71.Hilkhoth Shabbath – Cours N71
Boné-Soter Construire-Détruire – Premier cours
18 Décembre 2016 – Rav Mordekhay Saksik
Cours enregistré pour le site Jardindelatorah.
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et cinq minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.
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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Aharon Aléxandre Ben Routh
Résumé du cours. Le cours audio est bien plus complet que le résumé. Le résumé ne dispense donc pas d’écouter le cours et les arguments développés.
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INTRODUCTION : La Mélakha de BONÉ (construire) dont l’inverse est SOTER (détruire) fait partie des groupes de melakhot qui vont par deux : Construire – Détruire ; Écrire – Éffacer …
En général il y a trois melakhot qui vont ensemble : Boné, Soter, Maké Bépatish, c’est tout ce qui est lié à construire, arranger. Ce sont trois grandes melakhot parmi les 39 travaux.
TRADUCTION de Boné : Construire Sotèr: détruire
DÉFINITION de la Melakha de boné : c’est toute action que je fais et qui améliore un terrain (Karka’ ), pour une éventuelle « construction ». C’est-à-dire que toute action sur un terrain venant l’améliorer ou lui donner d’autres fonctions nous fait rentrer dans la Melakha de boné.
Exemple simple : Si je construis un binyan (un immeuble par exemple) sur un terrain alors j’en améliore l’espace car il n’est plus seulement un terrain vague c’est désormais un terrain avec un immeuble. J’ai amélioré l’espace du terrain, j’ai mis un binyan dessus donc ça s’appelle que j’ai construit quelque chose. J’ai transformé toute la surface qu’il y avait avant et par là je l’ai améliorée. C’est ca boné. Et ceci est assour mina torah (un interdit de la Torah). En exemple le plus simple : construire un immeuble
La melakha de boné trouve son origine dans la construction du Michkan pour lequel nous avons commencé avec la melahka de kotev et morek (écrire et effacer) parce qu’on numérotait les poteaux pour savoir où les placer et après on construisait le Michkan (avec les poteaux numérotés).
Dans la construction du Michkan il y avait deux pièces : les adanim (les socles) et les krachim (les poteaux). Pour construire la base du Michkan :
- On emboîtait les poteaux dans les socles (c’est Boné).
- On faisait un trou en creusant dans le sol pour placer chaque poteau avec son socle (C’est Boné).
A partir du moment où je fais un trou dans le sol avec l’intention de l’utiliser c’est la Mélakha de Boné car j’ai amélioré le sol.
Par exemple faire un trou dans un terrain pour y cacher de l’argent est une amélioration du terrain parce que c’est lui donner une nouvelle fonction (y cacher de l’argent) c’est donc Boné.
Chaque action qui améliore le terrain c’est Boné :
- je construis sur le terrain en posant des blocs de pierre sans toucher au terrain c’est Boné
- je fait un trou pour cacher (j’ajoute une fonction) c’est également Boné
La melakha de boné ressemble beaucoup à la première des 39 Mélakhot : Mélekhet ‘Horech (labourer en vue semer). Car dans les deux cas j’ai l’intention d’utiliser le trou que je fais. Sauf que quand je fais un trou destiné à construire ou à cacher quelque chose par exemple : c’est boné. Quand je fais un trou destiné à semer, à planter une graine : c’est ‘Horech.
Bien que dans deux les cas je fasse la même action (creuser un trou) qui va m’amener à une deuxième étape (l’utilisation du trou), la différence entre ces deux melakhot vient du terrain. Si je suis sur un terrain pour semer c’est ‘horech, si je suis sur un terrain pour construire et que je creuse pour faire des fondations alors là c’est la melakha de boné.
Donc toute action qui va venir améliorer le terrain (pour une éventuelle construction) ou ce qui y est relié c’est boné :
- Construire un binyan, une maison…
- Creuser un trou dans le sol (comme pour faire des fondations)
- Arranger, égaliser (comme aplatir des bosses pour pouvoir construire)
- Rajouter quelque chose à la construction (comme rajouter un bloc sur un bâtiment).
A partir du moment où j’ajoute quelque chose à la construction, celle-ci étant directement rattachée au sol alors c’est boné. On améliore la construction directement rattachée au sol, c’est Boné. De là on apprend que chaque acte que je vais faire aussi infime soit il sur un binyan (comme rajouter quelque chose sur une maison même si elle a des années) c’est transgresser la melakha de boné. Le point commun est une action d’amélioration du terrain ou de quelque chose qui est relié au terrain. Relié au terrain = Mé’houbar Lakarka’
Par exemple : planter un tout petit clou dans le mur pour pouvoir y suspendre un cadre (même un tout petit clou). Du moment où j’ai fais cette toute petite action qui a amélioré mon mur (je vais maintenant pouvoir y suspendre un cadre) et ce mur faisant partie de la maison et cette maison étant reliée au sol (me’houbar lakarka ) : amélioration d’une construction qui est reliée au terrain. Planter un clou ça peut paraître loin de construire mais du point de vue de chabbat ça rentre dans la melakha de boné.
