Hilkhot Shabbath – Cours N°32 – 15 Mai 2015
Rav Mordékhay Saksik
Bishoul Cuire – Cours N° 7
Bishoul Cuire (7) Cours enregistré pour le site Jardindelatorah.
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et dix minutes environ environ. Le cours est assuré via le système Webex qui assure une meilleure qualité de son.
La lecture du « résumé » ne dispense pas d’écouter le cours qui est plus complet.
Contenu du cours :
Nous poursuivons les lois de Cuire – Bishoul et allons aborder des cas pratiques.
Nous avons vu qu’il y a deux sujets à développer dans Cuire Bishoul. Pour savoir s’il y a Cuire Bishoul il faut se poser les deux questions suivantes:
- Y a-t-il Bishoul Cuire ? C’est à dire y-a-t-il une transformation qui rentre dans la définition de cette Mélakha ?
- Est ce un changement, interdit par la Torah, par les Hakhamim, permise.
- Quelle est la nature de la source de chaleur ? Rentre-t-elle dans la définition de « source de chaleur » interdite.
- La source de chaleur utilisée est-elle une vraie source de chaleur qui rentre dans la définition de la Mélakha.
Rappelons ce que nous avons appris sur les sources de chaleur lors du cours précédent.
- Le feu, cette source de chaleur rentre dans la Mélakha
- Le soleil (chaleur directe au soleil) est permis,
- Un dérivé du soleil (toldot ha’hama) sera un interdit des Hakhamim (je fais chauffer quelque chose au soleil et cuire ensuite sur cette chose : c’est un dérivé du soleil). Nous avons vu le cas du chauffe eau solaire
- Le feu, une flamme incluant la plaque électrique, une résistance, tout ce qui est électrique. Interdit par la Torah. Exemple classique une marmite sur le feu (kéli rishone).
- Une marmite qui était sur le feu ou la plaque et qui a été enlevé de la source de chaleur (un Kéli Rishone). C’est un dérivé du feu. Mettre un aliment dans l’eau bouillante du kéli Rishone hors plaque est interdit par la Torah. Il faut néanmoins que la chaleur de la marmite soit supérieure à 45°C (Yad Solédet Bo).
- Je prends du liquide bouillant d’un kéli rishon et je le verse (Irouy Mikéli Rishone) sur quelque chose de :
- Solide : quelque chose de cru, et je verse dessus à partir d’un Kéli Rishone d’une température supérieure à 45°C. C’est interdit, on va cuire une pellicule.
- Liquide : je verse à partir d’une bouilloire dans un verre contenant de l’eau froide. Cela va dépendre de la quantité de liquide froid (celui dans lequel je verse):
- Petite quantité c’est interdit (il va y avoir cuisson)
- Grande quantité c’est permis (nous avions vu qu’il y a 3 raisons qui se cumulent pour permettre: l’eau du bas bouge, il y a une grande quantité en bas, et l’eau est en bas [Tataa Gavar]) .
- Nous avons ensuite vu le cas du Kéli Shéni c’est à dire un ustensile dans lequel j’ai mis un aliment (liquide ou solide) qui était précédemment dans un Kéli Rishone (et évidemment qui est d’une température supérieure à 45°C).
- Verser de l’eau bouillante d’un kéli rishon dans un kéli froid (un autre ustensile froid) c’est un Kéli Shéni. Je mets dans ce kéli Shéni un aliment cru (une pomme de terre crue ou un peu d’eau froide) c’est permis car le kéli Sheni n’est pas chaud, il n’a pas de force de cuire, ses parois sont froides et n’ont donc pas la force de cuire.
- Malgré tout, pour des aliments qui cuisent très vite comme un poisson très salé ou un œuf c’est interdit (de mettre un tel aliment dans Kéli Shéni. Cas de Kalé Habishoul) [selon tout le monde]. Il s’agit d’exceptions.
- Cependant, pour les aliments crus, qui ne sont pas dans ces exceptions, même s’ils mettent longtemps à cuire, les Ashkenazim interdisent parce-qu’il existe des exceptions (on risque de se tromper en croyant que ce n’est pas un cas de « Kalé Habishoul »; Tossafot donnent une autre raison: ça ressemble à Kéli Rishone). Les Séfaradim autorisent.
- Pour définir « cuire » il faut que seule l’eau chaude agisse, mais pas l’eau froide. Pour les produits lyophilisés, à moitié cuits mais secs, c’est interdit car ils changent d’état avec l’eau chaude. D’immangeables ils deviennent mangeables. Un peu d’eau chaude même dans un Kéli Shéni, ça devient mangeable. Mais avec de l’eau froide ça ne devient pas mangeable. L’eau chaude même dans le Kéli Shéni rende cet aliment mangeable ça rentre dans le cadre de la Mélakha de Bishoul.
- Pour les Sépharadim, même l’eau à 90° dans un kéli Shéni n’a pas de force de cuisson (il y a quelques décisionnaires qui interdisent).
