74.Hilkhoth Shabbath – Cours N74
Boné Construire – Soter Détruire – Quatrième cours
22 Janvier 2017 – Rav Mordekhay Saksik
Cours sur la Mélakha de « Boné Construire » enregistré pour le site Jardindelatorah.
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et cinq minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.
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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Aharon Aléxandre Ben Routh
INTRODUCTION : La melakha Boné – Construire et de Soter – détruire sont des Melakhot assez vastes et compliquées.
Définition de LA MELAKHA « Boné Construire ». C‘est faire toute action d’amélioration de quelque chose qui est directement liée au sol : au Michkan, on construisait le Michkan lui même. Le michkan était la résidence principale de la présence divine dans le désert. Toute activité nécessaire à la construction de la demeure du Créateur est considérée comme étant un acte de création. C’est en comprenant le michkan que nous pouvons saisir en même temps le sens du Shabbat.
La répartition de cette Mélakha de Boné se fait en 4 points, 4 chapitres :
- Soit Amélioration du sol lui même
- Soit Construire en un sol ou dans le sol lui même.
- Soit Action sur le sol : construire sur le sol ou rajouter sur le sol, et pas arranger le sol lui même comme le point 1.
- Soit Rajouter sur quelque chose déjà existant et rattaché au sol.
Chacune de ces 4 actions est la Mélakha de Boné.
1ER POINT : AMELIORATION DU SOL LUI MÊME OU DE QUELQUE CHOSE RATTACHE AU SOL :
– le fait d’égaliser le sol c’est arranger le sol lui même. Le fait d’égaliser le sol rend la construction possible. Ceci est interdit par la Thora de la mélakha boné.
– Dans ce cadre il existe des interdits des Hakhamim comme vu au cours précédent : de balayer le sol, de jouer aux billes, de nettoyer le parterre (actions qui égalisent le sol). Se référer au cours précédent pour les détails.
2EME POINT : CONSTRUIRE DANS LE SOL LUI MEME : FAIRE UN TROU, UNE FONDATION.
Si je fais un trou dans le sol pour cacher quelque chose dans ce trou, c’est la Mélakha de boné. La raison est que c’était un terrain qui n’avait point d’utilisation. Par le trou, le terrain devient utile.
- Utilisation du trou : Mélakha de boné.
- Utilisation de la terre et non du trou : Mélakha Chééna Tsérikha Legoufa (il y a l’action mais pas le but).
Le but sera d’utiliser le trou par l’action de la Mélakha de boné.
Nous avons vu dans les cours précédents les pots de terre pour planter, les bacs à sable pour jouer. Le fait de faire un trou dans le sable, le trou ne tient pas donc cela ne rentre pas dans la Mélakha de boné.
Faire un trou pour une cachette rentre dans le cadre de la Mélakha de Boné.
3EME POINT : CONSTRUIRE SUR LE SOL , RAJOUTER SUR LE SOL.
Rajouter sur le sol, on commence à construire une brique sur une brique. Même si un mur a déjà été édifié, et qu’on rajoute des briques juste au dessus, c’est déjà la mélakha de boné. On a amélioré en posant quelque chose qui est rattaché directement au sol.
4EME POINT : AMELIORATION DE CE QU’ON VA FAIRE SUR TOUTE CHOSE RATTACHEE AU SOL.
Mur, plafond et parterre : ce sont des choses qui sont rattachées au sol.
Tout bâtiment édifié sont des choses reliées au sol.
Chaque action que nous rajoutons et que cela va améliorer le bâtiment est la Mélakha de boné. C’est donc une transgression de la Mélakha de boné. Si on rajoute, et peu importe comment on rajoute, de manière que ça tienne en fonction d’améliorer, c’est interdit par la Mélakha de boné.
Si je rajoute de quelque de manière que ce soit, si ça tient (bien ou pas), si ça a pour fonction d’améliorer, c’est interdit dans le cadre de Boné.
QUELQUES EXEMPLES SUR CE DERNIER POINT:
– Planter un clou dans le mur = fonction d’amélioration du mur lui même (je peut poser quelque chose sur le mur). C’est interdit par la Torah de boné.
– Mettre une ventouse sur un carrelage pour accrocher une serviette, on colle cette ventouse pendant Shabbat sur le carrelage, c’est interdit par la Thora de boné car on a rajouté quelque chose (au mur qui est lié au sol).
– Enlever une porte de ses gongs et la remettre, ça rentre dans l’interdit de Boné. Poser une porte sur ses gongs sur un Binyane (construction) fixe est un interdit de boné car maintenant je peux fermer et ouvrir la porte (j’ai amélioré mon appartement) et l’enlever est un interdit de Soter, interdit par les Hakhamim. Pourquoi interdit des Hakhamim et pas de la Torah ? Car pour transgresser la mélakha de détruire (Soter), il faut construire quelque chose de mieux à la place.
