Paracha Tolédot l’essentiel et le secondaire – Réouven Carceles
Tolédot essentiel et secondaire
Ces Divré Torah (Tolédot essentiel et secondaire) sont léilouy Nichmat (pour l’élévation de l’âme) de Hanna bat Rivka
*
Dans la Paracha de la semaine (Tolédot) la Torah nous dit : Its’hak préférait Essav, car il mettait du gibier dans sa bouche, mais Rivka préférait Ya’akov (Genèse chap 25,28)
Rachi explique alors : « il mettait du gibier dans sa bouche ». C’est-à-dire qu’Essav savait duper son père. Il lui demandait comment prélever le ma’asser (la dîme) sur le sel et sur la paille (lesquels ne sont pas soumis à prélèvement), son père le croyait donc très pieux.
Il est bon de remarquer que les deux éléments choisis par Essav, le sel et la paille, sont très significatifs. Il aurait pu consulter son père au sujet d’une autre Mitsva, comme par exemple la che’hita (abattage rituel) qui comporte un nombre incalculable de détails, la question qu’il faut se poser est donc, pourquoi a-t-il choisi précisément d’interroger son père au sujet du sel et de la paille ?
Il est possible de répondre selon une explication magistrale du Chem Michmouel, qui tout d’abord, nous rappelle qu’il existe certaines choses dans le monde qui entrent dans la catégorie de « l’essentiel » (Ikar) et d’autres qui relèvent de ce que l’on pourrait appeler « l’accessoire » (Tafel) et qui sont subordonnées à l’essentiel. D’ailleurs pour le judaïsme, le monde dans lequel nous vivons, le Olam Hazé, est tafel (accessoire) par rapport au monde à venir, le Olam Haba. La réalité absolue n’existe que dans le Olam Haba et ce monde-ci (Olam Hazé) n’est qu’un passage vers le monde spirituel à venir. Le Olam Hazé est donc accessoire dans tous les sens du terme, comme l’expliquent nos sages (Hazal) dans le Pirka Avot, « les maximes des pères » (4,20) : « Prépare-toi dans le corridor pour pouvoir accéder au palais. Nos sages fournissent de nombreux d’exemples, comme les six jours de la semaine qui sont considérés comme Tafel (accessoires) par rapport au Chabbat, qui lui est Ikar (principal), ou la pulpe d’un fruit qui constitue le Ikar de celui-ci, tandis que son écorce, qui permet de protéger le fruit, est Tafel. L’écorce est au service du fruit.
Ce concept se retrouve en de nombreuses autres situation, et le but de l’homme est l’accomplissement spirituel, c’est cela le Ikar, notre but premier, la spiritualité, et en agissant de la sorte, nous pouvons également élever le Tafel sans pour autant le considérer comme Ikar, sinon nous passerions à côté de tous les accomplissements.
De manière générale, il nous a été donné de sublimer ce monde-ci (le Olam Hazé) comme un préambule au Olam Haba, en élevant celui-ci. En pratique, cela revient par exemple à diriger nos activités de la semaine vers le Chabbat à venir, et en gardant à l’esprit que le Chabbat est le principal, le Ikar, nous élevons donc tous les jours de la semaine vers le spirituel.
Dans la Paracha de la semaine, Ya’akov, qui tendait vers le spirituel, est de façon évidente le Ikar. Sa vie et celle de ses descendants après lui sont l’expression même du but de la création, à savoir mener une existence basée sur le spirituel au sein du monde matériel, c’est-à-dire, utiliser le Olam Hazé (ce monde-ci) afin de préparer le Olam Haba (le monde futur) et d’en acquérir un avant-goût. L’existence de Essav, elle, étant menée de manière bien plus Matérielle, est considérée comme Tafel, en comparaison avec celle de son frère. Ainsi, tant que Ya’akov domine et que Essav demeure dans son ombre en acceptant sa position de Tafel, non seulement le monde peut atteindre son but, mais en plus, même Essav se voit sublimer par son action en tant que Tafel !
Pourtant nous voyons que ce rôle ne convenait pas à Essav, il voulait remplacer Ya’akov en tant que Ikar, principal, il souhaitait que le monde entier lui revint, et non à son frère. Pour quelle raison ?
Nous savons que Its’hak préférait octroyer sa bénédiction a Essav plutôt qu’à Ya’akov. Pourtant Its’hak savait pertinemment que Ya’akov était supérieur à Essav, aussi espérait-il que, s’il le bénissait, celui-ci s’imprégnerait de l’idée que Ya’akov était le Ikar et que ce n’est qu’en secondant Ya’akov dans sa mission qu’il pourrait lui-même atteindre la perfection, comme nous l’avons expliqué plus haut.
Cependant, il est possible de croire que Its’hak n’était pas conscient du niveau de son fils et qu’il était tombé aussi bas, son cas était désespéré, au point que le Zohar Hakadoch nous enseigne qu’il existe des nuées d’obscurité qui peuvent être traversées par un rayon de lumière, mais ce rayon est entièrement consumé, c’est-à-dire qu’un individu tel qu’Essav, qui est sous l’emprise totale de ses défauts, est imperméable a toute tentative d’amélioration, et si une parcelle de sainteté s’y était introduite, cela aurait provoqué le pire.
Quand Essav pose la question à son père, de savoir comment prélever le ma’asser (la dîme) sur la paille et le sel, nous comprenons que sa question n’était pas uniquement posée dans le but de tromper son père, mais elle représentait en fait l’essence profonde d’Essav, Il ne se considérait pas comme Tafel par rapport à Ya’akov, mais comme le Ikar en soi et la question qu’il posa à son père reflète cet état d’esprit. Il l’interrogea au sujet de la paille, qui est Tafel par rapport au blé (sur lequel on prélève la dîme), il demanda si elle pouvait être soumise à prélèvement, c’est-à-dire qu’il considérait la paille, donc lui-même, comme le Ikar, il essaya, en réalité de détourner le projet divin selon lequel Ya’akov est supérieur et de revendiquer sa place en tant que but de la création, comme pour le sel, qui n’a aucune valeur, mais vient juste pour agrémenter les autres aliments, il est toujours Tafel, alors que lui le considère comme le Ikar !
Chabbat Chalom
Pour retrouver tous les cours de Réouven Carceles sur notre site
Retrouvez le texte de la Parachat Noa’h sur sefarim.fr
*
Cet article vous à plu ? Notre site vous apporte les connaissances qui vous sont utiles ? Peut être souhaiteriez vous contribuer un peu à la vie de notre site. Quelques euros pour le Jardin de la Torah, nous serons partenaires dans le Zikouy Harabim (faire bénéficier un grand nombre de la lumière de la Torah)
Merci d’avance !!
Cet article « Paracha Tolédot l’essentiel et le secondaire – Réouven Carceles » a été mis en ligne le 28 novembre 2019 et mis à jour le 15 novembre 2020