Hilkhot Shabbath – Cours N°31 – 1er Mai 2015
Rav M. Saksik
Bishoul Cuire – Cours N° 6
Cours enregistré pour le site Jardindelatorah.
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et cinq minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.
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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Aharon Aléxandre Ben Routh
Résumé du cours. Le cours audio est bien plus complet. Le résumé écrit est destiné aux révisions
- Définition de la Mélakha : changer l’état d’un élément ou d’un objet par l’intermédiaire d’une source de chaleur.
Changer d’aspect un aliment ou un objet est ce qu’on appelle Mélékhet Mévachel (bishoul) que ce soit un aliment (passer de cru à cuit) ou toute sorte d’obejt (comme un métal ou une bougie que l’on fait fondre).
En ce qui concerne un aliment il y a plusieurs étapes :
- passer de cru à une cuisson au tiers (du temps) de l’aliment; ce qui est interdit par la Torah car considéré comme déjà mangeable:
- du tiers à la cuisson finale (interdit par la Torah);
- cuire à nouveau un aliment déjà cuit ce qui est permis pour un aliment sec et en ce qui concerne les liquides pour lesquels il y a une différence entre Ashkénazes et Séfarades. Pour un liquide il y a un premier stade de passage sous 45° (ou 65° selon les avis et nous avons vu dans les cours précédents dans quel cas nous prenons 45° et quels cas nous prenons 65° comme critère). Un liquide chaude qui se refroidit et a désormais une température inférieure à 45° ne pourra pas être recuit (remis sur la plaque, dans les conditions autorisées pour remettre sur la plaque) pour les Séfaradim et permis pour les Ashkénazim tant que le liquide n’est pas froid.
Nous avons également vu dans les cours précédents le changement de mode de cuisson (par exemple cuit dans une casserole puis cuit au four).
L’objet du présent cours sera la source de chaleur.
Une petite précision : la Halakha est constituée de notions qui sont claires sans contestation (mettre une pomme de terre crue dans une casserole bouillante : interdit selon tout le monde) et d’autres sur lesquelles il y a discussion principalement entre Rishonim (1000-1500 environ). Dans ce dernier cas il faut voir si ça a été tranché dans le Shoul’han Aroukh (ou dans les A’haronim). Parfois on a tranché de manière homogène pour tout le monde et des fois Rabbi Yossef Caro (Séfarad) a tranché d’une certaine façon et le Rama (Ashkénaze) tranche d’une autre manière; ce qui entraîne des différences entre Ashkénazim et Séfaradim.
Donnons deux exemples :
- Si quelqu’un prend un prend un poulet cuit au tiers avant Shabbat, il le rapproche pendant Shabbath et le cuit complètement. La Halakha est que c’est interdit. Mais à la base c’est une discussion une Ma’hloket. L’un dit qu’un changement c’est lorsque je passe de cru à « à peu près cuit » mais ensuite si je passe de « à peu près cuit à complètement cuit » ce n’est pas un véritable changement tandis que l’autre avis considère que tout ce qui augmente la cuisson (au dessus du tiers) va être considéré comme « cuire = Bishoul »; même si ce n’est pas le même changement. Cette discussion a été tranchée : la cuisson au dessus du tiers est dans la Mélakha de Bishoul.
- Dans le cas d’un liquide (une soupe) déjà cuite avant Shabbath et je la mets pendant Shabbath sur la plaque pendant Shabbath : certains Rishonim vont interdire et il y a Bishoul car la soupe froide ne se boit pas, la soupe doit être chaude. D’autres permettent car ça a déjà été bouilli. La Halakha n’a pas été tranchée de manière homogène et le Shoul’han Aroukh interdit et considère qu’il y a Bishoul A’har Bishoul Béla’h (cuisson après une première cuisson sur un liquide) et le Rama (côté Ashkénaze) permet si ce n’est pas complètement froid.
- Il existe également des discussions entre décisionnaires plus contemporains. Dans ce cours nous donnons les deux avis. Exemple un cas d’un plat en majorité solide et avec un peu de liquide. Va-t-on considérer selon la majorité et donc j’ai le droit de réchauffer ou bien je vais d’après la minorité et comme il y a du bouillon c’est interdit. Discussion entre décisionnaires contemporains. Le Rav Ovadia Yossef permet tandis que le Rav Moshé Lévy et le Rav Chalom Messas interdisent. Chacun ira selon son Rav.
Nous allons maintenant voir ce qu’on appelle source de chaleur. Il y a différentes sources de chaleur. Nous avons déjà vu le feu (une flamme) et cuire au soleil. Cuire au feu est interdit (de la Torah) et cuire directement au soleil est permis. On se réfère au Mishkan dans lequel on cuisait au feu et non au soleil. Donc cuire au feu est interdit et cuire au soleil est permis.