Il existe une ‘Houmra (avis plus strict). Selon eux, même si le shéni n’est pas Mévashel (ne cuit pas). Un aliment compact (Davar Goush) qui sort bouillant d’un Kéli Rishone et est mis dans un Kéli Shéni, cet aliment a la force de cuire même s’il est dans un Kéli Shéni (c’est comme un Kéli rishone). Le Shoul’han Aroukh et même le Rama permettent dans ce cas, certains interdisent. Dès que c’est posé dans l’assiette cela devient kli sheni d’après le Shoul’han Aroukh (Rabbi Yossef Caro) et il n’y a pas de Bishoul.
Dernier point à ce sujet, le cas d’une louche. Pour une louche trempée dans un Kéli rishone. Cette louche a-t-elle un statut de Kéli Rishone ou bien comme la louche n’a pas été trempée longtemps, elle n’aurait pas un statut de Kéli Rishone. Il y a, à ce sujet une grande ma’hloket. Le TAZ est strict, d’autres non. Que fait on en pratique ? Si on met des épices dans la louche qui a été dans le Kéli rishone, elle est restée dans la marmite (mais pas longtemps, donc elle n’a pas un statut de Kéli Rishone) ; on est Ma’hmir. On interdit de procéder ainsi car comme on a une discussion (Ma’hloket) sur quelque chose qui est de la Torah on va d’après l’avis strict, même s’il y a beaucoup de preuves comme quoi c’est un Kéli Chéni. Donc en conséquence on ne met rien dans la louche. Mais, le contenu de la louche, on va considérer comme un Kéli Chéni. On a le droit de verser de la louche qui est un Kéli Chéni sur quelque chose de cru.
- Verser de la louche est permis;
- Pourquoi, car nous avons plusieurs discussions dans ce même cas :
- On a un doute: la louche est elle un Kéli Rishone ou un Kéli Chéni ?
- Verser d’un Kéli Rishone est en soit une discussion, est ce que ça cuit ou pas ? (on a tranché que ça cuit une pellicule, mais ça reste néanmoins un doute).
- Nous avons un double doute (Safek Séféka) et donc on permet de verser de la louche sur quelque chose de non cuit.
Notre dernier cas est lorsqu’on plonge la louche et on la sort quasi immédiatement; par contre si elle reste longtemps dans la marmite elle sera considérée par tout le monde comme un Kéli Rishone (ses parois sont bouillantes).
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Nous allons maintenant aborder des exemples pratiques :
- quelqu’un a une belle soupe qui a bouillie avant Shabbath et il sort la marmite de la plaque électrique. La soupe bouillante manque de sel et de poivre. Le poivre étant cru ne peut pas être rajouté car il cuit avec le liquide chaud qui est dans Kéli Rishone. Idem pour les épices. Pour le sel nous avons deux cas :
- si le sel est raffiné, il est déjà cuit, donc c’est permis, il ne change pas d’état que ce soit avec l’eau froide ou l’eau chaude. Il se dissout de la même façon. Il n’y a pas de cuisson
- si le sel est naturel, il est cru il est long à cuire. Le Shoul’han Aroukh fait une différence. Il interdit si la casserole est sur le feu, et permet si la casserole est hors du feu. C’est une exception par rapport au din de Kéli Rishone que nous avons vu plus haut (pour lequel il n’y a pas de différence entre une casserole sur le feu ou ôtée du feu et encore chaude plus que Yad Soledet Bo). D’autes décisionnaires ne sont pas d’accord avec ce psak (décision) du Shoul’han Aroukh
- Je prends une louche et je veux me servir de la soupe. La louche a été rincée et est avec des gouttelettes d’eau. Je ne peux pas utiliser cette louche pour me servir car les gouttelettes cuisent (on est dans un cas de Eno Mitkavène et de Passik Réshe, c’est quand même interdit même si la quantité requise (le shiour) n’est pas atteinte).
- Je prends une louche sèche. On peut tremper et retremper la louche dans le Kéli Rishone pour servir. En effet les gouttelettes ont déjà été cuites; mais généralement elles ont moins de 45°C lorsque je vais vouloir remettre ma louche. On sait qu’il y a cuisson après une première cuisson pour un solide, mais cela reste une Mahloket (discussion).
- Nous avons des gouttelettes qui n’ont pas la quantité requise (18 grammes), et les gouttelettes ont déjà été cuites, et certains pensent qu’il n’y a pas Bishoul car les gouttes ont déjà été cuites, et je n’ai pas l’intention de cuire ces gouttes et je n’ai aucun but de cuire ces gouttelettes. Tous ces arguments conjugués permettent de conclure qu’on peut retremper cette louche dans le Kéli Rishone (tel est le psak de Marane Rav Ovadia Yossef Zatsal et d’autres décisionnaires contemporains).
- Par contre je prends un verre pour m faire un café. Ce verre a été rincé et il reste des gouttelettes d’eau. Ai je le droit de verser directement de l’eau du Kéli Rishone ? La conclusion est que c’est permis. D’abord il n’y a pas le Shiour (18 grammes), je n’ai pas l’intention de cuire ces gouttes, je n’ai pas le but (pas d’intérêt) de cuire ces gouttes, et nous avons vu qu’il y a une Mahloket (discussion entre décisionnaires) pour savoir si verser d’un Kéli Rishone cuit. La conjonction de tous ces arguments entraîne que j’ai le droit de verser de l’eau du Kéli Rishone dans un verre dans lequel il y a des gouttelettes d’eau.
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