– Une fenêtre qui s’est déboîtée des rails, je la remets en place sur ses rails, c’est interdit de la Thora de Boné car maintenant je peux utiliser ma fenêtre.
– Un filtre qui tombe du robinet et le remettre. Mettre ou poser un filtre sans le visser, le fait de placer le filtre sur le robinet c’est interdit par la Thora de Boné. Rajouter un filtre sur un robinet sans filtre c’est améliorer la fonction du robinet.
– Une porte qui est déjà sur ses gongs, le fait d’ouvrir et de fermer, la porte a été construite pour cette fonction, donc ouvrir et fermer ce n’est plus Boné. Il n’y a aucun rajout.
– La manière d’utiliser un robinet pour l’ouvrir et le fermer, c’est moutar (permis) car c’est la manière d’utiliser. On ne rajoute rien à la construction.
– Un tiroir qui s’est déboîté de l’armoire, le fait de le remettre sur ses rails, avec le meuble rattaché au mur, c’est construire (Boné). De rajouter un tiroir et de le mettre en fonction est la Mélakha de Boné. Une fois qu’il est sur ses rails, ouvrir et fermer c’est sa fonction d’utilisation, il n’y a pas de mélakha de boné, c’est permis.
– Lorsqu’il y a un couvercle qui est mis pour être enlevé, si sa fonction est pour être posé et enlevé, c’est permis; contrairement à un couvercle d’égout car sa deuxième fonction est d’être utilisé comme parterre (on peut marcher), grâce à ce que je mette le couvercle, les gens peuvent marcher par terre, c’est arranger, on a donc la Melakha de boné.
– Un tuyau (d’eau) : on visse un tuyau sur le robinet de la cuisine. Est ce permis ?
– Le cadre que l’on met sur le clou, c’est un rajout qui n’est pas lié au mur, donc c’est permis, cela n’a rien à voir avec Boné. Pour que ça soit Boné : il faut que la chose soit partie intégrante de la base (le tableau qui n’est pas partie intégrante du mur) et qui va améliorer la base elle même.
– Quelqu’un qui peint sur un mur, c’est Mélékhet Tsovéa’. La fonction est complètement différente, c’est embellir.
– Un aimant sur un tableau (liste de courses), le fait de le prendre et de le remettre, ce n’est pas Boné. Il y a deux raisons qui sont, la première est qu’il n’est pas partie intégrante du tableau, c’est une fonction extérieure au tableau, et la deuxième raison est qu’il est fait pour être mis et remis.
LES DEUX REGLES A SAVOIR SUR LE 4ème point : Je place quelque chose qui va être rajouté sur quelque chose qui est liée au sol et cette chose là va être partie intégrante, et elle n’est pas faite pour être mise et remise. C’est la mélakha de « Boné Construire ».
Dès que ça va être prévu pour une utilisation, cela deviendra une manière d’être utilisée (histoire de la porte qu’on ferme, du rideau manuel qu’on monte et qu’on descend, fenêtre, tiroir qu’on ouvre et qu’on ferme). D’être mis et remis, ce ne sera pas la Melakha de Boné.
Sotèr c’est l’inverse de boné. Toute chose qui va rentrer dans la règle de Boné, faire son inverse, c’est la Mélakha de Sotèr. Pour que ça soit un interdit de la Thora, il faut que après cela je construise quelque chose de mieux. Si derrière ça, je ne construis pas quelque chose de mieux, c’est l’interdit par les ‘Hakhamim. Je fais quand même une action de l’inverse de boné. Détruire un mur, si c’est construire ensuite c’est interdit par la Torah. Sinon c’est interdit par les ‘Hakhamim.
– Lorsqu’on branche une prise, on ne rajoute rien dans l’utilisation du mur. Ce n’est pas Boné. (tout est éteint bien entendu). Un ustensile, un Kéli, qui est mouksé (Kéli Shémélakhto Léissour, ustensile dont l’utilisation normale est interdite), si j‘ai besoin de sa place, j’ai le droit de le déplacer. Un batteur qui est branché dans une prise, on peut le déplacer au besoin. On peut le débrancher de la prise (ce n’est pas Soter puisque mettre la prise n’est pas Boné).
– J’ai besoin d’amener de l’eau dans une pièce, je prends un tuyau d’arrosage, je le visse ou je le pose au robinet de la cuisine pour faire passer l’eau d’une pièce à une autre. Le tuyau n’est pas dans son endroit (normal), c’est pour une utilisation personnelle, il n’est pas en partie intégrante du robinet de la cuisine, donc c’est permis. Le filtre par contre est une fonction dans le robinet, il est fait pour rester, et il améliore le robinet : c’est la Mélakha de « Boné Construire ».
