Dévar Torah Soukkot – 5777 – Yéhouda Moshé Charbit
Dévar Torah Soukkot
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בס״ד
Pour l’élévation de l’âme Yéhouda Ben David Lalou ainsi que ‘Hanna bat Esther.
Pour la réfoua shéléma de Yitshak Ben Chimone.
Comme chaque année, nous arrivons à la fête de souccot et vient pour nous le moment d’en chercher le sens, quel est le message de cette fête ? Souccot est la troisième fête du calendrier, de fait, elle s’inscrit dans la suite logique des deux fêtes qui la précèdent, durant lesquelles nous sommes successivement jugés et pardonnés de nos fautes. Comme nous allons maintenant le voir, les conséquences de ce pardon généralisé, nous conduisent droit dans la souccah qui constitue un abris contre le danger qui plane sur nous.
Cette fête tire sa source de ce que les bné-Israël ont vécu entouré des nuées de gloire à leur sortie d’Égypte. Comme le souligne le Haktav véhakaballah (vayikra, chapitre 23, verset 42), c’est lorsque les bné-Israël ont voyagé depuis Ramsès vers la ville de Souccotah, que les nuées sont apparues. Il est intéressant de voir, qu’après sa confrontation avec Essav, Yaakov est également allé résider dans cette ville. Le Chem Michmouël (souccot, année 680) écrit que la raison de son séjour dans cette ville consistait à se protéger des forces du mal que représente Essav. C’est en ce sens que cette fête puise sa source chez Yaakov, car il en a initié les prémices. Par la suite, les bné-Israël vont également vivre entourés de la présence divine et donc des nuées qui se feront connaître dans cette ville. C’est dire combien, la souccah fait office de protection, tant physique de par l’essence des nuées qui protégeaient les bné-Israël de tous les danger matériels, mais également spirituelle, car son essence provient de la protection que Yaakov cherchait contre Essav.
La question qui se pose, concerne l’objectif de cette protection, pourquoi précisément, à cet instant devons-nous nous cacher, et chercher refuge dans la souccah ? Plus encore, comment cette dernière opère t-elle de façon efficace ?
C’est justement en ce sens que la fête de Souccot est la suite logique de celles de Roch Hachana et Kippour. En effet, le Zohar (parachat émor, page 100b) écrit : « La torah écrit : »Et Essav est retourné en ce jour, sur sa route » Quand était-ce ? Au jour de la né’ila, car il s’est séparé du peuple saint, et Hakadoch Baroukh Hou a abandonné leurs fautes et les a pardonnés. Puisque cet accusateur est parti grâce à ces cadeaux (le bouc émissaire) et s’est séparé d’eux, Hakadoch Baroukh Hou veut se réjouir avec ses fils. C’est pourquoi, la torah dit ensuite : »Et Yaakov a voyagé à Souccotah et lui a
construit une maison ». C’est la raison pour laquelle nous appelons cet endroit Souccot. Puisque les bné-Israël résident dans la souccah, ils sont protégés de l’accusateur et Hakadoch Baroukh Hou se réjouit avec Ses fils. »
Qu’est-ce que cela signifie ? Où se trouve le danger ?
Rappelons une notion que nous avons évoqué pour Kippour. Ce jour est celui où nous nous séparons de nos erreurs, de nos fautes et du mal qu’elles engendrent. En ce sens, nous vivons une élévation titanesque, notre sainteté se veut radicalement amplifiée du jour au lendemain. Nous ne sommes plus les mêmes. Or, en grandissant en sainteté, nous provoquons une augmentation conséquente des forces du mal qui nous entourent. En effet, pour soucis du respect du libre-arbitre, il est nécessaire, que les forces de tentation qui nous attaquent, soient de la même envergure que le bien qui nous entoure. De fait, puisque nous vivons une métamorphose subite le jour de kippour, il s’en suit une sur-expression de notre mauvais penchant. Cette intensification nous est très dangereuse car nous ne sommes pas nécessairement à même de la supporter. D’où l’attitude préventive de Yaakov, d’aller se réfugier dans la souccah, que nos sages appellent « l’ombre de la foie », pour y trouver le refuge contre les mauvaise manœuvre de notre mauvais penchant.
Face au danger en question, Hachem nous offre une période d’adaptation, un temps pour nous habituer à cette grandeur fraîchement acquise. Plus encore, Il nous fournit les armes nécessaires pour pouvoir lutter ensuite contre la tentation.
Comme chacun le sait, la faute est la conséquence de nos errances, de notre oublie momentané de Dieu. Si nous parvenions à enraciner Sa présence dans nos esprits, alors à l’évidence nous ne fauterions pas. C’est pourquoi la fêtes de Souccot, de par la lumière phénoménale qu’elle déverse sur le peuple juif, va jouer un rôle capital dans notre connaissance du divin, et va ancrer en nous le daat, le savoir.
