76.Hilkhoth Shabbath – Cours N76
Boné Construire – Sixième cours
5 Février 2017 – Rav Mordekhay Saksik
Cours sur la Mélakha de « Boné Construire » enregistré pour le site Jardindelatorah.
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et six minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.
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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Aharon Aléxandre Ben Routh
Ce cours est la suite du cinquième cours sur « Boné Construire ».
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Nous poursuivons sur la Mélakha de « Boné Construire« . Nous avons déjà vu tout ce qui concerne la construction de ce qui est relié au sol. Les deux derniers cours ont permis de traiter de la construction des ustensiles (Kélim). Nous allons essayer de savoir, dans ce cours s’il existe « Boné Construire dans les aliments » ? puis nous verrons s’il y a Boné dans le corps homme. Nous débuterons ensuite la notion de Ohel (tente).
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Y a-t-il Boné Construire dans les Aliments (Okhalim) ?
La Guémara (Talmud) nous parle du cas de quelqu’un qui fabrique du fromage pendant Chabbath. Le fromage se fait en deux grandes étapes.
- La première étape consiste à mettre un produit dans le lait (un produit chimique ou la panse de l’animal) qui va faire séparer l’eau du lait et concentrer du lait. La guémara nous dit que celui qui fait cela transgresse la Mélakha de Borer Trier (on a fait une séparation).
- La deuxième étape consiste à regrouper les grumeaux de fromage et on en fait un bloc qu’on laisse sécher et durcir cela s’appelle Mégaben (d’où vient le mot Guévina). Donc on voit bien qu’on a construit en rassemblant ensemble des éléments et en en faisant un seul bloc. Il y a donc boné même dans les Aliments.
Maintenant se pose la question de savoir pourquoi on ne dit pas que c’est Dérekh Akhila (façon de manger), comme pour les autres Mélakhot ?
- Réponse: car Dérekh Akhila c’est seulement pendant que l’on mange. De la même façon on ne dit pas Dérekh Akhila lorsqu’on fait cuire (Bishoul) un aliment, car c’est avant manger. On ne dit Dérekh Akhila que lorsqu’on est en train de consommer. Par exemple trier (prendre le bon du mauvais) n’est autorisé que lorsqu’on est proche de la consommation. Ou bien couper une salade en petits morceaux qui est la Mélakha de « To’hen Moudre » n’est autorisé que lorsqu’on est proche de la consommation. Lorsqu’on est sur le point de manger ces actions sont permises car est sont considérées comme « manger« , mais si je suis seulement dans la préparation il y a la Mélakha. On retiendra que même dans les aliments il y a « Boné Construire« .
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A-t-on le droit de fabriquer des glaçons pendant chabbat ? Fabriquer des glaçons est une étape et donc ce n’est pas Dérekh Akhila. Y aurait-il un problème qui est de transformer le liquide en solide ? Mais cette transformation ne sera pas « Boné Construire » de toutes les manières car Boné a pour définition que quelqu’un rassemble plusieurs blocs, mais dans le cas des glaçons, l’action de rassembler se fait toute seule, automatiquement, donc je ne serai pas Hayav de Boné (je ne transgresse pas Boné). De plus ce n’est pas fait pour tenir (dès qu’il sort du congélateur le glaçon fond, ce n’est donc pas une construction) donc ce n’est pas Boné construire. En conclusion, on a le droit de fabriquer des glaçons pendant Chabbath.
A l’inverse, on a vu dans la Mélakha de So’het (presser) qu’on ne peut pas casser un glaçon pour obtenir de l’eau, par ordre Rabbinique, car c’est Molid (j’ai créé en faisant passer de l’état solide à l’état liquide). C’est-à-dire que je vais engendrer un nouveau statut au glaçon qui sera liquide. De même pour un Mister Freeze » (ou une bouteille de jus congelé) que je ne peux pas appuyer dessus car c’est molid (donner naissance à liquide à partir d’un solide) qui est un interdit dérabanan. Mais mettre un glaçon dans de l’eau est permis car la fonte du glaçon est automatique.
De la on pourrait apprendre l’inverse : pourquoi créer un glaçon ne serait pas Molid ? (transformation d’un liquide en solide) Ce n’est pas interdit du fait de Molid car il faudrait que ce soit fait de mes propres mains et dans notre cas la transformation est automatique. Mais il faudra faire attention de créer juste ce dont j’ai besoin pour Chabbath et pas plus (sinon c’est Hakhana – j’ai préparé de Chabbath pour la semaine ce qui est interdit).
Si je sors un bac à glaçons du congélateur et il reste des glaçons, je peux les remettre au congélateur même pour après Chabbath et ce ne sera pas Hakhana (préparation) car j’ai un intérêt MAINTENANT que les glaçons restent congelés (maintenir son état et non changer d’état) et le profit est donc pendant Chabbath.
De même pour la Séouda Chélichit, si j’ai un intérêt de débarrasser (par exemple j’ai un plaisir du fait que c’est propre) tout de suite (pendant Chabbath) ce ne sera pas Hakhana (préparation de Chabbath pour la semaine) et ce sera permis.
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Passons au second thème du cours
Y a-t-il Boné dans le corps humain ?
Qu’y a-t-il à construire dans l’homme ? La Mishna parle de tresser une natte de cheveux pendant Chabbath. La Mishna nous dit que c‘est interdit de faire des nattes Chabbat car ça ressemble à Boné Construire.
