Birkat Hagomel – Qui prodigue le bien
Birkat Hagomel
Dans cette publication de « Halakha Yomit » nous avons regroupé trois articles (traductions) qui ont pour thème commun « Birkat Hagomel ». Les articles sont traduits et adaptés par le Rav Freddy Elbaze. Les articles originaux sont issus du site Halacha Yomit
Thèmes abordés dans ce document :
- Birkat Hagomel en deux parties
- Cas de celui qui traverse la mer
- Chomea Kéoné
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Birkat Hagomel I
Nos sages ont enseigné dans le Traité Berakhot (54) : Rabbi Yehouda a dit au nom de Rav : Quatre personnes doivent remercier (particulièrement) Hachem :
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- Celui qui traverse la mer, dès le retour ;
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- Celui qui traverse le désert, lorsqu’il arrive en ville ;
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- Celui qui était malade, lorsqu’il se rétablit ;
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- et Celui qui était en prison lorsqu’il en sort.
Il y a un moyen mémo technique pour s’en souvenir : « Vékol Hahayim Yodoukha séla »
Le mot Hayim :
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- h=H’avouch (=emprisonné) ;
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- y=yam (mer) ;
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- i=Issourim (=maladie) et
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- M=Midbar (=désert).
Quel est le contenu de la Birkat Hagomel : La guemara dit : «Baroukh Ata H’…Melekh Aolam Hagomel Léh’ayavim Tovot, Cheguemaleni Kol Touv ».
Maran le Beit Yossef ז״ל explique le sens de cette bénédiction : Hagomel Léhayavim Tovot= même pour ceux qui sont Hayavim, c’est-à-dire impies (la traduction en Araméen de Racha est Hayav) malgré tout, Il leur prodigue du bien, et moi aussi je suis comme eux bien que je ne sois pas méritant, Il m’a comblé de bienfaits.
Cette Bérakha doit être dite devant au moins dix hommes juifs dont deux sages en Torah (Voir dans Pessahim 64).
S’il n’y a pas deux érudits, la Bérakha pourra malgré tout être dite. La Bérakha n’est pas absolument conditionnée par la présence de deux Talmidé Hakhamim. Mais le nombre de dix hommes est nécessaire et incontournable.
Après la Berakha les personnes présentes diront amen, puis « Tsour Acher Guemalekha Kol Touv Hou Yiguemalekha Kol Touv Laad Nétsah Séla » = Le Rocher (Hachem) qui t’a comblé de bienfaits, Lui-même te comblera de tous les bienfaits à tout jamais
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Birkat Hagomel II
Dans le chapitre précédent, il a été rapporté que, celui qui traverse la mer, qui traverse le désert, qui sort de prison et celui qui était malade doivent remercier particulièrement Hachem, en disant la Berakha de Gomel.
Les femmes, elles aussi sont concernés et donc astreinte à cette Berakha, quand il le faut ; car la logique veut qu’il n’y ait pas de différence entre les hommes et les femmes, quand à remercier Hachem pour le bien qu’Il prodigue.
Ainsi a tranché le Gaon R.Moché Feinsteinז״ל et d’autres Posskim [décisionnaires] encore.
Le Rav « Knesset Haguedola » (400 ans) a écrit, qu’il était étonné de voir cet usage, répandu dans les différentes communautés, que les femmes ne disent pas la Birkat Hagomel, sous prétexte qu’une femme ne se présente pas devant une assemblée d’hommes. Il est normal, dit-il, qu’une femme ait le droit de remercier Hachem. Quant à la Tsniout=pudeur, elle peut très bien dire la Berakha depuis la Ezrat Nachim (endroit réservé aux dames à la synagogue).
Une femme qui vient d’accoucher, est considérée comme une malade qui a recouvré la santé, et se doit par conséquent, de réciter Birkat Hagomel devant 10 hommes. Elle peut dire cette bénédiction chez elle, lorsqu’il se trouve un Minyane, ou bien au moment de la Seoudat Brit Mila, s’il s’agit d’un garçon ou de la Seoudah de Zered Habat, s’il s’agit d’une fille et toute l’assistance répondra Amen.
La question s’est posée, concernant, la récitation de cette Berakha, la nuit certains n’autorisent pas.
Mais Notre Maître Rav Ovadia Yossef זצ״ל a écrit, que le Minhag qui était répandu, consistait à dire cette bénédiction au moment du « Brit Ishak » : la nuit qui précède la Mila.
La femme se présentera alors devant 10 personnes parmi les convives, et dira cette Berakha (il s’agit bien sûr de la nuit).
C’est pourquoi, en cas de nécessité, cette bénédiction pourra être dite la nuit.
