Hilkhot Shabbath – Cours N°30 – 26 avril 2015
Rav M. Saksik
Bishoul Cuire – Cours N° 5
Bishoul Cuire – Cours N° 5
Cours enregistré pour le site Jardindelatorah.
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et quatre environ environ. Le cours est assuré via le système Webex qui assure une meilleure qualité de son.
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Contenu du cours : EN TRAVAUX
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Ce cours est la suite du précédent, et poursuit l’étude de la Mélakha de Bishoul. Cinquième cours sur la Mélakha de Bishoul.
Pour accéder à la série : HILKHOTH SHABBATH
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Régularité : Le Rav en introduction rappelle que les cours sur les melakhoth sont suivis et qu’un cours complète le suivant si on rate un cours la compréhension du contexte est ensuite compliquée.
Introduction et rappels sur la Mélakha de « Bishoul Cuire »
« Bishoul Cuire » est une Mélakha complexe mais essentielle du Shabbat, nous sommes confrontés régulièrement à cette Mélakha (travail interdit pendant Shabbath).
Source : vient du Michkan où on faisait des couleurs en faisant cuire des graines dans une marmite sur le feu qui permettaient d’obtenir de la peinture.
Définition de la Mélakha de « Bishoul Cuire »: changer l’état d’un aliment ou d’un objet par l’intermédiaire d’une source de chaleur. Transformation d’une chose par l’intermédiaire d’une source de chaleur = Bishoul Cuire. Phrase clé qui va être étudiée et développée tout au long des cours.
Il existe plusieurs étapes dans la cuisson
- Passer de cru (pour un aliment solide) au tiers de la cuisson (Maakhal Ben Déroussaï), moins du tiers ce n’est pas mangeable, au delà du tiers j’ai transformé mon aliment et j’ai transgressé la Mélakha de « Bishoul Cuire« . Pour un liquide la limite sera 45°C, en deçà de 45°C mon liquide ne sera pas cuit au delà il sera cuit.
- Cuire au dessus de la limite de Maakhal Ben Déroussaï (ou 45°C pour un liquide) et qui va augmenter sa cuisson, on transgresse la Mélakha de Bishoul
- Si l’aliment est cuit Kol Tsorko (cuit comme il doit l’être) alors je peux le mettre à réchauffer car il n’y a pas de cuisson une fois que mon aliment (solide) a déjà été cuit (Ein Bishoil A’har Bishoul). Par exemple mettre une Halla sur une plaque électrique, est-ce permis ? Elle est déjà cuite on peut la poser sur la plaque mais il faut faire attention s’il y a une couche de glace sur la Halla qui sort du congélateur (risque de faire fondre puis cuire la glace). Avant de poser la halla sur la polaque de Shabbath on se débarrasse de la glace ou on attend quelques minutes que la glace s’élimine seule avant de poser sur la plaque électrique.
Question posée lors du cours précédent
- Si une personne prend une bouteille de glace et la pose devant une source de chaleur, cette glace va se transformer de solide en liquide, si on est avant yad soledet bo il n’y a pas « transformation » (appropriée pour les boissons), il n’y a pas de Mélakha de Bishoul et c’est permis.
La transformation est bien définie pour qu’il y ait « Bishoul Cuire »
- Pour un aliment solide il faut passer de cru à cuit.
- Pour un liquide il faut passer de « non bouilli » à bouilli.
- Pour un métal il faut faire fondre ce métal (passer de solide à liquide).
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Changer de mode de Bishoul/cuisson
Il existe plusieurs formes de cuisson : cuire avec de l’eau bouillante (Bishoul Cuire), cuire au four (Afia), griller à la broche (Tslia), frire (Tigoun). Le point commun de toute forme de Cuisson, que ce soit par l’intermédiaire du feu, de l’eau, c’est de transformer quelque chose par une source de chaleur. Peut on changer de mode de cuisson pendant Shabbath (c’est à dire que si j’ai un aliment solide cuit avant Shabbath sous une forme de cuisson puis-je le recuire avec une autre forme de cuisson)?
