’Aharon :
« Ils pleurèrent Aharon durant 30 jours, toute la Maison d’Israël.»
Le terme « Toute » inclus même les femmes qui pleurèrent également Aharon.
Des milliers d’enfants parmi le peuple d’Israël furent nommés Aharon, car sans l’intervention d’Aharon Ha-Cohen, l’enfant ne serait probablement pas venu au monde puisque ses parents se seraient séparés.
A partir de là, nous pouvons constater l’importance particulière de la Mitsva de faire régner le Shalom entre une personne et son prochain, comme entre un homme et son épouse.
De même, nous pouvons aussi prendre conscience de la colère et des revendications d’Hashem envers celui qui bouleverse la paix au sein d’un couple, en parlant avec le mari à l’encontre de sa femme, ou le contraire, en allant parler à la femme en émettant des critiques envers le mari. Un tel acte constitue une faute très grave, et représente l’inverse de la Volonté Divine sur la création.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal fait remarquer que de notre époque, nous avons la joie d’assister à une multiplication notoire des Ba’alé Teshouva (des personne qui effectuent un retour vers le judaïsme), qui reviennent de tout leur cœur vers la Torah, les Mitsvot et les bonnes actions, כן ירבו.
Cependant, certains d’entre eux adoptent des comportements très extrémistes, en passant d’une extrême à l’autre, et uniquement par manque de connaissance de la Torah et de la Hala’ha. Ce comportement extrémiste (sur des choses qui ne sont même pas de réelles obligations selon le Din) a pour conséquence, de fortes perturbations du Shalom dans le couple.
En particulier, ceux qui n’ont pas beaucoup de temps pour étudier correctement la Hala’ha, et adoptent des ‘Houmrot (rigueurs non exigées par la Hala’ha) superflues.
C’est attitude n’est pas le bon chemin à suivre.
C’est pour cela que nous disons dans la prière quotidienne :
« Hashivenou Avinou Letorate’ha, Vekarevenou Malkenou La’avodate’ha, Veha’hazirenou Bitshouva Shelema Lefane’ha… »
(Traduction : Ramène nous – toi qui est notre Père – vers Ta Torah. Rapproche nous – toi qui est notre Roi – vers Ton culte. Fais nous revenir dans un repentir sincère, devant Toi… »)
Il n’y a que par l’étude de la Torah et de la Hala’ha, que l’on peut gérer ses comportements de façon raisonnable et équilibrée, et vivre dans la paix et la droiture
On raconte qu’un homme voulut divorcer sa femme après la fête de Pessa’h.
Il se présenta au Beit Din (Tribunal Rabbinique) du Gaon et Saint Rabbi Avraham Yehoshoua’ de AFTE.
Le Rav demanda au mari :
« Pourquoi désires-tu divorcer ta femme ? »
Le mari répondit :
« Cette femme m’a fait consommer pendant Pessa’h, de la Matsa trempée (de la Matsa trempée dans un liquide, que les Ashkenazim ont la tradition de ne pas consommer pendant Pessa’h), en opposition à la tradition de mes parents ! »
Le Rav demanda que l’on fasse venir sa propre épouse, la Rabbanit.
Lorsqu’elle arriva, le Rav lui demanda :
« Dis moi la vérité s’il te plait, quelles Matsot as-tu posé devant moi le soir du Seder de Pessa’h ? »
La Rabbanit se tut car elle eu peur de raconter la vérité.
