82.Hilkhoth Shabbath – Cours N82
Maké Bépatich (4)
Mav’ir – Consumer (1)
7 Mai 2017 – Rav Mordekhay Saksik
Mélakha de Maké Bépatich (4) – Mélakha de Mav’ir (1).
Cours enregistré pour le site Jardindelatorah. Maké Bépatich (4)
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et cinq minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.
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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Aharon Aléxandre Ben Routh
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MELAKHA de Maké Bépatich
TRADUCTION : Frapper avec un marteau
DEFINITION : Terminer totalement une œuvre, un travail.
INTRODUCTION : La mélakha de Maké bépatich est dans la liste des 39 mélakhot (Travaux interdits par la Torah pendant Shabbath).
COMMENT ETUDIER LES MELAKHOT ? On définit la mélakha : quelle est la définition de l’action interdite ? Une fois la définition donnée, on étudie tous ses dérivés et interdits par la Thora, et enfin on étudie les interdits des Hakhamim. Les Hakhamim expliquent les actes interdits autour de cette mélakha, autour des actes interdits par la Torah.
Quelques exemples, interdits par les sages, vus précédemment:
Par exemple, l’interdit de nager ou de faire de la musique pendant Shabbat, ou encore de prélever le Maasser (les dîmes) ou la Halla durant Shabbat. Tous ces interdits sont des interdits des Hakamim qui sont liés à la Mélakha de Maké bépatich.
- Pourquoi l’interdit de nager ? De peur que je ne fabrique une petite planche pour apprendre à nager. Le fait de nager n’est pas interdit par le Torah, mais fabriquer la planche alors est un interdit de Maké bépatich. (et donc nager pendant Shabbath est interdit par ordre Rabbinique).
- Jouer d’un instrument de musique à Shabbat n’est pas interdit par la Torah, mais si mon instrument se casse et que je le répare alors c’est interdit, car réparer quelque chose qui fonctionne c’est Maké bépatich. Donc les Hakhamim ont interdit de jouer d’un instrument pandant Shabbath de peur d’en arriver à réparer un instrument de musique.
- Prélever le Maasser de fruits ou de la Halla, durant Shabbat,est interdit, c’est une réparation. Mais dans les aliments il n’y a pas Maké Bépatich sauf pour le Maasser.
Nouveaux cas
- Plier un habit pendant Shabbat sur ses propres plis est un interdit des Hakhamim, car cela ressemble à Métaken (arranger). Plier un habit (froissé par exemple) sur ses propres plis est une façon de l’arranger, de le réparer; ça ressemble à réparer (Métaken) et c’est donc un interdit de Shabbat par ordre Rabbinique (ça ne peut pas être un interdit de la Torah car il n’y a pas d’arrangement dans l’habit lui-même). Une exception existe à cet interdit avec 3 conditions qui réunies vont permettre de plier un habit :
- Que l’habit soit blanc
- Et Que l’habit n’ait jamais été lavé
- Et qu’une seule personne le plie.
- Car un vêtement neuf qui n’a jamais été lavé n’a pas le même aspect et cela ne l’arrange pas. Il est donc interdit de plier un habit qui a déjà été plié.
- Plier un habit mais pas sur ses plis, de l’autre côté, alors c’est alors autorisé. Dans ce cas-là, du fait qu’il existe des plis, cela n’arrange pas l’habit.
- Prenons l’exemple classique du talit : la Halakha dit qu’on peut plier le talit à condition de ne pas le plier sur les plis déjà existants. Il faut le plier de l’autre côté des plis.
- On se demande alors comment plier un talit sans que cela soit sur ses plis ? Il y a ici un autre problème, le issour (interdit) de hakhana (préparer) : ai-je le droit de préparer mon talit en le pliant (pas sur ses plis) pendant Shabbat ? Le fait de faire un acte qui diffère de la normalité (comme ici, le fait de se forcer à ne pas plier sur les plis existants) n’est pas un acte de préparation et c’est donc autorisé. L’interdit de préparer ne s’applique qu’à des actions normales.