La définition de boné, à savoir que ça doit être relié au sol « Mé’houbar Lakarka' », vient exclure deux choses :
1- Si je construis quelque chose qui est mobile, qui n’est pas fixé au sol ce n’est pas transgresser la melakha de boné tant que c’est destiné à rester mobile tout le temps (de la Torah, des Hakhamin nous verrons dans les cours suivants). Dans le Mishkan nous avons vu que lorsqu’on emboîte les poteaux dans les socles c’est Boné, pourtant les poteaux sont mobiles. Comment concilier ce que nous venons d’énoncer ? Réponse: si je fais quelque chose dont le but final est d’être fixé au sol « me’houbar lakarka ».
2- Melekhet boné ne se réfère donc qu’aux choses qui sont reliées au sol ou dont le but final est de les lier au sol, ce qui vient exclure les kélims (les ustensiles).
Tout ce qui est relié au sol s’annule au sol, est considéré comme le sol. Tout ce que je vais vouloir fixer aux murs devient partie intégrante de la maison, s’annule à la construction, comme une armoire que je viendrais clouer au mur par exemple, devient partie intégrante de la construction. De même pour le plafond, le parterre etc. Parce que la maison est elle-même directement reliée au sol (terrain).
Exceptions mises à part concernant les kélims on peut dire pour l’instant que :
– Tout ce qui est me’oubar lakarka’ (relié au sol) est considéré comme karka (le sol) autrement dit tout ce qui est lié au sol est considéré comme le sol.
– Tout ce qui n’est pas lié au sol est considéré comme un kéli (un ustensile) par exemple une table, une chaise, une commode, un buffet …
Celui qui construit un ustensile ne rentre donc pas dans la Mélakha de Boné. Ça s’appelle dans la Guémara : « ein binyan oustira be kéli » c’est-à-dire : « il n’y a pas de construction ni de destruction dans les ustensiles ». Nous verrons des détails sur ce sujet, il arrive que nous arrivions tout de même à un interdit de la Torah sur des Kélim (Ustensiles)
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TOLDA (travail dérivé) de boné : faire un ohel (dresser une tente ou fabriquer tout espace qui s’y apparente) est une Tolda (un dérivé) de la mélakha de boné. La melakha de Boné est dîte AV (père) tandis que les TOLDOT en sont un dérivé.
Quelle différence ?
- Lorsqu’on construit on prend plusieurs éléments séparés qu’on assemble, qu’on fixe sur le sol et qui deviennent une seule entité. Comme assembler des blocs pour construire un mur par exemple. Ça c’est la melakha de boné : donc Av. C’est la Mélakha qu’il y avait dans le Mishkan.
- Ohel (dresser une tente) c’est prendre quelque chose et fabriquer un espace avec.
Dresser un Ohel pendant Chabbat destiné à être fixe (dure dans le temps) s’appelle un ohel keva’ et c’est un interdit de la Torah.
Dresser une tente provisoire pendant chabbat s’appelle un ohel haray et c’est un interdit des ‘hakhamim.
Nous aurons des cas pratiques plus tard comme ouvrir un parapluie, mettre un chapeau, faire une tente, dresser des tréteaux où on forme un Ohel (espace entouré d’un « toit » et de « murs »). Par exemple j’ai déjà des poteaux et j’édifie quelque chose dessus afin d’utiliser l’espace du dessous. Ce n’est pas vraiment construire, c’est fabriquer un Ohel et c’est donc la tolda (le dérivé) de boné.
Le Av de Boné c’est prendre plusieurs éléments, les associer et en faire un seul élément. Par exemple 2 morceaux de bois et les coller (ça ressemble à coudre-Tofer pour des choses « molles »). On les fixe au sol et ça devient une seule entité ==> C’est Booné. Ohel c’est différent (même si c’est la Tolda de Boné) c’est prendre quelque chose et fabriquer un espace, par exemple prendre des poteaux existants, et faire un espace en dessous. Ce n’est pas vraiment construire en associant plusieurs choses pour en faire une seule. Ce n’est donc pas Av c’est la Tolda de la Mélakha de Boné.