Pour illustrer ce Din nous avons l’exemple des croûtons qui ont déjà été cuits peut-on les mettre dans une marmite ? C’est une différence entre Ashkenazim et Sefaradim. D’après le Shoulhan Arouh (Séfaradim) c’est permis (même si on change de mode de cuisson) et d’après le Rama (Ashkénazim) ce n’est pas permis. A noter qu’il s’agit d’un aliment solide.[17:45]
Si on a un liquide déjà cuit
Par exemple une soupe préparée avant Shabbat. Si on fait une soupe avant shabbat (bouillon sans aucun solide est-il possible de la poser sur la plata ?). Nous avons également ici une Mahloket. Nous avons vu qu’il n’y a a pas de cuisson pour quelque chose de déjà cuit. Mais cela concerne-t-il également les liquides ? La soupe est bouillie avant Shabbath, est-ce que je la réchauffe ou est-ce que je la fais cuire une nouvelle fois ? Certains rishonim permettent comme le Rambam et d’autres interdisent.
Quelle sont les arguments des protagonistes de cette Ma’hloket ? Le Hazon Ish explique bien : un aliment qui a déjà été cuit, un poulet par exemple, le fait de le chauffer ne change pas l’aspect du poulet. Par contre pour quelque chose de liquide il n’y a pas de différence d’aspect (minime au plus) entre un liquide qui a été bouilli et un liquide qui n’a pas été bouilli. La différence visible est la chaleur de ce liquide. Peur ces derniers, réchauffer un liquide est quelque chose d’important.
Cette mahloket conduit à une différence fondamentale entre Achkénazim et Séfaradim. Pour les séfarades il est interdit de la Torah de réchauffer un liquide qui a refroidi (qui est en dessous de 65°C). Pour les Ashkénazim c’est permis de réchauffer un liquide qui n’a pas refroidi complètement. Si ça a refroidi complètement c’est interdit par ordre rabbinique (pour les Ashkénazim).
Nous allons aborder le cas mixte d’un plat contenant à la fois un aliment solide et du liquide (de la sauce)
Sujet 1 : un plat de poisson qui a déjà cuit et a une sauce (un aliment solide / et du liquide). Est-il possible de le poser ce plat sur la plaque de Shabbath.
Il existe une discussion entre les Poskim (décisionnaires) de notre époque
- Le Rav Ovadia Yossef Zatsal dit qu’on va selon la majorité (le rov) du plat. Si la majorité est un solide (poisson) déjà cuit et la minorité est liquide (la sauce)on va d’après cette majorité donc on permet de mettre ce poisson (avec la sauce) à réchauffer sur la plaque électrique.
- Les Rav Moche Lévy, Rav Shalom Messas et le Michna Béroura interdisent car on voit les éléments distincts solides et liquide (on permet pour la sauce imbibée dans le poisson).
Sujet 2 : un plat liquide cuit avant Shabbath (une soupe, un bouillon de légume). Y a-t-il un moyen de le manger chaud sans le laisser mijoter?
- Le Rav Ovadia Yossef Zatsal autorise la solution suivante (pour un liquide déjà cuit), par exemple on souhaite consommer son repas à 12h, ont branche la plaque (avant Chabbath) sur une minuterie (Chaon Shabbath) avec une mise en route à 10h, mais on pose la soupe ou le bouillon à 9h30 avant que la plaque ne soit allumée. On utilise le principe de Grama.
Rappel sur le principe de Grama
Il est interdit de causer l’accomplissement d’un travail pendant Shabbat. La Guémara permet de causer (Grama) une extinction en cas d’incendie (on pourra disposer des récipients remplis d’eau autour du lieu où le feu a pris et quand le feu atteint les récipients ils se briseront par l’action du feu, et l’eau qu’ils contenaient se répandra et éteindra le feu). Il existe une discussion entre Rishonim pour savoir si Grama est permis dans tous les cas. La Halakha est que ce n’est permis qu’en cas de perte (ou de danger) comme un incendie. Grama: causer de manière indirecte.
Dans notre cas du bouillon, mettre le bouillon sur la plaque froide j’ai causé la cuisson ultérieure (Grama). Mais nous avons une discussion vue plus haut pour savoir si c’est permis de réchauffer un liquide pendant Shabbath et nous avons également une discussion pour savoir si causer (Grama) un interdit de la Torah est permis ou interdit. Dans ce cas où il y a une double discussion (Séfek Séféka) il est permis pendant Shabbath de poser la soupe sur la plaque froide.