Faire des nattes sur une perruque ou une poupée ce serait Oreg (tisser). Faire une natte sur le corps de l’homme ressemble plus à Boné qu’à Oreg (car les cheveux sont fixés au corps)
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Faire une tente
Nous allons maintenant aborder le dernier sujet de boné; un grand sujet, à savoir fabriquer une tente « Assiat Ohel ». Faire une tente Chabbat est diffèrent de Boné Construire, car c’est un travail dérivé de Boné Construire (une Tolda). Pourquoi veut on faire une tente, un Ohel ? C’est pour faire une protection sur un objet. Je peux faire sous la tente des choses que je ne pouvais pas faire auparavant. Par exemple le soleil qui me dérange, j’en suis protégé par le Ohel. Le cas classique de Boné c’est construire quelque chose sur un terrain en associant plusieurs éléments. Fabriquer et étendre une tente permet d’améliorer le terrain vague en délimitant une surface, mais ce n’est pas vraiment construire en associant des éléments.
Il y a deux types de Ohel :
- Ohel keva’ : c’est-à-dire (édifier) une tente fixe, faire un Ohel Kéva’ c’est interdit par la Torah car c’est une tolda, un travail dérivé de Boné.
- Ohel ‘aray : tente provisoire, c’est interdit seulement par les sages
- Il va falloir définir ce qui est Kéva‘ (fixe) et ce qui est Aray (provisoire)
On rappelle qu’un travail dérivé est interdit par la Torah.
Un premier cas pratique. Des enfants jouent à fabriquer des tentes avec des couvertures et des coussins, c’est une tente provisoire, c’est interdit par les hakhamim. Ils veulent être sous une tente c’est bien édifier une tente.
L’interdit de Ohel est même si les poteaux existent déjà. Par exemple j’ai une véranda sans toit, avec des poteaux, sur lesquels je veux mettre une couverture. Bien que je ne fasse que le toit et pas les poteaux ce sera interdit. J’ai envie de me protéger du soleil en créant le toit et en étant sous le toit et donc c’est bien Ohel.
La nature de l’interdit « Ohel Kéva » ou « Ohel Aray » sera en fonction du temps.
Il y a également un autre sujet, même si on ne fait pas de toit. Il s’agit de faire une Mé’htisa, c’est à dire une cloison même sans toit. Si cette Mé’hitsa est fixe ce sera interdit par la torah, j’ai fabriqué une Mé’hitsa, c’est Boné Construire. Si c’est une Mé’hitsa provisoire ce sera autorisé. Il y a une condition tout de même. Si je fais une cloison pour des raisons de tsniout, de pudeur j’ai le droit de faire cette cloison provisoire. Si c’est fait pour autoriser quelque chose ce sera interdit. Par exemple si ma Soucca est faite de trois murs (la Halakha veut qu’une soucca ait 3 murs) et un mur tombe ce sera interdit de remettre le 3ème mur (pendant Shabbath) car je rends la Soucca à nouveau Cashère (j’ai permis à la Soucca d’être Cashère). Par contre si ma Soucca est faire de quatre murs et un mur tombe (la Soucca reste Cashère puisqu’il y a trois murs, en remettant le mur je ne permets pas la Soucca, elle est déjà permise) ce sera autorisé de remettre le mur pour des raisons de tsniout (pudeur).
On a vu que pour que édifier une Mé’hitsa soit interdit il faut permettre quelque chose. On apprend de ce cas de Soucca que provisoire signifie moins de 8 jours. Et que donc fixe signifie plus de 8 jours. Une mé’hitsa construite pour plus de 8 jours ce sera interdit par la torah (Boné), quelle que soit la raison de l’édification de cette Mé’hitsa (pour des raisons de pudeur ou non). Ce qui compte c’est mon intention. Par contre la Mé’hitsa de doit pas « bouger » comme par exemple un rideau qui bouge lorsqu’il est fixé en haut et pas en bas. Si ça bouge ce ne s’appelle pas une Mé’hitsa même si c’est fait pour durer plus de huit jours et édifier une telle cloison sera autorisé.
Edifier une Mé’hitsa sera donc permis si mon intention est d’avoir une Mé’hitsa pendant moins de huit jours ET pour des raisons de pudeur.
Si le Parokhet (la tenture) du Aron Hakodesh (là où sont rangés les Sifré Torah) tombe on pourra le remettre sur le Aron pour deux raisons:
- le Parokhet est fait pour embellir donc ce n’est pas Boné (cf cours précédent)
- de plus la tenture (Parokhet) bouge et n’est pas fixe, donc comme pour une Mé’hitsa ce n’est pas « Boné Construire »
On trouve dans les décisionnaires un cas intéressant. Je dois faire un Minyane (10 personnes) pour prier pendant Chabbath et il n’y a pas de partie de réservée aux dames. Ai je le droit de fabriquer une Mé’hitsa en mettant des bancs l’un au dessus de l’autre puis un drap pour recouvrir. Ce sera autorisé car cette Mé’hitsa est faite pour durer moins de huit jours (c’est Aray) et elle est édifiée pour des raisons de Tsniout (pudeur) [il faut les deux conditions réunies].
Je suis dans la rue (dans le domaine public) et je construis quatre Mé’hitsot, j’ai donc créé un domaine privé. S’il y a déjà 3 poteaux, je ne peux pas mettre un quatrième poteau car j’ai permis en créant un domaine public (dans lequel j’ai le droit de porter).
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Durée du cours : 66 minutes environ
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