Parachat Ékev – Itsik Elbaz
Parachat Ékev
Leilouy nichmat Méir Barou’h Morde’hai Ben Miryam
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Parachat Ékev
והיה עקב תשמעון (דברים ז’, יב’)
Et ce sera lorsque vous m’écouterez (Deutéronome 7 ; 12) (premier verset de Parachat Ékev)
La Paracha nous offre une pluie de bénédictions en tant que récompense si nous marchons Ses voies. Mais les termes employés laissent un peu perplexe, du fait de leurs formes grammaticales ou de leur habituelle inutilisation. En effet, והיה est au passé alors que la phrase est au futur, עקב signifie si mais aurait pu être remplacé par אם, plus utilisé. Aussi, תשמעון possède une dernière lettre, le נ , un peu superflue. Pourquoi la Torah a-t-elle utilisé une telle expression ? Aussi, pourquoi les bénédictions nous sont rappelés seulement lors de ce passage (et non pas à chaque fois que H.achem nous donne une Mitsva) ?
Rachi, sur ce passage, parle des Mitsvot que l’homme a tendance à piétiner du talon. Pourquoi cette expression ?
Le Or Ha’Haïm rapporte Le Midrach (Béréchit 42) et explique que והיה se rapporte à un contexte de joie et d’allégresse. Et l’accomplissement de la Torah amène la joie, comme le déclare le Roi David dans les Psaumes (19 ; 9) Les préceptes de l’Eternel sont droits, ils réjouissent le cœur. Et les Pirké Avot (4 ; 2) Une Mitsva entraine une autre Mitsva (ce qui génère de la joie !). De même, un homme qui n’est pas marié ne peut connaitre de réelle joie car la femme apporte la joie et la bénédiction dans le couple.
Le second mot ‘Ekev a deux autres significations : le talon et la fin, censés nous expliquer une chose : le Talmud (Avoda Zara 2b) explique que lors des Temps à venir, les nations viendront vers H.achem lui dire : « Tu n’as pas agi envers nous comme tu as agi avec les Enfants d’Israël, tu ne nous as pas forcé à accepter la Torah, autrement nous aurions fait Ta volonté. Donne-nous une Mitsva pour nous rattraper ! » H.achem leur donna une Mitsva simple, la Soucca. Seulement, au mois de Tamouz, par la chaleur, ils sortirent et frappèrent du pied la Soucca, ne respectant pas la seule Mitsva ordonnée. De plus, la Mitsva de Soucca s’effectue en y mettant le pied à l’intérieur.
Au final, la Torah explique ici que la plus simple des Mitsvot ramènent d’autres Mitsvot à la chaine et que ces Mtsvot provoquent la joie chez celui qui les accomplit au regard de la Torah (d’ailleurs le נ en plus correspond aux 50 portes de sagesse de la Torah). Les Mitsvot simples qui apportent la joie apportent aussi la bénédiction, et il ne faut pas mépriser les Mitsvot simples car l’on ne sait pas quelle valeur peut avoir telle ou telle Mitsva !
Une parabole pourra expliquer ce concept : Dans un royaume, un Roi, engagea plusieurs jardiniers pour agrémenter ce jardin en arbres et végétaux divers. Il demanda à ce que l’on plante des pommiers, des vignes, des figuiers et encore pléthores d’arbres fruitiers. Chacun des jardiniers s’activa pendant un mois à planter ces arbres en diversité.
Une fois le jardin entièrement décoré, le Roi appela chacun des jardiniers pour lui donner son salaire. Chaque salaire étant évalué en fonction des arbres plantés, il apparut que les jardiniers ayant planté des vignes reçurent le salaire le plus juteux. Puis vinrent les figuiers, les pommiers, les palmiers et ainsi de suite …
Le jardinier se plaignirent au Roi et demandèrent des explications. Le Roi leur dit alors : « Si je vous avais présenté une grille de tarifs pour chaque et chaque arbre, vous n’auriez planté que l’arbre vous apportant le plus grand bénéfice. Or, Ma volonté n’est pas de voir un jardin rempli d’une seule sorte d’arbre. C’est pourquoi je ne vous ai pas dévoilé à l’avance les tarifs ».