Nus avons vu également le cas des dérivés du feu (Toledot Haour) et des dérivés du soleil (Toledot Ha’hama). Les Ha’khamim ont interdit la cuisson avec des dérivés du soleil. Nous avons expliqué dans le cours précédent le cas d’ouverture d’un robinet d’eau chaude pendant Shabbath (cuisson par le feu ou capteurs solaires)
Nous allons aborder maintenant les dérivés du feu (Toledot Haour); dans cette catégorie rentre tous les appareils électriques (plaques chauffantes, bouilloire électrique). Dans ce cas j’ai un cas d’interdiction par la Torah.
Si je prends une marmite que je retire du feu. Cette marmite bouillante est un « Kéli Rishone« . Si je mets quelque chose de cru dans cette marmite. Si l’eau dans la casserole est d’une température supérieure à Yad Solédet Bo (la main ne peut pas supporter à l’intérieur du fait de la chaleur); il y a deux avis pour évaluer « Yad Soledet Bo » : 45° et 65°. Notre marmite retirée de la plaque est un dérivée du feu si elle a une température supérieure à 45° et je n’ai pas le droit de mettre quelque chose de cru à l’intérieur. Par contre si elle a une température inférieure à Yad Soledet Bo, je peux mettre un aliment cru à l’intérieur car ce n’est pas une source de chaleur (qui permet de cuire).
Si je verse d’un Kéli Rishone sur un aliment cru (donc de l’eau chaude supérieure à 45° sur un aliment cru), c’est un dérivé du feu. Ai-je le droit ? En Hébreu « ‘Irouy MiKéli Rishone« . Nous avons à ce propos une grande Ma’hloket (discussion entre Rishonim). Certains pensent que c’est exactement la même chose que mettre dans un Kéli Rishon d’autres que dans ce cas on ne cuit pas. La Halakha a été tranchée (de manière homogène): verser d’un Kéli Rishone cuit une pellicule (Kédé Kélifah), c’est donc interdit.
Par exemple une bouilloire de Shabbath, c’est un Kéli Rishone (et est considéré comme directement sur le feu car il y a une résistance à l’intérieur); verser sur un aliment cuit sera interdit
Si je verse sur un aliment solide cru à partir d’un Kéli Rishone, il y a cuisson (Kédé Kélifah) selon tout le monde.
Si je verse de l’eau chaude sur un liquide, disons un verre avec un fond d’eau, qui n’a jamais été cuit, dans ce cas il y a une Ma’hloket. Certains pensent que dans un liquide il n’y a pas de cuisson « Kédé Kélifah » lorsqu’on verse dessus et d’autres disent qu’il y a cuisson malgré tout. Quelle est la logique de cette Ma’hloket ?
Pour un solide, lorsque je verse de l’eau chaude sur ce solide je « tape » sur ce solide et à l’endroit où j’ai « tapé » il y a eu cuisson. Par contre comme le liquide bouge et est en mouvement, le liquide (du bas initialement) n’a pas pu cuire lorsqu’on verse.
D’autres vont considérer qu’il y a eu tout de même cuisson au moment du « frottement » et cela va dépendre des cas:
- S’il y a beaucoup d’eau froide en bas, disons un verre rempli au trois quart disons plus de la moitié, comme il y a beaucoup d’eau froide il n’y a pas de Bishoul.
- S’il y a un peu d’eau froide et on verse beaucoup d’eau chaude alors il y aura Bishoul selon eux mais permis selon le premier avis. (nous avons également une notion selon laquelle c’est le bas qui a plus de force)
Nous avons une Mahloket (discussion entre décisionnaires); pour la plupart des Poskim difficile de trancher donc c’est interdit (de verser beaucoup d’eau chaude sur un peu d’eau froide) selon le principe Safek Déoraïta Lé’houmra (un doute sur un interdit de la Torah nous conduit à être strict). On craint de transgresser la Mélakha de bishoul.
Exemple : un verre remplit à ¾ eau froide et il veut verser de l’eau chaude, c’est permis
Autre exemple, quelqu’un veut faire une citronnade pendant Shabbath. Sur un peu de jus de citron on verse de l’eau chaude du robinet d’eau chaude un verre entier d’eau chaude: c’est interdit. On cuit le jus de citron (Irouï Mikéli Rishone). Par contre si on a ¾ de jus de citron et on verse un peu d’eau chaude c’est autorisé.
Nous allons aborder maintenant le cas du Kéli Shéni : 2e ustensile
Par exemple je prends un verre sec que je remplis d’eau bouillante à partir d’un Kéli Rishone (la bouilloire sur le feu). Ca se nomme Kéli Shéni.