SOTER (Détruire) :
Sotèr (détruire) c’est l’inverse de boné (construire) elles vont toujours ensemble : Boné – Sotèr. Je ne peux être ‘Hayav de Sotèr que si j’ai détruit quelque chose, que si je l’avais construit j’aurais été Hayav (coupable) de Boné. Mais je ne suis Hayav de Soter que si seulement si j’avais l’intention derrière de construire. Détruire pour détruire n’est pas un acte important, ce n’est pas Soter.Par exemple si je détruis un binyan pour construire autre chose de mieux à sa place. Il faut donc qu’il y ait :
- Intention de faire une nouvelle construction et
- Amélioration par rapport à ce qui a été détruit
Si je reconstruis exactement le même binyan que je viens de détruire je ne suis pas ‘hayav sotèr. Sotèr c’est détruire avec l’intention de construire quelque chose de mieux (amélioration).
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Avançons dans la définition de Boné en rajoutant des précisions.
Question : Si je construis un binyan pour deux ou trois jours est-ce que c’est boné ? (Binyan Lésha’a)
On a dit que la melakha de boné nous vient du Michkan. Dans le désert on le montait et on le démontait à chaque voyage (il y en a eu 42) et même si le Michkan était mobile et donc ne durait pas. La Guémara demande : comment peut on apprendre du Mishkan qui ne durait pas et donc comment peut on être Hayav ? (le fruit d’une mélakha doit durer). Le but final de ces voyages était d’arriver en Eretz Israêl, le fait est que le choix du moment du montage et du démontage ne dépendait pas de nous mais d’Hachem qui décidait quand on s’arrête et quand on repart. De là, la Guémara dans Yerushalmi en déduit que puisque ça ne dépend pas de nous c’est une construction fixe. La Guémara poursuit, même si c’est Hashem qui décidait, c’était provisoire puisque le but était d’aller en Israël, c’était donc provisoire. La Guémara déduit que même si une construction n’est pas faite pour durer, on rentre tout de même dans la Mélakha de Boné (puisqu’on apprend les travaux interdits de la construction du Mishkan). Ainsi un binyan qui est fait même provisoirement : c’est boné.
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Jusqu’ici nous avons donc appris 3 choses du Michkan, en résumé :
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Il fallait faire des trous pour faire ses fondations en y plaçant les poteaux et leurs socles = lorsque je fais un trou pour l’utiliser c’est donc boné.
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On emboîtait les poteaux dans les socles (éléments mobiles) pour pouvoir les mettre ensemble dans le sol = puisque le but c’est de les fixer dans le sol c ‘est donc boné.
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Même si je fais un binyan provisoire (pas durable), démontable, pour peu de temps = c’est ‘hayav michoum Boné (interdit par la Mélakha de Boné)
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Revenons maintenant aux quatre sujet de construire (nous verrons Ohel plus tard) :
- Arranger le sol
- Construire dans le sol
- Construire un bâtiment sur le sol
- Améliorer un bâtiment qui se trouve sur le sol
Ce sont quatre actions complètement différentes. Chacune est faire une action sur un terrain en l’améliorant.
1- Arranger le sol :
Égaliser un terrain (comme aplanir des bosses) c’est melekhet Boné parce que ça va m’aider à pouvoir construire.
Prenons le cas d’un homme qui chabbat veut déplacer de son terrain un tas d’ordures pour pouvoir y construire le dimanche, ça ne rentre pas dans la Mélakha de Boné. Pourquoi ? Parce que ce tas d’ordures ne fait pas partie intégrante du sol lui-même, c’est extérieur à la surface. Alors que Boné c’est faire une action sur le terrain, dans le terrain (comme creuser, égaliser …). Le seul problème pourrait être le Mouktsé que nous verrons plus tard (on peut déplacer un Mouksté qui me répugne).
C’est pourquoi les ‘Hakhamim ont interdit de balayer un terrain de peur que j’égalise (en balayant je pourrais tomber sur un monticule et en arriver à l’aplanir par exemple). Mais dans la maison si elle est carrelée, cimentée… cela est permis, le balai n’est pas mouktsé. On a donc de le droit de balayer (dans la maison) mais pas dans un jardin ou sur un terrain vague… car sinon cela rentrerait dans la Mélakha de boné. [il n’y a pas de problème intrinsèque à balayer même sur un terrain car la saleté est extérieure au terrain et donc ce n’est pas Boné, sauf si j’en arrive à égaliser le terrain]. Nous verrons qu’il y a une discussion entre le Shoul’han Aroukh et le Rama mais que de nos jours où la majorité des maisons sont carrelées, on a le droit d’après tous les avis de balayer une maison carrelées (avec un sol en ciment, carrelage …).
2008922917 20089229
Durée du cours : 64 minutes environ
Pour télécharger le cours : Télécharger “Hilkhot Shabbath -Boné (1) - 18 décembre 2016 - Rav M. Saksik” 71.HilkhothShabbath-CoursN71-Bone-Soter-1-18Decembre2016-RavMordekhaySaksik.mp3 – Téléchargé 108 fois – 87,50 Mo
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