- Cependant si on voit des gens plier leur talit sur les plis on ne peut pas leur dire qu’il s’agit d’un interdit, car quelques décisionnaires permettent, car ce ne serait pas un vrai arrangement interdit par le Talmud.
- Peut-on prendre en compte la « peine » due au fait que les vêtements vont s’abîmer et s’accumuler si je ne les plie pas pendant Shabbat ? Si je veux plier un vêtement sur ses plis pendant Shabbat, même pour éviter qu’il s’abîme, je ne le peux pas car il s’agit d’un arrangement. Il faudra le plier hors de ses plis existants.
- Pourquoi faire la vaisselle pendant Shabbat est-il autorisé ? Car nettoyer n’est pas Métaken. Le nettoyage est externe à la vaisselle elle-même. Plier des habits est un acte bien supérieur à nettoyer la vaisselle, car il y a une grande différence entre un habit en boule et un habit bien plié.
- Est-ce interdit pendant Shabbat de plier, pendre son pantalon sur un cintre ? Cas à creuser, sera répondu au prochain cours.
Pour terminer les 39 Mélakhot, il en reste 3 :
- Mav’ir (consumer)
- Mekhabé (éteindre), inverse de Mav’ir
- Otsaa : Sortir un objet d’un domaine à un autre (c’est la Mélakha de Shabbat qui est la plus traitée).
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Mélakha de Mav’ir (Consumer)
Cette Mélakha a déjà été étudiée mais nous la reprenons à nouveau.
Pourquoi à Shabbat, pour manger chaud, nous utilisons une plata (plaque électrique) et non un feu classique ? Si j’utilise une flamme pour faire chauffer mon repas pendant Shabbat, comme les autres jours, je risque d’oublier que c’est Shabbat je risque d’être amené à faire varier la puissance de la flamme, des braises ou autre, et donc à consumer.
Toute action interdite pendant Shabbat provient des actions nécessaires pour construire le Michkan (temple mobile). L’interdit de Mav’ir correspond à l’action de peindre. Auparavant, pour créer de la peinture, il fallait faire bouillir des graines de couleur, donc on allumait un feu que l’on maintenait. Donc le fait d’allumer un feu pendant Shabbat est Mélekhet Mav’ir.
La liste des 39 actions interdites de Shabbat n’est pas clairement établie dans la Torah, il est écrit : « tu ne feras pas d’acte interdit ». De quels actes s’agit-il ? Cela n’est pas précisé, mais comme on a répété le Shabbat à côté de la construction du Michkan, on a déduit qu’il s’agit de tout ce qui concerne la construction du Michkan, depuis semer jusqu’à sortir un objet d’un domaine à un autre.
Cependant, une seule des 39 actions interdites est décrite dans la Torah, celle de Mavir : pourquoi une seule est elle décrite et pas toutes ? La Guémara répond : si la Torah n’avait rien écrit, on aurait pu croire que pour transgresser Shabbath il faut réaliser les 39 actions, mais comme la Torah a clairement établi l’interdiction pour une seule, alors il est clair que chacune des 39 actions est interdite indépendamment des autres. Le fait de faire une seule de ces 39 actions représente donc un interdit de Shabbat.
Pourquoi cet interdit de consumer, précisément, a-t-il été décrit ? Car c’est une des action les plus courantes. Cette action est répétée plusieurs fois dans la journée : faire un café, prendre une douche d’eau chaude, sortir et prendre l’ascenseur, allumer la lumière etc…Toute ce qui utilise de l’électricité, prendre la voiture, est un interdit de la Mélakha de Mavir.
Quelle est la définition de Mavir ? Une mauvaise traduction serait de le traduire par allumer. Un feu allumé peut ne tenir que quelques secondes ou pendant minutes, mais il s’éteindra toujours s’il n’est pas alimenté. Comment faire durer un feu ? En l’alimentant de bois qui sera consumé. Une cuisinière allumée par la flamme d’une allumette, l’allumette va s’éteindre et le feu ne sera maintenu que par le fait de consumer le gaz. Sans le fait de consumer, le feu ne dure pas et s’éteint. Il y a ici deux problèmes : la création du feu et le fait de maintenir le feu par la consumation.