Le Hidouché Harim (sur souccot) développe deux points qui vont nous permettre de comprendre plus en avant, la puissance qui se dévoile durant cette fête. Il explique d’une part que la fête de souccot
constitue le pilier de la foie qui s’oppose frontalement aux forces du mal que représente Amalek (descendant d’Essav, qui canalise toute son impureté) qui a cherché à faire disparaître, la croyance en Dieu. Comme nous l’avons souligné maintes fois, la valeur numérique du mot Amalek est la même que celle du mot safek qui signifie le doute. Ce peuple maudit est celui qui, en permanence, insinue le doute dans le cœur des hébreux et nous pousse à la faute. Il est le prototype de ce qui s’oppose à la connaissance d’Hachem.
D’autres part, le maître, nous dévoile le type d’énergie qui se cache dans cette fête qu’est souccot : « à Souccot se déverse une flux de connaissance, de savoir, comme il est écrit : » afin qu’ils sachent » et part le biais du loulav, les bné-Israël reçoivent cette source du savoir… Car en plus de nous avoir donné la torah, Hakadoch Baroukh Hou nous aide à la saisir. »
Il apparaît donc que les deux mitsvot relatives à cette fêtes viennent nous éveiller à cette connaissance du divin. Comme nous l’avons dit, la souccah constitue une protection contre le mal, car, en elle se révèle un dévoilement sans égal qui repousse les forces négatives. De fait, elles ne parviennent plus à nous atteindre. Toutefois, cela ne nous met pas nécessairement en sécurité, car, une fois la fête terminée, nous serons de nouveau en prise avec ces forces. C’est justement là que les quatre espèces font leur intervention.
Tentons d’approfondir.
Pour se faire, il convient de rapporter les propos du Beth Yossef (Ora’h ‘Haïm, siman 651, séïf 9), qui explique la raison de relier l’étrog aux trois autres espèces : « ce secret m’a été dévoilé en rêve la nuit du premier jour de Souccot lorsqu’un ‘hassid ashkénaze, nommé rabbi Yitshak, est venu chez moi. Le soir je l’ai vu en rêve en train d’écrire le nom d’Hachem (י–ה–ו–ה ) en espaçant la dernière lettre des autres. Je lui ai alors demandé pourquoi agissait-il de la sorte et il m’a répondu que tel était la façon de faire chez lui. J’ai alors réécrit le nom d’Hachem dans la façon convenable en liant les quatre lettres. Je ne comprenais pas ce rêve jusqu’à ce que le lendemain, au moment de la mitsvah du loulav, j’ai vu qu’il n’agitait pas l’étrog avec le reste
des trois espèces et alors j’ai compris. Comme nos sages l’expliquent chaque espèce du loulav représente Hachem lui-même ».
Ce texte nous démontre le lien profond entre les quatre espèces et le nom divin. Mais plus encore, le Arizal (cha’ar hakavanot, hag hasouccot, drouch 5) nous explique les choses plus en profondeur. Comme chacun le sait, l’attitude requise pour la réalisation de cette mitsvah est de secouer les quatre espèces ensembles, dans toutes les directions. Une remarque importante est celle du sens des mouvements : nous partons de nous vers l’extérieur, puis nous revenons de l’extérieur vers nous. Cette démarche permet de capter et de canaliser la lumière présente dans toutes les directions qui nous entourent, puis de la ramener vers nous afin que nous puissions en bénéficier. Le Arizal précise qu’il convient de penser à cela au moment de la réalisation de la mitsvah, car la source de la connaissance est une chose très profonde et les quatre espèces permettent de la pénétrer.
Au vu de ce que nous venons de dire, nous comprenons parfaitement le schéma qui se met en place. Les deux premières fêtes du calendrier nous hissent au statut de baal téchouva, de repentit. À ce
titre nous vivons une métamorphose puissante, qui provoque parallèlement une amplification de notre mauvais penchant. Pour parer cet ennemi, Hachem descend Lui-même dans la souccah et nous fourni une ombre protectrice, Il y dévoile le »daat » le savoir, la connaissance et la proximité avec le Maître du monde. Afin d’enraciner ces forces au plus profond de nous, Il utilise Son propre nom, celui là même qu’Amalek a abimé en tentant de nous faire fauté, le י-ה-ו-ה. Par le biais des quatre espèces qui entrent en liaison avec ce nom, Hachem nous accorde le moyen de le faire entrer en @harmonie avec nous, de l’enraciner dans notre esprit. Par cela, la connaissance d’Hachem se fait plus grande, plus marquée et nous place en position adéquat pour faire face au mauvais penchant qui nous attend au lendemain de la fête.
Nous voyons combien Hachem a à cœur de nous aider à combattre le mal et à le vaincre. C’est dire combien le seul combat qui est le notre est celui de l’effort. Il ne s’agit finalement que de faire quelques pas vers le Maître du monde, pour qu’Il nous fournisse toute l’aide imaginable. Ceci peut paraître trop beau pour être vrai, mais c’est l’exact définition de notre relation avec Hachem. À nous de nous mettre en selle, de faire quelques pas dans la souccah, d’avancer vers Hachem, pour pouvoir connaître le sentiment de ce qu’est une vie authentique.
Hag Samé’ah.
Y.M. Charbit