Yaakov et Essav le fondement de leur différence – Réouven Carceles
Yaakov et Essav le fondement de leur différence
Les Sages nous ont enseigné dans le traité Nida au nom de Rabbi Samlaï : A quoi ressemble l’embryon dans le ventre de sa mère ? A un cahier qui est posé, replié. Ses bras sont le long du corps, ses deux aisselles sont sur ses deux genoux, ses deux talons sur ses deux fesses, sa tête est posée entre ses genoux, il a une lumière allumée sur la tête, et il regarde d’un bout du monde à l’autre. On lui apprend toute la Torah, ainsi qu’il est dit (Michlei 4) Il m’instruisait en me disant : Que ton cœur s’attache à Mes paroles, observe Mes mitsvot et tu vivras ! Mais quand il sort dans le monde, un ange vient, le frappe sur la bouche, et lui fait oublier toute la Torah.
Maintenant, il faut comprendre. Admettons qu’Essav ait voulu sortir quand Rivka passait devant les lieux d’idolâtrie, parce qu’il n’avait aucune satisfaction dans le ventre de sa mère, étant donné qu’il ne voulait pas étudier la Torah de la bouche de l’ange, et que tout son cœur ne rêvait que des moyens d’arriver dans les lieux d’idolâtrie. Donc il s’efforçait de sortir à chaque fois qu’il sentait
l’odeur de l’idolâtrie, car c’est là qu’allait son désir dès le ventre de sa mère.
Mais Ya’akov, pourquoi cherchait-il à sortir à chaque fois que Rivka passait devant les lieux de prière et d’étude ? Pourquoi ne trouvait-il pas de satisfaction dans le ventre de sa mère, alors que l’ange lui enseignait toute la Torah ? Y a-t-il un bonheur plus grand que celui-là ? Quand il est sorti du ventre de sa mère, l’ange l’a frappé sur la bouche et lui a fait tout oublier, par conséquent qu’avait-il à gagner à courir pour sortir vers les lieux de prière et d’étude, si cela devait lui faire oublier toute la Torah que l’ange lui apprenait ? Si nous pesons le fait de rester dans le ventre de sa mère contre celui de sortir vers les maisons d’étude, il n’y a aucun doute qu’il valait mieux rester là aussi longtemps que possible, pour profiter de cette étude merveilleuse de toute la Torah de la bouche de l’ange. Par conséquent, pourquoi Ya’akov cherchait-il à sortir ?
C’est qu’entre lui et Essav il y avait une différence sur la façon de considérer ce monde-ci, son utilité et la meilleure façon d’en tirer profit. Le Midrach dit : Quand Ya’akov et Essav étaient dans le ventre de leur mère, Ya’akov a dit à Essav : mon frère, nous sommes deux, et il y a devant nous deux mondes, ce monde-ci et le monde à venir ; ce monde-ci comporte la nourriture et la boisson, les affaires, le mariage et l’enfantement de fils et de filles, mais le monde à venir n’est pas ainsi ; si tu veux, prends ce monde-ci et moi je prendrai le monde à venir, ainsi qu’il est dit : vends-moi aujourd’hui ton droit d’aînesse, comme nous le disions dans le ventre. A ce moment-là, Essav a pris sa part dans ce monde-ci et Ya’akov a pris sa part dans le monde à venir.
Quand Ya’akov est revenu de chez Lavan et qu’Essav a vu à Ya’akov des fils, des serviteurs et des servantes, il lui a dit : Mon frère, ce n’est pas ce que tu m’avais dit, que toi tu prendrais le monde à venir ! D’où te vient tout cet argent, est-ce que tu utilises ce monde-ci comme moi ? Ya’akov lui a dit : Les biens, le Saint béni soit-Il me les a donnés pour m’en servir en ce monde , ainsi qu’il est dit : les enfants que D. a accordés à ton serviteur.
Nous avons donc une différence flagrante entre la façon dont Ya’akov voit le monde et le regard d’Essav. Essav voit devant lui deux mondes distincts, ce monde-ci et le monde à venir. A ses yeux, ce monde-ci est destiné aux plaisirs, à manger, à boire, à se marier et à avoir des fils et des filles, alors que le monde à venir est un monde de spiritualité. Quand on demande à Essav de choisir entre deux mondes, il choisit le monde du plaisir, ce monde-ci. C’est pourquoi il n’a pas besoin du droit d’aînesse qui lui confère des droits spirituels, car ce n’est pas ce qu’il recherche. Il cherche le plaisir !
Alors que Ya’akov voit les deux mondes comme une seule unité. Ce monde-ci est une entrée destinée à se préparer pour arriver au monde à venir. C’est pourquoi dès ce monde-ci, il choisit le monde à venir, c’est-à-dire qu’il considère le monde non comme ayant une utilité en soi pour en tirer le maximum de plaisir, mais comme une préparation pour le monde à venir, qui est spirituel.
Quand Essav rencontre Ya’akov et sa famille au bout de nombreuses années, et qu’il voit que Ya’akov aussi a des fils, des filles, des serviteurs et des servantes, il s’étonne : Mon frère, tu m’as dit que tu prendrais le monde à venir, d’où as-tu donc tout cet argent ? Est-ce que tu utilises ce monde-ci comme moi ? Mais Ya’akov lui répond : Le Saint béni soit-Il m’a donné ces biens pour que je les utilise dans ce monde-ci ; c’est-à-dire, c’est vrai, moi aussi j’ai des fils et des filles et de l’argent, mais mon but n’est pas simplement d’en profiter, c’est le Saint béni soit-Il qui me les a donnés pour que je les utilise, ce sont les moyens par lesquels je peux servir Hachem et mériter la vie du monde à venir !
Maintenant, nous pouvons comprendre parfaitement pourquoi Ya’akov avait tellement envie de sortir du ventre de sa mère, au point qu’il courait à chaque fois qu’elle passait devant les maisons de prière et d’étude, mais on peut se demander pourquoi il ne souhaitait pas profiter de continuer à étudier toute la Torah de la bouche de l’ange. La réponse est que Ya’akov savait que l’homme vient au monde uniquement pour se préparer des mérites pour la vie du monde à venir. Comment prépare-ton des mérites ? Est-ce en étudiant la Torah de la bouche de l’ange, sans aucun effort personnel ? Cette étude ne comporte aucune peine et ne mérite donc aucune récompense. C’est un cadeau du Ciel, alors pourquoi lui donnerait-on une récompense ?
L’homme est né pour le travail (Iyov 5), pour le travail de l’étude de la Torah (Yalkout Chimoni ). L’essentiel de l’importance de l’étude de la Torah et de l’accomplissement des mitsvot est que ce soit dans le travail et l’effort. Quand on se mesure à des épreuves et des défis et qu’on est victorieux, on mérite une récompense dans le monde à venir.
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