Le Rav insista :
« N’es pas peur, dis la vérité ! »
La Rabbanit répondit :
« J’ai posé devant toi des Matsot ordinaires, qui n’ont pas été surveillées (qui n’étaient pas Shémourot, surveillées depuis la récolte des blés), et ceci, à cause d’un fait précis qui est arrivé. A l’origine, j’avais correctement placé les Matsot Shémourot – qui avaient été cuites la veille de Pessa’h pour la Mitsva – dans une armoire, mais comme j’étais occupée dans les préparatifs du Seder, je n’ai pas remarqué la venue d’un nécessiteux qui n’avait pas de Matsa Shémoura pour le Seder. Un membre du foyer – qui ignorait que ces Matsot de l’armoire, étaient destinées au Rav – pris les Matsot Shémourot et les donna au nécessiteux. Lorsque j’ai voulu prendre les Matsot de l’armoire, je fus stupéfaite de constater qu’elles avaient disparues. Je ne savais plus quoi faire. Je redoutais de raconter la vérité au Rav. J’ai donc décidé de prendre des Matsot ordinaires et de les poser dans une serviette, en faisant comme ci j’ignorais tout de ce qui c’était passé. C’est ainsi que le Saint Rav a – malheureusement – réalisé le Seder sur des Matsot ordinaires. »
A ce moment-là, le Rav s’adressa à cet homme qui désirait divorcer sa femme, et lui dit :
« Regarde mon fils ! J’ai mangé de la Matsa ordinaire le soir du Seder, et j’ai fais comme ci je n’avais rien remarqué, dans le but de ne pas en venir à me mettre en colère. Et tout cela, pour le Shalom !! Et toi, tu désires divorcer ta femme à cause d’une simple tradition de ne pas manger de Matsa trempée, qui n’est même pas un Din !!! »
Le Rav trouva un terrain d’entente entre eux, et après s’être réconciliés, le mari et la femme rentrèrent chez eux, en paix.
Pirké Avot Chapitre 1 Mishna 13 – Stagner, c’est reculer !!
« Celui qui n’ajoute pas, se verra retranché, et celui qui n’étudie pas, se condamne à mort. »
Explication
Celui qui ne fourni pas d’efforts pour augmenter le service d’Hashem et l’étude de la Torah, se condamne à mort.
Il est nécessaire de clarifier cet enseignement de nos maitres, car apparemment, la Torah n’ordonne pas un châtiment aussi sévère pour celui qui n’étudie pas la Torah ou qui n’augmente pas la pratique des Mitsvot.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal explique cet enseignement à partir d’un verset de Mishlé (chap.15) :
« Pour l’homme intelligent, le chemin de la vie se dirige vers les hauteurs; ainsi il évite les bas-fonds de l’abîme. »
En effet, l’homme peut se dire : « Je n’ai pas besoin d’aller au-delà de mon niveau personnel. Il m’est suffisant de respecter ma religion telle que je la respecte actuellement, dans ma naïveté et ma crainte, en restant sur mes positions de sorte à ne pas régresser dans le service d’Hashem, sans pour autant augmenter ma pratique de la Torah. »
La réalité est toute autre.
Si l’homme ne s’efforce pas de s’élever de niveau en niveau, en fixant des moments d’étude de la Torah, de façon quotidienne et régulière, et en augmentant le plus possible en Torah et en Mitsvot, il tombera malgré lui.
Ceci est le sens du verset « Pour l’homme intelligent, le chemin de la vie se dirige vers les hauteurs… » et ceci dans le seul but qu’ « …ainsi il évite les bas-fonds de l’abîme. ».
Si l’homme ne monte pas, il tombe malgré lui.
C’est la raison pour laquelle le Tana nous enseigne : « Celui qui n’ajoute pas, se verra retranché… ». Car il est impossible à l’homme de rester toute sa vie au même niveau.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal ajoute à cette explication, une histoire qu’il a lui-même entendue de la bouche de son illustre maître, Rabbenou ‘Ezra ATTIE z.ts.l, Rosh Yeshiva de PORAT YOSSEF.
Dans la ville de ‘Halab (Alep) en Syrie, vivait un homme qui craignait Hashem, et qui se nommait Rabbi Aharon. Il fixait chaque jour des moments d’étude de la Torah.
En effet, tous les matins, après la prière de Sha’harit, il étudiait « ‘Hok Lé-Israël » de façon approfondie, en comprenant la Mishna, la Guémara et le Zohar selon ses capacités. Ensuite, il étudiait le Shoul’han ‘Arou’h de façon approfondie, et il ne rentrait chez lui qu’à une heure tardive de la matinée. Il se restaurait avec le « pain matinal » et récitait Birkat Hamazon. Ce n’est qu’ensuite qu’il se rendait à son bureau qui se trouvait dans le centre ville. Rabbi Aharon était expert en diamants et pierres précieuses et il était réputé pour sa droiture et son honnêteté.