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Celui qui traverse la mer
Dans les Halakhot précédentes il a été rapporté la Berakha du Gomel, qui concerne 4 situations différentes, l’une d’elle était : «Yordé Bayam »=ceux qui traversent la mer. Nous avons également rapporté que la Birkat Hagomel se disait devant 10 personnes.
Rabbénou Avraham, fils du Rambam a écrit que ceux qui voyagent en bateau, bien que le voyage se soit passé sans embûches, et que la croisette fut très confortable, les passagers devront dire la Birkat Hagomel dès que l’occasion se présente.
Le principe est le suivant : quelle que soit la durée de la croisière, que celle-ci fut en mer ou sur fleuve dès l’instant où il y eut une possibilité de naufrage dû à la profondeur, il y a obligation de dire Birkat Hagomel.
Cependant le Michna Beroura écrit dans le Biour Halakha du chapitre 219, concernant nos fleuves qui sont moins dangereux que la mer, tout dépendra du Minhag ; c’est à dire que pour le Minhag Sépharade, qui impose à dire le Birkat Hagomel même après un voyage (en voiture ou à pied) d’une ville à l’autre, bien que le danger ne soit pas évident, la bénédiction devra être dite même pour la traversée d’un fleuve ; tandis que pour le Minhag Ashkénaze, qui consiste à dire cette Berakha uniquement lorsque l’on voyage d’un pays à l’autre, on ne dira cette bénédiction que pour une traversée en mer. Notre Maître Rav Ovadia Yossef זצ״ל, a rapporté cet avis en tant qu’Halakha pratique. Le Rav Avraham Isaac Hacohen Kook ז״ל a rapporté dans son livre « Orah Michpat » (45), même de nos jours où les traversées en mer, sont beaucoup moins périlleuses qu’auparavant, du fait des progrès technologiques dans l’aéronautique la Takana des Hakhamim, ne change pas et quiconque traverse la mer dira cette Berakha. Ainsi a tranché le Gaon R.M. Feinsteinז״ל et d’autres.
Notre Maître Rav Ovadia Yossef זצ״לa écrit que quiconque nage en pleine mer, bien qu’une surveillance à distance existe, puisque le danger de noyade demeure, il y aura obligation de dire la Birkat Hagomel (même si la plongée s’est déroulée sans problème). Les marins, les pêcheurs (au filet) qui sont constamment en mer diront Birkat Hagomel une fois par semaine, c’est à dire le Chabbat, quand ils seront de retour chez eux, quand bien même ils reprennent le large le Dimanche.
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Sujet : Choméa Kéoné
On a enseigné dans le Traité Berakhot 38, un principe valable pour tous les Dinim de la Torah: qui est celui de « Choméa Kéoné« : c’est-à-dire quiconque entend une Berakha est considéré comme l’ayant dite lui-même.
Prenons l’exemple de deux personnes qui s’apprêtent à manger un fruit, si l’une d’elle fait la Berakha et pense acquitter son ami par sa Berakha, le Choméa : celui qui entend sera acquitté et pourra manger son fruit. C’est ce qui est pratiqué lors du Kiddouch du Chabbat, de la Berakha du Motsi, lorsque le chef de famille récite la Berakha, et les convives s’acquittent par leur écoute.
Il en est de même pour la Berakha du Gomel, si plusieurs personnes ont besoin de dire Gomel à la synagogue, parce qu’elles ont voyagé…, il ne sera pas nécessaire que chacun s’approche de la Bima pour dire sa bénédiction, l’un s’approchera, pensera acquitter, toute personne qui le souhaite par sa bénédiction.
C’est ainsi qu’il est rapporté dans le Choulhan Aroukh(219): « Si une personne dit le Gomel, et pense acquitter par sa Berakha son ami, et que celui-ci écoute et pense se rendre quitte par la Berakha qu’il écoute, cela sera suffisant même celui qui s’acquitte ne répond pas Amen ». Celui qui s’acquitte en écoutant, a besoin lui aussi d’être Mékavene= d’avoir l’intention de se rendre quitte, à cause du principe : « Mitsvot Tsrikhot Kavana ». Lorsque l’on fait une Mitzva, on doit penser que notre acte, parole… est en vue de réaliser une Mitzva. Il en est de même pour celui qui s’acquitte par la Berakha ou la Tephila, de son prochain.
Ainsi a décrit le Hatam Sofer, lorsque lui et sa communauté eurent bénéficié de nombreux miracles lors de la guerre contre Napoléon, il monta à la Tora et dit la Berakha du Gomel, pour lui et tous ses fidèles.
Traduction et adaptation par Rav F. Elbaze