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Source de Chaleur et Mode de cuisson
Pour qu’il y ait la Mélakha de « Bishoul Cuire », il faut qu’il y ait une source de chaleur. On a vu jusqu’à présent deux modes de transmission de la chaleur, le Feu ou la Plaque électrique. Le travail de « Bichoul Cuire » vient du Michkan où on faisait des couleurs en faisant cuire des graines dans une marmite sur le feu permettant d’obtenir de la peinture.
Cuire directement au feu ou avec un dérivé du feu est interdit de la Torah pendant Shabbath (Toldot HaOur).
Question La cuisson au soleil est-elle permise ?
Vocabulaire
- Our = le feu et Toledot HaOur (dérivé du feu).
- Hama : soleil, Toledot HaHama (dérivé de la chaleur solaire)
La halakha est qu’on a le droit de cuire directement au soleil, car le soleil ce n’est pas le feu. Le Rav amène un cas ou lui-même a du se servir du soleil pour chauffer sa marmite de shabbat en l’exposant directement au soleil. Si on prend une loupe qui concentre les rayons du soleil sur quelque chose de cru et cuit cette chose, c’est permis. Par contre on n’a pas le droit de cuire à la chaleur dérivée du soleil par ordre Rabbinique. Par exemple on n’a pas le droit de mettre une plaque et qu’on la fait chauffer au soleil il est interdit de cuire un aliment dessus (dérabbanan)
Ce que nous venons d’étudier conduit à une question pratique. Est-il possible d’ouvrir un robinet d’eau chaude le shabbat ?
Nous allons détailler les différents cas de figure. Tout va dépendre de la manière dont est produite l’eau chaude, chauffe-eau électrique ou par flamme (gaz par exemple) ou bien par le Doud Chemech (chauffage solaire).
- Si la production se fait par un chauffe-eau électrique ou flamme, l’eau qui va couler va être remplacée par de l’eau froide. Cette eau froide va être chauffée par l’eau chaude se trouvant dans la bobonne. Celle-ci a été chauffée par un dérivé du feu et est normalement à yad soledet bo (>45°). L’eau froide va être chauffée par l’eau chaude (qui est un Kéli Rishone chauffé avec un dérivé du feu) et c’est interdit par la Torah. En conclusion nous n’avons pas le droit d’ouvrir le robinet d’eau chaude dans un tel cas.
- Si le robinet a été ouvert (par erreur) est-il possible de le fermer ?
- Si le chauffe-eau est éteint avant Shabbath. L’eau que j’ai fait rentrer (robinet ouvert) va tomber dans le chauffe-eau et n’aura pas le temps de cuire si je laisse le robinet ouvert; l’eau de la bonbonne va vite être en dessous de Yad Soledet Bo. En conséquence il faut laisser le robinet ouvert et ne pas le fermer.
- Si le chauffe-eau est allumé avant shabbath. Si on ferme le robinet, l’eau va chauffer mais c’est indirect (Grama) ce qui est un interdit d’ordre Rabbinique. Comme il y a une perte on appelle un non juif et on lui demande de fermer le robinet car il y a une perte.
- Si le robinet a été ouvert (par erreur) est-il possible de le fermer ?
- S’il s’agit d’un chauffe-eau solaire Doud Chemech comme en Israël. Il y a une grande différence car on chauffe par un dérivé du soleil et non avec une flamme. On a vu que cuire avec un dérivé du soleil est un interdit d’ordre rabbinique. Lorsqu’on ouvre le robinet d’eau chaude il y a de manière indirecte de l’eau froide qui rentre et qui chauffe (c’est Grama dans un Issour de Rabbanan) en cas de besoin il serait possible d’utiliser cette eau chaude venant du Doud Chemech (voir Psak Halakha de Rav Ovadia Yossef Zatsal dans son livre Yabia Omer)
Nous abordons sur la fin du cours les différentes natures d’ustensiles qui seront détaillées dans le prochain cours :
- Kéli Rishone (qui a été sur le feu)
- Verser à partir d’un Kéli Rishone
- Kéli Shéni
- …
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