– Si on rajoute un tuyau d’arrosage dans le robinet du jardin, l’intention est juste d’utiliser l’eau et d’enlever le tuyau du robinet, c’est Nira Ké Boné (ressemble à Boné): c’est interdit des ‘Hakhamim, car ça ressemble à Boné.
– On a un puits avec un couvercle qui n’a pas d’anse. S’il n’y a pas d’anse, on ne peut le mettre et l’enlever parce qu’il est rattaché au sol. Il nous faut une preuve qui est fait pour être mis et enlevé. Un tuyau d’arrosage dans un robinet du jardin, il n’y a pas de preuve qu’il est fait juste pour être mis quelques minutes et l’enlever. Puisqu’il n’y a pas de preuve et que c’est sa place, on n’a pas le droit de le mettre car ça ressemble à Boné.
Chaque cas il faut bien l’analyser, première règle : est ce qu’une fois qu’il est placé, il va y rester et que ça va être son utilisation (pas fait pour être mis et enlevé etc ..), deuxième règle : il faut se poser la question si la chose fait partie intégrante de base où je place. Voir les exemples ci dessus.
Sujet suivant : Biniane et Sétira dans les Kélim.
Question : Y a-t-il « Boné Construire » dans les ustensiles (Kélim) ?
La Guémara donne une règle « il n’y a pas de construction ni de destruction dans les ustensiles« . Il n’y a construction que dans ce qui est relié au sol. La Guémara donne un exemple. Si on considère la porte d’un poulailler (c’est relié au sol), nous n’avons le droit ni de la poser ni de l’enlever. Par contre si je considère la poste d’une petite armoire (ce n’est pas relié au sol) la guémara dit que j’ai le droit d’enlever cette porte mais pas de la remettre; pourquoi n’ai je pas le droit de la remettre (alors qu’il n’y a pas Boné dans les ustensiles (= ce qui n’est pas relié au sol)) ? La Guémara parle d’un autre cas. Considérons une fourche constituée d’un socle et d’un bâton, si je met le bâton dans le socle et je plante un clou la Guémara dit que je transgresse Boné. J’ai fabriqué une fourche. Or nous avons dit qu’il n’y a pas Boné ni Soter dans les ustensiles !! Cette question est posé par les Richonim (décisionnaires médiévaux). Il y a deux réponses à cette question, donnons celle qui est retenue le plus souvent :
- Lorsque nous avons 2 éléments et que nous voulons les attacher avec force (avec un clou, des vis …) il s’agit de Boné. Lorsque nous avons dit qu’il n’y a pas boné dans les Kélim c’est lorsqu’on emboîte sans forcer (sans mettre de vis ni de clou …). Si j’associe des éléments avec force (avec un clou, une vis, de la colle …) on a Boné. Cette distinction est rapportée comme Halakha dans le Shoul’han Aroukh car j’ai associé avec force, j’ai fabriqué quelque chose, même si ce n’est pas attaché au sol il y a Boné.
Revenons au second cas de la Guémara. La porte du poulailler est rattachée au sol et donc je n’ai pas le droit de l’enlever ou de la remettre. La porte d’une armoire n’est pas reliée au sol. On a le droit de l’enlever, mais ai-je le droit de la remettre ? De la Torah ce n’est pas Boné mais de peur qu’on en vienne à prendre un clou ou une vis, les Hakhamim ont interdit de remettre la porte (si je pose la porte je n’ai pas transgressé un interdit de la Torah). Ceci explique la Guémara qui interdit de remettre la porte de l’armoire.
Exemple d’application : supposons avoir une porte avec des gonds soudés à l’armoire, peut on remettre la porte sur ses gonds ? Le gond est déjà placé, ce n’est pas une vis à revisser, en posant je ne rajoute rien; c’est dans dans ce cas on dit qu’il n’y a pas « Binyane et Sétira » (construction et destruction) dans les Kélim (les « ustensiles »). Par contre pour la porte, si je la pose ou une fenêtre glissante, là je n’ai pas le droit. Quelle différence ? Un ustensile est moins important qu’un Binyane (maison), pour lequel c’est très important de poser une fenêtre ou une porte (alors que c’est moins important pour une armoire, pour laquelle l’interdit n’existera que si je mets une vis ou un clou).
Autre exemple pratique, une chaise qui se déboîte. Peut on remettre le pied ? Comment un artisan associe-t-il les morceaux de la chaise ? Généralement il faut un clou ou de la colle. Je n’ai pas le droit de remboîter pendant Shabbath par ordre Rabbinique de peur qu’on répare de manière « forte » avec de la colle ou bien un clou.
Durée du cours : 64 minutes environ
Pour télécharger le cours :
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