Il en est de même pour nous ; chaque Mitsva est chérie par H.achem et il veut nous voir les accomplir dans leur totalité, c’est pourquoi le salaire de chaque Mitsva est différent en fonction de l’individu et de la nature de la Mitsva elle-même.
לישא זרע של צדיקים כדי לזכות לבנים צדיקים
ברכות דף י. « בימים ההם חלה חזקיהו למות ויבא אליו ישעיהו בן אמוץ הנביא ויאמר אליו, כה אמר ה’ צו לביתך כי מת אתה ולא תחיה וגו’, אמר ליה מאי כולי האי, אמר ליה משום דלא עסקת בפריה ורביה, אמר ליה משום דחזאי לי ברוח הקדש דנפקי מינאי בנין דלא מעלו, אמר ליה בהדי כבשי דרחמנא למה לך, מאי דמפקדת איבעי לך למעבד, ומה דניחא קמיה קודשא בריך הוא לעביד, אמר ליה השתא הב לי ברתך, אפשר דגרמא זכותא דידי ודידך ונפקי מנאי בנין דמעלו« .
S’unir à une famille dont les ancêtres sont des Justes afin que les enfants puissent par ce mérite êtres des Justes.
La Guémara (Béra’hot 10a) nous raconte la suite de la conversation entre le Prophète Yéshayaou qui vient d’annoncer au Roi Hiskiyaou que ses jours sont comptés car il n’a pas accompli la Mitsva de se marier et d’amener des enfants au monde, car celui-ci avait vu que ses enfants ne marcheraient pas dans Ses voies. Le Roi Hiskiyaou regrette alors d’avoir agi ainsi et propose au Prophète de lui accorder la main de sa fille en déclarant : « peut-être que ton mérite et le mien réuni donneront de bons enfants » nous apprenons de là qu’il est important de s’unir à de bonnes familles, afin que les enfants puissent par le mérite des ancêtres, bénéficier de leurs mérites et de devenir des Justes.
On ne trouve dans le Monde Futur que ce que l’on a préparé ici-bas
Le ‘Hafets ‘Haim avait pour habitude de dire que dans le Monde Futur, il n’y a pas d’imprimerie, et il n’existe aucune manière de se procurer le moindre livre. Là-bas, ne se trouvent que les livres que l’homme s’est fatigué à les apprendre, à les maitriser, à s’en imprégner, à préparer dans ce monde. Car tout ce que l’homme étudie ici est gravé là-bas et se trouvera à jamais devant lui.
Pour illustrer ses propos, il racontait souvent : « Dans mon enfance, mon père m’a amené à Vilna (Vilnius, en Lituanie) chez un des plus éminent Sages de la génération (il semblerait que ce soit le Rav Avraham Abli Faswelher) afin que celui-ci contrôle mes connaissances. Je lui avais dit que j’avais préparé Baba Metsia et qu’il pouvait m’interroger. Il répondit « Dis-moi ce que tu sais ». Au début, j’avais peur car il ne m’avait donné aucun support pour consulter, puis je me repris et récitai la Guémara. Je réussis à dire une page et demie par cœur mais je n’ai pu continuer. J’en conçus une grande honte (Le ‘Hafets ‘Haim ayant huit ans à l’époque !) »
Et de conclure : Si on peut éprouver une telle honte devant un humain fait de chair et de sang, combien la honte sera plus grande devant le Roi des Rois. Là-bas, il n’y aura pas non plus de livres pour nous aider, seulement les livres dont nous avons eu la sagesse de nous préparer.
L’assiduité et la régularité
Le ‘Hafets ‘Haim faisait souvent attention à ce que les étudiants en Torah fassent en sorte de manger, dormir et étudier à heure fixe car seul celui qui possède un emploi du temps régulier peut être appelé assidu.
Le ‘Hafets ‘Haim était très strict envers les étudiants sur le fait qu’ils aillent se coucher à l’heure, lui-même venaient au Beth HaMidrach (Maison d’Etude) de la Yéchiva (école Talmudique), montait sur la table afin d’éteindre les bougies en déclarant « Il est l’heure de se coucher » puis quittait les lieux.
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Fin de Parachat Ékev