Son épouse lui faisait la remarque sur le fait qu’il se rendait à son bureau beaucoup trop tard dans la matinée, et d’où viendra alors le secours pour subvenir à leur Parnassa ?!
Mais Rabbi Aharon lui répondait qu’il plaçait toute sa confiance en Hashem, et que par le mérite de la Torah qu’il étudie chaque jour, Hashem subviendra à sa Parnassa dans la tranquillité et non dans la souffrance.
Voici qu’un jour, Rabbi Aharon arriva à son bureau, et trouva un arabe de la ville de ‘Hevron, assis sur le sol à côté de la porte. Rabbi Aharon lui demanda ce qu’il désirait.
L’arabe lui répondit :
« S’il te plait, ouvre ton bureau, et je te dirais ce que je désire. »
Lorsque Rabbi Aharon ouvra le bureau, l’arabe entra et retira son Tarboush (turban traditionnel arabe) qui était constitué de plusieurs Tarboushs, l’un intégré dans l’autre. Mais voici qu’entre 2 Tarboushs, se trouvait un diamant resplendissant. L’arabe le montra à Rabbi Aharon et lui demanda à combien il en estimait le prix.
Rabbi Aharon observa le diamant très minutieusement, et l’examina à la loupe, puis il dit à l’arabe :
« Ce diamant est très précieux, il vaut plus de 100 000 $ ! (à cette époque, le dollar était beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui). Je vais me renseigner auprès de collectionneurs de diamants, s’ils désirent l’acquérir et je te rendrai réponse. »
L’arabe lui dit :
« Je suis descendu à tel hôtel, j’attend de tes nouvelles. »
Le lendemain matin, après avoir terminé son étude quotidienne, et après avoir pris son petit déjeuner, Rabbi Aharon se rendit à son bureau. Sur le chemin, il passa devant l’hôtel où était descendu l’arabe de ‘Hevron, et il vit un attroupement à l’entrée de l’hôtel. Rabbi Aharon demanda aux gens ce qui était arrivé. On lui répondit qu’un arabe était arrivé de Palestine (de l’époque), et avait pris une chambre à cet hôtel pour une semaine, sans verser d’avance sur les frais de son séjour. Mais voilà qu’hier soir, il a été frappé de façon subite, d’une crise cardiaque et il est mort. Le propriétaire de l’hôtel a présenté une plainte auprès de la police, et le chef de la police est arrivé à l’hôtel afin de procéder à la vente aux enchères de tous les biens du mort, pour couvrir la dette envers le propriétaire de l’hôtel.
Rabbi Aharon se tenait là, dans l’attente de voir si Hashem allait lui envoyer la réussite ou non.
Le chef de la police commença la vente des vêtements ainsi que du reste des affaires de l’arabe mort.
Lorsqu’on annonça la mise en vente du Tarboush, Rabbi Aharon déclara qu’il était prêt à l’acquérir pour 10 Bishlik (de la petite monnaie locale).
Un autre homme annonça 15 Bishlik, mais Rabbi Aharon annonça à son tour 18 Bishlik .
Personne n’était prêt à ajouter d’avantage pour l’acquisition d’un simple Tarboush.
Le chef de la police termina sa vente en criant :
« Une ! Deux ! Trois ! Adjugé ! »
Rabbi Aharon paya la somme et emmena le Tarboush à son bureau.
Il trouva à l’intérieur du Tarboush, le fameux diamant. Il vendit le diamant et s’enrichi considérablement.
C’est justement ce que nos maitres enseignent au sujet de la récompense de celui qui étudie la Torah :
« …il en consomme les fruits dans ce monde, mais le capital lui est préservé dans l’autre monde. »
A la droite de la Torah se trouve la longévité de la vie, et à sa gauche se trouvent la richesse et les honneurs !
Shabbat Shalom
Rédigé par Rav David A. PITOUN
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Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/
Article Pirké Avot Chapitre 1 Rav David Pitoun (Michnayot choisies et commentées). Article initialement publié le 20 Avril 2015 et mis à jour le 19 Mai 2020