Ai-je le droit de mettre un aliment cru dans un Kéli Shéni ? [45]
La guémara raconte l’histoire d’un rav qui avait besoin d’huile chaude pendant shabbath; il a demandé à son élève de mettre de l’eau bouillante dans un Kéli Shéni et de tremper sa fiole d’huile dans le Kéli Shéni. De là la Guémara apprend qu’un Kéli Shéni ne cuit pas. La Guémara ne fait pas de distinction quant à la température du Kéli Shéni. De là on apprend qu’un Kéli Shéni ne cuit pas quelle que soit sa température.
Pourquoi un Kéli Shéni ne cuit il pas ? Tossefot nous explique la différence entre un Kéli Shéni et un Kéli Rishone. Les parois du Kéli Rishone ont été sur le feu et elles mettent du temps à se refroidir. Tant tant que le parois du keli rishon sont chaudes (hors du feu) le contenu continue à cuire. Par contre un keli sheni qui a les parois froides n’a pas la force de cuire.
Irouï (verser) d’un Kéli Shéni est permis.
Il y a tout de même des exceptions dans le Kéli Shéni. La Guémara parle du cas d’un poisson très salé. Pour être mangeable on verse dessus à partir d’un Kéli Shéni. La Guémara dit que si on verse de l’eau chaude d’un Kéli Shéni ça cuit ce poisson et c’est un interdit de la Torah. Est ce une contradiction avec ce que nous avons vu antérieurement ? Les parois sont effectivement froides et le Kéli Shéni ne va pas cuire, mais il existe des exceptions à savoir des aliments qui vont cuire très rapidement qui vont cuire y compris dans un Kéli Shéni.
Je n’ai Bishoul que si lorsque verse de l’eau froide sur cet aliment (notre poisson) il ne change pas (d’état) et si je verse de l’eau chaude il y a changement (d’état). C’est l’eau chaude qui va permettre d’en arriver à ce changement. Mais si en versant de l’eau froide il y a changement d’état alors verser de l’eau chaude est permis ( ce n’est pas lié au fait que l’eau soit chaude). Si l’aliment change d’état avec l’eau froide alors avec l’eau chaude c’est autorisé. Par exemple un sucre sur lequel on verse de l’eau froide va changer d’état (il va fondre), donc verser de l’eau chaude sur un sucre est permis.
Dans notre cas du poisson salé, c’est le fait de verser de l’eau chaude qu’il y a eu changement d’état, en versant de l’eau froide il n’y a pas ce changement d’état. C’est pour cela que c’est interdit du fait de la Mélakha de Bishoul. De ce cas, les Poskim ont appris une autre application pratique. Certains aliments cuits ne sont pas encore mangeables, même déjà cuits, comme les soupes lyophilisées. Même si on a appris qu’il n’y a pas de Bishoul une fois que c’est déjà cuit, je ne peux pas verser sur cette soupe lyophilisée de l’eau chaude même à partir d’un Kéli Shéni, ce sera un interdit de la Torah car il y a un changement d’état (bien que ce soit précuit et qu’on verse à partir d’un Kéli Shéni; sans l’action de l’eau chaude ce n’est pas mangeable; et si je verse de l’eau froide ce ne sera pas mangeable).
Un cas ressemble il s’agit d’un œuf cru. Ai je le droit de le mettre dans un Kéli Shéni ? L’oeuf devient à la coque, ça rentre dans le critère de ce qui cuit très vite (Kalé Habishoul) et je n’ai pas droit de mettre un oeuf cru dans un Kéli Shéni.
Pour ne pas se tromper on ne met rien dans le keli sheni (RASHE TEMOT) pour les ashkenazim.
Il s’agit de quelques exceptions et en règle générale on a le droit de mettre un aliment cru dans un Kéli Shéni bouillant.
Il existe des ‘houmrot (comportements plus stricts). Le Réem (un des Rishonim) considère que comme il y a des exceptions dans le Kéli Shéni, les gens vont se tromper et ne pas faire la distinction entre ce qui cuit vite et ce qui ne cuit pas vite, donc il interdit de mettre un aliment cru dans un Kéli Shéni dans tous les cas. Le Rama (côté Ashkénaze) suit l’avis du Réem et donc les Ashkénazim ne mettent rien de cru dans un Kéli Shéni. Par contre le Shoul’han Aroukh permet; les Séfaradim permettent donc, sauf pour les choses qui sont connues pour cuire rapidement, de mettre un aliment cru dans un Kéli Shéni. Pour les Ashkénazim il existe une seconde raison d’interdire de mettre un aliment cru dans un Kéli Shéni: puisque dans un kéli Rishone mon aliment va cuire, dans un Kéli Shéni ça va ressembler à cuire. Par exemple des épices, pour le Reem c’est interdit et d’après Tossafot c’est permis (car des épices ne sont pas faites pour être cuites) par contre pour les Séfaradim c’est permis.
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