Chaque Mélakha a un but précis : allumer un feu pour s’éclairer, faire rouler une voiture va consumer de l’essence. Une question se pose à propos de notre Mélakha. Il y a alors une règle : si je fais un acte qui détériore, qui abîme ce n’est pas interdit par la Thora, c’est un interdit des Hahamim. C’est le cas ici avec par exemple la consumation d’une bûche de bois. Sans consumer ma bûche de bois, il ne peut y avoir de feu, j’en ai donc besoin. Il y a un but à cette consumation, un intérêt à cette destruction. La consumation d’une matière (bois, essence, gaz etc.) avec un but est mélakhét Mav’ir.
Mais avant de consumer, il faut aussi créer le feu : par exemple frotter le souffre au bout d’une allumette va créer une étincelle et donc une flamme qui va consumer le bois de l’allumette. Est-ce que le fait de créer le feu entre dans la mélakha de Mav’ir ? Non, la création de cette étincelle n’est pas Mav’ir. La mélakha de Mavir commence lorsque le feu consume.
Mais selon les hakhamim (par ordre Rabbinique), la création d’une étincelle est interdite, c’est l’interdiction de Molid, de créer.
Contrairement à Shabbat, durant les Yom Tov on peut consumer le feu. Pourquoi cette autorisation ? Afin de pouvoir cuisiner, et cuire les aliments, c’est une autorisation de la Torah. Mais on n’a pas le droit de créer le feu, on doit utiliser une flamme existante qui a été allumée avant le début du Yom Tov. L’interdiction des Hakhamim de créer le feu vaut aussi bien pendant Shabbat que pendant les Yom Tov.
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UN CAS PRATIQUE :
Les matières phosphorescentes, les habits qui sont voyants dans le noir. Il n’y a pas de feu mais une création d’étincelle.
Est-ce autorisé d’utiliser cet habit pendant Shabbat ? Oui, car 3 conditions sont réunies :
- C’est un interdit des Hakhamim. Rien ne se consume.
- Il n’y aucune intention d’allumer un feu,
- Il n’y a aucun intérêt à porter cet habit, aucun profit,
- Ce cas est donc un cas de Passik Résheh déla Ni’ha lé Bidvar dérabbanan qui est permis.
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Pour synthétiser nous avons appris deux étapes dans cette Mélakha :
- Allumer le feu qui est un interdit des Hakhamim
- Consumer qui est la Mélakha (de la Torah) de Mav’ir
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Durant Shabbat il est interdit de consumer un feu, mais aussi d’attiser (en soufflant dessus par exemple) un feu allumé avant Shabbat. Comme on active la consumation c’est comme si je consumais. De la même façon, rajouter de l’huile à une veilleuse (mèche avec une flamme) est interdit. La flamme est nourrie par l’huile, ajouter de l’huile revient à attiser la flamme. C’est donc aussi un interdit de Mav’ir.
Autre ‘Hidouch (nouveau cas): faire chauffer un métal dans du feu au point qu’il devienne rouge. La Halakha retient que faire rougir un métal sur le feu revient à changer l’état du métal, c’est donc un interdit de Mav’ir.
Un four allumé avant Shabbat où l’on met un aliment cru qui sera cuit pendant Shabbat. L’action de mettre à cuire ou à chauffer sera faite AVANT Shabbat donc c’est autorisé. De même une mèche allumée avant Chabbath même si elle se consume pendant Shabbath il n’y a aucun problème.
Allumer la lumière pendant Shabbat, en appuyant sur un interrupteur. Le filament de l’ampoule devient rouge, il va changer d’état, comme le cas du métal chauffé, c’est donc un interdit de Mav’ir. De plus, en allumant la lumière, je crée un courant électrique. Le ‘hazon Ish considère que quelqu’un qui ferme un circuit électrique transgresse la Mélakha de Boné Construire. La majorité des décisionnaires Ashkénazes comme Séfarades ne sont pas d’accord avec cette opinion. Mais il y a un autre problème, lorsque j’appuie sur l’interrupteur je crée un courant électrique (Zérem en hébreu). Mettre une minuterie avant Shabbath ne pose pas de problème.
Durée du cours : 67 minutes environ
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